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BARDOU, Étienne (1743-1819)
État civil
NOM : BARDOU     Prénom(s) : Étienne     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : BARDOUL
BARDON
BARDOUX
BARDOULT
Date(s) : 1743-7-18  / 1819-2-11 
Notes biographiques

Son patronyme fluctue selon les sources  : BARDOU, BARDOUX, BARDOUL, BARDON… mais cette haute-contre à la forte voix et au caractère trempé signe "Etienne Bardou". Sa carrière angevine a été en partie documentée par l'étude du chanoine Poirier sur la maîtrise de la cathédrale d'Angers. Toutefois l'enquête Muséfrem a permis de préciser la biographie de ce Gascon, monté jusque sur les bords de la Loire pour chanter. Il s'installe successivement à Orléans, Angers et Nantes, avant de revenir à Angers où il termine sa vie. Nommé chantre à vie à la cathédrale d'Angers, il met sa voix au service du culte divin puis la fait résonner à la tribune de la Société populaire. Du Te Deum au Réveil du Peuple, "son but était de substituer à sa musique un rôle important" ainsi que le décrit son rival Vial. BARDOU, figure clé du bas-chœur de Saint-Maurice, va inciter les musiciens à la désobéissance ou les fédérer dans une supplique collective adressée au Comité ecclésiastique en 1791. Le personnage ne saurait éclipser les talents du musicien hors pair loué dans les Affiches d'Angers.

• 18 juillet 1743, Castres [Tarn] : Étienne BARDOU est baptisé paroisse Notre-Dame de la Platé, au cœur de Castres. Il est fils de Joseph Bardou, maître cordonnier, et de son épouse Philippe Ons [sic]. Ses parrain et marraine sont un oncle et une tante.

• On ignore encore où il a été formé à la musique. Poirier, dans son étude sur Angers, mentionne le "Pays des mousquetaires". Le certificat obtenu à Orléans en 1764 le dit du diocèse de Lavaur (Vaurensis dioecesis), ce qui pourrait indiquer qu'il a été formé non pas dans sa ville natale (diocèse de Castres) mais à la cathédrale de Lavaur, à moins de 40 km à l'ouest de Castres.
Il monte ensuite vers le nord du royaume à la recherche d'un poste où il pourra faire valoir sa voix.

• [Courant 1763], Orléans : Étienne BARDON / BARDOU arrive à Orléans et entre au service du chapitre Sainte-Croix.

• 10 février 1764, Orléans : Les Affiches de l'Orléanois présentant le programme de la prochaine séance de l'Académie de musique, dirigée par François GIROUST, annoncent que "M. BARDON chantera un petit motet de haute-contre & Mme HUSSON débutera par la naissance de Vénus, cantatille du Chevalier d’Herblain". Est-ce lui ? Il peut paraître vraisemblable que son nom méridional ait été traduit en "Bardon" par le typographe des Affiches. Par ailleurs, nombreux sont les musiciens des églises orléanaises à participer activement au Concert de Giroust.
• 2 juin 1764, Orléans : Le doyen du chapitre et les chanoines de Sainte-Croix délivrent à "Stephanus Bardou" une attestation de vie et de mœurs (en latin), marquée du sceau du chapitre. Ils certifient qu'il est à Orléans depuis un an, qu'il est instruit dans les arts musicaux, assidu au chant et à la louange divine. Il a la réputation d'être modeste, et de mœurs intègres.

À partir de 1764, BARDOU est établi à Angers où il finira ses jours excepté un passage à Nantes où les actes d'état civil le disent "artiste musicien". Cette période angevine est marquée par trois temps :

1°)  1764- 1775 : un chantre haute-taille au service de la cathédrale. Recruté pour ses compétences musicales et sa bonne conduite, il honore son contrat.

