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CAVIGNON, Jean (ca 1682-1744)
État civil
NOM : CAVIGNON     Prénom(s) : Jean     Sexe : M
Date(s) : 1682 ca  / 1744-2-28
Notes biographiques

Originaire du diocèse de Meaux, où il avait été formé à la musique "sous le Sr de Brossard”, Jean CAVIGNON a été maître de musique de plusieurs cathédrales successives durant la première moitié du XVIIIe siècle. Très éloigné de la génération 1790, il a cependant été jugé digne de figurer dans Muséfrem d'une part par son cursus représentatif de celui des enfants de chœur devenus maîtres, d'autre part parce que de la musique de sa composition a été sauvegardée, et enfin par le bref récit que fait de sa mort subite à Saintes un écrit du for privé contemporain. Si toutefois il s'agit bien du même homme : en effet de larges zones d'ombres subsistent dans sa biographie.

• [Vers 1682] : Selon l'âge approximatif indiqué à son décès, Jean CAVIGNON serait né aux alentours de 1682.

• 1701, Meaux : Jean CAVIGNON, "enfant de chœur de la cathedralle de Meaux sous le Sr de Brossard” compose un motet "Non plus me ligate", que Sébastien de BROSSARD conserve avec soin, ce qui lui vaut d'avoir survécu et de figurer aujourd'hui dans les collections de la BnF-musique (Vm1 1177).
S'il est devenu enfant de chœur à l'âge usuel de sept ans, il a pu entrer à la maîtrise de Meaux aux alentours de 1689. En 1701, il serait donc grand enfant de chœur, bientôt âgé de vingt ans.

• Selon les recherches menées par Jean Duron, Jean CAVIGNON succède à BROSSARD à la cathédrale de Meaux en 1715 (probablement jusqu’en 1719).

On le retrouverait ensuite maître de chapelle à la cathédrale de Langres en 1727, puis à Mâcon, puis à la cathédrale Saint-Étienne de Dijon autour de 1737.

• 13 juillet 1733, Mâcon [Saône-et-Loire] : Le registre capitulaire de la cathédrale Saint-Vincent enregistre la réception de Jean CAVIGNON, prêtre du diocèse de Meaux, comme maître de musique à la cathédrale Saint-Vincent de Mâcon. Il y remplace Michel LAUBERAULT / LAUBRAUT, licencié juste avant (le 26 juin). Le 24 juillet 1733, le chapitre accorde 48 livres à CAVIGNON "pour la dépense qu’il a fait à l’auberge depuis qu’il est icy et celle qu’il fera jusqu’au 1er août prochain".
• Dès le 13 novembre 1733, CAVIGNON est parti et c'est l'un des distributaires du chœur, Laurent ROBERT, qui s'occupe des enfants de chœur ("Le chapitre a nommé Mr ROBERT, musicien, pour aller instruire les enfants de chœur pendant le temps qu’il n’y aura point de maître de musique, aux appointements ordinaires du maître de musique"). Quelques semaines plus tard, un nouveau maître est nommé : Robert NOURISSON. Plusieurs maîtres se succèdent ensuite à Mâcon : Martin-Joseph DESTOMBES, François-Antoine FOY, Antoine OLIER.
C'est vraisemblablement fin 1733 que CAVIGNON se serait fait recevoir à Dijon.

• [Dates à préciser, jusqu'à l'été 1738], Dijon : Jean CAVIGNON exerce à Dijon.

• 5 septembre 1738, Mâcon : Le chapitre de la cathédrale de Mâcon est dans l'embarras. Voilà déjà un mois que son maître précédent, Antoine OLIER, est parti pour Clermont-Ferrand. Il prend la décision d'écrire à son ancien maître, CAVIGNON, alors à Dijon. La réponse de celui-ci est manifestement positive puisque début décembre ses frais de voyage lui sont remboursés. Aucun acte de réception officielle n'a été enregistré dans le registre capitulaire mâconnais entre ces deux dates.

