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Loire-Atlantique

Musique et musiciens d’Église dans le département de la LOIRE-ATLANTIQUE autour de 1790

Sommaire

Liste des musiciens de la Loire-Atlantique

Url pérenne : http://philidor.cmbv.fr/musefrem/loire-atlantique

  

1 - Turner

Joseph Mallord William Turner, fasciné par Nantes, brosse une vie effervescente entre Loire et cathédrale… Nantes, 1829 (© Château des ducs de Bretagne - Musée d'histoire de Nantes)

Les années 1790 attestent la suprématie de Nantes, ville cosmopolite ouverte d’un côté sur le monde par l’océan, les yeux rivés sur Paris de l’autre, conquise aux idées nouvelles. L’appétit des élites pour les divertissements a contribué à y multiplier les lieux de musique favorisant les porosités entre musique religieuse et profane. La vie musicale y est intense de longue date. À l’aube de la Révolution, maîtres de musique, organistes, chantres ou « violons ordinaires de la ville » se succèdent et se croisent à l’église comme au spectacle.
Nantes brille aux dépens des landes, salines et bruyères environnantes, économiquement plus démunies. Des musiques y bruissent cependant dans un contexte disparate : la séculaire collégiale de Guérande, celle de Clisson, les orgues du Croisic ou de Batz, etc.

I – ENTRE LOIRE, OCÉAN ET CHAMPS

• • • De la province aux cinq départements bretons

Le département tire son nom de la Loire, fleuve qui le traverse « dans toute sa longueur, de l’est à l’ouest, […] qui s’y jette dans la mer au-dessous de Saint-Nazaire » (Jean Le Boyer, Notices sur le département de la Loire-Inférieure…, 1832). La dénomination de « Loire-Atlantique », assez récente, ne date que du 9 mars 1957 et remplace celle de Loire-Inférieure. En effet, au milieu du XXe siècle, le nom historique du département est jugé par trop péjoratif, nuisant à l’économie de la région, en particulier pour les produits exportés et pour le tourisme alors en plein développement. On adjoint alors au nom du fleuve le mot « atlantique », porteur de l’autre grande composante naturelle du territoire : sa façade ouverte sur l’océan.

• Le comté nantais et Guérande
Le département de Loire-Inférieure est créé par un décret de l’Assemblée constituante en date du 30 janvier 1790 auquel la sanction royale du 4 mars 1790 donne force de loi. L’ancienne province de Bretagne est divisée en cinq départements : Côtes-du-Nord [devenu Côtes d’Armor], Finistère, Ille-et-Vilaine, Loire-Inférieure et Morbihan.
Le territoire de la Loire-Inférieure étant situé en Haute-Bretagne, la langue usitée jusqu’au milieu du XXe siècle est le gallo. Néanmoins la langue bretonne est prédominante dans la presqu’île guérandaise jusqu’au début du XXe siècle. Le français, comme dans le reste de l’ancienne province de Bretagne, demeure la langue des élites, des milieux urbains.

2 - Carte Loire-Inférieure

Le département de Loire-Inférieure et ses neuf districts créés en en 1790, La République Française en 88 départements, 1793 (coll. part)

Le territoire qui voit ainsi le jour, bordé au sud par l’ancienne province du Poitou et à l’est par celle d’Anjou, porte durant quelques mois le nom de « département de Nantes ». Il reprend la quasi-totalité de l’évêché de Nantes constitué par le comté nantais et le siège royal de Guérande, soit 242 paroisses et 27 trèves (Lallié, Le diocèse de Nantes…, p. 6), auxquelles on soustrait quatre paroisses qui sont cédées au département de Vendée, treize au Maine-et-Loire. La Roche-Bernard et six autres paroisses sont également rattachées, à leur demande et avec l’appui de l’assemblée des députés bretons, au département du Morbihan en compensation de la perte de la ville de Redon par celui-ci. En retour, onze paroisses du diocèse de Rennes – celles de l’ancienne baronnie de Châteaubriant et celles de la vicomté de Fercé – sont attribuées à la Loire-Inférieure. Au sud, les paroisses de La Remaudière – enclave poitevine – et de La Boissière-du-Doré – enclave angevine – qui dépendaient de l’ancien diocèse de Nantes sont conservées dans le nouveau département. Quelques autres ajustements de détail effectués à proximité de Clisson entre la Vendée et la Loire-Inférieure, achèvent de façonner le nouvel espace territorial.

Le nouveau département est subdivisé en neuf districts et 53 cantons. Louis-Marie Prudhomme indique, dans son Dictionnaire géographique et méthodique de la République française, une population s’élevant à 331 270 individus dont 51 531 actifs.

Tableau 1 : Le département de la Loire-Inférieure et ses districts en février 1790 d'après La Loire-Atlantique des origines à nos jours, p. 262

Nom du district Nombre de cantons le composant Nombre de paroisses le composant
District de Nantes 7 + le canton de Nantes-ville 29
District de Guérande 7 21
District de Savenay 5 18
District de Blain 4 16
District de Châteaubriant 6 27
District de Ancenis 6 28
District de Clisson 7 25
District de Machecoul 5 21
District de Paimbœuf 6 25

Ces limites évoluent peu jusqu’en 1800 où les neuf districts sont remplacés par cinq arrondissements.

• • • Un territoire agricole marqué par la Loire

« Le département de la Loire-Inférieure contient une superficie d’environ 1 383 831 arpents ou 706 285 hectares. […] Un tiers environ du sol est couvert de marais, d’eau, de landes ou de forêts. Le reste consiste en vignes, prairies et terres labourables. » (Le Boyer, Notices sur le département…) La Loire, à la fois moyen de communication et d’échanges commerciaux, constitue également une frontière naturelle délimitant deux espaces agricoles.

• Au nord, une terre de céréales
Les cultures du froment, du seigle, du blé noir, du mil, auxquelles on ajoute parfois celles de l’avoine et de l’orge, constituent l’essentiel de la production agricole de l’espace situé au nord de la Loire. Au-delà de cette diversité apparente, les rendements sont souvent faibles, incertains et suffisent à peine à la consommation.
Les environs de Châteaubriant et de Derval ont vu se développer la culture de plusieurs espèces de pommes à cidre.

• Au sud, la vigne
Quant aux terres situées au sud du lit de la Loire, elles accueillent essentiellement la culture de la vigne, même si au tournant du XIXe siècle sa rentabilité diminue, entraînant l’arrachage de pieds de vigne pour laisser place à la culture de céréales. On y produit du blanc et du rouge. « Le blanc prédomine déjà. Le rouge de mauvaise qualité, était réservé aux équipages des navires. La Vallet, Mouzillon, les coteaux de la Sèvre fournissent les crus les plus connus » (Fabrice Abbad, La Loire-Atlantique, des origines à nos jours, p. 190)
Dans tout le comté de Nantes, la culture des légumes demeure une activité restreinte au cadre familial.

• L’élevage
L’élevage bovin dépasse de beaucoup celui des chevaux et des moutons. On le trouve essentiellement sur les landes du pays de Retz ou dans les marais et les plaines alluviales.
La consommation de viande progresse légèrement dans toutes les strates de la société durant le XVIIIe siècle, même si elle reste faible, le pain de seigle demeurant la base de l’alimentation.

• • • Entre Loire et Océan : commerces maritimes et fluviaux

• Des ressources maritimes
Les paroisses maritimes, où le climat se fait moins sévère, bénéficient de l’apport de la mer : coquillages et poissons viennent diversifier l’alimentation et participent du commerce. La pêche à la sardine débarquée dans le port du Croisic est acheminée à Nantes dans les 24 à 30 heures suivantes. Soles, turbots, raies, merlans, crustacés agrémentent l’étal des vendeurs.
Les ports du Croisic, de Pornic, du Pouliguen arment également des bateaux à destination de Terre-Neuve.
L’estuaire de la Loire permet l’exploitation du sel, et ce sur ses deux rives. Cette spécificité du pays nantais constitue une source de revenus pour plusieurs fabriques de paroisses ainsi que pour la collégiale de Guérande. On distingue le sel de Bourgneuf aux grains pleins et celui de la région de Guérande, plus blanc et aux grains creux. Bien que la production baisse légèrement à la veille de la Révolution, les salines de Guérande, de Bourgneuf, du Croisic et de Batz approvisionnent la France et l’Europe du Nord.
La Loire offre des ressources alimentaires aux riverains qui y pêchent les poissons la remontant : saumon, lamproie, alose.

• La Loire, axe de commerce privilégié
L’ensablement de la Loire contraint les bateaux de fort tonnage à décharger dans les ports des villes situées le long de l’estuaire, telles que Saint-Nazaire (3 300 habitants), Couëron ou encore Paimboeuf (5 000 habitants) qui tirent leur prospérité du trafic maritime d’avant-port. Tout un système d’embarcations au tonnage moindre se relaye pour remonter les marchandises vers Nantes, ville que l’on peut qualifier de porte d’entrée des produits coloniaux qui sont ensuite convoyés par des gabares sous voile jusqu’à Orléans. La Loire permet également l’acheminement de denrées produites le long de l’axe ligérien, dont les vins.

Quant à la Sèvre, elle permet l’acheminement du vin, tandis que l’Erdre voit passer les céréales, les charbons de Nort et le bois.
Toutefois à partir de 1770, un meilleur entretien des grands axes routiers vers Vannes et les villes de Basse-Bretagne (Lorient, Quimper et, de là, Brest), ainsi que vers Rennes permet de faciliter le commerce par la route. Beurre, toiles (fils et draperie) sont acheminés vers le pays nantais tandis que celui-ci exporte café, sucre, eau-de-vie, vin ou encore indiennes de Nantes. Pour ces matières rares, la route est privilégiée mais le transport fluvial demeure de loin le moyen de transport le plus usité.

• Du cabotage au commerce colonial
Le cabotage constitue l’un des éléments importants de la chaîne commerciale reliant Nantes aux autres villes côtières de l’Atlantique ou de la Manche.
De Nantes partent le sucre, les noix, le vin à destination de la région de Vannes, tandis que bois, fer et armes prennent la direction de la ville de Lorient, siège de la Compagnie des Indes.
Au nord, les ports de Rouen, Granville, Dunkerque accueillent des navires en provenance de Nantes et transportant des textiles et du sel.
Vers le sud, la chaux est acheminée jusqu’à Noirmoutier, le sel pour les morutiers est débarqué aux Sables-d’Olonne. Les céréales, le bois, le fer prennent la route maritime vers Rochefort ou La Rochelle. Le blé, le sucre sont transportés vers Bayonne ou encore Marseille.
Les ports du Croisic, du Pouliguen et de Bourgneuf accueillent des navires étrangers, principalement venus de Hollande, pour charger des produits coloniaux.
Nantes devient pendant dix ans, à la suite de la réorganisation de la Compagnie des Indes en 1723, le lieu exclusif de vente des produits coloniaux : ainsi chaque année, durant cinq à six semaines, armateurs, entrepreneurs, marchands étrangers, bourgeois et autres badauds envahissent la ville, disposés « à faire des achats considérables des marchandises des Indes qui ne sont absolument pas nécessaires à la vie » selon les propos de Gérard Mellier, maire de Nantes de 1720 à 1729. Le transfert de la Compagnie des Indes à Lorient en 1729 ne perturbe en rien le commerce colonial des armateurs nantais.
Dès 1701, la Martinique, la Guadeloupe mais surtout l’île de Saint-Domingue sont fréquentées par les navires armés par les Nantais qui en rapportent la canne à sucre, le rhum, le rocou (colorant alimentaire naturel rouge-orange), le gingembre, des bois de teinture jaune, le coton, du cuir, en échange de vin, d’eau-de-vie, de merrain, de toile, de farine, de pipes « et toutes autres marchandises de France, mais surtout de nègres comme ce qu’il y a de plus précieux » (Michel Lallemant, cité par Y. Durand, « Tournée d’inspection générale », 1975).
À partir de 1716, le commerce « des nègres, de la poudre d’or et toutes autres marchandises » devient libre et s’ouvre alors à l’investissement des particuliers. Les bateaux partant de Nantes – chargés d’armes, d’alcools, de tabac, de verroterie, ou encore de diverses étoffes… – se dirigent vers les côtes de Guinée ou d’Angola pour y échanger une partie des marchandises contre des esclaves. De là, ils prennent la route pour les îles françaises d’Amérique avant de s’en revenir vers Nantes. Ces activités maritimes entraînent le développement de travaux sur le fleuve et la construction ou l’agrandissement des quais du port de Paimboeuf, la création de chantiers navals à Nantes (ceux du Sanitat, de la Fosse, de Chézine) puis à Chantenay, Trentemoult, Indret, Basse-Indre, Couëron, Le Pellerin et Paimboeuf.
Le développement du commerce triangulaire entraîne le développement industriel de Nantes qui compte, en 1775, dix-sept manufactures : six de textiles, quatre faïenceries, une verrerie, une corderie, une fabrique de vernis, une amidonnerie et trois ou quatre raffineries de sucre. L’essor industriel de Nantes signe en contrepartie le déclin de centres toiliers plus anciens tels que La Roche-Bernard (aujourd’hui dans le Morbihan), Pont-Château, Derval, Guérande, Clisson ou encore Vielle-Vigne.

