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BLANCHARD, Antoine Esprit (1696-1770)
État civil
NOM : BLANCHARD     Prénom(s) : Antoine Esprit     Sexe : M
Date(s) : 1696-2-28  / 1770-4-10
Notes biographiques

Natif du Comtat Venaissin, formé à la cathédrale d'Aix-en-Provence, Antoine BLANCHARD est l'un des fameux compositeurs de motets à grand chœur provençaux que leurs talents mènent jusqu'à la tête de la Musique de la Chapelle du roi. D'abord actif en Provence, BLANCHARD est maître de musique à Saint-Victor de Marseille et à la cathédrale de Toulon. Après une éclipse, on le retrouve au même poste à la cathédrale de Besançon, dont il est écarté par manque d'assiduité. Il obtient alors la maîtrise de la cathédrale d'Amiens, avant d'accéder à la Chapelle du roi en 1738. Il y sert jusqu'à sa mort en 1770, bien qu'il ait nommé Julien Amable MATHIEU survivancier cinq ans plus tôt, se réservant toutefois le droit de revenir diriger ses œuvres pour les grandes occasions.  Les motets d'Antoine BLANCHARD résonnent d'ailleurs régulièrement à la Chapelle jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, deux décennies après la disparition de leur auteur.

• 28 février 1696, Pernes (Comtat Venaissin) [Vaucluse] : Antoine, fils de Joseph Gaspard Farges Blanchard, maître chirurgien, et de Jeanne Bressy, voit le jour. Il est baptisé le lendemain. Le prénom Esprit n’apparaît pas avant 1733, dans un acte notarié où il est du reste biffé, de même que dans un acte de notoriété après décès du 21 avril 1770, où un deuxième prénom, Joseph, est barré [mais le parrain se prénomme Joseph]. Esprit semble donc avoir été d’un usage régulier du vivant du musicien.

• 1704-1714, Aix-en-Provence [Bouches-du-Rhône] : Antoine BLANCHARD est enfant de chœur à la cathédrale Saint-Sauveur. Dans son Histoire de la ville de Pernes (Carpentras, Bibliothèque Inguimbertine, Ms 554, p. 323), écrite en 1748, Giberti écrit : « la nature l’ayant pourveu d’une tréz belle voix ses parens pour la luy faire cultiver à profit le placèrent à Aix en Provence dans le chapitre de S. Sauveur ». Il est en effet admis le 6 novembre 1704 et reçoit la « robe rouge », qui vaut admission définitive, le 2 mai 1705. Le 4 mai 1714, il reçoit la « robe noire » de clerc et la tonsure. Jusqu’à son mariage, il se fera appeler l’abbé BLANCHARD.

• 1714-1715, Aix-en-Provence : Antoine BLANCHARD est « serviteur » de la cathédrale. Le 5 juin 1715, il est congédié à cause de sa « mauvaise conduite » et de sa « vie déréglée ».

• 1717-1720, Marseille [Bouches-du-Rhône] : D’après BÊCHE, Antoine BLANCHARD est maître de musique de la collégiale Saint-Victor. Lorsque la peste se déclare, BLANCHARD est à Toulon et décide donc d’y rester.

• 1720- ?, Toulon [Var] : D’après BÊCHE, Antoine BLANCHARD est maître de musique de la cathédrale.

• av. 1730-1733, Besançon [Doubs] : Antoine BLANCHARD est maître de musique de la cathédrale. La première mention de cette activité est tardive : le 4 avril 1730, il est réprimandé « pour qu’il prête plus d’attention à l’éducation des enfants de chœur et que lui-même soit plus assidu aux offices de l’église ». Il est finalement congédié le 21 janvier 1733, mais reste quelques temps dans la ville. Jean-Jacques Rousseau raconte dans ses Confessions son voyage depuis Chambéry pour prendre des leçons avec BLANCHARD, et comment, malgré un bon accueil, il doit rentrer sans avoir commencé son apprentissage.

16 novembre 1733, Paris : Le chapitre de la cathédrale Notre-Dame, qui est à la recherche d'un nouveau maître de musique après la démission de Jean-Baptiste DULUC en août, permet à BLANCHARD, présenté comme maître de musique de la cathédrale de Besançon de faire chanter la messe en musique avec symphonie le jour de la fête de la Conception de la Vierge le samedi à venir, devant la chapelle de la Vierge.
• 24-25 décembre 1733, Paris : Un « nouveau motet » de BLANCHARD est joué au Concert spirituel.