• 18 mai 1764, Angers : Étienne BARDOU est reçu psalteur haute taille à la cathédrale Saint-Maurice à 21 ans. Il aura 40 livres de gages par mois "non en titre", plus les "gaignages". Le chapitre lui accorde 24 livres supplémentaires pour les frais de son voyage. Il n'est pas précisé d'où il arrive, mais la somme peut correspondre à la distance depuis Orléans. Elle serait beaucoup trop faible s'il arrivait directement de Gascogne...
• 24 septembre 1764, Angers : Il se voit refuser une première demande de congé par le chapitre de Saint-Maurice.
• [2 ou 12] juillet 1765, Angers : Le chapitre le titularise à son poste de psalteur haute-taille. Il aura désormais "30 livres en titre sur les 40 qu’il reçoit" et devra "se comporter de manière édifiante". Depuis le mois d'avril précédent il est chargé de donner des leçons “jusqu’à ce qu’il sache parfaitement la musique” à un prêtre du diocèse de Rennes nouvellement recruté, François POULIQUEN, qui a lui aussi une voix de haute-taille. BARDOU reçoit pour cela 72 livres par an.
• 7 novembre 1768, Angers : Étienne BARDOU reçoit une augmentation de 10 livres, à condition qu'il chantera la partie de haute-contre.
• 23 juillet 1773, Angers : Il obtient du chapitre trois semaines de congé "pour prendre les bains qui lui ont été conseillés par le médecins pour le rétablissement de sa santé", à condition qu'il sera rentré pour l'Assomption.
• 18 avril 1774, Angers : Étienne BARDOU demande et obtient un nouveau congé, un mois entier, "pour un voyage à Paris où ses affaires l’appellent". S'il n'est pas rentré à la date fixée par le chapitre, il perdra ses appointements  qui auront eu cours durant sa période d'absence.
• 11 mai 1774, Paris : Étienne "BARDON", du diocèse d'Angers, est reçu clerc à la Sainte-Chapelle (son patronyme a été lu Bardon par Marie Bobillier / Michel Brenet, Les Musiciens de la Sainte-Chapelle du Palais. Documents inédits, Paris, Picard, 1910, mais il s'agit de Bardou). Il ne reste pas ou guère à la Sainte-Chapelle, et s'en retourne à Angers, sans doute avant la fin de son congé. BARDOU est ambitieux. Ce court passage à la Sainte-Chapelle peut être lu comme une déception à 31 ans.

2°)  1775-1789 : actes d'insoumission du chantre BARDOU au bas-chœur de la cathédrale d'Angers

• 7 février 1775, Angers : Étienne BARDOU est convoqué par le chapitre, ainsi que Guillaume ROZÉ, LE BLANC et VANHARKEN. Ils sont tous quatre réprimandés pour leur précipitation à quitter l'office. Alors que les trois autres  promettent de s’amender, BARDOU refuse de s'excuser et est muleté de 30 sols.
• 15 mai 1775, Angers : Il est à nouveau cité au chapitre "pour paroles d’emportement dans le chœur".
• 26 juin 1775, Angers : BARDOU est autorisé à se rendre dix jours à Tours, où il a été invité pour la fête de la Translation de Saint-Martin après son audition par les chanoines le 17 du mois, à condition qu'il ne parte pas avant la Saint-Pierre.
• 6 juillet 1775, Tours : Le chapitre de Saint-Martin lui accorde une rémunération de 120 livres pour sa prestation, ce qui est une somme très élevée.
• 17 juillet 1781, Angers Saint-Jacques : Après une dispense de bans signée par l'évêque et par "messieurs les chanoines de l'église d'Angers", le sieur BARDOU, "musicien de la cathédrale" épouse demoiselle Marie Picard, "native de la paroisse de la Trinité", fille d'un marchand. Le marié est domicilié paroisse de Saint-Évroult. Ses parents ont donné leur accord devant un notaire de Castres. Les témoins ne semblent pas musiciens. Mariés et témoins signent le registre. La signature du musicien est nettement "Etienne Bardou".
• Durant les années suivantes, Étienne BARDOU apparait régulièrement dans le registre capitulaire de Saint-Maurice d'Angers, pour des augmentations (10 livres de plus par mois le 1er juillet 1777), des gratifications (60 livres, pour un motif inconnu, les 28 juin 1784 et 5 avril 1785) ou des congés (une semaine le 13 février 1781) puis trois semaines "pour se rendre à Brest pour ses affaires" le 25 juin 1783, trois semaines à nouveau le 10 juin 1785. L'inventaire après décès de BARDOU confirmera qu'il avait des biens à Brest sans que l'origine en soit connue. Appartenaient-ils à sa femme ?
• 22 juillet 1785, Angers : BARDOU est réprimandé par le chapitre pour avoir, à la messe de Noël, refusé de chanter sa partie du Credo.
• 28 mars 1787, Angers : BARDOU formalise son amitié à Armand Fidèle GAYS en étant parrain du petit Fidèle Étienne.
• Pâques 1786 : Étienne BARDOU chante "avec un sentiment & une grâce inexprimables", jugent Les Affiches d'Angers, dans une composition nouvelle que le maître de musique Pierre VOILLEMONT fait chanter à la cathédrale.
• 15 avril 1789, Angers : BARDOU est convoqué par le chapitre, afin de s'expliquer sur son refus de chanter aux fêtes les plus solennelles.
• 20 avril 1789 : Il comparaît à nouveau devant le chapitre, en présence du Doyen, et subit un véritable interrogatoire, auquel il répond avec une mauvaise foi évidente. Le chapitre préfère supporter les intempérances de BARDOU que de perdre ce talent.