• Quelques richesses en sous-sol
En 1738, les mines de charbon de terre sont ouvertes à Nort et fournissent deux qualités de charbon dont la meilleure peut rivaliser avec le charbon anglais tant en prix qu’en qualité. Ce charbon est utilisé par les forges de Châteaubriant ainsi qu’en verrerie, à Nantes. Les mines de Montrelais fournissent également un charbon de qualité.
Le fer est exploité à Rougé, Erbray, Saint-Aubin-les-Châteaux, Melleray, le long de l’Erdre, de l’Isac et de la Vilaine.
La région de Châteaubriant accueille six forges qui permettent, à la veille de la Révolution, à 440 ouvriers de vivre. « On y fabrique des fers avec la matière qu’on tire de la terre des lieux, qu’on raffine par le feu et qu’on réduit en gueuses ou grosses pièces de fer, qui dans la première fonte coule dans des canaux et se forme en lingots du poids de 3, 5, jusqu’à 6 mille livres. On les fend ensuite à l’aide des moulins qui remuent un fort marteau » (Observations sur les mémoires de la Faculté de médecine de Nantes sur les mines de fer et de charbon de terre dudit évêché (1718) - F-Ad44/ C 773). Le fer ainsi produit à Châteaubriant est destiné aux clouteries.

II – NANTES, UNE VILLE AUX AVANT-POSTES DE LA RÉVOLUTION

3 - Prestation serment

Serment prêté devant la commune de Nantes par M. de Kervégan, maire, le 8 février 1790 (© Archives de Nantes, II 174/6)

En établissant le Parlement de Bretagne à Rennes en 1560, Catherine de Médicis avait privé Nantes de toute envergure régionale, la cantonnant à un rôle de cité épiscopale, universitaire et administrative. En 1790, la création du département de Loire-Inférieure reconnaît à Nantes le statut politique qui lui manquait. Renommée pour son essor économique et culturel, la ville avait été avant l’heure un creuset pour les idées neuves. Daniel de Kervegan, armateur et négociant, a été le premier maire de France élu le 17 août 1789 : sa prestation de serment à la Constitution est demeurée dans les mémoires comme la première grande fête patriotique nantaise.

• • • « La croisée nantaise »

L’urbaniste et architecte Pierre Lelièvre (Nantes au XVIIIe siècle) résume ainsi la situation :
« La « croisée nantaise » est le point de rencontre de la Loire fluviale et de la Loire maritime, et le point de contact de la Bretagne et de la Vendée : routes fluviales, routes maritimes, routes terrestres y convergent en un lieu particulièrement favorable ».

Située au fond de l’estuaire de la Loire, la cité est à la jonction de trois provinces, Anjou, Poitou et Haute-Bretagne dont elle fait partie, comme Rennes. L’eau y est omniprésente, tant par sa façade maritime et son port que par son réseau hydrographique. Cet ensemble fluvio-maritime donne une configuration particulière à la cité émergeant de territoires marécageux, avec ses îles progressivement aménagées au cours du XVIIIe siècle et ses nombreux ponts.

• Une grande ville industrielle et commerciale
Sur le plan démographique, selon le géographe Brion de Latour, la population nantaise a doublé entre 1720 (40 000 habitants) et 1790 (environ 80 000) plaçant la ville parmi les plus importantes du royaume. Cet essor reflète une activité économique intense associée à un brassage de populations venues de tous horizons et plus particulièrement de l’Europe septentrionale.
Le port de Nantes est quant à lui à son apogée en 1790. Les échanges maritimes contribuent à sa prospérité, que ce soit avec les ports français, l’Afrique, l’Amérique ou Saint-Domingue, pour ce qui concerne le commerce triangulaire.

• Nantes, creuset et symbole des Lumières
Les idées nouvelles reçoivent un écho favorable à Nantes où le monde du négoce constitue une nouvelle élite sociale dont la voix pèse au sein de la cité. Armateurs et négociants briguent les charges anoblissantes, s’engagent dans la vie sociale et culturelle. Sont constituées sociétés savantes, littéraires, loges maçonniques…

Des projets d’urbanisme ambitieux sont également en cours de réalisation à la fin de l’Ancien Régime. Des quartiers neufs, luxueux, sont édifiés, qui font oublier la vieille cité enserrée dans ses remparts. Ils sont symboliquement précurseurs d’un nouvel ordre social. Le bâtiment le plus emblématique et le plus novateur est certainement le Grand Théâtre qu’Arthur Young décrit dans ses Voyages (1787-1789) :

« Dès mon arrivée à Nantes je vais au théâtre, qui est nouvellement construit, en belle pierre blanche ; sur la façade un magnifique portique avec huit beaux piliers élégants […]. À l’intérieur tout est doré et peint, et le coup d’œil de l’entrée me fait une puissante impression ».

4 - Vue de la place Gralin

Antoine Hénon, Vue perspective de la place Gralin et de la Nouvelle Comédie, Nantes, 1788, dessin aquarellé © Presses universitaires de Rennes, 2008

http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/5545/img-43.png

• Une société musicale effervescente
Avec le Grand Théâtre, futur Théâtre de la République, la ville dispose enfin d’une salle de spectacles d’environ 1 200 places qui lui permet d’abandonner la vieille salle dite du Bignon-Lestard (rue Rubens) et d’accueillir tous les spectacles.

Plusieurs sociétés de concert dues à l’initiative privée se succèdent à la suite de l’Académie de musique (1727-1743). Des « maîtres de musique du Concert », aux carrières itinérantes jalonnent la vie musicale nantaise. Étienne MANGEAN, violoniste et compositeur lyonnais gyrovague, passe par Nantes à deux reprises (1741 et 1756-1758), Robert Charles BRIJON s'y produit (1760-1761). Nicolas-Henri DEPOIX (1755-1767) compose des « Divertissements » mais aussi au moins un motet à grand chœur. Il est ancien maître de musique d’Église, tout comme Jean-Baptiste REY qui après deux ans passés à Nantes (1774-1776) poursuit une carrière parisienne brillante.
Jean LEBRETON marque la période révolutionnaire. En 1791 il est directeur de l’opéra. Le 24 août 1796, lorsqu’il témoigne à la suite de l’incendie qui a ravagé le Théâtre de la République, il est cité comme « chef d’orchestre des artistes ». Il met ensuite ses talents au service des Fêtes patriotiques avant de participer, en 1809, à la fondation du Conservatoire de musique.

Une quarantaine de musiciens en exercice sont recensés dans les rôles de capitation de 1789. Il s’agit d’un instantané non exhaustif car la population des artistes est mobile, se déplaçant d’une ville à l’autre au gré des opportunités. Nombre d’entre eux sont passés par Paris ou ont été formés au sein d’une maîtrise, tels Jean LEBRETON ou Claude DAGUETY. D’autres sont issus de dynasties de musiciens de la ville tels Pierre-Marie LUCAS, Louis DESCOUVREMONT, SCHWARZBACH ou BREIDENBACH. L’activité du luthier Rémy PARIZOT, du facteur de piano-forte François GUSTIN ou du marchand de musique HUGARD DE SAINT-GUY complète l’offre musicale.

La présence des protestants – ceux qui n’ont ni fui ni abjuré après 1685 – reste un angle mort dans la ville de l’Édit de Nantes, dont l’un des quartiers est nommé « Petite Hollande ». À la fin du XVIIIe siècle, malgré l’établissement d’un état-civil en 1787, ceux « professant la religion protestante » restent à l’index de la société, la franc-maçonnerie leur étant cependant ouverte. La loge des Cœurs unis rassemble un grand nombre de ces négociants arrivés de Suisse, de Berlin, de Francfort ou de Guernesey. La famille Dobrée y est représentée par Pierre-Frédéric, vénérable de la loge, entouré d’affiliés des deux religions.
La consultation des registres de sépulture de la Religion réformée a permis de déceler un musicien luthérien exerçant à Nantes au moment du décès de sa femme Marie Saubert en 1785. Frederic Adam THEUER est toujours musicien en 1790 lorsqu’il régularise son mariage dans les registres protestants avant son départ pour Saint-Domingue. Il a pour témoins Jacques BARRÉ et Vincent JULIEN musiciens du spectacle ainsi que le facteur de clavecin Guillaume HILLEBRAND. Sa présence signale implicitement que d’autres musiciens restent à repérer.

5 - Temple de la Raison

Le Temple de la Raison, Guimard (éditeur), coll. André Péron, Les Annales nantaises, 1802. Sont présents bonnet phrygien sur l’évêché, observatoire au sommet de la tour sud.

Le rayonnement musical de Nantes s’accélère avec la période révolutionnaire. Des personnalités s’y succèdent temporairement et y tiennent concert. A.M.A. FIDZERI, violoniste rencontré précédemment à Rennes et ayant joué au Concert spirituel, séjourne environ quatre ans à Nantes. Il compose la musique de l’Hymne à l’Être suprême (M.-C. Mussat, Muséfrem Ille-et-Vilaine). Pierre-Jean-Vincent NEZ-VIGNETTI, ancien ordinaire de la Musique du roi, organise des concerts privés hebdomadaires à son domicile, annoncés par voie de presse (1792-1795). D’autres musiciens choisissent de s’établir à Nantes à l’issue d’une carrière internationale, tel « l’Anglais » Joseph TACET qui a fait carrière à Londres comme flûtiste.

Qu’en est-il des musiciennes ? Marie-Pélagie-Victoire FINETTI/FINELLI, fille du couple de musiciens FINETTY-DEVERT, retient l’attention. Sa position de professeur de musique n’est connue qu’à partir de 1792 lorsqu’elle publie ses offres de service dans les Affiches et Almanachs. L’évolution des codes sociaux a pu contribuer à cette émancipation. Elle est aussi la mère de François BENOIST, organiste et futur professeur du Conservatoire de Paris.

Les bals d’hiver constituent, en outre, un divertissement dont les Nantais sont friands. La Laurencie (L’Académie de musique et le Concert de Nantes) en livre un récit savoureux et significatif quoique remontant à 1742. Les concerts de l’Académie se tenaient alors dans une salle à l’étage de la Bourse, située au-dessus d’une chapelle consacrée. Les organisateurs décidèrent d’y organiser un bal au grand dam du recteur de Saint-Nicolas : « on voulait s’amuser, on s’amusa, et le bal eut lieu ». S’ensuivirent les foudres du clergé, une information au roi, dont le retour tomba tel un couperet : « Il ne pourra être fait à l’avenir aucun bal dans l’hôtel de la Bourse. Et il n’y sera souffert aucun concert ni autre divertissement profane ». L’Académie fut dissoute dès octobre 1743. L’incident, au-delà de l’anecdote, rappelle la prééminence de l’Église, une institution à la légitimité et à l’autorité intangibles : au Tiers, fut-il aisé, de s’incliner.

