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CHAPUSOT, François (1728-1813)
État civil
NOM : CHAPUSOT     Prénom(s) : François     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : CHAPPUZOT
CHAPUZOT
CHAPUSEAU
Date(s) : 1728-5-26   / 1813-11-16 
Notes biographiques

Né dans le diocèse de Langres, peut-être formé à la musique dans cette ville, François CHAPUSOT devient musicien et exerce ensuite jusqu'à la Révolution à la cathédrale d'Autun, à 125 km de son village natal. Si son patronyme est souvent écrit "Chapuzot" par les divers scripteurs des documents retrouvés, il est à noter que lui-même signe généralement "Chapusot".

• 26 mai 1728, Prauthoy [Haute-Marne] : François CHAPUSOT naît et le même jour reçoit le baptême dans ce village du diocèse de Langres, situé à une vingtaine de km au sud de Langres et à 45 km au nord de Dijon. Son père, Thibaut Chapusot, est "vigneron demeurant au dit lieu", sa mère se nomme Anne Galimard. Parrain et marraine sont enfants de vignerons. Prauthoy est en effet situé au cœur d'une zone viticole, c'est par ailleurs un bourg actif, avec une population diversifiée. Y demeurent le bailli du comté de Monsaugeon qui est juge civil et criminel dudit bailliage, le procureur fiscal du comté, le greffier du même comté, un receveur des aides etc. Quelques paroissiennes sont qualifiées de “bourgeoises”, on rencontre quelques “laboureurs” (assez peu nombreux), quelques “tixiers”.
Ce baptême correspond à l'âge indiqué à son décès, comme dans plusieurs des dossiers 1790-1791. L'acte de son premier mariage (1753), en livrant les noms de ses père et mère, permet de le distinguer d’un autre François Chapusot, baptisé le 10 juillet 1728 aussi à Prauthoy, fils de François Chapusot, "huillier", et de Reyne Nouvelier. Il s'agit clairement d'un autre couple.
Dans le même village naîtront peu après deux autres futurs musiciens ou chantres : Étienne BOURSEY, le 8 septembre 1728 – qui en 1790 chante à l'Hôtel-Dieu de Beaune – et Vincent GARNIER, né le 11 mars 1731, qui décède en 1778 musicien à la cathédrale d'Auxerre. Les trois garçons se sont probablement fréquentés dans leur enfance. Comment expliquer leur commun destin au service de la musique et du chant d'Église ?

• [1735-1745 ou 1747 environ] : Où François CHAPUSOT a-t-il reçu sa formation musicale ? Probablement dans une maîtrise d'enfants de chœur qui reste à identifier... Prauthoy n'étant situé qu'à une vingtaine de km au sud de Langres, la capitale du diocèse semble le lieu le plus probable, mais cette hypothèse reste à documenter. Clément MIELLE, né en 1747 à Chatoillenot, village situé à environ 4 km de de Prauthoy, indique dans sa requête avoir été enfant de chœur à Langres. C'est aussi le cas de son frère aîné, François, né au même endroit en 1723.

• [1745-1747 à 1752] : Que fait François CHAPUSOT durant ces années ? On peut émettre l'hypothèse qu'il poursuit des études (collège de Langres ?) à sa sortie de la maîtrise.

• 6 juin 1753, Autun : François CHAPUSOT est reçu "pour chanter la basse contre" à la cathédrale d'Autun. Les chanoines sont méfiants car ils viennent de renvoyer un certain DUVEAU qui s'était présenté comme haute-contre et dont la voix s'est avérée décevante. De ce fait ils ne reçoivent CHAPUSOT que pour une durée déterminée : ils souhaitent "l’éprouver pendant un mois" et notamment voir s'il est capable "de chanter à la table de musique". Pendant ce mois d'essai, il aura 3 livres par semaine, mais on lui promet que s'il est engagé, il sera augmenté.
En 1790, on lui reconnaît 38 ans de service dans cet établissement, ce qui aurait pu correspondre à un engagement en 1752. C'est un nouvel exemple des approximations des informations livrées par les dossiers de 1790-1791, qui ont souvent tendance à majorer les services. Or il se trouve que le registre capitulaire autunois 1752-1755, conservé par la Société Éduenne, permet d'obtenir des certitudes, et beaucoup de détails, sur les débuts de François CHAPUSOT à la cathédrale d'Autun.
Deux jours après sa réception, le nouveau-venu est nommé "pour faire l’office de petit sonneur". Cet office était antérieurement confié à Jean-François DUBUISSON, mort fin avril, qui était jusqu'à son décès basse-contre à la cathédrale.
• 6 juillet 1753 : Le mois d'observation se solde positivement pour CHAPUSOT puisqu'il est engagé à désormais 4 livres de gages par semaine (soit 208 livres de fixe par an). Les chanoines lui demandent en contrepartie de terminer "le livre de chant qu’avoit commencé le feu Sr DUBUISSON, en par le chapitre luy fournissant le papier et autres choses nécessaires à cet effet". On voit que François CHAPUSOT prend la suite de DUBUISSON non seulement dans le registre de basse-contre, mais dans diverses fonctions par lui assurées.
• 16 novembre 1753 : Le musicien demande au chapitre "son agrément à l’effet de contracter mariage", ce qui lui est accordé. Mais la semaine suivante, les chanoines tiennent à préciser "que si dans la suite il ne contentoit pas le chapitre, on le remercieroit de ses services, malgré la permission qu’on luy a donnée de se marier"...
• 27 novembre 1753, Autun : Mr François CHAPUSOT, "Musicien à la cathédrale d'Autun", âgé de 25 ans, se marie en l'église Saint-Jean-de-la-Grotte Saint-Pancrace avec Claudine 'Mongilbert', âgée de 35 ans, la veuve de François DUBUISSON. Le jeune homme est "assisté" de deux autres musiciens de la cathédrale, Jean-François CAUCHY et François DUCLAUD. Sa signature semble comporter un "z", mais la graphie reste ambigüe. Ses parents, Thibaut Chapusot et Anne Galimard, demeurent "paroisse de Prautoy, diocèse de Langres".

