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BOILLOT, Bernarde, épouse LALLEMAND (1771-1796 ap.)

BOILLOT, Bernarde, épouse LALLEMAND (1771-1796 ap.)

État civil
NOM : BOILLOT     Prénom(s) : Bernarde     Sexe : F
Complément de nom : épouse LALLEMAND
Autre(s) forme(s) du nom : BOILLEAU
BOILEAU
Marie Bernarde
Date(s) : 1771-8-12  / 1796-12 ap.
Notes biographiques

Fille d'un facteur d'orgues, Bernarde BOILLOT est documentée pendant un court laps de temps comme organiste et maîtresse de clavecin à Dijon. Après son mariage à Paris en l'an V, sa trace se perd...

• 12 août 1771, Dijon : Marie-Bernarde BOILLOT est baptisée le jour de sa naissance en l'église Saint-Philibert. Elle est fille de Mr Bénigne BOILLOT, facteur d'orgues, et de Dlle Reine Sarrasin, qui s'étaient mariés en 1764. Son parrain est Mr Louis Caillet, professeur au collège de Dijon, et sa marraine "Dame Marie-Bernarde Goussard épouse de Monsieur Simon Parigot négociant en cette ville lesquels se sont soussignés". Le père est noté comme "absent" au baptême, peut-être éloigné de Dijon par un chantier (il est attesté quelques jours plus tard à Autun).

Comme souvent, on est peu – voire pas du tout – renseigné sur l'enfance et la jeunesse de la future musicienne. On peut simplement supposer avec vraisemblance qu'elle grandit dans une famille où la musique et plus particulièrement les orgues tiennent une grande place. Son père était non seulement facteur, mais organiste, capable par exemple de suppléer aux absences d'Antoine MILLOT, l'organiste de l'église collégiale et paroissiale Saint-Jean qui a obtenu un semestre de congé début 1773 pour aller se perfectionner à Paris. Est-ce avec son père qu'elle a appris à toucher l'orgue et à jouer du clavecin ? On peut le penser. Toutefois, Pierre Marie Guéritey estime qu'elle "a certainement été l'élève de Pierre-Philibert LAUSSEROIS".

• 15 juillet 1790, Dijon : Jean-Joseph VIENNE, organiste de la paroisse Saint-Pierre depuis le début des années 1780, décède à l'âge de 36 ans.
• 2 août 1790 : La veuve Vienne – Anne Darentière – reçoit de la fabrique de Saint-Pierre le restant dû après son décès, "67# 10 s à la veuve VIENNE pour l’orgue suivant sa quittance", soit un semestre entier puisque ses gages annuels étaient de 135 livres, ce qui indique que Jean-Joseph VIENNE avait touché l'orgue jusqu'à la fin du mois de juin sans doute.
Durant le second semestre de 1790, c'est Bernarde BOILLOT – fille du facteur chargé de entretien de l'orgue depuis au moins 1782 –, qui touche l'orgue de Saint-Pierre de Dijon. Elle a obtenu d'être rémunérée 200 livres par an, ce qui constitue une augmentation spectaculaire.

•  1er février 1791 : La fabrique de Saint-Pierre verse "100# à Mlle BOILLOT pour six mois d’appointements suivant sa quittance".
On remarque dans les comptes de Saint-Pierre que le souffleur d'orgue – qui touche la somme dérisoire de 9 livres par an – se nomme Lallemand... mais c'est sans doute un hasard... (voir ci-dessous au 11 frimaire an V).

• Les comptes retrouvés s'arrêtent au début de 1791, ce qui empêche – en l'état actuel des dépouillements – de préciser jusqu'à quelle date Bernarde BOILLOT est restée à l'orgue de Saint-Pierre. Probablement jusqu'à la fermeture de l'église en 1792.
Pierre Marie Guéritey indique que, une fois la paroisse Saint-Pierre supprimée par le plan de regroupement des paroisses dijonnaises, son orgue a été vendu le 23 janvier 1793 pour 1 000 livres à un certain Corberaud. L’ancienne église est démolie à partir du 19 février 1793.