L’activité de la société civile nantaise à la fin de l’Ancien Régime a laissé pressentir des interactions entre musiques profanes et religieuses. L’enquête menée à partir des archives et biographies de musiciens va permettre de documenter l’existence de ces porosités qui sont un des marqueurs de la vie musicale nantaise.

• • • La musique de la cathédrale Saint-Pierre

François Savinien d’Alquié écrivait en 1690 dans ses Délices de la France qu’il y avait à Nantes « une très belle église cathédrale et quantité de maisons religieuses, tant d’hommes que de femmes ». Son intérêt se limitait cependant au seul « sépulcre de François II, dernier duc de Bretagne », qu’Anne de Bretagne avait fait élever dans la chapelle des Carmes. Si la ville compte douze églises, la cathédrale est de loin la première. Elle est « située au haut de la ville, très bel édifice, mais qui n’est pas achevé » ainsi que le rapporte Gérard Mellier, ancien maire de la ville dans une description datée de 1719. Elle est si peu achevée que les campagnes de travaux s’y succèdent jusqu’à la fin du XIXe siècle.
Pour sa part, La France ecclésiastique de 1788 énumère succinctement la structure du chapitre constitué de 33 chanoines dont six dignitaires. « Le bas-chœur est composé de quatre chapelains, huit officiers, un corps de musique ».

• Des sources lacunaires
L’introduction du Guide thématique de la série G, Chapitre de la cathédrale de Nantes des Archives départementales (FRAD044_guidethematique_e0000019) avertit d’entrée le chercheur. Les registres capitulaires de la cathédrale Saint-Pierre sont lacunaires. Ces disparitions, postérieures à la période révolutionnaire, sont imputables à la négligence d’un archiviste du XIXe siècle puis à la seconde guerre mondiale. Le 15 juin 1944 une torpille d’avion détruisit la sacristie de la cathédrale où était conservé le reliquat des registres : ils partirent en fumée.
L’absence de sources directes anciennes (série G) est partiellement compensée par les archives révolutionnaires (séries L et Q) qui figent la scène nantaise en 1790 au moment de la rupture révolutionnaire : reconstitutions de carrières de musiciens, inventaire de la psallette, expertises d’orgues… À ces sources s’ajoutent les apports parfois erronés d’érudits du XIXe siècle tels le prolixe Mellinet (prononcer « Mélinète ») ou l’abbé Grégoire. Ainsi est-il répété à tort que l’organiste Johann Peters WALTER est le fils du célèbre Johann Gottfried WALTHER, cousin de J.S. BACH, alors qu’aucun lien de parenté n’existe. De même, Fétis, repris par le Grove et par Die Muzik in Geschichte und Gegenwart, confond le maître de musique CAPPA-LESCOT avec son homonyme parisien Claude-François LESCOT.
Plus tardivement, Lionel de La Laurencie, qui a eu accès à une partie des documents ultérieurement disparus, a laissé des informations documentées dans La vie musicale en province au XVIIIe siècle : l’Académie de Musique et le Concert de Nantes à l’hôtel de la Bourse (1727-1767).

• Ambitions et stratégie musicale de l’Église de Nantes
Nantes, une des premières villes du Royaume, entend bien tenir son rang de ville épiscopale majeure. Elle a les yeux rivés sur le paradigme musical que représente la capitale parisienne.
Entre 1765 et 1770, l’Église de Nantes met en place une stratégie définie dès 1727 qui lui permet de hisser son corps de musique au niveau des plus grandes cathédrales en développant la pratique de la musique figurée. Répondre à cette ambition nécessite des transformations structurelles à réaliser sans surcoût. Des chapellenies sont supprimées, une Bourse commune créée et un salariat instauré au bas chœur. Le chapitre consacre ainsi environ 12 000 lt par an à sa musique. Gestion de musiciens et politique de recrutement complètent cette volonté de modernisation. La mise en œuvre de cette réforme ambitieuse se heurte cependant à des résistances menaçant de faire échouer le projet.

Les querelles entre chapitre et bas chœur des clercs se multiplient. La plus sérieuse concerne une longue procédure initiée par les clercs (1767-1788). Elle porte sur deux griefs : rémunération et préséance. Bernard Dompnier (« Accroître la musique sans dépenser davantage », 2017) qui a relevé le même type de résistances à Toul et à Clermont les résume ainsi dans le cas de Saint-Pierre :
« À Nantes, les initiatives du chapitre ont exacerbé les tensions entre haut et bas chœur, et développé au sein de ce dernier le sentiment que le véritable objectif des chanoines est de les spolier ».
Les clercs, sûrs de leur fait, s’opposent frontalement à leur employeur en saisissant le Parlement de Rennes. Contrairement à toute attente, l’issue du procès leur est favorable. Le chapitre se voit contraint de rendre des comptes, au sens propre, à son bas chœur.
Des désaccords similaires apparaissent concernant des modifications de préséance dans les processions. Les officiers, s’estimant rabaissés au niveau hiérarchique des « choristes » laïcs auxquels ils ne sauraient être assimilés, expriment leur vindicte haut et fort.

La remise en cause des décisions capitulaires affecte jusqu’à la musique, devenue cœur de la polémique. Le ci-devant maire-chapelain Urbain MABILLE le signifie au Comité ecclésiastique (F-An/ D XIX/10) dès novembre 1789 dans une supplique enflammée revendiquant « l’égalité des prêtres des cathédrales » et fustigeant la qualité de « la musique (…) presque partout mauvaise ». Submergé par son exaltation, il exprime son mépris pour les chantres limités à la pratique de la psalmodie :
« Il est certain que les bas chœurs sont en général composés de chantres très libres dans leur maintien tant au chœur que dans les processions, et arrangés d’une manière indécente ou malpropre, outre que leurs voix mugissantes font presque tous les frais de la psalmodie et du chant de l’église… ».

6 - Grand orgue disparu

Le grand orgue disparu dans l’incendie criminel de la cathédrale de Nantes le 18 juillet 2020 (© Région Pays de la Loire – Inventaire Général. Denis Pillet et Patrice Giraud, 1989)

• L’organiste tient tribune à distance du chœur
Denis JOUBERT « était un organiste fort distingué que je me souviens d'avoir entendu, avec plaisir, sur le bel orgue de Saint-Pierre de Nantes ». Ainsi s'exprime Michel BOYER (Notice historique sur les orgues de Tours avant 1789, 1848).

Le recrutement de Denis JOUBERT s’intègre au programme d’excellence défendu par le chapitre qui le reçoit en novembre 1776 à la suite d’un concours. JOUBERT a ainsi composé pour le Concert spirituel un oratorio La Ruine de Jérusalem ou Le Triomphe du christianisme (8 avril 1776). Par ailleurs, il publie des pièces profanes, telles des Ariettes à voix seule en 1773 ou l’opéra La Force de l’Habitude donné à Nantes en 1778.
Le service de l’organiste à la cathédrale se limite « à tous les offices où il y aura orgue », soit les dimanches et fêtes, ce qui lui laisse toute latitude pour ses autres activités musicales. L’homme est éclectique, claveciniste comme violoniste, politique mais sans trop, fidèle dans ses amitiés. Sa carrière se fait à l’église comme à l’opéra ou au concert, à la garde nationale comme ensuite à La Montagne.
Denis JOUBERT est avant tout musicien, attaché à son instrument dont il obtient la restauration en 1780, qu’il sauve de la destruction en 1794 : peu importe que les hymnes révolutionnaires y soient joués ! Son Clicquot est sauvé. Il regagnera sa tribune après le Concordat et touchera son orgue jusqu’à sa mort en 1802.

• Un maître de musique et de psallette chevronné
« Le chœur de la cathédrale n’était pas facile à conduire… » (Mellinet, De la musique à Nantes, 1838).

La psallette de la cathédrale, fondée au XVe siècle par l’évêque Henri le Barbu était sous la dépendance du chapitre. La 21e prébende lui était rattachée, ce qui assurait son financement. L’inventaire établi le 6 juillet 1790 par le Département de Loire-Inférieure indique des revenus d’environ 1 336 lt.

« La maison de la Psallette, occupée par huit Enfants de Chœur & leurs Maîtres, est située près la cathédrale » (F-An/ F 19/606).
Le maître exerce une double fonction puisqu’il a aussi la charge de la maîtrise. « On compte par an au Maître de musique 3 400 lt, tant pour les gages que pour la nourriture et les robes des huit enfants de chœur ».
Le fonctionnement de la maîtrise connaît plusieurs années erratiques après le décès de Claude GIBAULT en 1761. Les trois derniers maîtres, MATOULET, CAPPA-LESCOT (premier mandat de 1765 à 1770) et MABILLE sont démis car ils délaissent les enfants de chœur au profit de leurs élèves en ville sans avoir reçu l’aval du chapitre. Ces échecs conduisent le chapitre à revoir l’organisation. Il confie l’instruction des enfants à deux « choristes » laïcs successifs : Jean-François DECLERCQ puis Vincent-François LA MARRE. CAPPA-LESCOT ne reprendra la direction de la psallette qu’en 1776, et ce jusqu’à sa fermeture en 1793.
Les enfants présents en 1790 sont huit, bien que seuls six aient pu être identifiés.

Tableau 2 : Les six enfants de chœur identifiés de la cathédrale Saint-Pierre (1790-1792)

Enfants de chœur   Entrée Lieu d'origine Profession du père Statut en 1792
Pierre Marie HUET 1er enfant de chœur 1782 Versailles Musique du Roi, violoncelle †11 avril 1791
Pierre GRUAIS 2nd enfant de chœur 1783 Nantes Journalier Requête
Pierre Jacques DURAND Enfant de chœur 1783 Nantes Concert de Nantes, violon Requête
Yves Julien Augustin DELAUNAY Enfant de chœur 1786 Nantes/Bouguenais Commis fermier général ?
Pierre Gabriel [PUISEUR DE] LA RONCHÈRE Petit enfant de chœur 1786 Nantes Écuyer †4 sept. 1791
Pierre RAGUENEAU Petit enfant de chœur 1788 Nantes Cathédrale St-Pierre, serpent Requête

L’état des lieux 1790 campe une maîtrise modeste ayant traversé une période instable. Le maître de musique peut s’appuyer sur deux grands enfants de chœur expérimentés, Pierre-Marie HUET et Pierre GRUAIS ainsi que sur le maître de grammaire Praud. Avec son effectif de huit enfants de chœur, la cathédrale de Nantes est loin des douze enfants rencontrés à la cathédrale de Bourges ou des dix pueri chori d’Angers, de Chartres ou encore de la collégiale Saint-Martin de Tours. Elle se trouve au même niveau que Le Mans ou Poitiers. En revanche elle est supérieure – en termes d’effectifs maîtrisiens – à la cathédrale voisine de Rennes (six enfants).

