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Pour citer Muséfrem
ALLAIN, Pierre, dit DUPRÉ (1701-1772)
Complément de nom : dit DUPRÉ
Autre(s) forme(s) du nom : ALLAIN, dit DUPRÉ
ALLAIN-DUPRÉ
DUPRÉ
ALAIN
Date(s) : 1701-6-30 / 1772-12-17
Connu des historien.ne.s de la danse pour avoir publié une Méthode pour apprendre de soi-mesme la Chorégraphie… au Mans, en 1757, sous le surnom de DUPRÉ, Pierre ALLAIN fut avant tout maître à danser. Il doit d'apparaître dans la base Muséfrem à l'un de ses fils, le célèbre organiste et compositeur Jean-Baptiste ALLAIN-DUPRÉ, qui en 1790 exerçait à la collégiale Saint-Martin de Tours.
• 30 juin 1701, Vains, près d'Avranches [Manche] : Pierre ALLAIN est baptisé dans l'église paroissiale Saint-Léonard de cet actif village côtier de la baie du Mont-Saint-Michel. La population se partage entre les gens du littoral (pêcheurs), et ceux de la terre (paysans ou sauniers). La production du sel est une des activités dominantes, le village comporte d'ailleurs un grenier à sel.
Pierre est fils d'Anthoine Allain et de Louise Coupard, qui s'étaient mariés dans la même paroisse le 11 juillet 1683 (son père signant alors très bien son acte de mariage, "Aallain" avec un joli paraphe élaboré). Ses parents avaient eu ensuite de nombreux enfants. Pierre, né dix-huit ans après le mariage de ses parents, est probablement le dernier, ou l'un des tout derniers. Son parrain est Gabriel Barenton "sieur de la Chaussée, Lieutenant de Vains" qui signe avec aisance et même une certaine ostentation. La marraine, Jacqueline Teberge, quoique "femme de Gabriel Gassot, sieur du Fougeray", inscrit seulement sa marque (un X entouré d'un cercle).
• 16 août 1706, Vains : L'enfant a cinq ans passés de peu lorsque son père, Antoine Alain, meurt. L'acte de sépulture de ce dernier ne donne pas davantage de précision sur l'état social de la famille.
• Quelle formation le jeune Pierre ALLAIN a-t-il reçue ??? Le village de Vains est tout proche de la ville d'Avranches. Il pourrait y avoir appris la musique en y étant enfant de chœur, mais cela reste du domaine de l'hypothèse.
• 20 ou 21 avril 1721, Genêts [Manche] : Par contrat passé devant Maîtres François Bataille et François Chesnay tabellions pour le siège de Genêts, village voisin de Vains, Pierre ALLAIN cède à son frère Jacques un pré nommé "le pré Bataille", contenant environ 25 ares ou une vergée et quart, situé à Vains, aux environs du village de Beaumanoir, en échange d'une rente perpétuelle de 15 livres "échéant au jour Saint-Michel de chaque année". Les minutes de cette étude sont aujourd'hui perdues. Cet acte est connu en résumé par un acte très postérieur qui réactive cette rente (voir ci-dessous au 2 juillet 1770).
• [1725-1726], Laval [Mayenne] : Pierre ALLAIN vit sur la paroisse Saint-Tugal. Depuis quand s'y est-il implanté ? Et quelle y est au juste son activité professionnelle ?
• 21 février 1726, Vitré [Ile-et-Vilaine] : Pierre ALLAIN et Mathurine Lecointe (parfois Le Cointe) se marient paroisse Notre-Dame de Vitré. Le jeune marié, qui n'a pas encore 25 ans, est ainsi désigné : "Maître Pierre ALAIN de la paroisse de St Tugal de Laval province du Maine". Aucune qualité professionnelle n’est indiquée. Il faut compter 38 km en droite ligne de Laval à Vitré, soit environ huit heures de marche, un peu moins si le trajet est fait à cheval. Pierre Allain aurait-il exercé à Vitré avant de s’installer à Laval ? Ou bien a-t-il fait connaissance de sa future à l'occasion d'un déplacement ponctuel (fête…) dans cette ville ?
• 30 septembre 1727, Laval : Une sentence judiciaire permet d'apercevoir le couple Allain/Lecointe dans sa vie quotidienne. Ils sont sous-locataires de Toussaint Péger sieur de la Grenotière, qui loge dans une maison mitoyenne et auquel les oppose un conflit au départ lié aux réparations nécessitées par leur maison. D'autres griefs se sont peut-être greffés sur cette cause initiale et ont envenimé les rapports. Toujours est-il qu'un jour de fin septembre 1727, la violence éclate : Mathurine ayant son premier-né dans les bras descend au lavoir commun aux deux maisons et là, elle est insultée ("bougresse, foutue salope") et violentée (son linge est dispersé et Péger tente de "l'enoyer" en basculant "une planche en forme de pont sur la rivière sur laquelle elle estoit"). Le logeur retourne ensuite sa colère contre Pierre ALLAIN "qui estoit dans sa maison en luy disant "dessent donc Bougre de fripon, c'est à toy que j'en veux". L'agresseur est lourdement condamné par la justice : il devra verser 300 livres aux Allain/Lecointe "par forme de réparation d'honneur" et "faire mettre incessamment la maison que les demandeurs tiennent dudit deffenseur à sous ferme, en état de réfection et réparation".