• 1er mars 1754, Autun : Le chapitre loue à François CHAPUSOT, basse contre, pour une durée de neuf années et au prix de 30 livres par an, la maison "sous le portail Damas" qu'il occupe déjà, et pour cause, c'est celle où demeurait le couple DUBUISSON/Mongilbert auparavant. On apprend dans la même délibération que le jeune homme n'a toujours pas terminé le livre de chant de DUBUISSON, les chanoines en font une condition à la location à tarif préférentiel de la maison. Il est aussi convenu que dans les deux ans qui viennent, il doit recopier le terrier d'Allerey, l'une des possessions foncières du chapitre.

• 18 juillet 1755 : Le chapitre s'inquiète car le sieur CHAPUSOT, "leur basse contre", est absent depuis environ un mois "sans qu’on puisse sçavoir s’il reviendra ou non". Il envoie le chanoine syndic chez l'épouse de CHAPUSOT afin de récupérer le terrier d'Allerey et le papier fourni pour la copie prévue.

• Durant la seconde moitié des années 1750, on aperçoit de loin en loin "François CHAPUSOT, chantre" venu chanter aux sépultures de la paroisse Saint-Quentin. Ainsi les 12 novembre 1755 et 1er septembre 1756, en compagnie de François DUCLAUD. Cela prouve du moins qu'il est revenu à Autun. Le registre capitulaire 1756-1764 n'a pas pu être consulté par l'équipe Muséfrem (en août 2020), mais lorsque le registre suivant commence, François CHAPUSOT est tout à fait normalement à son poste de basse-contre à la cathédrale d'Autun.

• 8 décembre 1765, Autun : François CHAPUSOT, "musicien de la cathédrale", devient veuf de Claudine 'Gilbert'. Elle est inhumée le lendemain dans l'église de Saint-Jean-de-la-Grotte, en présence notamment de BARBOTTE, qui signe l'acte.

• 4 avril 1766, Autun : Le chapitre de la cathédrale verse une gratification à trois de ses "musiciens gagistes", 24 livres à  L. CHAPUIS, basson, 48 livres à CHAPUSOT, basse contre, et 24 livres à 'BOUILLÈRE' (BOULIER), serpent, "pour les indemniser des frais qu’ils ont pu faire à l’occasion de la milice au tirage de laquelle ils se sont trouvés assujettis cette année".

• 9 juin 1767, Autun : Un an et demi après l'inhumation de sa première épouse, François CHAPUSOT, "musicien à la cathédralle d'Autun", se remarie, épousant Marie Roy, fille d'un cordonnier, sœur d'un tailleur d'habits. Celle-ci fréquentait de longue date le milieu musical d'Autun puisque le 9 décembre 1759, elle avait été marraine du troisième enfant né de la seconde épouse de l'organiste de la cathédrale Claude RAMEAU. Cet enfant avait eu pour parrain le musicien Lazare BARBOTTE.
Le même BARBOTTE est l'un des deux témoins de mariage de François CHAPUSOT, l'autre étant Mr Pierre François GUIGNET, "tous les deux musiciens à la dite cathédralle".
• 17 octobre 1768, 10 août 1770, 28 décembre 1771 : Plusieurs enfants naissent ensuite de cette union sur la paroisse Saint-Jean-Saint-Pancrace, avec des espaces intergénésiques courts. Le baptême d'Émée (ou Edmée), le 10 août 1770, montre la persistance des amitiés anciennes puisque sa marraine est Émée Rameau, "fille de Claude RAMEAU défunt organiste à la cathédrale d'Autun" (ce dernier étant décédé en mai 1761).