• 1794, Dijon : En compagnie de nombreux ci-devant musiciens d'Église tels BORNE, DELAURIÈRE, FREYHAMER, LEFRANC, MILLOT ou SAGOT, la citoyenne BOILLOT est engagée comme institutrice de musique à l'Institut de Musique nouvellement créé par la Municipalité. Comme les organistes Pierre LAUSSEROIS et Joseph PARIN, comme l'ex-serpent Jacques LEFRANC, et comme la citoyenne LABOREY, elle est chargé d'y enseigner le clavecin.
• 1er frimaire an III [21 novembre 1794] : La citoyenne BOILLOT, institutrice de l’École de Musique, bénéficie d'un mandement de la Municipalité pour la somme de 93 livres 6 sols 8 deniers correspondant à son traitement entre le 19 thermidor [6 août 1794] et le 30 fructidor inclusivement [16 septembre 1794]. Elle signe "Bernarde Boillot". Le même jour Anne PAILLOT reçoit la même somme.

• 8 germinal an III (28 mars 1795), Dijon : À deux heures du matin, son père Bénigne BOILLOT meurt rue Portel à Dijon.
• [Vers la mi-mai 1795] : Bernarde BOILLOT tombe malade (fièvre) et cesse d'assurer son service de maîtresse de clavecin à l'Institut de Musique.
• 5 messidor (23 juin 1795) : Après s'être concertés, Reine Sarrazin et ses deux enfants déclarent renoncer à la succession du facteur d'orgue défunt. Le tribunal ordonne l'inventaire et la vente des effets. L'inventaire, dressé par le notaire Menu le 12 messidor an III (30 juin 1795), estime à 1 323 livres le modeste mobilier et les outils et matériels destinés à la facture d'orgues. Aucun effet féminin ne figure dans l'inventaire. Est-ce parce que Bénigne BOILLOT vivait seul à la veille de sa mort, ou parce que le notaire a considéré ceux qu'il a (éventuellement) trouvés dans la maison (vêtements de la veuve, de la fille…) comme ayant "valeur de propre", et qu'il ne les a donc pas inventoriés avec les biens du défunt ? Pierre Marie Guéritey considère la première hypothèse comme la plus vraisemblable.
Placide Boillot, le frère de Bernarde, est absent et a donné procuration à un Dijonnais pour le représenter lors des diverses formalités liées au décès de leur père. Il est "employé à la poste demeurant à Paris rue Tiquetonne n°104".
• 19 messidor an III [7 juillet 1795] : De sa propre main, Bernarde BOILLOT rédige une supplique pour protester contre la suppression de son traitement de l'Institut de Musique. Certes elle a été absente, mais c'est parce qu'elle est malade. Elle joint un certificat daté du 12 messidor, soit le 30 juin, attestant que depuis les derniers jours de Floréal, la mi-mai 1795, elle souffre de fièvre et qu'elle est encore hors d’état de reprendre ses fonctions. L'orthographe est approximative, mais le ton est ferme : elle connaît le règlement de l'Institut et invoque l'article 24 au nom duquel, affirme-t-elle, "j’ai donc droit de réclamé un traitement qui na pue maitre retenu que par erreurs ou faute de connéssance dempaichement legitime".
Dès le 27 messidor [15 juillet 1795], la Municipalité reconnaît qu'en effet il faut "payer la somme de 200 livres à la citoyenne BOILLEAU institutrice de Clavecin, pour le 3ème quartier de son traitement en cette qualité échu le 30 prairial dernier". On peut donc déduire que son traitement annuel se montait à 800 livres.

• 3 pluviôse an IV (23 janvier 1796), Paris : Son frère, Placide Boillot, se marie avec Marie-Claude Pelletier de Chambure, originaire de Saulieu.
• 11 frimaire an V (1er décembre 1796), Paris : À la mairie du 3ème arrondissement est conclu le mariage de Marie-Bernarde BOILLOT, fille de Bénigne BOILLOT et de Reine Sarrazin, avec Joseph Lallemand. La source qui nous fait connaître ce mariage (le fichier Andriveau) est évidemment sommaire et ne dit rien des métiers alors exercés par les deux époux. Pour pallier la disparition des actes d'état civil parisiens, peut-on espérer retrouver un contrat de mariage ?

L'enquête reste ouverte pour savoir ce que devint ensuite la fille du facteur d'orgue, organiste devenue maîtresse de clavecin...

Mise à jour : 25 novembre 2021

• • • BIBLIOGRAPHIE :
Pierre Marie Guéritey, Bénigne Boillot (1725-1795) facteur d'orgues, L’orgue et les organistes, 1591-1798, chez l’auteur à Saint-Jean-de-Losne, 2021, 502 p.

Sources
F-Ad21/ 1J 3664-2 ; F-Ad21/ BMS Dijon, St-Philibert ; F-Am Dijon/ 2 R1/1 ; Filae/ Fichier Andriveau ; P.M. Guéritey, Bénigne Boillot, facteur d'orgues, 2021

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