On remarque que dans tout le dossier Pierre ALLAIN n'est jamais appelé "Dupré" et qu'il est dit "huissier" (sans plus de détail). Est-il déjà maître à danser ? Le mystère reste entier...
• 1727 à 1733, Laval : Les époux Allain/Lecointe donnent naissance à quatre enfants, trois garçons et une fille, baptisés en l'église de la Trinité, les 13 février 1727, 10 novembre 1729, 15 septembre 1730 et 26 mai 1733. Les trois premiers baptêmes n'apportent aucune indication sociale, si ce n'est que quatre parrains et marraines sur six savent signer. Lors de ces trois premiers baptêmes, le père est toujours nommé ALLAIN tout court.
Le 25 mai 1733, lors du baptême de François-Claude, le père est pour la première fois dans le registre paroissial appelé Pierre ALLAIN DU PRÉ et présenté comme "huissier à cheval au Chastelet de Paris" (c'est-à-dire un petit officier de justice pouvant instrumenter partout en France). Le choix des parrain et marraine (directeur des Postes à Laval et épouse d'un "conseiller du Roy élu à l'élection de cette ville") apporte un indice sur les liens noués avec les milieux des notables urbains. Ce fils né en 1733 deviendra maître à danser.
La famille quitte ensuite Laval pour la ville de Mayenne, à une trentaine de km plus au nord, toujours dans le Bas Maine (au nord de l'actuel département de la Mayenne).
• 25 septembre 1736, ville de Mayenne : Lors du baptême de son 5ème enfant, René-Jacques, Pierre ALLAIN (tout court) est à nouveau dit huissier à cheval du Châtelet de Paris. Il est "absent", ce qui peut s'expliquer par son office qui l'amène à de fréquents déplacements.
La famille repart, cette fois pour s'installer provisoirement à 60 km plus au sud, dans la petite ville de Château-Gontier, en haut Anjou, sur la rive droite de la Mayenne.
• 1er août 1739, Château-Gontier [Mayenne] : Lors du baptême, dans l'église paroissiale Saint-Jean-Baptiste, de son 6ème enfant, justement prénommé Jean-Baptiste, Pierre ALLAIN DUPRÉ est dit maître d'exercice, c'est-à-dire maître à danser, et gratifié de l'avant nom honorifique "hh" (honnête homme). Il signe "Allain Dupré", avec une petite ruche. Le parrain, "Pierre Allain Dupré, écolier", est le frère aîné, né en 1727. La marraine est Marie-Jeanne Allain Dupré, l'unique sœur de l'enfant, née en 1730. Tous les membres de la famille présents ont adopté le surnom Dupré et d'ores et déjà l'agrègent à leur patronyme. La jeune marraine va même jusqu'à signer seulement "marie Dupré".
C'est vers cette période que ce surnom "Dupré" commence à apparaître régulièrement dans les documents concernant Pierre ALLAIN, même si on l'avait déjà aperçu en 1733. On peut supposer qu'il s'agit peut-être d'un "pseudonyme" d'artiste, vraisemblablement choisi par référence au "Grand Dupré", Louis Dupré (1697-1774), très célèbre danseur parisien, qui est le contemporain presque exact de Pierre Allain.
• Septembre 1743, La Flèche [Sarthe] : "François DUPRÉ, de Laval" danse de nombreux rôles dans Le Misanthrope, ballet dont "les danses sont de la composition de Mr Crépion", c'est-à-dire Gilles CRÉPION ou CRESPION, au Collège des jésuites. Il s'agit de l'un des fils de Pierre ALLAIN-DUPRÉ et Mathurine Lecointe, François, âgé de 10 ans (dont le second prénom, Claude, n'est pas utilisé).
• 1748-1749, La Flèche : Pierre Allain-Dupré est attesté comme maître de danse. Il y vend son office d'huissier à cheval le 13 mai 1748. Peut-être était-il installé dans la ville depuis déjà plusieurs années, dès le début des années 1740.
• Probablement dès la fin des années 1740 (si l'on en croit les durées de résidence au Mans de son fils François indiquées dans les recensements de l'époque révolutionnaire qui toutes convergent vers une arrivée au Mans autour de 1748), Le Mans : Pierre Allain-Dupré s'installe au Mans comme maître de danse. La famille habite une maison située paroisse Saint-Benoit, au pied de la ville haute, non loin des berges de la rivière Sarthe, rive gauche.
