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CARRÉ, Nicolas Augustin (1733-1796)
État civil
NOM : CARRÉ     Prénom(s) : Nicolas Augustin     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : CARÉ
Date(s) : 1733-8-28   / 1796-10-28 
Notes biographiques

Originaire de Champagne, où il a sans doute été formé à la musique, Nicolas-Augustin CARRÉ exerce ensuite essentiellement en Touraine et à Orléans. Au moment où commence la Révolution, il est organiste à la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans.

• 28 août 1733, Reims : Né le jour même, de Macaire Carré et de Nicole Gérardin, Nicolas-Augustin CARRÉ est baptisé en l'église paroissiale Saint-Timothée de Reims. Si l'acte de baptême ne révèle aucun métier, l'acte de mariage de Nicolas, en 1761, dira alors son père "marchand-fabricant".

• [1746-1753], Reims : Nicolas Augustin CARRÉ a vraisemblablement été formé à la psallette cathédrale de Reims, d'environ 1746 à environ 1753. Il déclare huit années de service à Reims et dit avoir débuté à 13 ans, donc vers 1746, ce qui est tardif pour une entrée dans une maîtrise (peut-être est-ce seulement là l'indication de l'âge auquel il a été tonsuré).

• [1754-1759], Preuilly [aujourd'hui Preuilly-sur-Claise, Indre-et-Loire] : De 1754 environ à 1759 environ, il aurait effectué six années de service dans cette petite cité située à l'extrême sud de la Touraine, aux confins du Bas-Berry et du Poitou. Peut-être exerçait-il à l'importante abbaye Saint-Pierre de Preuilly, dont l'église abbatiale constitue un édifice majeur de l’art roman, mais où les moines n'étaient plus qu'une poignée à la fin de l'Ancien Régime.

• [Vers 1760], Marmoutier[-les-Tours] [Indre-et-Loire] : Nicolas-Augustin CARRÉ devient organiste de l'abbaye mauriste de Marmoutier, à Rochecorbon rive droite de la Loire, à quelques kilomètres en amont de Tours. Il déclarera ultérieurement avoir effectué seize années de service à l'abbaye de Marmoutier, donc d'environ 1760 à 1775.

• 26 janvier 1761, Tours : Organiste de l’abbaye de Marmoutier, Nicolas-Augustin CARRÉ, en l'église de Saint-Pierre-du-Boile, épouse Jeanne Sailly, sœur de passementier, dont les parents sont tous deux défunts. Le père de la mariée était "employé dans les fermes" en 1729 et "commis au bureau du tabac" à sa mort le 6 septembre 1756, paroisse St-Étienne de Tours. Les parents Carré ont donné leur consentement au mariage de leur fils devant des notaires de Reims le 24 décembre 1760. Le jeune marié est accompagné de deux "amis", Guillaume Legrand, feudiste de l'abbaye, porteur de la procuration des parents, et Étienne Thomas, maître perruquier. Aucun musicien ne semble présent. Il signe "Nicolas Augustin Caré".

• 16 octobre 1765, Tours : Un fils du couple Carré/Sailly, Jean-Louis, est baptisé en l'église paroissiale Saint-Pierre-des-Corps. Son parrain est le maître de musique de la collégiale Saint-Martin, Louis MAITRE.

• 4 décembre 1775, Orléans : Nicolas-Augustin CARRÉ devient organiste de la cathédrale Sainte-Croix, succédant à Jean-Maurice DOBET. À l'abbaye de Marmoutier, CARRÉ est remplacé par Étienne BOYER.

• 1776 et 1778, Orléans : CARRÉ est dit, dans les almanachs, “Maître de musique, pour l'instrumental, organiste de Sainte-Croix, à la maîtrise, pour le clavessin”. En 1778 il enseigne aussi "rue des pasto" [abréviation pour rue des Pastoureaux].

• 22 août 1777 Orléans : Les Affiches de l'Orléanois publient une annonce pour mettre en vente un "Bon clavessin". Il faut s'adresser "à M.CARRÉ, organiste de l’église d’Orléans, cloître St-Étienne".
La même adresse est indiquée pour des annonces similaires les 8 mai 1778 (un "clavessin en bon état") et 2 juillet 1784 (un clavecin "à grand ravalement"). Ces annonces successives sont peut-être l'indice d'une activité d'achat / revente d'instruments valorisés entre temps par des réparations ou restaurations.

• [1779], Orléans : CARRÉ commence à desservir l'orgue de la collégiale Saint-Pierre-Empont.

• 1782, Orléans : Le sieur CARRÉ organiste, demeurant “au cloître Ste Croix”, est capité à 5 livres pour 1782.

• 10-12 juillet 1784, Pithiviers : Nicolas CARRÉ, organiste, et Charles HÉRISSÉ, maître de musique de la cathédrale Sainte-Croix, vont ensemble à Pithiviers, à une quarantaine de km au nord-est d'Orléans, soit entre huit et neuf heures de marche, pour la réception d'un nouvel orgue de huit pieds construit par Jean-Baptiste ISNARD, maître facteur d'orgues à Orléans. L'instrument est touché par Jean-Louis GONNIN, maître de clavecin à Paris, antérieurement organiste à Saint-Benoît-sur-Loire. Le curé Regnard raconte que son jeu éblouit le public, par comparaison avec celui de MÉRIOT, l'organiste en poste. Il ne dit hélas rien du jeu de Nicolas CARRÉ, qui a pourtant forcément dû toucher l'orgue à cette occasion.