3°)  1790-1798 : d'un chant à l'autre. BARDOU met désormais sa voix et son autorité au service de la Convention

• En 1790 :  Étienne BARDOU a 47 ans. Il est toujours musicien, haute-contre (parfois dit haute-taille) au service de la cathédrale Saint-Maurice d'Angers où il déclare exercer depuis 27 ans. Ses revenus sont de 900 livres. BARDOU chante à la cathédrale d'Angers sous la direction de Pierre VOILLEMONT maître de musique. Il y côtoie trois joueurs de serpent, Jean François BÉRARDGabriel POCHARD et Louis LEBLANC, l'organiste Pierre Joseph COLETTE, et les chanteurs et psalteurs Louis François GUILLET, Armand-Fidèle LEGAY, Pierre Frédéric PAIMPARÉAntoine PARMENTIER, Pierre-Antoine POIDEVIN, Guillaume François ROZÉ, Jean François SOUPLY, Jean-René POHU, ainsi que l'épistolier Louis Pierre Loir MONGAZON aîné, et le joueur de basse Charles PELLETIER.
• Mai 1790, Angers : Les "Musiciens de la ville", [comprendre la cathédrale] adressent une supplique collective non datée au Comité ecclésiastique afin de défendre leurs intérêts. Tous les musiciens de Saint-Maurice signent à la suite de BARDOU à qui la rédaction du courrier est attribuée. Le 16 mai les musiciens vont se rétracter sans signer "de manière à ne point compromettre" leurs confrères. Solidarité et tensions se mêlent.
• 5 février 1791, Angers : Le directoire du département du Maine-et-Loire adresse le tableau des traitements des officiers des chapitres d'Angers au Comité ecclésiastique.
Le district et le département proposent d'accorder à BARDOU un traitement de 900 lt sous réserve qu'il continuera d'assister aux cérémonies religieuses.
• 12 août 1792, Angers : La Révolution libère BARDOU des contraintes du chapitre. Il s'exalte, milite et se venge de ses anciens employeurs. Son zèle et sa voix lui permettent de s'imposer au sein de la municipalité. À en croire le témoignage de Jean-Antoine Vial livré dans son journal Causes de la guerre de Vendée BARDOU le chantre s'est mué en "tyran républicain".
• 1792, Angers : Un enfant de chœur de l'église de la Madeleine porte le même patronyme, orthographié BARDOUL sans qu'un lien de parenté puisse être établi. BARDOU n'a pas d'enfant à ce moment.
• An III (1794-1795), Angers : La pension d'Étienne BARDOU est fixée à 900 livres annuellement, payable en quatre fois.
• Les Affiches d'Angers du 9 brumaire an III (30 octobre 1794) contiennent un hymne en l'honneur du jeune Barra, dont BARDOU avait composé la musique, et peut-être les paroles.
• 1793-1794, Angers : BARDOU, républicain engagé est aussi administrateur de la maison [d'arrêt] des Carmélites où les jugements sont pour le moins sommaires conduisant peu ou prou à la fusillade.

4°) Les circonstances de l'installation de BARDOU à Nantes restent à clarifier. Compte tenu des inimitiés angevines liées à ses actions pendant la période révolutionnaire, peut-être était-il préférable de se faire oublier –comme son rival Vial– à moins qu'il ait eu un contrat de chanteur à Nantes. Ce déplacement interroge.

• 28 juin 1799, Nantes : Le 10 messidor an VII, Étienne BARDOU, "artiste musicien", âgé de 55 ans, veuf en premier mariage de Marie Picard, épouse Anne-Marie Massonneau, une Angevine de 36 ans, "rentière", divorcée depuis l'an II. Ils se sont rencontrés à Angers et se marient juste avant la naissance d'un enfant. Tous deux sont domiciliés à Nantes, lui cours du Peuple, "section Jean-Jacques [Rousseau]", elle rue Mignard, "section La Fraternité". L'acte de mariage, assez précis, révèle le lieu de naissance du musicien et l'identité de ses parents. Parmi les témoins figurent Denis JOUBERT, organiste, Louis DESCOUVREMONT et Antoine-Joseph SCHWARTZBACH, artistes musiciens. Leur présence est significative des liens que BARDOUL a tissés avec le monde musical Nantais depuis qu'il a quitté la ville d'Angers. La cérémonie du mariage  fait suite à la rédaction d'un contrat instaurant une séparation de biens.