Parmi les maîtres qui se sont succédé au cours du XVIIIe siècle, le chapitre est resté attaché à GIBAULT, clerc tonsuré, présent près de vingt-cinq ans (1737-1761). Son successeur Jacques MATOULET (1761-1764), quoique clerc tonsuré du diocèse de Noyon, s’est révélé des plus ternes.
Le chapitre rompt avec la tradition lorsqu’il engage François Sigismond CAPPA-LESCOT : il est le seul laïc nommé à cette fonction. Il n’a pas été sélectionné sur concours comme le voulait l’usage, mais parce qu’il s’était distingué au Concert spirituel avec un motet à grand chœur Exaltabo te Deus meus rex (1764). Thierry Favier (Le motet à grand chœur) a du reste mis en évidence l’impact du Concert spirituel sur les carrières musicales : il n’est pas rare qu’un succès parisien avéré se répercute sur des engagements de maîtres y compris en province.
Les messes, motets, Requiem ou Te Deum de CAPPA-LESCOT répondent aux attentes de son employeur. Certains comptes rendus élogieux font même grand bruit jusqu’à Paris. Mais voilà, CAPPA-LESCOT sert la musique avant l’Église, et parfois ses intérêts avant ceux du chapitre. La tenue de la psallette, comme on l’a vu, est cause de sa mise à pied provisoire.

Le chapitre commet alors une erreur de recrutement qui altère durablement la vie du bas chœur. Il reçoit comme maître de musique en 1770 Urbain MABILLE, qu’il sait être prêtre gyrovague, mais dont il ne mesure pas le caractère complexe. MABILLE cumule rapidement les manquements à ses devoirs, révélant un tempérament frondeur. Son statut de bénéficier, prêtre et maître de musique le rend inamovible, ce que le chapitre apprend à ses dépens lorsqu’il entend s’en séparer. MABILLE refuse sa destitution, puis intente un procès à l’encontre de son employeur, remettant en cause légitimité capitulaire et devoir d’obéissance. Le chapitre, contraint de transiger, le reçoit à la troisième maire-chapelle le 29 mai 1776, lui verse une pension et lui rappelle ses charges musicales.

Le retour en grâce de CAPPA-LESCOT en 1774 est assorti d’une modification de fonctionnement dissociant partiellement le bas chœur des clercs de celui des choristes. Les chanoines ne pouvaient guère aller au-delà de cette clarification au demeurant insuffisante. Les tensions perdurent. Elles sont hiérarchiques car MABILLE, clerc semi-prébendé, ne saurait accepter l’autorité de CAPPA-LESCOT. Elles sont aussi musicales : le maître en titre est ardent promoteur de la « musique figurée », alors que le prêtre reste arcbouté sur la pratique du plain-chant.
Dans les faits, le programme de modernisation de la musique de la cathédrale Saint-Pierre, longuement élaboré, peine à se concrétiser. Le chapitre soumis à une fronde dont il n’est pas coutumier, poursuit son objectif d’excellence musicale. Sa stratégie résistera-t-elle aux soubresauts ?

• La dichotomie du bas chœur
Le corps de musique de la cathédrale Saint-Pierre se subdivise entre clercs et laïcs, deux groupes aux intérêts divergents placés sous la responsabilité du maître CAPPA-LESCOT. Lors de leur réception, tous les musiciens s’engagent, quel que soit leur statut, « à chanter tant au plain-chant et à la psalmodie qu’à la musique, chant sur le livre et faux-bourdon ».

Sans surprise, le bas chœur des clercs est dominé par la personnalité du maire-chapelain MABILLE chargé de battre la mesure. Les tensions y sont récurrentes. Les incidents de sacristie ne sont pas rares. Par exemple, le sage et vénérable Me CHAUVET en vient à insulter en public l’un des chanoines.

Tableau 3 : Les officiers de chœur présents en 1790

Fonction Nom Origine Après 1790 Âge en
 1790
Anc. Nantes en 1790
1er maire chapelain Charles CHAUVET Saumur Insermenté, exil à Bilbao, puis prêtre concordataire 63 ans 23 ans
2nd maire chapelain Jean Toussaint POIGNAND Pornic Prêtre constitutionnel 48 ans 18 ans
3ème maire chapelain Urbain MABILLE Angers Vicaire constitutionnel 54 ans 20 ans
4ème maire chapelain Pierre François CHEVREUIL Nantes Marié, administration 32 ans 3 ans
1er sous-chantre Jean François VASSAL Caudiès Carcassonne, prêtre agrégé de la cathédrale 47 ans 12 ans
2nd sous-chantre Louis GODÉ Le Mans Rentier et Chanoine semi-prébendé selon Laillé.  30 ans 6 ans
1er diacre Barthélémy BRIAND Nantes Insermenté, interné, exécuté (« Noyades de Nantes ») 50 ans 6 ans
2nd diacre Jacques Joseph RIVIÈRE Nantes Insermenté, exil à Bilbao 35 ans 10 ans

En 1790, CHAUVET, BRIAND et RIVIÈRE ayant refusé de prêter serment, sont déchus de leurs droits dès le mois d’octobre. MABILLE, POIGNAND, CHEVREUIL et GODÉ défendront avec succès leurs intérêts en faisant requête commune auprès du département. Quant au discret VASSAL, installé à Carcassonne, il tente en vain de faire valoir ses droits à Nantes par le biais d’un tiers, vraisemblablement avec l’objectif de faire transférer son dossier au directoire de Carcassonne.

Les musiciens « choristes » sont au nombre de douze. Le terme de « choriste » regroupe les chantres, musiciens et officiers laïcs du bas chœur. Lors des fêtes, le maître de musique augmente leur effectif en faisant appel à des symphonistes extérieurs qu’il choisit principalement parmi les musiciens du Concert.

Les recrutements de musiciens sont en cohérence avec la stratégie musicale élitiste menée par le chapitre depuis 1770. Ils ont pour la plupart été reçus pour la beauté de leurs voix après une itinérance professionnelle plus ou moins longue.

Tableau 4 : Les musiciens choristes présents en 1790

Fonction Nom Origine Âge en 1790 Anc. Nantes en 1790
Haute-contre Vincent Pierre GAUTIER Vannes 36 ans 2 ans
Haute-contre François Jude MERY Avranches 35 ans 3 ans
Haute-taille Joseph JOLY Beaune 51 ans 20 ans
Basse-taille Henri François DOUVILLE Rebets/Rouen 34 ans 3 ans
Basse-taille Vincent François MARRE Sées 46 ans 20 ans
Basse-contre Étienne François PICARD Paris 38 ans 10 ans
Basse-contre Jean-Baptiste DONON Stains/Paris 57 ans 20 ans
Basse-contre Jean Victor HUBERT Meaux 28 ans 3 ans
Serpent/Basse-taille Jean GILLET Angers 66 ans 34 ans
Serpent/Basson/ Basse-taille Pierre RAGUENEAU Tours 42 ans 5 ans
Symphoniste Vincent Anne JULIEN Rennes 50 ans 2 ans
Symphoniste Laurent François MARIE Nantes 47 ans 20 ans

En 1790, sur les douze musiciens choristes, cinq ont moins de 40 ans. En affinant le critère d’ancienneté, ils ont tous (sauf JULIEN) été reçus alors qu’ils avaient entre 25 et 35 ans. L’année d’engagement des plus anciens – 1770 – correspond à la transformation musicale engagée par le chapitre qui s’affranchit des recrutements locaux. La moitié de l’effectif est originaire de régions éloignées, telles la Normandie, Paris, voire la Bourgogne ou le Sud-Ouest pour CAPPA-LESCOT, et augurent d’itinérances multiples.
Tous les musiciens laïcs prêtent serment en 1790. CAPPA-LESCOT, MARRE, JOLY, DONON, PICARD et GILLET bénéficiers, ayant entre dix et vingt ans d’ancienneté, font cause commune et adressent une requête au Directoire du district à l’initiative de JOLY.

Bernard Dompnier conclut l’article précédemment cité en notant que nombre de reconfigurations de bas chœurs n’aboutirent pas, notamment à cause des clercs qui « défendirent bec et ongles leur statut traditionnel de bénéficiers, qu’ils estimaient menacé à la fois par les menées des chanoines et par l’essor du groupe des musiciens salariés ». L’exemple de la cathédrale Saint-Pierre de Nantes a certes mis en évidence des résistances au sein du bas chœur. En revanche, l’éclat du corps de musique – maître et musiciens – est manifeste là où il s’impose le plus, c’est-à-dire lors des fêtes et cérémonies extraordinaires. La musique se donne à voir et entendre auprès de l’élite comme de la foule, témoignant ainsi de la grandeur de l’Église de Nantes.

• • • Notre-Dame de Nantes : une collégiale hors du temps

« Le chœur de la collégiale était nombreux et bien dirigé. On n’y était admis qu’après un sévère examen, sur la lecture, la psalmodie et le chant. » (La Nicollière, Église royale et collégiale Notre-Dame de Nantes, 1865).

7 - Plan Hérulier

Hérulier, Nantes, Plan scénographique (fin XVIIe siècle), détail (Bibliothèque municipale de Nantes, ms 1518, cl. F. Pellois). La collégiale Notre-Dame est à proximité de la cathédrale Saint-Pierre.

Située seulement à quelques pas de la cathédrale, la collégiale Notre-Dame érigée en 1325 convoque histoire, mémoire et nostalgie. Les sources la concernant sont parcellaires, car seuls deux registres ont pu être sauvés lors de sa suppression. La consultation de La France ecclésiastique de 1788 mentionne brièvement deux dignitaires, un chefcier et un chantre. Plus diserts, les érudits du XIXe siècle – La Nicollière et Mellinet – ont témoigné un profond attachement à cette noble institution, l’une des plus anciennes de la ville.

À la fin de l’Ancien Régime, Notre-Dame bénéficie d’une aura qui contraste avec sa situation financière. L’affaissement des ressources a contraint le chapitre à une réorganisation drastique entérinée par l’évêque le 21 janvier 1782 : le nombre des canonicats est réduit de 19 à 12, une maire-chapelle est supprimée… Ces modifications ont des répercussions sur la structure musicale.
Les dernières années d’existence de Notre-Dame mettent en évidence un effectif cantoral décroissant quantitativement alors que chapitre et musiciens se font fort de maintenir l’usage du chant au chœur.

• La polyvalence des fonctions cantorales se développe
Le maire-chapelain est diacre d’office, assisté de l’ex-enfant de chœur Jean GANCEL, promu maître de grammaire et faisant aussi fonction de sacriste... Bernard BÉDOIT, maître de psallette qui a succédé à Arnoult-Brice BRUNARD en juin 1783, est en parallèle chantre. Il peut s’appuyer sur trois chantres laïcs. Originaires d’Anjou, ils ont été sélectionnés par l’entremise de l’angevin BLANVILLAIN, mort prématurément. Quant à la psallette, elle est en 1790 privée de ses deux grands enfants de chœur MÉNARD et GANCEL, sortis respectivement en avril et octobre 1789. Elle n’a plus que trois jeunes enfants en formation.

• La musique est rehaussée par un orgue
Jean-François TARAIL touche l’orgue placé en tribune. Musicien aux multiples facettes, il compose en 1787 une « Messe en chant musical pour les fêtes solennelles » dédiée au chapitre. Il a succédé à Fortunato LAMBERTI, homme de talent dont le parcours garde encore des zones d’ombre. Lorsqu’en 1794 les citoyens Denis JOUBERT (organiste) et Jean Henry CLASSING (facteur de piano) sont missionnés par le Directoire pour expertiser l’orgue avant sa mise en vente, il semble complet. Les experts suggèrent de poser une porte « pour empêcher que les palefreniers n’aillent coucher dedans comme ils ont toujours fait [depuis la fermeture du chapitre] ».