• 1734-1739, Amiens [Somme] : Antoine BLANCHARD est maître de musique de la cathédrale. Son engagement date du 31 Mars 1734. Au début de son engagement à la Chapelle du roi, il essaie de garder sa fonction amiénoise le reste de l’année, mais il doit finalement s’en démettre le 17 juillet 1739.

• 1738-1770, Versailles : Antoine BLANCHARD est sous-maître, puis maître de la Musique de la Chapelle du roi. En 1737, selon BÊCHE, BLANCHARD fait exécuter son motet Laudate Dominum devant le roi, ce qui lui permet d’obtenir le quartier de juillet, vacant depuis la mort de BERNIER. D’après le duc de Luynes, c’est début mars 1738 que plusieurs motets de BLANCHARD sont exécutés à la messe du roi. La retenue de sous-maître de la Chapelle Musique en sa faveur est datée du 15 juin 1738. BLANCHARD s’installe d’abord à Paris, rue des Deux écus, paroisse Saint-Eustache.

• 21 avril 1745, Versailles : BLANCHARD est nommé maître de grammaire des pages de la Chapelle, avec des gages de 730 livres. La même année, et jusqu’en 1756, il se charge du quartier d’avril, vacant par le décès de CAMPRA, d’abord avec MADIN et MONDONVILLE, puis avec MONDONVILLE seul. En 1757, BLANCHARD assume seul ce quartier supplémentaire, puis le partage avec GAUZARGUES en 1759 et 1760. En 1758, GAUZARGUES s’en étant chargé seul, BLANCHARD a servi le quartier de janvier, par la suite de la démission de MONDONVILLE. À partir de 1761, BLANCHARD est en charge du second semestre de l’année.

• 6 février 1748, Versailles : BLANCHARD est nommé prieur commendataire du prieuré Saint-Pierre d’Iffendic, au diocèse de Saint-Malo. Il obtient en outre une pension sur les revenus d’une abbaye. La même année il est nommé maître des pages de la Chapelle. C’est sans doute en 1745 ou 1748 qu’il s’installe à Versailles, rue Saint-Médéric.

• 28 février 1754, Versailles : Antoine BLANCHARD quitte le petit collet pour épouser Madeleine Jovelet, qu’il connaît depuis au moins 12 ans (il reconnaît envers elle une dette de 3 000 livres contractée en 1742 et elle habitait alors rue des Deux écus). B. Lespinard avance l’hypothèse qu’elle est sa gouvernante depuis Amiens, d’où elle est originaire.

• 22 mars 1754, Paris : Un contrat de mariage est signé devant notaire. BLANCHARD vend la charge, réservée à un ecclésiastique, de maître de grammaire des pages à Claude François Lemarchand, chanoine de Saint-Quentin, mais en obtient la survivance (23 mai 1754) et continue sans doute à l’exercer – son nom apparaît toujours dans l’État actuel de 1768. Il garde en outre la charge des pages de la Chapelle qu’il aurait dû perdre en quittant l’état ecclésiastique. Son successeur (en 1769), Pierre LÉVESQUE, est du reste lui aussi un laïc.

• Octobre 1764, Fontainebleau [Seine-et-Marne] : Louis XV anoblit Antoine BLANCHARD et lui octroie le cordon de l’ordre de Saint-Michel, vacant par le décès de Rameau.

• 17 septembre 1765, Versailles : Par une convention signée devant notaire, l’abbé François Didier Christophe Domergue, du diocèse d’Avignon, s’engage à continuer d’instruire les deux fils de BLANCHARD pendant dix ans et à donner « deux heures par jour des leçons de grammaire aux Pages de la Musique dont le Sr Blanchard est chargé pourvu que le tems n’excède pas celui cy-devant fixé de dix années ». En échange, il obtient gîte et couvert chez BLANCHARD, qui s’engage à le faire soigner en cas de maladie et à lui payer 200 livres par an, ainsi que 600 livres de rente viagère « en satisfaction des peines qu’il a pris et à prendre ». Domergue avait en effet la charge de l’éducation des fils BLANCHARD depuis 1763 et, en 1759, il avait obtenu « par la protection et le crédit du Sr Blanchard », le prieuré de Saint-Denis du Payré en Bas-Poitou.