• 26 juillet 1771 : Les chanoines passent un bail de neuf ans devant notaire au sr CHAPUSOT "leur basse contre" pour une maison qu’il occupe depuis le 27 mai précédent "près l’ancien portail Damas". Il paiera un loyer de 72 livres par an, sauf la première année où, pour une raison non explicitée, le chapitre lui fait une remise et ne lui demande que 30 livres. Peut-être y avait-il des travaux de remise en état à effectuer. S'agit-il de l'ancienne maison des époux DUBUISSON/Mongilbert (voir ci-dessus au 1er mars 1754) ?

• 18 février 1772, Autun : François CHAPUZOT, "musicien à la cathédrale", est le premier témoin du mariage de Pierre-François DELILE, lui aussi musicien à la cathédrale, célébré dans l'église Notre-Dame. Le second témoin est Lazare Lagoutte, tanneur.

• 18 septembre 1778, Autun : Le chapitre accorde au sieur CHAPUSOT, basse contre, la permission "de s’absenter des offices du chœur pendant quinze jours pour aller vacquer à ses affaires". François CHAPUSOT apparaît rarement dans les registres capitulaires conservés à la Société Éduenne (à Autun). Cette permission peut être utilement éclairée par un congé d'une durée équivalente obtenu l'année suivante : le 10 septembre 1779, le basse-contre est autorisé à "s’absenter des offices du chœur pendant quinze jours pour aller en vendange".

• 28 janvier 1780, Autun : Le chapitre renouvelle au "sr François CHAPUSOT, l’un de leurs musiciens gagistes" le bail de neuf ans pour la même maison "située près le portail Damas"; bail qui est passé devant Gonon, notaire à Autun, le 3 février. Le loyer s'élève maintenant à 96 livres par an.
• 16 juin 1780 : À l'occasion de travaux à faire dans la maison appartenant au chapitre, "dont jouit à titre de bail à loyer le Sr CHAPUSOT l’un de leurs basses contres", on apprend que cette maison comporte une boutique. Il est en effet prévu de "faire élever dans la boutique de lad. maison un galandage en brique sur champ au lieu des planches qui existent actuellement pour séparer lad. boutique de l’escallier de la chambre haute".
• 10 novembre 1780 : Le chapitre prend connaissance de l'achat effectué par François CHAPUSOT, "musicien en cette église", et par Marie Roy, son épouse, d’une maison située près la fontaine St-Ladre, moyennant la somme de 4 000 livres de prix principal et 300 livres de frais. La transaction a été conclue le 26 août 1780 devant Mtre Roux, notaire au faubourg St-Blaise.

• 2 avril 1782, Autun : François CHAPUSOT est toujours "musicien à la cathédrale" lorsque son épouse Marie Roy donne le jour à une fille prénommée Reine, sur la paroisse Saint-Jean-de-la-Grotte et Saint-Pancrace. Le père, présent au baptême, signe ici nettement avec un "s".

• 5 novembre 1784 : François CHAPUSOT, "musicien à la cathédrale", est le parrain du fils d'un maitre cordonnier. Il signe "Chapusot".

• 2 septembre 1788 : Marie Roy, "épouse du sieur François CHAPUSOT, musicien à la cathédrale", est la marraine d'un neveu, fils de son frère Émiland Roy, maitre tailleur. Elle signe "roy chapusot".

1790, Autun :  François CHAPUSOT  exerce toujours comme musicien à la cathédrale Saint-Lazare. Il déclare avoir touché durant ses dernières années de service près de 600 livres de gages par an.
Placé sous la responsabilité du maître de musique Jean-Christophe CONTAT, le corps de musique de la cathédrale Saint-Lazare comporte six musiciens et chanteurs laïcs : Lazare BARBOTTE, Lazare CHAPUIS, François CHAPUSOT, Lazare DELANGRE, Pierre-François GUIGNET, Jacques HOCQUARD, ainsi qu’un organiste, Laurent-Martial VITCOQ. À cet effectif laïc s'ajoutent quatre "habitués" ecclésiastiques, les sieurs REUILLOT, COTTON, Sébastien DEVOUCOUX et CHATILLON et huit enfants de chœur. Par ailleurs quatre sous-chantres placés au sommet de la hiérarchie du bas-chœur semblent jouer un rôle important dans le chant ou le plain-chant : BOULIERE, CABRIET, CHASSEY et TARTRA.
• Mars 1790 : La Liste générale des domiciliés de la ville d’Autun et dépendances, établie à partir de fin décembre 1789 et publiée en mars 1790, mentionne sous le n°239 "CHAPUZOT musicien" et sous le n° 243 "DELANGRE musicien", logés Place du Terreau, 1ère section. Sur la même place habitent aussi le sonneur Cordelier et CREVOISIER, le suisse de la cathédrale.
 