• 24 juin 1786, Orléans : Le chapitre délivre 45 livres à Mr CARRÉ organiste "pour raccommodage du clavecin de la maîtrise". Cela confirme que l'organiste est à l'occasion réparateur de clavecins.
• Quatre jours plus tard, le 28 juin 1786, le chapitre accorde congé à Mr CARRÉ, organiste, "jusqu’à la feste de l’Assomption", soit un mois et demi, ce qui tranche avec la brièveté des congés généralement accordés. Il n'est pas dit à quoi l'organiste va l'employer.

• 7 février 1787, Orléans : Le chapitre de la cathédrale Sainte-Croix verse à "MrCARRÉ organiste" la gratification de 50 livres qui lui a été accordée un an plus tôt en chapitre général. Mais aux conditions que "d’oresnavant il ne jouira de la dite gratification qu’en raportant cent quatre cachets de leçons de clavecin données aux Enfants de chœur".
• 27 juin 1787 : L'organiste prend à bail une maison "size rue des Pastoureaux" appartenant au chapitre, "pour en jouir pendant trois six ou neuf ans moyennant la somme de 230 livres". Ce loyer, s'il est annuel, paraît élevé.

• De novembre 1787 à juillet 1789, Paris : "Monsieur CARÉ organiste à Orléans" apparaît plusieurs fois dans le livre de vente du fabricant de piano forte Érard, pour des sommes importantes.

• 4 février 1788, Tours : Nicolas-Augustin CARRÉ, "organiste à Orléans", et son épouse Jeanne Sailly font le voyage d'Orléans à Tours pour assister, dans l'église paroissiale de Saint-Saturnin, au mariage de leur fils Jean-Louis, garçon horloger, qui demeure paroisse Saint-Hilaire, avec Gabrielle Bailly, horlogère. Parmi les témoins, on relève le nom de Philippe LEJAY, le maître de musique de la cathédrale Saint-Gatien de Tours, natif d’Orléans. Les liens entre les deux villes sont aisés et nombreux, en particulier par le fleuve, les musiciens voyagent et se connaissent.

• 16 août 1789, Orléans : Nicolas-Augustin CARRÉ organiste de la cathédrale Sainte-Croix, demeurant rue des Pastoureaux, paroisse Saint-Maurice, assiste à la signature du contrat de mariage de son collègue Antoine CONSCIENCE, "ordinaire de la musique du chapitre de Sainte-Croix", et demoiselle Madelaine-Catherine Rou, fille d'un maître serrurier. Le surlendemain, il est à nouveau présent lors de la célébration du mariage en l'église paroissiale Saint-Maclou.
• 31 août 1789 : Jeanne Sailly, l'épouse de Nicolas-Augustin CARRÉ "organiste de Ste Croix", décède brutalement "par accident" paroisse Saint-Éloi sans pouvoir "recevoir les Saints Sacrements". Le lendemain, elle est inhumée dans le cimetière de Saint-Vincent. Elle était âgé de 55 ans.
• 16 septembre 1789 : Le chapitre attribue une gratification de 50 livres "à Mr CARRÉ organiste de cette Église". Il s'agit probablement de la gratification liée aux leçons de clavecin aux enfants de chœur (à moins que ce geste du chapitre ait un lien avec le deuil qui vient de frapper l'organiste). Contrairement à la plupart des autres musiciens de la cathédrale, Nicolas-Augustin CARRÉ apparaît rarement dans le registre capitulaire.

• En 1790, toujours organiste de la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans, Nicolas-Augustin CARRÉ déclare avoir servi huit ans à Reims, six à Preuilly, seize à Marmoutier et quinze à Orléans. Il dessert également depuis onze ans l'orgue de la collégiale Saint-Pierre-Empont, où il reçoit la modeste somme de 180 livres par an "avec le casuel".
• Vers le 15 mai 1790, les musiciens de la cathédrale Sainte-Croix et de la collégiale Saint-Aignan d'Orléans signent tous ensemble une "requête" adressée à "Nosseigneurs les Députés de l'Assemblée Nationale" pour plaider non seulement leur cause, mais plus largement celle des maîtrises et, par voie de conséquence, analysent-ils, celle de la musique en France.
CARRÉ fait partie des signataires pour la cathédrale Sainte-Croix, aux côtés de Charles HÉRISSÉ, le maître de musique, et des musiciens dans l'ordre suivant : CONSCIENCE, COMPÈRE, CHAILLOU, SILVESTRE, PRESTAT, LEFEBVRE, BOSSUGÉ, FOUCART, HILDEN, BEREUTHER, QUÉNEL, ADAM et SIONEST. On remarque l'absence de deux des basse-contre, ÉVIN et FAUQUET.
• 30 juin 1790 : Le chapitre de Sainte-Croix verse une gratification de 62 livres à son organiste, et quelques jours plus tard, le 3 juillet, lui accorde un mois de congé "pour vacquer à ses affaires".