Tableau 5 : Le corps musical de la collégiale Notre-Dame en 1790

Fonction Nom Origine Âge en 1790 Anc. N.-D. en 1790
Organiste Jean François TARAIL Nantes 55 ans 25 ans
Maître de psallette et psalteur Bernard BÉDOIT Nantes 39 ans 17 ans
Psalteur François GAUDINEAU Chemillé [Maine-et-Loire] 37 ans 2 ans
Psalteur Charles François POTIRON Querré [Maine-et-Loire] 31 ans 2 ans
Psalteur/Serpent René POTIRON Querré [Maine-et-Loire] 33 ans 1 an
Ex-1° enfant de chœur/sous-diacre Jean GANCEL Nantes 17 ans 10 ans
Enfant de chœur  Pierre LAINÉ Nantes 10 ans 4 ans
Enfant de chœur Bernard Arnoult BÉDOIT Nantes 8 ans 1 an
Enfant de chœur Pierre Joseph DUBREUIL Bas-Limousin 9 ans 1 an

À la veille de la Révolution, la structure musicale de la collégiale Notre-Dame semble une institution sur le déclin. Le chapitre peine à recruter de bonnes voix qu’il cherche à proximité de bouche à oreille et qui sont, peut-être par le fait du hasard ou de ses moyens financiers, relativement jeunes.
L’avenir de la collégiale est sombre. Elle fait partie des huit églises supprimées et agrégées à la paroisse constitutionnelle Saint-Pierre en 1790. Fermé, devenu hangar à chevaux puis passé aux mains d’un fondeur qui y installe son atelier, le vénérable édifice menace ruine. Il est progressivement détruit au cours du XIXe siècle.

• • • Douze paroisses disparates et des prêtres de chœur

8 - Carte paroisses

Nicolas Lacoste, Carte des paroisses nantaises [avant le Concordat de 1801], 2013 © Direction du Patrimoine et de l’Archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole

À la veille de la Révolution, Nantes est divisée en douze paroisses, hors cathédrale. Dix sont réparties intra muros (Notre-Dame, Saint-Nicolas, Sainte-Croix, Saint-Denis, Saint-Saturnin, Saint-Vincent, Saint-Léonard, Saint-Jean et Sainte-Radegonde), et deux dans les faubourgs (Saint-Similien et Saint-Clément). Elles sont structurées autour d’un « recteur » – selon la terminologie bretonne –, c’est-à-dire un curé, assisté hiérarchiquement de vicaires, de « prêtres de chœur » (prêtres chantres), de prêtres habitués et de clercs tonsurés. La situation paroissiale est loin d’être homogène car Saint-Nicolas, Saint-Similien et Sainte-Croix regroupent à elles seules 75 % de la population nantaise.

• La présence systématisée de prêtres de chœur constitue l’un des marqueurs de la vie paroissiale nantaise
Une cinquantaine de prêtres de chœur ont été identifiés, certains d’entre eux ayant par exemple rejoint le bas chœur de la cathédrale Saint-Pierre, tels Barthélémy BRIAND, François CHÉRÉ ou Jean-François VASSAL. Environ vingt-cinq de ces prêtres-chapelains-chantres sont formellement en activité en 1790.
Les effectifs sont, sans surprise, proportionnels à l’importance des paroisses : les prêtres de chœur sont six à Saint-Nicolas, cinq à Saint-Similien, quatre à Sainte-Croix et Saint-Denis et seulement deux à Saint-Saturnin. Une délibération de fabrique de Saint-Saturnin datée de 1749 précise que leur recrutement est imparti aux « fabriqueurs ». Plusieurs avis sont publiés dans les Affiches indiquant « la vacance de la place » ou sa mise en concours. Le prêtre impétrant, après avoir présenté une requête au général de la paroisse (terme désignant en Bretagne l’assemblée administrant la fabrique et gérant le temporel) est élu tout comme les officiers de l’église. Le prêtre de chœur est d’abord astreint à l’office de chœur. Il « s’oblige d’être assidu à tous les offices et même de se rendre avant l’heure indiquée, de faire les fonctions de diacre, dire conjointement avec ses confrères et sacristes les fêtes et dimanches sa messe à la paroisse ». L’instruction des enfants peut lui être impartie, tel l’exemple de LE PROVOST à Saint-Similien. La rémunération est constituée de trois éléments : gratification, desserte de chapelles, messes de fondation.

Tableau 6 : 21 prêtres de chœur officient dans cinq paroisses en 1790

  Paroisse Nom Prêtre de chœur Âge en 1790 Origine Après 1790
1 St-Nicolas Michel DUCHEMIN 1784-1790 40 Vire [Calvados] Déporté le 29 novembre 1792
2   Augustin DURAND 1782-1790 61 Plessé [Loire-Atlantique] Mort : 19 février 1803
3   Nicolas HUE 1789-1790 31 Nantes Déporté,
Mort en Espagne
4   Alexis François MACÉ 1780-1790 30 Coutances [Manche] Inconnu
5   Richard LE PLANQUAIS 1780-1790 30 Bayeux [Calvados] Inconnu
6   Pierre François PORQUET/PLOQUET 1780-1790 40 Vire [Calvados] Mort suspecte (noyé) :
16 janvier 1797
1 St-Similien DUMAINE [1789]-1790 ? ? Mort : après 1793
2   Pierre GAUDIN 1735-1790 85 Nantes Exécuté : 16 novembre 1793
« Les Noyades de Nantes »
3   Brice LEPRÉVOST/LE PROVOST [1780]-1790 51 Saint-Front [Orne] Mort : après 1795
4   François LETOURNEAU Av. 1789-1790 62 Nantes Mort : 14 novembre 1819
5   Julien NICOLAS [1785]-1790 45 Montoir-de-Bretagne [Loire-Atlantique] Mort : 26 août 1793
1 Ste-Croix Joseph BRIANCEAU Av.1788-1790 65 Nantes Noyé : 16 novembre 1793
2   Gille DE LAHAYE 1790 ?  54 Nantes Mort : 26 avril 1829
3   Charles François JOURDAN [1786]-1790 32 Gavray [Manche] Mariage
Mort : après 1816, avant 1861
4   Jean Joseph LECOUTEUX 1777-1791 45 Nantes Mort : 22 octobre 1821
5   Joseph PAVAGEAU [1785]-1790 58 Nantes Mort : 30 décembre 1791
1 St-Denis René CURATTEAU Av. 1783-1790 51 Nantes Exécuté : 16 novembre 1793
« Les Noyades de Nantes »
2   François Pierre GAULTIER [1780]-1790 40 Nantes Déporté,
Mort : 16 mars 1816
3   André VAN DER VEKEN 1747-1791 68 Nantes Mort : 3 février 1791
4   Raymond François BARRAU 1786-1790
Clerc de chœur
32 Nantes Mariage
Mort : 9 mai 1827
1 St-Saturnin J.-B. François GUYOT 1781-1790 36 Nantes Mort : 3 mai 1819
2   Antoine OLLIVIER Av. 1781-1790 54 Bouguenais [Loire-Atlantique] Déporté,
Mort : 7 décembre 1809

La Révolution frappe de plein fouet ces clercs bénéficiers. Les délibérations du Directoire du district (1791) actent leur suppression tout en les incitant – non sans malice – à exercer leur « zèle évangélique et leur patriotisme » dans les paroisses de campagne. Les clercs les plus jeunes, tout du moins ceux qui ont épousé les idées neuves, tirent leur épingle du jeu et deviennent pour la plupart vicaires ou curés constitutionnels ; d’autres, la majorité, après avoir prêté serment se rétractent, sont internés, déportés ou exécutés ; enfin, les plus âgés ou infirmes sont condamnés aux tristement célèbres « noyades de Nantes », diligentées par le Montagnard Jean-Baptiste Carrier en novembre 1793. Le Concordat rétablira le statut de ces prêtres chantres dont on trouve trace jusqu’au XXe siècle.

• Une organisation cléricale qui laisse peu de place aux musiciens laïcs
Seules deux églises paroissiales nantaises sont pourvues d’orgues : Saint-Saturnin (jusqu’à sa fermeture en 1785) et Saint-Similien. Un seul organiste semble avoir occupé successivement les deux tribunes, le sieur Charles BRARD-LEMPEREUR. Les délibérations paroissiales de Saint-Nicolas évoquent brièvement la candidature du serpent Denis-Joseph MAS le 5 mars 1780 sans y donner suite…

Le chant paroissial repose sur la présence de prêtres de chœur, spécificité déjà mise en évidence par Marie-Claire Mussat à Rennes (Muséfrem Ille-et-Vilaine) où ils sont appelés « chantres-clercs » ou « chantres choristes ». Olivier Charles mentionne également « quatre archiprêtres » à la cathédrale de Vannes (Muséfrem Morbihan) dont statut et fonction s’apparenteraient à ceux des prêtres de chœur nantais. Plus au sud, Toulouse (F. Talvard, Muséfrem Haute-Garonne) a également adopté ce mode de fonctionnement favorisant en cela le recrutement du toulousain J. F. VASSAL par le chapitre cathédral de Nantes.

• • • Les maisons religieuses de Nantes

Le peu de sources historiques, de surcroît parcellaires, rend mal aisée la reconstitution de la vie musicale de la plupart des maisons religieuses situées à Nantes.

• La voix des établissements féminins
Parmi les communautés féminines implantées à Nantes, le monastère des Ursulines qui abrite un pensionnat et deux classes de charité, possède un orgue qui, vers 1790, est touché à l’occasion par JOUBERT, l’organiste de la cathédrale, tandis que le chœur est mené par la sœur Pélagie MACÉ DE LA BARBELAIS qui porte le titre de Première de chant. Originaire de Luçon [Vendée], elle prononce ses vœux à Nantes le 5 février 1765. Une autre religieuse, Anne LAUNAY – originaire de Blain [Loire-Atlantique] – occupe les fonctions de maîtresse de musique instrumentale, fonctions qui doivent être en lien avec un enseignement musical dispensé aux pensionnaires.

Les Élisabéthaines, ayant pour fonction l’instruction des jeunes filles, possèdent également une maîtresse du chœur. En 1790, cette fonction est occupée par Marie-Félicité LE GAYS. Le frère de Marie-Félicité – Armand-Fidèle LE GAYS – chante, lui, la haute-taille au sein du bas chœur de la cathédrale Saint-Maurice d’Angers.

• Les communautés d’hommes

9 - Chapelle des Minimes

Nantes, Chapelle des Minimes devenue aujourd'hui chapelle de l'Immaculée-Conception, gravure du début du XIXe siècle (coll. part.)

Le dépouillement des comptes de la communauté des Minimes, pour la période portant sur la seconde moitié du XVIIIe siècle, montre l’emploi d’un chantre jusque vers 1785 puis la mention disparaît. Un certain LE DUC est employé à cette fonction de janvier 1777 jusqu’à décembre 1785. Ses gages annuels, très modiques, s’élèvent à 60 lt, ce qui sous-entend une autre activité professionnelle, soit au sein de la communauté, soit en la ville de Nantes. Ces comptes révèlent également la présence, en pointillés, d’un serpent. En décembre 1783, 3 lt sont payées à un certain « GRUMEAU, cuisinier depuis le 5 mars 1783, pour des leçons de serpent ». Ce GRUMEAU semble avoir quitté la maison dès le mois de mai 1784, époque à laquelle toute mention d’un serpent disparaît des comptes. Le 24 juin 1787, à l’occasion du service funèbre de M. Maunier, la partie de serpent est tenue par « MOUSEAU, serviteur de messe pendant deux mois et demi ». Depuis 1788, la communauté rémunère régulièrement un serpent sans en préciser le nom. Est-ce déjà le sieur LE HORREAU ou L’HOREAU qui est mentionné pour la période allant du mois d’avril 1789 jusqu’au mois de juillet 1790 ?

10 - Chapelle des Cordeliers

Nantes, Façade de la chapelle des Cordeliers, gravure du début du XIXe siècle (coll. part.)