• 22 juillet 1791, Autun : Le directoire du département de la Saône-et-Loire envoie au comité ecclésiastique un tableau récapitulatif de l'état des ecclésiastiques et laïcs attachés à la cathédrale et aux collégiales d'Autun et de Tournus.
Le directoire du district est d'avis qu'il soit conservé à François CHAPUSOT ses honoraires en entier, à charge pour lui de continuer son service. Le directoire du département est d'avis de lui donner une gratification de 1 200 livres.
• 5 août 1791, Autun : CHAPUSOT est signataire de la supplique collective envoyée par les musiciens d'Autun au Comité ecclésiastique. Ils y font observer "que depuis l'installation de monsieur Goulle leur évêque ils se sont rendus très exactement aux offices de l'église épiscopale sans aucun traitement et sont encore disposés à continuer leurs services tant que leurs forces le leur permettront". Il a donc poursuivi son travail au service de l'Église constitutionnelle, peut-être jusqu'à la suspension du culte, vers la fin de 1793.

• 10 octobre 1792 : En application de la loi de juillet précédent, le directoire du département accorde à François CHAPUSOT une pension annuelle de 400 livres. Il faut lui verser tout d'abord la somme de 200 livres pour l'année 1791 pour complément de la somme de 200 lt qu'il a déjà reçu suivant l'ordonnance du 12 février 1792. À cela s'ajoute la somme de trois cents livres pour les trois premiers quartiers de l'année 1792.

• 1794, Autun : Selon Denis Grivot (Histoire de la musique à Autun, 1999), CHAPUSOT aurait joué un rôle dans la sauvegarde de la cathédrale que d'aucuns parlaient d'abattre. Il aurait fait intervenir quelques-uns de ses anciens élèves devenus membres influents du directoire [du district ou du département ?]. L'épisode est surtout intéressant en ce qu'il suggère qu'en même temps qu'il chantait à la cathédrale CHAPUSOT avait eu longuement un rôle d'enseignant – "maître d'école" prétend D. Grivot, peut-être maître de musique, de chant ou d'instrument.
Cet épisode de la sauvegarde de la cathédrale suscite une anecdote, largement répétée ensuite. Après la Révolution, CHAPUSOT aurait reçu la visite de son évêque, Mgr de Fontanges, et celui-ci lui aurait dit : "M. Chapuzot, je suis votre locataire, puisque vous êtes le propriétaire de la cathédrale".

• 6 août 1795, Autun : Le district d'Autun enregistre une pétition de CHAPUSOT, "musicien de l'église cathédrale d'Autun", qui réclame le paiement de sa pension – lequel semble avoir subi des retards.

• 13 mars 1809, Autun : "Au domicile de son mari à Autun place de la Loi", décède Marie Roy, "épouse du sieur François CHAPUSOT". L'acte de décès précise qu'elle était âgée de 72 ans 4 mois, née à Autun, fille de défunt Antoine Roi, cordonnier à Autun et de défunte Marguerite Billot.

• 16 novembre 1813, Autun : En son domicile situé place de la loi décède François CHAPUSOT, "propriétaire". Les deux "propriétaires" qui, le lendemain, déclarent son décès le disent veuf de Marie Roy, âgé de 86 ans, et né à Langres. Cette dernière indication est erronée : elle fait référence à son diocèse de naissance et non au lieu précis, Prauthoy.

Mise à jour : 22 décembre 2020

Sources
Abbé Bauzon, Recherches [...] sur la persécution religieuse [en] Saône-et-Loire, 1897 ; D.Grivot, Histoire de la musique à Autun, 1999 ; F-Ad57/ BMS Prauthoy ; F-Ad71/ 1 L 4/58 ; F-Ad71/ 1 L 8/108 ; F-Ad71/ BMS Autun, Notre-Dame ; F-Ad71/ BMS Autun, St-Jean-St-Pancrace ; F-Ad71/ BMS Autun, St-Quentin ; F-Ad71/ NMD Autun ; F-An/ DXIX/054/153/08 ; F-An/ DXIX/090/747/01 ; F-An/ DXIX/090/747/05 ; F-Sté Éduenne Autun/ RC 1752-1755 ; F-Sté Éduenne Autun/ RC 1764-1769 ; F-Sté Éduenne Autun/ RC 1771-1778 ; F-Sté Éduenne Autun/ RC 1778-1784 ; M. Dorigny, Autun dans la Révolution française…, 1988

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