• 29 juin 1799, Nantes : Le 11 Messidor an VII, soit le lendemain du mariage, naît Porcie fille aînée du couple. L'acte de naissance cite BARDOU comme "artiste musicien" Il exerce vraisemblablement au théâtre ou à l'opéra. Porcie dans l'histoire romaine est une référence forte à la République. Le choix du prénom a donc un sens pour le couple. Elle décèdera le 22 décembre 1819 à Angers, quelques mois après son père.

5°) Le retour à Angers
• Le couple BARDOU/ Massonneau revient s'installer à Angers, place du Château entre 1799 et 1800.
• 1er novembre 1800, Angers : Le 22 Brumaire an X, une nouvelle naissance survient chez les BARDOU. Il s'agit de Clélie, prénom faisant référence à une héroïne romaine réputée pour son courage. Clélie Bardou sera inhumée le 6 janvier 1820.
L'activité de BARDOU, 57 ans, reste floue à son retour en Anjou. Son inventaire après décès précise qu'il est propriétaire. Est-il toujours musicien ou professeur de musique ?

• 20 mars 1809, Angers : Les époux BARDOU font dresser acte de vente de leurs biens à Brest, place Saint-Louis, au profit du Sieur Jean-Baptiste Sachet et de sa femme. Il s'agit de maisons, bâtiments, jardin et dépendances. Selon l'inventaire après décès ces biens sont en indivision. La "vendition" est convenue au prix de 17.000 F en principal, payable au terme du contrat le 20 mars 1817, avec intérêts de 5% annuels.

• 11 février 1819, Angers : Le sieur Étienne BARDOUX "propriétaire, pensionné de l'état", âgé de 75 ans et demi, s'éteint en son domicile, place du Château, à dix heures du soir. L'acte de décès, établi le 13, indique les date et lieu de sa naissance, ainsi que les date et lieu de son remariage. Le défunt est toujours marié à "dame Anne Marie Massonneau".
Compte tenu du contrat établi lors de son mariage nantais avec A. M. Massonneau et de ses deux filles mineures, un inventaire après décès est ouvert le 28 juillet 1819 à la demande et en présence de sa veuve ainsi que du tuteur des enfants. Il s'agit de Charles Labussière, instituteur. BARDOU, marié sous le régime de la séparation de biens, était propriétaire de trois immeubles. Sa résidence, meublée de façon raffinée, voire bourgeoise, indique un train de maison ainsi qu'une vie sociale. Aucune trace de musique ou instrument de musique n'y paraît. Le bilan de la succession fait apparaître un actif de 19.562 Francs.

Mise à jour : 5 septembre 2018

Sources
F-Ad49 / G 268  ; F-Ad49 / G 271  ; F-Ad49/ G 273  ; C. Port, Dictionnaire historique..., 1874 ; E. BARDOU, Précis historique de la guerre de Vendée, 1794 ; F-Ad44/ NMD La Halle-Jean Jacques ; F-Ad44/ NMD Nantes ; F-Ad44/ Q 555 ; F-Ad45/ 51 J 8 ; F-Ad49 / G 268  ; F-Ad49 / G 272  ; F-Ad49 / G269 ; F-Ad49/ 1 L 978 ; F-Ad49/ 1 L 986 ; F-Ad49/ 5 E 9 181 ; F-Ad49/ Affiches d'Angers ; F-Ad49/ Affiches d'Angers, 1794 ; F-Ad49/ BMS Angers, St-Maurice ; F-Ad49/ BMS St-Evroult ; F-Ad49/ BMS St-Jacques d'Angers ; F-Ad49/ D. Angers 2ème arr. 1819 ; F-Ad49/ G 268 ; F-Ad49/ G 271 ; F-Ad49/ G 271  ; F-Ad49/ G 273 ; F-Ad49/ NMD Angers ; F-Ad81/ BMS ND-de-la-Platé ; F-AdioTours/ registre capitulaire St-Martin n°23 ; F-An/ DXIX/055/177 bis/16 ; F-An/ DXIX/080/612/33-34 ; F-An/ LL 616  ; F-Bm Orléans/ Affiches de l'Orléanois ; F-BmOrléans/ Affiches de l'Orléanois ; J. Poirier, La Maîtrise de la cathédrale d'Angers..., 1983 ; J.-A. Vial, Causes de la Guerre de Vendée…, 1795 ; L'Anjou historique, 1904  ; M. Brenet, Les Musiciens de la Sainte-Chapelle..., 1910 ; Mémoire de la société d'agriculture d'Angers [M&L], 1904

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