Les Cordeliers rémunèrent en 1790 Pierre DUCLOS pour tenir les claviers de leur orgue. Originaire de Laval, il est issu d’une famille d’organistes : François, Jean, Marie-Anne, Jeanne, ses frères et sœurs occupent également des tribunes. À l’instar de ses deux frères, Pierre DUCLOS pourrait avoir reçu une formation musicale au sein de la collégiale Saint-Michel de Laval. En 1784, de retour de Paris, il cherche à s’établir au Mans comme professeur de clavecin et de piano-forte. Parvient-il à trouver un nombre suffisant d’élèves pour lui permettre de vivre ? On peut en douter car, dès 1785, Pierre DUCLOS paraît toucher l’orgue du couvent des Cordeliers de Nantes.
À la suite de la fermeture des maisons religieuses, notre homme est resté en contact avec le milieu musical : on le trouve, de 1793 à 1797, musicien à la garde nationale, puis il est qualifié d’artiste musicien. À une date inconnue, il s’établit à Angers où, lors de son décès en 1830, il est dit facteur d’instruments.

Carmes et Dominicains : un même organiste. Les orgues de ces deux communautés sont touchés par Christophe DUCHÂTEAU. Originaire d’Étain [Meuse], il s’installe vers 1776 à Nantes. Ses années d’apprentissage, ainsi que ses emplois précédents nous sont encore inconnus. En 1784, il devient organiste des Carmes à la suite de Jean HUNA, originaire de Colmar [Bas-Rhin] qui, lui, préfère une carrière musicale profane.

11 - Entrée du Duc de Rohan et du Maréchal de Richelieu

Antoine Hénon, Entrée de Monseigneur le duc de Rohan et de Monseigneur le maréchal de Richelieu à l’ouverture des États de Bretagne tenus aux jacobins [Nantes] le 8 octobre 1764, dessin aquarellé (Musée Dobrée, inv. D 892.2.8 © Dépôt de la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique / Musée Dobrée - Grand Patrimoine de Loire-Atlantique)

Nous ignorons l’année de son entrée au service des Dominicains, les attestations ou les délibérations fixant sa pension se bornant à indiquer qu’il y est depuis de nombreuses années « pour y faire tous les jours les fonctions, tant pour les offices du matin que du soir, et lui être payé pour notre communauté la somme [annuelle] de 300 lt ». Somme à laquelle il faut ajouter les services des confréries desservies en ce couvent. De plus, « il est nourri et chauffé à notre dite communauté une bonne partie de l’année, ce qui entre en considération… ».

Nous perdons la trace de Christophe DUCHÂTEAU entre 1792, où il apparaît comme garde national dans la compagnie des Amis réunis, et 1799 où il est qualifié de musicien puis, à partir de 1801, de peintre. Vers 1814, il renoue avec le monde de la musique en devenant organiste de la cathédrale de Saint-Brieuc [Côtes-d’Armor]. Cet exil peut s’expliquer par la quasi-destruction, à l’exception de celui de la cathédrale, des orgues des églises de Nantes. Aux alentours de 1823, il revient s’établir à Nantes pour se faire soigner à l’hospice du Sanitat où il décède en mars de la même année.

III – LANDES, BRUYÈRES ET SALINES BRUISSENT DE MUSIQUES

Nantes éclipse sans conteste les campagnes environnantes, attachées à leurs traditions et à leur clergé qu’elles défendent bec et ongles, ne reculant ni devant les ordres du département ni devant la troupe participant à l’installation de curés constitutionnels. L’administration a fort à faire pour installer les « intrus » rejetés avec force par la population ou pour débusquer des prêtres réfractaires exerçant le culte en cachette. Certains sont arrêtés, fusillés, déportés, noyés ; d’autres échappant aux poursuites reprennent leur activité après le Concordat. L’ouvrage d’Alfred Lallié – Le diocèse de Nantes – est émaillé de ces biographies parfois picaresques qui en disent long sur la résistance du clergé de la région nantaise aux idées nouvelles.

• • • Deux vénérables collégiales

• La collégiale Saint-Aubin de Guérande ou l’égale de la cathédrale de Nantes

12 - Psallette Guérande

Guérande, Maison de la psallette (cl. G. Riou, juillet 2020)

Fondée au IXe siècle, la collégiale Saint-Aubin jouit « presque de tous les droits et privilèges de la cathédrale [de Nantes] » (Abbé Grégoire, État du diocèse…) : le chapitre guérandais tient le second rang après celui de la cathédrale Saint-Pierre et possède le droit d’envoyer l’un de ses membres aux États de Bretagne. En outre, « Lesdits chanoines sont en possession de ne recevoir de visite des seigneurs et évesques de Nantes qu’une fois seulement pendant le pontificat d’un chacun d’eux » (extrait des Déclarations des droits du Chapitre, 1679, F-Ad44/ G 297). La collégiale conserve un tableau peint en 1642 par Jacob Quatroux et représentant huit chanoines groupés au pied de la Croix autour de la Vierge et de saint Jean ainsi que le prévôt – Jehan de Kermeno – vêtu comme un évêque : portant la mitre et la crosse dirigée vers l’intérieur. Ces droits et privilèges sont confirmés par lettres patentes de Louis XV en date du 16 août 1771. En 1785, le chapitre cathédral tente en vain de supprimer cette collégiale.

Le chapitre de Saint-Aubin est constitué de quatorze chanoines dont trois dignitaires : prévôt, chantre, théologal. Au XVIIe siècle, deux prébendes sont distraites de leur fonction primitive : l’une est annexée à la psallette, l’autre au « collège » de la ville, destiné à « instruire la jeunesse gratuitement ».
Quant au personnel musical, il est composé d’un maître de musique, de quatre enfants de chœur, d’un ou deux chantres (le peu d’archives conservées n’a pas permis d’en définir exactement le nombre), d’un serpent, d’un organiste et peut-être de deux prêtres de chœur. Des recherches restent à mener pour connaître les fonctions exactes de ces derniers dans cette église : rôle cantoral ou simple desserte de bénéfices.

En 1790, la psallette accueille trois enfants (la 4ème place étant alors vacante) : Donatien Rogatien MONTFORT reçu le 1er avril 1781, Guillaume SEVESTRE entré vers 1783 et Pierre LE BRETON entré vers 1786. Les registres capitulaires ayant été détruits en 1793, la composition de la psallette n’est connue que par la pétition collective adressée au directoire du district par les dits enfants.

Depuis 1768, René-Marie LE FORESTIER, originaire de la ville d’Avranches en Normandie, dirige l’institution après avoir été chantre trois ans. Les chanoines ont trouvé en lui la stabilité après avoir vu passer, durant le XVIIIe siècle, pas moins de huit maîtres de musique, certains ne restant pas plus d’un an. Rémunéré annuellement 400 lt, il est secondé par une certaine dame Hémery en charge de l’habillement, de la pension et de la nourriture des enfants. Il semble, d’après les quatre comptes subsistants, que les revenus de la prébende ne suffisent pas toujours à couvrir les frais et que les chanoines doivent prendre sur leurs fonds propres.

Tableau 7 : Comptes de la collégiale de Guérande (1780-1787)

Comptes pour l’année Charge Décharge Déficit couvert par le chapitre
1780-1781 1302 Lt 18 s 6 d 1253 Lt  //
1781-1782 1445 Lt 10 s 8 d 1454 Lt 14 s 9 Lt 3 s
1783-1784 1232 Lt 12 s 2 d 1366 Lt 3 s 3 d 133 Lt 11 s 1 d
1786-1787 1398 Lt 10 s [11 ?] d 1440 Lt 5 s 9 d 41 Lt 14 s 10 d
13 - Lutrin et stalles Guérande

Guérande, Lutrin et Stalles du XVIIIe siècle, réaménagées au XIXe siècle (cl. G. Riou, juillet 2020)

Un sieur CHARITÉ occupe la fonction de sous-chantre. La destruction en mars 1793 des documents conservés au District de Guérande par les insurgés royalistes, dont les délibérations du chapitre de Saint-Aubin, rend difficile la reconstitution de sa carrière et nous ignorons jusqu’à son prénom. Nous pouvons envisager un rapprochement avec Pierre-Marie CHARITÉ que l’on rencontre à Poitiers comme musicien basse contre à la collégiale Saint-Hilaire-le-Grand jusqu’à Pâques 1783 puis jusqu’en 1785 comme choriste et bâtonnier à la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier.

Le serpent est tenu par Pierre SALIO qui cumule cette fonction avec celle de sous-chantre pour des gages annuels s’élevant à 400 lt. Originaire de Guérande, formé à la psallette de la collégiale, Pierre SALIO est reçu en 1768 au sein du bas chœur en tant que musicien. Deux ans plus tard, en 1770, il s’engage comme soldat musicien dans le régiment de Saintonge et participe entre 1780 et 1783 à la guerre d’Amérique, « pour la cause de la Liberté que la France [...] se faisait gloire de procurer aux Bostoniens ». À partir de 1783, il revient s’établir à Guérande. Les revenus du serpent proviennent de la chapellenie de Saint-Gatien encore nommée Serpenterie, revenus qui consistent en « 26 œillets de marais » ou 26 salines ainsi que ceux d’une maison.

L’orgue, un instrument de 34 jeux répartis sur quatre claviers et pédalier avec positif de dos, est estimé, en 1793, à une valeur de 1 000 lt. Joseph-Marie GAUTIER, également organiste des dominicains de Guérande, le touche depuis 1786, à la suite du décès de son père René GAUTIER.

Dès 1790, nous perdons toute trace du Sieur CHARITÉ.
Pierre SALIO et Joseph-Marie GAUTIER ont des destins assez semblables, éloignés du monde musical. Joseph-Marie GAUTIER obtient une pension de 100 lt au titre de ses années auprès des dominicains de Guérande. Pierre SALIO, également pensionné, devient en 1794 officier municipal puis l’année suivante « débitant » et garde champêtre à partir de 1802. Entre 1799 et 1802, il semble renouer avec ses premières fonctions puisqu’il est qualifié de musicien sans plus de précision : l’est-il en l’église qui l’a vu grandir ?
Quant à Louis-Marie FORESTIER, il conserve ses fonctions de maître de musique jusqu’en 1793, époque à laquelle les trois enfants encore présents au sein de la psallette sont renvoyés. Après une période de quelque cinq ans, nous le retrouvons en 1798 comme chantre de l’ex-collégiale Saint-Aubin devenue église paroissiale. Il conserve ce poste jusqu’en 1805.

• La collégiale Notre-Dame à Clisson : un chapitre qui « n’étoit point riche »
« Le chapitre n’étoit point riche », ces quelques mots prononcés par Monseigneur De Sansay, évêque de Nantes de 1723 à 1746, lors de sa visite à la collégiale de Clisson résument la vie du chapitre et des membres du bas chœur durant le XVIIIe siècle.

Fondé en 1412 par Marguerite de Penthièvre (v.1372-1441) en exécution du testament établi par son père le Connétable Olivier de Clisson (1336-1407) qui donne sa terre de Montfaucon pour subvenir à l’entretien de la collégiale, le chapitre est constitué d’un doyen, de six prébendés, de six semi-prébendés et de six officiers du bas chœur : un sous-chantre, un organiste, quatre ecclésiastiques ainsi que de quatre enfants de chœur.
Mais les revenus alloués dépendant essentiellement des récoltes ne permettent que très difficilement l’entretien des chanoines et de leurs officiers : les dépenses excédent le plus souvent les recettes. Pour y remédier, les chanoines demandent à partir de 1769 l’union des trois paroisses de la ville à la collégiale (la paroisse Notre-Dame, desservie par l’un des prêtres semi-prébendés, étant déjà agrégée à la collégiale). L’union est promulguée le 25 juillet 1771 par l’évêque de Nantes, « laquelle suppression et union n’aura lieu toutefois qu’à la mort ou cession des pasteurs actuels… ». Dans les faits, cette union ne servira en rien les projets des chanoines puisqu’elle ne deviendra effective qu’en 1789 par le décès du desservant de la paroisse Saint-Gilles.