• 21 septembre 1765, Versailles : BLANCHARD se démet à condition de survivance de sa charge de maître de musique en faveur de Julien Amable MATHIEU. Par un traité signé entre les deux hommes le lendemain devant un notaire parisien, Mathieu s’engage à faire le service de BLANCHARD et promet « de faire chanter au moins quatre fois par semaine les motets du dit sieur Blanchard et singulièrement de deux dimanche, un tant à la messe du Roy qu’à celle de la Reine ». Non seulement MATHIEU ne touche pas les appointements de la charge, mais il s’engage en plus à verser à une rente viagère de 600 livres à la veuve BLANCHARD, ou, si celle-ci meurt avant son mari, 200 livres à chacun des enfants BLANCHARD, jusqu’à ce qu’ils aient 20 ans. BLANCHARD se réserve enfin le droit de « faire le service toutes les foix que ses affaires et sa santé le lui permettront et qu’il en aura la volonté ».

• 20 décembre 1766, Saint-Denis [Seine-Saint-Denis] : BLANCHARD dirige la musique au service du bout de l’an du dauphin.

• 1767, Paris : Augustin de Saint-Aubin réalise une estampe représentant Esprit Joseph Antoine BLANCHARD, « Ecuyer Chevalier de l’Ordre du Roy, Maitre de Musique de la Chapelle de sa Majesté, Né à Perne dans le Comtat d’Avignon », d’après le dessin de Charles Nicolas Cochin le jeune.

• février-avril 1768, Paris : Avec GAUZARGUES et DAUVERGNE, BLANCHARD est juré pour le concours de motet à grand chœur lancé par le Concert spirituel. François GIROUST remporte les deux premiers prix.

• 24 juin 1768, Saint-Denis : BLANCHARD dirige son De Profundis aux funérailles de la reine.

• 10 avril 1770, Versailles : Antoine BLANCHARD s’éteint dans la maison qu’il avait achetée l’année précédente, rue de l’Orangerie, « des suites d’une fluction de poitrine ». Les préparatifs du mariage du dauphin, qui doit avoir lieu un mois plus tard, éclipsent quelque peu la mort de cet homme au demeurant « modeste », pour reprendre le terme de Marc François BÊCHE.
Le 28 avril 1770, un inventaire des biens est dressé, en présence de la veuve et tutrice des deux fils du couple, et de l’abbé Domergue, subrogé tuteur, qui montre un intérieur cossu, décoré de tableaux dans chaque pièce et tenu par deux domestiques : une cuisinière et un laquais, pour lequel BLANCHARD avait obtenu l’autorisation de porter la livrée royale. La bibliothèque compte 150 volumes in 12 et la présence de quatre tables à jouer n’efface pas l’absence criante d’instruments de musique.

Après sa mort, les motets de BLANCHARD, déposés par ses fils à la bibliothèque de la Musique (aujourd’hui à la BnF), restent inscrits au répertoire de la Chapelle et sont joués régulièrement si l’on en croit la récurrence, chaque année, de la publication par Ballard de livres des paroles de ces motets. En février 1788, Marc François BÊCHE y dépose encore un Recueil des Motets choisis de feu Monsieur Blanchard.

Mise à jour : 14 février 2024

Sources
B. Lespinard, La vie et l'oeuvre d'Antoine Blanchard, 1977 ; C. Pierre, Histoire du Concert spirituel, 2000 ; D. Herlin, Catalogue du fonds musical, 1995 ; Etat actuel de la Musique du roi, 1768 ; Etat de la France, 1749 ; F-Ad02/G 818 ; F-Ad78/ 1112626 ; F-Ad78/ 3 E 43/299 ; F-Ad78/ 3 E 43/315 ; F-Ad80/ 4 G 1050 ; F-An/ LL/ 232 / 16 (1)  ; F-An/ MC/ET/CXVI/315 ; F-An/ MC/ET/LXXVI/344 ; F-An/ O/1/3006 ; F-An/ O/1/3007 ; F-An/ O/1/3007, n°192 ; F-An/ O/1/3012 ; F-An/ O/1/3015 ; F-An/ O/1/3015, n°21 ; F-An/ O/1/3017 ; F-An/ O/1/3019 ; F-An/ O/1/3022, n°52 ; F-An/ O/1/3023 ; F-An/ O/1/3069, n°98-100 ; F-An/ O/1/3091, n°89-92 ; F-An/ Z/1a/486 ; F-An/ Z/1a/487 ; F-BnF/ Vm1 1323 ; Grimm, Correspondance littéraire, 1753-1790 ; J.-P. C. Montagnier, Henry Madin, 2008 ; La Borde, Essai sur la musique ancienne et moderne, 1780 ; Les Spectacles de Paris ; Mercure de France, 1751 ; Mercure de France, 1752 ; Mercure de France, 1763 ; N. Dufourcq, La musique à la cour..., 1970 ; R. Langellier-Bellevue et R. Machard, La musique à Paris et à Versailles, 1979 ; R. Machard, Les musiciens en France, 1971

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