BUGARD, Mathieu (1706-1762 ap.)

Mathieu BUGARD fut enfant de chœur au chapitre de la cathédrale de Pamiers dans la première moitié du XVIII^e siècle. Il ne quitta pas sa ville natale où il déroula ensuite son existence de laïc.

• 10 février 1706, Pamiers [Ariège] : Mathieu BUGARD, fils de Joseph et de Jeanne Alzieu, voit le jour sur la paroisse Notre-Dame-du-Camp et il est baptisé dès le lendemain à l'église paroissiale et collégiale. Son père, son oncle Jean ainsi que Raymond, son grand-père paternel, tous vivent sur cette même paroisse et exercent le métier de charpentier. D'ailleurs, alors que Mathieu n'a que dix-huit mois, l'aïeul meurt subitement à l'âge de 50 ans, victime "d'une chute". 

• [1715], Pamiers : Mathieu se déplace vers la seconde paroisse, celle du Mercadal. Il est en effet admis enfant de chœur par les chanoines de Saint-Antonin, vraisemblablement autour de cette année-là selon l'usage de l'époque. Mais nous ignorons tout de cette tranche de vie passée autour de la cathédrale.

• 8 février 1726, Pamiers : Le jeune BUGARD est qualifié d'ancien enfant de chœur. Est-il encore présent en haut du Mercadal? S'y perfectionne-t-il ? De toute façon, les chanoines ont apprécié ses années de service et d'apprentissage puisqu'ils lui proposent de "venir servir au chœur". Comme salaire, il est prévu de lui remettre "quelque gratification", mais seulement "à la prochaine distribution". À cette époque, il côtoie, dans le groupe des musiciens, Antoine NUGENT, l'un des prêtres de cette paroisse qui bénéficiera d'un engagement de chantre quelques mois plus tard.

• 8 octobre 1736, Pamiers : Mathieu BUGARD est devenu maître-chaussetier. Nous l'apprenons à l'occasion d'un baptême qui se déroule dans son église du Camp. C'est lui en effet qui présente sur les fonts le fils de Jean Astre, un maître-cordonnier.

• 13 janvier 1738, Pamiers : Maintenant âgé de 32 ans, il épouse Janeton Escaich, la fille d'un bourgeois de la ville de Pamiers. Cette union atteste une promotion sociale, modeste mais certaine. D'autre part, il est installé comme maître-chaussetier ou marchand-chaussetier. Cette variation dans la précision, selon les sources, peut signifier qu'il dirige à la fois la fabrication et la vente du produit. Il n'a pas non plus quitté sa paroisse natale. En revanche, il a rompu avec le métier du bois qui était celui de tous les hommes de sa famille. Peut-être s'est-il formé à celui de fabricant-commerçant en utilisant la rétribution habituelle de sortie destinée à chaque enfant-de-chœur et celle, postérieure, de son service au chœur de l'église cathédrale.

• 20 octobre 1738 : Mathieu et Janeton accueillent Anne, leur premier enfant, que baptise le chanoine Marrast, curé de Notre-Dame-du-Camp. Jean Bugard, le parrain, et Catherine Escaich, la marraine, représentent les deux branches de la famille de la petite fille. Mais la présence, comme témoins nommés, de son grand-père et de son oncle maternels témoigne de l'ancrage du nouveau père de famille dans un réseau socio-professionnel élargi. Et sa signature, simple mais élégante, qui commence par un B bien planté vers l'avant et se termine par un D bien élancé vers l'arrière, respire cet équilibre.

• 16 juillet 1740 : Il fait baptiser Jeanne qui est née de Janeton quelques heures plus tôt. Et trois ans plus tard, une troisième fille, baptisée de ce même prénom, agrandira le foyer. 

• 9 octobre 1762 : L'ancien enfant de chœur de la cathédrale a vieilli. Ce jour-là, il est témoin à un mariage, celui de Marguerite Dejean, issue d'une famille bien implantée sur Notre-Dame-du-Camp, avec un garçon d'Artigat, une paroisse rurale située à une vingtaine de kilomètres de Pamiers. Bien que nous n'ayons pas, par la suite, retrouvé son acte de décès, il semble bien que ce soit là le dernier acte public accompli dans son église. 

Les années que Mathieu BUGARD a vécues à la maîtrise de la cathédrale ont certainement influencé, peut-être même déclenché, un avenir professionnel fort différent de celui du milieu familial d'où il était issu. 

                            16 novembre 2019