Julien DURAND occupe la fonction de sous-chantre pour des gages annuels s’élevant à 225 lt. Originaire de Clisson, il a peut-être été formé au sein de la collégiale comme enfant de chœur. Mentionné dès 1771, il est possible qu’il occupe cette fonction depuis plus longtemps. Il a pu avoir pour confrère Jean BROCHARD qui cesse toute activité cantorale à partir de 1769 et Joachim VANDERVEKEN, clerc tonsuré, qui décède en 1774. Parallèlement à ses fonctions au sein du bas-chœur de la collégiale, il exerce le métier de cordonnier. En 1791, Julien DURAND, répondant au critère d’âge et bénéficiant de plus de trente ans de service, obtient une pension viagère de 200 lt. Néanmoins, il conserve jusqu’en 1792 ses fonctions de sous-chantre. Perdant sa trace durant quelques années, nous le retrouvons en 1796 comme « homme de confiance » à Nantes où il décède l’année suivante.

En 1790, les chanoines déboursent 100 lt pour l’entretien de l’orgue et rémunèrent 350 lt un organiste, dont les rares sources n’ont pas livré le nom. L’abbé Grégoire dans son Etat du diocèse… affirme qu’il s’agit d’un certain Alphonse PETIT. Ce patronyme apparaît dans les capitations de 1789 et 1790 au chapitre des résidents de la paroisse Notre-Dame ainsi que parmi les signataires du Cahier de doléances de cette même paroisse, sans qu’aucune fonction n’y soit associée. Son prédécesseur, peut-être immédiat, est mieux connu : il s’agit de Michel GUICHARD. Originaire de Nantes, il a été formé au sein de la psallette de la cathédrale et reçoit en 1739, durant six mois, des leçons de BOURDAIS, l’organiste de la dite cathédrale.

Quant aux enfants de chœur, aucune dépense n’est faite pour eux ni pour un maître : faut-il y voir là une suppression de la psallette, intervenue peut-être dès le milieu du XVIIIe siècle, conséquence des difficultés financières évoquées auparavant ?

• • • Abbayes, couvents et monastères : quelques lieux révélant un personnel musical

D’après l’abbé Grégoire dans son État du diocèse de Nantes…, l’évêché de Nantes comptait 49 communautés religieuses, 30 d’hommes et 19 de femmes, auxquelles il convient d’ajouter les communautés hospitalières. Les archives de ces communautés ont permis de révéler la présence d’un personnel musical dans treize lieux.

• Une présence difficilement détectable
L’activité musicale au sein des communautés est essentiellement connue grâce aux comptes des années 1790-1791 et aux inventaires diligentés par les districts – mention ou description sommaire d’un orgue, mobilier du chœur de l’église ou encore description de pièces de bâtiments conventuels réservées à l’hébergement des laïcs exerçant une activité cantorale au sein des communautés (« chambres des choristes »).
La série H, consacrée aux fonds des ordres religieux, ne permet pas dans la majorité des lieux concernés par l’enquête d’en retracer l’histoire musicale. En effet, plusieurs de ces fonds ont eu à souffrir de pertes importantes durant le XIXe siècle et les liasses restantes ne concernent bien souvent que des donations ou des transactions financières.

• La musique dans les maisons religieuses hors de Nantes
Les inventaires des biens du clergé réalisés en 1790 révèlent que les Cordeliers d’Ancenis possèdent un orgue. E. Maillard dans son Histoire d’Ancenis et de ses barons évoque d’une manière toute romantique la présence de l’instrument : « au-dessus de la porte d’entrée, réservée au public […], grondait un beau jeu d’orgues ».
Un instrument est aussi mentionné dans la chapelle des Fontevristes de La Regrippière à Vallet mais la description sommaire de l’instrument ne permet pas d’en connaitre l’état et donc de savoir si un ou une organiste le touche lorsque survient la Révolution.

• Le monastère des Carmélites des Couëts et ses demoiselles organistes
« Il y a à une lieue d’ici [Nantes] un prieuré de Bénédictines fort bien situé, presque sur les bords de la Loire, dont il n’est séparé que par une agréable prairie » (Abbé Jean Barrin, La vie de la bienheureuse Françoise D’Amboise Duchesse de Bretagne, fondatrice des Carmélites, 1704). Cette maison, fondée au XIIe siècle et relevant de la règle bénédictine, est refondée en 1477, sous l’impulsion du duc de Bretagne François II et l’arrivée de sa tante Françoise d’Amboise, selon la règle des carmélites.
En 1790, d’après l’abbé Grégoire, ce monastère de Carmélites compte trente-trois religieuses, treize filles domestiques, six garçons, un homme d’affaires, un organiste et deux aumôniers.
Le monastère devient un lieu de résistance à la mise en place de l’Église constitutionnelle, ce qui conduit, en juin 1791, au curieux évènement appelé « les fouetteuses des Couëts » : des femmes catholiques constitutionnelles venues de Nantes, ayant envahi le monastère, fouettent les Carmélites et ce malgré la présence d’une trentaine de soldats.

En 1790, l’orgue du couvent, agrandi entre 1784 et 1785 par le frère Florentin GRIMONT, est tenu par une demoiselle RENAUDIN entrée en fonction en octobre 1788. Auparavant, une demoiselle HARDOUIN en avait eu la charge depuis août 1785 en succédant à une demoiselle ORBELIN : faut-il voir dans ce changement d’organiste la volonté du frère Florentin GRIMONT d’imposer une organiste de son choix comme cela a pu être le cas en 1777 à la collégiale de Champeaux [Ille-et-Vilaine] ? En 1786, une demoiselle DENIS, peut-être la fille de George DENIS organiste à Nantes puis à Saumur, remplace pendant un mois la demoiselle HARDOUIN. Les années 1767-1773 ne voient se succéder que deux organistes : Françoise ALLARD en juin-juillet 1773 et une demoiselle COMMAN ou COMMEAN qui pourrait être la personne qui joue l’orgue du Croisic jusqu’en décembre 1766. Entre ces deux derniers noms, les comptes du couvent ne mentionnent pas de gages pour un organiste. Ces demoiselles sont payées 120 lt par an.

La musique « profane » participe également de la vie des religieuses puisque la communauté profite également du passage du frère Florentin GRIMONT pour raccommoder et donner un accord général à son clavecin.

• Le couvent des Dominicains de Guérande : un organiste
Érigé dans le faubourg Bizienne à Guérande, le couvent des Dominicains n’abrite plus, en 1790, que trois frères qui possèdent en leur chapelle un orgue de « huit pieds [situé] au bas [de la nef] ». Cet instrument est joué en 1790 par Joseph-Marie GAUTIER qui affirme occuper cette fonction depuis ses dix ans, soit depuis 1761, pour des gages s’élevant à 200 lt par an et « la table quand il vouloit ». Cette longue carrière est entrecoupée d’une période de cinq ans où Joseph-Marie GAUTIER a été organiste au couvent des Dominicains de Dinan [Côtes-d’Armor], à l’abbaye de Prière [Morbihan], puis chez les Carmes de Sainte-Anne à Auray [aujourd’hui Sainte-Anne-d’Auray, Morbihan]. Durant cette absence, l’orgue des Dominicains de Guérande est tenu par son père René GAUTIER, lui-même organiste de la collégiale Saint-Aubin en cette même ville.
En 1790, Joseph-Marie GAUTIER est également organiste de la collégiale de Guérande et ce, depuis 1786, année du décès de son père.

Et après 1790
Les Affiches de Nantes et du département de Loire-Inférieure publient le 10 juin 1792 un avis annonçant, le 25 du même mois et les jours suivants, la vente « d’une grande quantité de chapes, chasubles, etc. & autres meubles » du couvent. « Il y a aussi plusieurs tapisseries de haute lice, de très beaux tableaux et un jeu d’orgues, le tout au plus offrant, à la manière accoutumée, & argent comptant ». Cette même année et après diverses démarches auprès du directoire du district de Guérande, Joseph-Marie GAUTIER obtient une pension de 100 lt pour ses années de service auprès des Dominicains.
En 1794, il devient officier municipal de Guérande mais, dès l’année suivante, il est qualifié de marchand et ce, jusqu’en 1799, époque à partir de laquelle il devient « directeur des postes aux lettres ». Joseph-Marie GAUTIER ne semble pas avoir renoué avec une quelconque activité musicale même si l’acte de décès de sa femme le dit, en 1819, maître de musique tandis que son propre acte de décès le qualifie d’ex-directeur des postes.

• Trois abbayes cisterciennes qui ont de la voix

14 - Abbaye de Ville Neufve

Louis Boudan, Vue de l’abbaye de Villeneuve, ordre de St-Bernard, en Bretagne, diocèse de Nantes…, [1695], aquarelle (BnF, Estampes et photographie, EST VA-44 (1))

15 - Abbaye de Buzay

La tour de l'abbaye de Buzay construite au XVIIIe siècle, état au début du XXe siècle, carte postale, éd. Vassellier, début XXe siècle (coll. part.)

L’abbaye Notre-Dame de Villeneuve, fondée sur le territoire de la paroisse de Bignon (actuellement sur la commune des Sorinières), ne compte plus que six religieux à l’aube de la période révolutionnaire. Les comptes de 1790 révèlent la présence de deux choristes : Sébastien JÉGU, premier choriste, et DENIAU, qualifié de second choriste. L’abbatiale abrite aussi un « buffet d’orgues avec ses soufflets, mais la plus part des tuyaux du dit orgue [sont] hors de service ».

L’abbaye Notre-Dame de Melleray, située « à huit lieues de Nantes, entre les rivières de Loire et de Vilaine, près de la source de la rivière d’Airdre » (Abbé Grégoire), est occupée elle aussi par six religieux. Les comptes établis pour l’année 1790-1791 indiquent une dépense de 150 lt « pour le choriste et ceux qui servent les dimanches » sans que nous n’ayons pu trouver de plus amples renseignements sur ce personnel cantoral.

L’abbaye de Buzay, « sise sur la gauche de la Loire, à 7 lieux au-dessous de Nantes, cette fille de Clairvaux » (Abbé Grégoire) est l’une des abbayes les plus riches du diocèse de Nantes. Détruite durant les guerres de Vendée, il n’en reste aujourd’hui que des ruines dont la tour de l’abbatiale reconstruite à la fin du XVIIIe siècle.
En 1790, le chant des onze moines est rehaussé par celui de trois choristes : Jean RICHEUX, un dénommé BASILLE et un certain MOUILLÉ, fils de la servante de basse-cour de l’abbaye. Ces choristes sont logés au sein de l’abbaye. Deux des choristes occupent une même chambre dont le mobilier est constitué par « deux lits, rideaux de Serge, chaque lit Composé d’une paillasse, un matelat et deux Couvertures, un ancien tableau d’autel sans cadre, deux armoires, une table, un prie Dieu & cinq chaises la plus part mauvaises ». Quant à l’autre chambre, elle abrite « un lit garniture en Serge, une paillasse, un matelat, deux couvertures, une armoire et une chaise ». À leur fonction cantorale vient s’ajouter une fonction domestique : Jean RICHEUX est « domestique de ces messieurs » tandis que le dénommé BASILLE est attaché au service du prieur. L’abbaye semble, vers 1790, employer 17 domestiques qui perçoivent chacun 250 lt par an.
Les archives de l’abbaye n’ont pas permis d’établir l’identité de l’organiste à la fin de l’Ancien Régime mais une déclaration de revenus établie en 1790 nous apprend que parmi les « charges du tiers lot qui regardent Mr l’abbé commandataire », il lui revient l’entretien de l’orgue situé « sur la grande tribune avec ses deux soufflets » ainsi que la nourriture et les gages d’un organiste.