• Mai 1791, Orléans : L'organiste ne fait pas partie des signataires du règlement mis au point chez Charles HÉRISSÉ par 11 musiciens pour fixer les règles de fonctionnement de la musique de la cathédrale constitutionnelle. Il est pourtant toujours chargé des orgues de Sainte-Croix. Cette absence révèle le statut un peu à part de l'organiste, qui n'est pas soumis aux mêmes règles que les choristes.
• En juin 1791, Nicolas-Augustin CARRÉ figure dans un tableau des effectifs orléanais envoyé au Comité ecclésiastique créé par la Constituante. Il déclare qu'il avait 830 de revenus et 45 ans de service. Il est chargé d'un fils infirme "qu'un accident cruel a mis hors d'état de subsister", et affirme qu'il aurait eu droit à une retraite financée par chapitre à la fin de son temps de service.
Le directoire du district d'Orléans propose de lui accorder 800 livres de pension.
Le directoire du département du Loiret lui attribue 600 livres de pension, avec 150 livres d'acompte.

• En août 1792, Monsieur CARÉ / CARRÉ "organiste à Orléans" achète un "piano ordinaire" à la manufacture Érard, pour 480 livres. En septembre il en achète deux autres, pour le même prix, sur lequel la maison Érard lui consent un rabais de 128 livres. Ces achats rapprochés évoquent à nouveau une activité d'achat-revente d'instruments sur le marché orléanais. Peu après, l'organiste François GRANGER achète lui aussi un piano Érard et figure à ce titre dans la comptabilité de la manufacture de pianos.
• 6 octobre 1792, Orléans : Nicolas CARRÉ, organiste de la paroisse épiscopale, demeurant toujours rue des Pâtoureaux, section du collège, prête serment "d'être fidèle à la nation, de maintenir la liberté et l'égalité, ou de mourir en les défendant".
Les autres musiciens de la paroisse épiscopale avaient prêté le même serment quelques jours auparavant, le 2 octobre pour Charles François HILDEN, Antoine CONSCIENCE, François CHAILLOU, Jean Claude COMPÈRE, Jacques MAUGARS, le 3 octobre pour Claude François LEFÈVRE, Louis Pierre PRESTAT, François ÉVIN, ou le 4 octobre pour Jean-Baptiste Christophe BOSSUGÉ, malade, par l'intermédiaire de  Claude-François LEFÈVRE.

• 1794, Orléans : Le Conseil général examine le cas du citoyen CARRÉ, qui "a passé sa vie entière dans l'état d'organiste", et fait le constat "qu'il est infirme, vieux, pauvre, et surtout patriote". Ces "quatre qualités" lui font mériter d'être nommé organiste et concierge du temple de la Raison. Il sera chargé "d'exercer ses talens sur l'orgue" et "de surveiller l'édifice national consacré au culte de la vérité". Pour cette double tâche, son traitement antérieur de 800 livres  par an lui sera conservé.
 Selon Jules Brosset "Il se montra chaud démocrate pendant la Révolution".

• 28 octobre 1796, Orléans : Nicolas-Augustin CARRÉ, 63 ans, organiste, natif de Reims (Champagne), veuf de Jeanne Sailly, meurt en sa demeure située 4e section, rue des Pâtoureaux, n°19.

Mise à jour : 29 juillet 2019

Sources
Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1776 ; Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1778. ; Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1780 ; Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1783 ; Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1785 ; Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1788. ; Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1789. ; Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1790. ; D. Lottin, Recherches historiques sur la ville d'Orléans..., 1840. ; F-Ad37/ 6NUM6/ 233/ 029 ; F-Ad37/ BMS St-Pierre-du-Boile, Tours ; F-Ad37/6NUM6/ 261/ 602 ; F-Ad45/ 122J 16 ; F-Ad45/ 2J 1770 ; F-Ad45/ 2Mi149 ; F-Ad45/ 3 E 11008 ; F-Ad45/ 51 J 5 ; F-Ad45/ BMS St-Maclou ; F-Ad45/ BMS St-Salomon, Pithiviers ; F-Ad45/ BMS St-Éloi  ; F-Ad45/ NMD Orléans ; F-Ad51/ GG 213, BMS St-Timothée ; F-Am Orléans/ 2 J 16 ; F-AmOrléans/ 2 E 19 ; F-An/ DXIX/090/739/05 ; F-An/ DXIX/090/755/01 ; F-An/ DXIX/090/755/15 ; F-Archives Erard/ D.2009.1.82 ; F-Bm Orléans/ H5932.31 ; F-BmOrléans/ Affiches de l'Orléanois ; J. Brosset, Un musicien Orléanais sous la terreur…, 1910 ; J.Brosset, Un musicien Orléanais sous la terreur…, 1910. ; R. Adelson et alii, The History of the Erard Piano…, 2015 ; http://www.sebastienerard.org/ D.2009.1.83

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