• 3 juin 1753, Le Mans : Le 7ème enfant de Pierre ÉLIE, serpent de la collégiale, est baptisé à Saint-Pierre-la-Cour. Sa marraine est "Mathurine Cointe, épouse de Pierre DUPRÉ, musicien, de la paroisse de St-Benoist". Le couple Élie / Chénon choisit nombre des parrains et marraines requis pour les baptêmes de ses dix enfants dans le milieu musical de la ville : on voit que leurs fréquentations s'étendaient aussi aux musiciens profanes et même aux maîtres à danser.
• 1757, Le Mans : Le sieur DUPRÉ publie chez Monnoyer, imprimeur du Mans, une Méthode pour apprendre de soi-mesme la Chorégraphie… consacrée aux chorégraphies de belles-dances et produit dérivé tardif du système d'écriture de la danse publié en 1700 par Raoul-Auger Feuillet. Un exemplaire de cette Méthode est conservé à la British Library sous la cote Hirsch I.153.
"Il y en a une à la fin, de ma composition" annonce-t-il page 24. C'est "Entrée de l'Amiral de France en 1756, par Dupré, Maître à danser au Mans" (p. 65). Selon Francine Lancelot, il s'agirait en réalité d'un plagiat de l’Entrée de matelot de Feuillet, composée par Feuillet entre 1706 et 1710 sur un air de la tragédie Alcyone (Marin Marais, 1706), enrichie de battus et d’entrechats et sur une autre musique, non identifiée (La Belle Dance, catalogue raisonné…, p. 376). Naïk Raviart indique que cette musique est celle d'une contredanse alors en vogue : Le Cotillon hongrois.
• Mai 1759, Le Mans : Son fils Jean-Baptiste est nommé organiste de la collégiale Saint-Pierre-la-Cour, à 300 livres / an.
• Fin 1761 : Jean-Baptiste Allain-Dupré quitte Le Mans pour Tours où il a été reçu organiste de la collégiale Saint-Martin à 700 livres de gages / an.
Très peu de temps après, Pierre ALLAIN-DUPRÉ quitte Le Mans, laissant sa clientèle et sa notoriété mancelles entre les mains de son fils François, devenu lui aussi maître de danse.
• Au plus tard dans le courant de l'année 1762, Pierre Allain-Dupré et Mathurine Lecointe s'installent en Touraine, d'abord à Tours chez leur fils Jean-Baptiste, puis à partir de 1770 à Véretz, village situé à 12 km de Saint-Martin de Tours, en direction d'Amboise, chez leur autre fils René-Jacques, devenu curé de la paroisse vers 1768. Si l'on peut affirmer que l'installation à Véretz correspond à une retraite réelle, on peut en revanche s'interroger sur le désir de terminer sa carrière en apothéose dans la plus grande ville de la région : lors de son déménagement du Mans à Tours, Pierre ALLAIN-DUPRÉ n'a encore que 61 ans.
• 23 janvier 1770, Tours : En l'église paroissiale de Saint-Saturnin, Pierre Allain-Dupré et Mathurine Lecointe assistent (et signent) au mariage – célébré par le frère du marié, curé de Véretz – de leur fils Jean-Baptiste ALLAIN-DUPRÉ, 31 ans, et de Généreuse-Louise Chevrier, 19 ans. Le marié est dit "organiste de la noble et insigne église de Saint-Martin". Son frère François, qui est alors maître à danser au Mans, a fait le déplacement et est également présent. Deux jours plus tôt, lors de la signature du contrat de mariage, Jean-Baptiste et les “Sieur et Dame ses père et mère” avaient été dits “demeurans ensemble à Tours rue du Fouquet paroisse de Notre-Dame de l’Escrignole”.
Peu de temps après ce mariage, les parents iront s’installer chez leur troisième fils, à Véretz.
• 2 juillet 1770, Vains [Manche] : Le pré Bataille est vendu par son neveu Jacques Allain (fils de son frère Jacques) à un certain Antoine Ballois pour la somme de 100 livres, "sous réserve de continuer le paiement de 15 livres de rente foncière düe à Pierre ALLAIN fils [d'] Antoine". On peut donc penser que depuis 1721, Pierre ALLAIN avait continué à toucher régulièrement cette somme de 15 livres / an.
• 6 février 1771, Tours : Âgée de 75 ans (ce qui la ferait naître vers 1696), Mathurine Lecointe meurt paroisse Notre-Dame de l'Ecrignole, probablement chez son fils Jean-Baptiste DUPRÉ, "organiste de l'église de Saint-Martin", et sa belle-fille Louise-Généreuse Chevrier, qui sont le lendemain seuls témoins mentionnés de son inhumation dans l'église paroissiale. Elle est dite "femme de Pierre ALLAIN DUPRÉ demeurant actuellement dans le lieu et paroisse de Véretz".
• 18 décembre 1772, Véretz : Décédé la veille – très vraisemblablement au presbytère, chez son fils – le sieur Pierre ALLAIN DUPRÉ "veuf de Mathurine Lecointe", est inhumé "dans l'église", en présence de "ses enfans", René-Jacques, le curé de la paroisse, et Jean-Baptiste, l'organiste, venu de Tours.
Mise à jour : 15 avril 2017