• • • Orgues et chantres de paroisses

• Des orgues, des organistes et des facteurs d’orgues
En 1790, les églises des bourgs de Batz et du Croisic résonnent des sonorités des orgues qui viennent d’être reconstruits par le facteur angevin Christien Gille NYSSEN qui a épousé deux ans auparavant Michèle-Louise Le Huédé en l’église de Batz.
L’orgue de l’église de Batz est tenu depuis 1774 par Louis-Hébuterne DOUGLAS, originaire d’Auxerre [Yonne]. Sa carrière est jalonnée par plusieurs conflits : renvoyé de la psallette de Chartres après onze ans de formation, il est remercié après trois mois de service comme maître de musique de la cathédrale du Mans. Batz lui offre enfin la stabilité. Après quelques années durant lesquelles nous ignorons son devenir, nous le retrouvons à partir de 1797 en tant que juge de paix au Croisic. À son décès en 1820, il est qualifié de « maître de musique et d'organiste de cette ville [Le Croisic] », sans qu’on sache s’il a repris du service à la réouverture des églises ou si ses fonctions musicales ont prévalu sur celles de juge de paix sous la plume du rédacteur de l’acte.
Issu d’une famille d’organistes, René-Antoine LUA avait été reçu le 24 mai 1767 organiste de l’église du Croisic à la suite d’une demoiselle COMMEAU. Le 23 mai 1793, il achète aux enchères pour une somme de 1 300 lt les orgues sur lesquelles il a officié près de vingt-cinq ans. Durant la période révolutionnaire, il semble avoir conservé ses fonctions d’organiste puisqu’en 1797 il est toujours qualifié « d’organiste de ce canton » du Croisic.

Comme le fait remarquer Michel Cocheril (Les facteurs d’orgues en Bretagne…) et comme le confirme le tableau ci-dessous, les paroisses de Guérande, de Batz et du Croisic ont constitué durant le second tiers du XVIIIe siècle une zone d’activité privilégiée pour les facteurs d’orgue. Cette activité, qui ne se retrouve pas dans le diocèse de Nantes si ce n’est peut-être autour de l’orgue de la cathédrale, s’explique par l’aisance dont bénéficient les fabriques de ces paroisses grâce au commerce du sel.

Tableau 8 : Orgues et facteurs d’orgues en pays nantais

Période Patronyme Lieu de présence
1730-1734 Marcellin TRIBUOT Le Croisic, travaux sur l’orgue
1731 ? CAVAILLÉ Batz, travaux sur l’orgue
1747-1748 Pierre René LE BRUN Le Croisic, travaux sur l’orgue
Octobre 1748 François ELMERY Guérande, baptême d’un garçon
Travaux sur l’orgue de Guérande ?
1789 Christien Gille NYSSEN Le Croisic, reconstruction de l’orgue
1790 Christien Gille NYSSEN Batz, travaux sur l’orgue

À côté de cette activité instrumentale, les comptes de la paroisse du Croisic laissent également entrevoir une activité vocale. En effet, la fabrique de cette paroisse rémunère 18 lt par an deux enfants placés sous l’égide des Frères des Écoles Chrétiennes pour chanter un Salut et trois Ave Maria. Les comptes de 1784-1785 indiquent également l’emploi d’une somme de 6 lt « payé[e] aux porte croix, bannierres, encensoires et Corristes, aux fetes Dieu, pendant les deux années ».

• Plusieurs cures de second rang
Ancenis, Chateaubriant, Saint-Étienne de Montluc, Paimbœuf, Saint-Nazaire ou encore Bouvron…, villes de taille moyenne (environ 3 000 habitants), sont pourvues de paroisses structurées selon le modèle nantais avec recteur, vicaires, prêtres. Leurs noms apparaissent dans les registres paroissiaux, attestant une structure hiérarchisée avec un effectif important de clercs.

Les prêtres de chœur sont représentatifs de l’organisation des paroisses. Cette spécificité a été abordée par l’archiviste Léon Maître (L’instruction publique dans les villes et les campagnes,…) qui l’impute à la diffusion de l’instruction et à la multitude d’écoles en pays nantais.
À ce stade de l’enquête, il serait imprudent de s’avancer sur le nombre de ces ecclésiastiques à la fin de l’Ancien Régime. Par exemple, la paroisse d’Ancenis et son collège réputé en étaient encore pourvus au milieu du XVIIIe siècle : l’acte de décès de Pierre LEBEAU, le 30 juillet 1762, à l’âge de 64 ans, stipule qu’il a été prêtre de chœur et principal du collège, associant les deux fonctions. Or, en 1790, rien n’indique que les quatre prêtres enseignants sont toujours prêtres de chœur.
Seuls quelques-uns de ces clercs ont pu être formellement identifiés en 1790 : Jean-Baptiste AUFFRAY ou Pierre MICHEL à Saint-Étienne de Montluc, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Nantes, Jean MAILLARD à Saint-Philbert de Grand-Lieu en Pays de Retz, François MÉNARD à Saint-Nazaire. Les registres du Croisic en citent jusqu’en 1775, tels Guillaume LETORZEC ou René BODET, tout en précisant dès 1765 qu’ils ne sont pas payés « attendu que le comptable n’a point de fonds en mains ». À Bouvron, bourg minier au nord de la Loire, une attestation du 24 février 1790 fait état de prêtres de chœur bénéficiers de fondations, sans citer de noms… Cette caractéristique, mise en avant tant à Nantes qu’aux environs, mériterait d’être approfondie.

• De rares chantres de paroisses
Bien que la figure du chantre de paroisse laïc ne relève qu’indirectement du corpus Muséfrem, sa voix résonne haut et fort dimanches et fêtes. Xavier Bisaro (« Une liturgie ordinaire en des temps extraordinaires : des chantres bretons sous la Révolution ») a mis en exergue la figure du chantre breton (en l’espèce finistérien) « au cœur du dispositif constitutionnel » ainsi que son rôle social.
Les quelques chantres détectés au détour des registres d’état-civil de Loire-Atlantique donnent un aperçu de ce qui existait sans doute à l’échelle du département. Ils ne sont que cinq à avoir été identifiés et ils exercent tous une double activité. En Pays de Retz, au sud-ouest de Nantes, précisément à Saint-Même-le-Tenu, Benjamin BLONDEAU, laboureur, n’est dit « chantre » qu’au moment de son décès alors qu’il a vraisemblablement été au lutrin depuis sa jeunesse. À Saint-Lumine-de-Coutais, village voisin, Étienne SORIN est également cultivateur. En Nord-Loire, à Cordemais, Joseph-Nicolas BOUCAUD est tailleur d’habits. À Erbray, proche de Chateaubriant, Pierre-Antoine DEBUIRE est tisserand. On citera également Louis DEMI à Drefféac qui meurt en 1779, à 84 ans, après avoir « fait les fonctions de chantre » pendant 71 ans.
Lorsque le prêtre jureur est honni par les paroissiens, il arrive que le chantre devienne la pièce centrale du dispositif liturgique. Alfred Lallié (Le diocèse de Nantes…) rapporte qu’à Herbignac – à proximité des marais de Brière et de Guérande – le tailleur d’habits GICQUAUD fait des prières dans l’église au milieu de 300 personnes.

Ainsi que le rappelait X. Bisaro, les chantres « deviennent de facto les garants de la pérennité du culte public au point de contraindre à d’acrobatiques cumuls. […] Le chantre devient alors un auxiliaire paroissial assimilable à un vicaire non ordonné, un double laïcisé du curé dont le statut intermédiaire est admis par tous y compris l’administration ».

• • •

Au terme de l’enquête Muséfrem, plus de 85 musiciens exerçant en 1790 ont été répertoriés et leur parcours biographique documenté. Parmi les 37 lieux de musique d’Église étudiés, sept femmes musiciennes ont été relevées, dont cinq organistes de couvent, deux maîtresses de chant.
Nombre de musiciens – venant de Bordeaux, Luçon, Poitiers, Angers, Rennes ou Paris – font halte à Nantes ou s’y arrêtent définitivement, consacrant le prestige musical de Nantes. La situation des collégiales de Nantes, Guérande et Clisson se révèle plus contrastée. Elles ont probablement restreint leurs activités musicales et cantorales pour des questions financières. En contrepoint, la région des salines, économiquement plus aisée, est dotée d’orgues, d’organistes et de facteurs d’orgues. L’analyse des paroisses a mis en évidence un groupe d’une cinquantaine de « prêtres de chœur ». Si leur activité, tournée vers la pratique du plain-chant, est à la limite du corpus Muséfrem, elle n’en constitue pas moins un marqueur. Ce point, qui reste à approfondir, pourrait être mis en lien avec les « chantres prêtres » rencontrés à Rennes ou les « archiprêtres » de Vannes. Par exemple, Laurent GUYART, ex-archiprêtre de Vannes engagé pour « psalmodier et chanter la musique », est reçu à Guérande en 1769 comme « prêtre choriste ». Les communautés religieuses ont, quant à elles, livré six orgues répartis entre Nantes et ses environs.
Le foisonnement de la vie musicale nantaise des années 1790 va certainement au-delà de cette enquête et attend d’être enrichi par les apports de lecteurs attentifs dont les suggestions seront bienvenues.

Béatrice Besson-Guy et Gwenaël Riou
(Équipe Muséfrem)
(octobre 2021)

Le travail sur les musiciens de ce département a bénéficié des apports notamment de : Xavier Bisaro (†), François Caillou, Youri Carbonnier, Bernard Dompnier, Mathieu Gaillard, Christophe Gauche (organiste titulaire des orgues de la collégiale Saint-Aubin de Guérande), Sylvie Granger, Christophe Maillard, Marie Claire Mussat…

Mise en page et en ligne : Caroline Toublanc (CMBV)

>>> Si vous disposez de documents ou d’informations permettant de compléter la connaissance des musiciens anciens de ce département, vous pouvez signaler tout élément intéressant ICI. Nous vous en remercions à l’avance.
L’amélioration permanente de cette base de données bénéficiera à tous.

Les lieux de musique d'Église actifs en 1790 en Loire-Atlantique [ex-Loire-Inférieure]

Les lieux de musique documentés pour 1790 dans le département sont présentés par catégories d’établissements : cathédrale, collégiales, abbayes, monastères et couvents, autres établissements (par exemple d’enseignement, de charité…), paroisses (ces dernières selon l’ordre alphabétique de la localité au sein de chaque diocèse).

Diocèse de Nantes

Pour en savoir plus : indications bibliographiques

  • Fabrice ABBAD (dir.), La Loire-Atlantique des origines à nos jours, Saint-Jean-d’Angély, Éditions Bordessoules, 1984, 463 p.
  • Xavier BISARO, « Une liturgie ordinaire en des temps extraordinaires : Des chantres bretons sous la Révolution », Revue de Musicologie, t. 93, n°2, 2007, p. 317-335.
  • Michel COCHERIL, Les facteurs d’orgues en Bretagne de 1600 à 1900, thèse de doctorat d’État, université Rennes 2, Marie-Claire Mussat (dir.), 1992, 5 volumes, 701 p.
  • Étienne DESTRANGES, Le théâtre à Nantes depuis ses origines jusqu’à nos jours, 1430 ?-1893, Paris, Librairie Fischbacher, 1893, 518 p.
  • Bernard DOMPNIER, « Accroître la musique sans dépenser davantage », dans Xavier Bisaro, Gisèle Clément et Fañch Thoraval (dir.), La Circulation de la musique et des musiciens d’église, France XVIe-XVIIe siècles, Paris, Classiques Garnier, 2017, p. 247-269.
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En ligne

  • https://inventaires-archives.loire-atlantique.fr/functions/ead/detached/frad044_g_chapitredenantes.pdf (consulté le 29 septembre 2021- 66 p.)

Bibliographie élaborée par Béatrice Besson-Guy et Gwenaël Riou
(octobre 2021)

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