BELLEGARY, Innocent (1687-1771)

Natif de Champagne, Innocent BELLEGARY est encore un jeune garçon lorsqu'il quitte sa province natale, avec sa famille, pour le Berry. Innocent et son frère Pierre y mèneront tous deux une modeste carrière d'organistes. Tout en assurant le service à l'orgue paroissial pendant de longues années, Innocent est également greffier à la justice de la duché-paierie d'Aubigny [aujourd'hui Aubigny-sur-Nère, dans le Cher].

• 28 janvier 1687, Fismes [Marne] : Innocent BELLEGARY vient au monde dans cette petite ville champenoise fort active et qui bénéficie de la proximité de Reims.  L'église paroissiale possède des orgues dont les organistes successifs de cette période sont Antoine BAJOLET († 1689), puis Pierre FOREST présent en 1695 (ils sont dits "chantres et organistes"). L'acte de baptême identifie l'enfant comme étant fils de Thomas "de Bellegarique" [sic] et de Marie Lhomme, lesquels depuis 1673 ont déjà eu de nombreux enfants à Fismes, sans qu'aucun baptême n'indique le métier exercé par le père. Parmi ces nombreux frères et sœurs figure Pierre, baptisé le 19 janvier 1681, qui deviendra lui aussi organiste. Le nouveau-né est porté sur les fonts baptismaux par Innocent Lurette – son parrain – recteur d'école de la ville pendant de longues années.

• Après 1695, Aubigny-sur-Nère [Cher] : Innocent BELLEGARY arrive à Aubigny, avec ses parents venus vivre en Berry. En effet, c'est en 1695 que les registres paroissiaux de Fismes mentionnent la famille pour la dernière fois. La mère de Pierre et d'Innocent décède en 1699 à Blancafort, à proximité immédiate d'Aubigny.
"Aubigny en Berry" est une petite ville active, comptant environ 1 700 habitants à la fin de l'Ancien Régime, qui vit de la fabrication et du commerce de drap. Sa fabrique paroissiale a les moyens d'entretenir des orgues et de rémunérer un organiste ainsi qu'au moins deux chantres.

• 29 octobre 1701, Aubigny : Son frère Pierre BELLEGARY épouse Magdelaine Cherrier, fille d'un marchand. Son métier n'est pas indiqué : touche-t-il déjà l'orgue paroissial ? C'est probable. Dans les années suivantes, les baptêmes de ses enfants le disent "organiste en cette église", "organiste et maitre d'école d'Aubigny", ou encore "préconiseur de ce duché et organiste de cette église". On peut faire l'hypothèse que c'est à ses côtés qu'Innocent BELLEGARY a été initié au jeu de l'orgue.

• 19 mars 1719, Aubigny : "Honnête personne Innocent BELLEGARY" est le parrain du petit Innocent-Joseph, fils de Pierre BELLEGARY, "préconiseur de ce duché et organiste de cette église", et de Magdelaine Cherrier sa femme. La marraine est Anne Cherrier, probablement une tante maternelle, qui ne sait pas signer. Le parrain signe avec une ruche. Innocent a déjà 32 ans. De quelle activité vit-il ? On le voit plus tard donné comme "greffier", peut-être est-ce déjà le cas.

• 23 janvier 1720, Aubigny : Innocent BELLEGARY se marie avec Marie Millain veuve de défunt Edme Bevrier/Beurier, qui était maître pâtissier. Aucun métier n'est indiqué pour le jeune marié, en revanche l'acte précise les noms de ses parents, qui sont dits "de la paroisse de Fismes, diocèse de Reims en Chaimpagne". Le premier témoin cité est son frère Pierre BELLEGARY, toujours "organiste de cette église". Les autres témoins sont un "échevin et marchand de cette ville" et un maître pâtissier.

• 11 mai 1723, Aubigny : Son frère Pierre BELGARY, "preconiseur et organiste", est inhumé au cimetière paroissial. C'est très vraisemblablement à partir de cette période qu'Innocent s'installe à la tribune de l'orgue paroissial, en remplacement de son frère.