• 17 janvier 1739, Mâcon : CAVIGNON expose au chapitre cathédral "qu’il remplissoit la place de maître de musique depuis plusieurs mois et qu’il souhaiteroit la continuer pendant plusieurs années". On comprend qu'il est à la recherche d'une certaine stabilité. Le chapitre "après avoir délibéré" établit avec lui un contrat de "neuf années à commencer du 1er août dernier". Le revenu affecté à CAVIGNON n'est pas même évoqué. Seule la durée du bail semble importante. On remarque que le chapitre fait commencer l'engagement de CAVIGNON au 1er août 1738, date du départ d'Antoine OLIER. Les obligations du maître sont rapidement résumées : "à condition qu’il continuera ses soins et son exactitude à l’éducation des enfants et son assiduité au chœur, et qu’il supportera les charges ordinaires de la maîtrise".

• 2 juin 1742, Mâcon : Le chapitre de la cathédrale promet 200 livres à Mr CAVIGNON, maître de musique, pour compenser "la cherté des bleds et vins des années dernières et de la présente" et donc "la dépense qu’il fait pour la nourriture des enfants de chœur". Mais le versement de cette somme est décalé à la fin de l'année (à la saint-Michel et à Noël) comme si les chanoines se doutaient déjà du prochain départ du maître de musique.
• 26 juin 1742 : À l'occasion du chapitre général, les chanoines députent deux des leurs pour "veiller à ce qui se passe à la maîtrise des enfants de chœur, tant pour leur éducation que pour leur nourriture, et d’y faire de fréquentes visittes pour en estre mieux instruit". On devine que ces inspections ont été négatives puisque le maître de musique s'en va trois semaines plus tard.
• 19 juillet 1742 : Un chapitre extraordinaire nomme M. MICHAUD "pour prendre soin des enfants de chœur pendant qu’il n’y a point de maître de musique". Démission ou renvoi ? Quoi qu'il en soit, CAVIGNON quitte la cathédrale et la ville de Mâcon. Après un long intérim assuré par deux musiciens du bas chœur, MICHAUD et QUENEULLE, un nouveau maître arrive à Mâcon en juillet 1743, Jean DESHAYES.
Quant à CAVIGNON, sans doute a-t-il été reçu à Saintes, malgré la distance qui sépare les deux villes (de Mâcon à Saintes, on compte 480 km, soit une centaine d'heures de marche).

• 1er mars 1744, Saintes [Charente-Maritime actuelle] : Le receveur des revenus du chapitre Saint-Pierre de Saintes, Michel Réveillaud, raconte dans son journal, qui couvre la période 1695-1745 : "Mr le mestre de salette mort. – Le mesme jour [1er mars 1744], Mr le mestre de la salette [Jean CAVIGNON] estant mort d’hier, de mor subide, à son retour des Carmélites, après avoir dit la sainte messe, et au momant qu’il a esté arivé chés luy a tonbé en napoplesis, et a esté anterré à Saint-Pierre".

Le registre paroissial confirme qu'en effet le "Sieur Jean CAVIGNON, prêtre et maître de musique de cette cathédralle" est décédé "assez subitement d'appoplexie" et précise que le défunt "a été enterré dans la chapelle de St-Jean" et que l'office a été fait "en cette église avec le bas chœur". Il était "âgé de 62 ans et plus".

Il est possible, sous réserve d'enquête complémentaire, que ce maître de musique brutalement mort à Saintes soit le même Jean CAVIGNON qui avait été élève de Sébastien de Brossard...

• • • Bibliographie :
        Jean Duron, "Musiciens de la cathédrale de Meaux au Grand siècle", Bulletin de la Société historique de Meaux et sa région, n°8, 2011, p. 179-205.
        Charles Dangibeaud (éd.), "Journal de Michel Réveillaud", Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis, vol. 45, La Rochelle, 1914, p. 1-183.

Mise à jour : 29 avril 2021

Sources
Courriel J. Duron, 10 mai 2017 ; F-Ad17/ BMS Saintes, St-Pierre ; F-Ad17/ BMS St-Pierre de Saintes ; F-Ad71/ G 216/1 ; J.-P. C. Montagnier, Henry Madin, 2008 ; Journal de Michel Réveillaud, 1699-1744 ; M. Cuvelier, notes sur la cathédrale de Dijon ; M.-R. Renon, Cahiers d'archéologie et d'histoire du Berry, 2007 ; M.-R. Renon, Cahiers d'archéologie et d'histoire du Berry, 2007  ; M.-R. Renon, La musique à la Sainte-Chapelle de Bourges [...], sd.

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