FEL, Marie (1713-1794)

Marie FEL (1713-1794). Chanteuse née à Bordeaux et morte à Chaillot. Elle étudia avec son père organiste, puis à Paris avec la cantatrice italienne M^me Vanloo, acquérant ainsi autant d’aisance dans le répertoire italien que dans la musique lyrique française et dans les œuvres religieuses. Elle débuta à l’Académie royale de musique en 1734, aborda les grands rôles dès 1739 et triompha dès lors avec Jélyotte et Chassé dans toutes les créations, notamment de Rameau. Dans Hippolyte et Aricie, elle reprend d’abord les rôles de la Grande-Prêtresse de Diane, d’une Matelote, d’une Chasseresse et d’une Bergère en 1742, puis celui d’Aricie en 1757. Elle est Hébé et une Matelote pour la reprise des Indes galantes en 1743. Elle crée le rôle de l’Amour dans la première version de Castor et Pollux (1737) puis reprend celui de Télaïre pour la reprise remaniée de 1754. Elle crée aussi le rôle-titre dans Les Fêtes d’Hébé (1739) et le reprendra en 1747 et 1756. Parallèlement elle chantera les rôles d’une Jeune Esclave (1739), d’Iphise (1739, 1747 et 1756) et d’une Bergère (1753). Elle crée une Phrygienne et un Plaisir dans Dardanus en 1739, et Vénus et une Phrygienne dans la seconde version du même ouvrage en 1744. En 1745, elle est une Grâce dans La Princesse de Navarre et dans Les Fêtes de Ramire, Thalie et la Folie dans Platée (elle rechantera ce rôle pour toutes les reprises de l’ouvrage jusqu’en 1754), Hébé et Argélie dans Les Fêtes de Polymnie (elle rechantera les mêmes rôles en 1753 et 1754), Érigone et la Gloire dans Le Temple de la Gloire (rôles qu’elle interprétera également l’année suivante). Dans Les Fêtes de l’Hymen et de l’Amour, elle sera Orie en 1747, 1748, 1753 et 1754. Elle crée Zélidie dans Zaïs en 1748 ; Naïs dans l’ouvrage éponyme et Amélite dans Zoroastre l’année suivante. Elle reprend ce dernier rôle en 1756 dans une version remaniée. En 1751, elle est Zélide dans La Guirlande et Céphise dans Acanthe et Céphise. En 1754, elle est Pamilie dans La Naissance d’Osiris et Chloé dans Anacréon. Enfin, elle chante Parthénope dans Les Surprises de l’Amour en 1757 et 1758. Elle créa également le rôle de Colette du Devin du Village de Rousseau et obtint un succès particulièrement vif dans la pastorale languedocienne de Mondonville Daphnis et Alcimadure. Elle se retira de la scène en 1758, remplacée par son élève Sophie Arnould. Se produisant au Concert Spirituel dès 1734, elle le domina de 1745 à 1769, y chantant jusqu’à vingt-deux fois dans une année en y interprétant notamment beaucoup d’airs italiens. Très appréciée à la Cour, elle fit partie de la musique de la Chambre. Elle chantait encore en concert en 1772. Sa voix pure, légère et souple, au timbre éclatant, son excellente projection, sa diction parfaite, son grand talent de comédienne, son intelligence, sa culture et son charme lui valurent l’admiration des philosophes. Elle se lia avec Cahusac, fut courtisée par Grimm, vécut avec Quentin de La Tour (qui fit d’elle un attachant portrait) et fut célébrée par Voltaire. On peut voir en elle l’interprète idéale de l’opéra baroque français à son apogée.

D’après le Dictionnaire de la musique en France aux XVIIe  et XVIIIe siècles, sous la direction de Marcelle Benoit, édition Fayard. Notice de Raphaëlle Legrand. Publiée pour le site www.rameau2014.fr

Chanteuse soliste active de 1734 à 1758