• 24 septembre 1726 : Lorsque, en l'église Saint-Martin, est baptisée leur fille Marie-Anne, "née du 22 du présent mois", Innocent BELLEGARY est en effet dit "organiste". Lorsque, en 1781, l'acte de sépulture de Marie-Anne nomme ses parents, son père est dit "ancien greffier de cette ville".

• 3 janvier 1754 : "Honorable Innocent BELGARY organiste" est le parrain du fils d'un marchand. La marraine est dlle Catherine Grassin. Tous deux signent l'acte de baptême ("Bellegary").

• 26 août 1755, Clémont [Cher] : Dans cette paroisse proche d'Aubigny, Innocent BELLEGARY – qui n'est pas mentionné comme organiste mais comme "greffier en la justice d'Aubigny", et Marie-Anne son épouse, assistent au mariage de leur fille Magdeleine avec Henry Aumaitre "employé dans les aydes et ferme du roi". La cérémonie est célébrée par le curé de Clémont, Pierre-Innocent Bellegary, frère de la mariée. Françoise et Marie-Anne Bellegary, sœurs de l'épouse, sont présentes. Les jeunes époux sont également assistés par plusieurs notables ecclésiastiques et laïcs. 
• 18 mai 1756, Aubigny : Lors du baptême de Gilbert-Henry Aumaitre, la marraine est "Dame Marie Anne Millain épouse du sieur Innocent BELLEGARY". Il est présent et signe "Bellegary".

• Jusqu'en 1759, Aubigny : Innocent BELLEGARY, organiste, est témoin dans plusieurs actes de la paroisse Saint-Martin d'Aubigny.

• 26 avril 1766, Aubigny : L'acte de sépulture du fils d'Innocent – Pierre-Innocent, curé de Clémont depuis 1751 – est laconique, étonnamment sobre. Le texte  ne fait pas la moindre allusion, ni aux circonstances qui ont conduit l'ecclésiastique à la mort, ni à l'émotion qui sans doute touchait tout le village rassemblé pour les obsèques de son curé. Le registre paroissial ne signale pas les confrères et notables présents, pas même les membres de la famille Bellegary endeuillée. On n'imagine pas l'absence du père, Innocent Bellegary "greffier en cette paroisse" – que l'on sait encore en vie – à cette triste cérémonie... L'un des témoins cités est le chantre Pierre LABBÉ.
C'est un article paru en 1904 dans le Bulletin de la Société académique du Centre qui, évoquant l'existence sur la paroisse de Clémont d'une croix "dénommée autrefois croix Bellegary", donne quelque information. La croix – écrit-on – avait été dressée à la Rondelière, "endroit retiré, où passait l'ancien chemin de Clémon à Aubigny", en mémoire "de la mort accidentelle" du pasteur du village.  L'auteur de l'article soulève ensuite, dans une brève parenthèse, l'existence d'une "tradition" qui elle, parle d'"assassinat". Il semble qu'il s'agissait bien d'un accident. Plus tard, on aurait donné à ce monument restauré, le nom de croix de St-Pierre, en mémoire du patron du prêtre, décédé quelques heures après l'"accident" dans la maison curiale où on l'avait transporté... Dans le même bulletin, un article traitant des curés de Clémont, précise qu'Innocent Bellegary "greffier de la duché et paierie d'Aubigny" obtint le 5 mai la levée des scellés apposés sur le logement de son fils, le curé défunt.  

• 6 mars 1771, Aubigny : "Maître Innocent BELGARY greffier du bailliage de cette ville et organiste de cette eglise" s'éteint. Il est inhumé le lendemain dans l'église paroissiale, après les cérémonies accoutumées.

L'organiste suivant repéré à la tribune d'Aubigny se nomme Claude François SURMAY DE DIEUVAL, attesté à partir de janvier 1774 (mais peut-être a-t-il remplacé Innocent BELLEGARY peu après son décès ?). Plus tard, à une date à préciser, antérieure à 1785, c'est Bernard VIANNY qui devient organiste à Aubigny, où il se marie en février 1786.

Mise à jour : 20 septembre 2020