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CHARON, Julien (1751-1818)
État civil
NOM : CHARON     Prénom(s) : Julien     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : CHARRON
Date(s) : 1751-5-17   / 1818-6-21 
Notes biographiques

Durant plus de vingt ans, Julien CHARON est l'organiste du chapitre Saint-Austrégésile, à Saint-Outrille [Cher]. Originaire de Graçay, tout près de là, il est formé à la collégiale de Vatan [Indre], avant de revenir se fixer sur son lieu d'origine. Après la fermeture du chapitre, il s'établit à Blois puis à Romorantin [Loir-et-Cher].

• Julien CHARON est né le 17 mai 1751, paroisse Saint-Martin de Graçay [Cher]. Il est le fils de Pierre Charon, menuisier, et de Marie-Magdeleine Sibileau. Son parrain est Julien Renauldet, qui appose une signature raffinée et habile, nantie d'une ruche. D'autres actes nous apprennent qu'il est le mari d'Ursule Sibileau, donc un oncle par alliance de l'enfant, et qu'il est marchand cordonnier.

• Juillet 1757, Vatan [Indre] : À six ans et deux mois, Julien CHARON  est "reçu en la maîtrise" du chapitre de la collégiale Saint-Laurian "en qualité d’enfant de chœur". Vatan est situé 8 km au sud de Graçay.

• Juillet 1767, Vatan : Julien CHARON sort de la maîtrise de Saint-Laurian après dix ans de service. Un certificat postérieur (établi en décembre 1790) assure que "pendant tout lequel temps il s’est bien comporté".

• [fin 1767 ou 1768], Saint-Outrille : Julien CHARON est engagé comme organiste par le chapitre de la collégiale Saint-Austrégésile (vocable le plus souvent déformé en Saint-Outrille). Cette collégiale est située sur la paroisse de Saint-Outrille, limitrophe de la petite ville de Graçay, dont elle est séparée par le Pozon, un affluent du Cher. Le jeune homme est donc revenu au pays natal dès sa sortie de la maîtrise. Il remplace Jean-Baptiste PIÉCOUR, reçu organiste à la collégiale Saint-Laurian le 15 septembre 1767. Ce chassé-croisé pourrait traduire une hiérarchie de réputation (et de rémunération) entre les deux chapitres, Saint-Austrégésile étant davantage un poste de débutant, Saint-Laurian recherchant et étant capable de salarier un musicien plus confirmé.

• 6 novembre 1771, Saint-Outrille : Après "trois ans" [en fait : sans doute quatre] de service comme gagiste, Julien CHARON est reçu à vingt ans en titre dans la collégiale Saint-Outrille, par un bail à vie sur une semi-prébende, dont les revenus (en nature) sont estimés à la somme de 290 livres par an, devant AUBINEAU, notaire du chapitre [et par ailleurs chantre laïc du chapitre Saint-Outrille]. Ses obligations sont précisées : "résider journellement au chœur en habit d’église suivant les saisons à tous les offices, d’y chanter psalmodier comme les semi-prébendés et gagistes de ladite église, même d’y faire la chape". Il exerce donc des fonctions de chantre . Mais il est par ailleurs organiste et il est prévu qu'il ne chante ni ne fasse la chape "dans les offices où son ministère pour l’orgue sera nécessaire" (c'est-à-dire toutes les veilles et jours des fêtes annuelles, dimanches, fêtes doubles majeures, saluts bénédictions et autres offices extraordinaires). Son contrat d'engagement comporte une clause d'entretien de l'instrument : "avoir soin dudit orgue, de le tenir d’accord autant que faire se pourra et proprement, et de faire en sorte qu’il n’y arrive par sa faute aucun dommage". Mais ce n'est pas tout :  l'organiste doit aussi remplir un modeste rôle de maître de musique, consistant à "instruire annuellement les deux enfants de chœur de ladite église pour les services qu’ils doivent y faire, les apprendre à lire chanter et mettre en état de servir aux offices divins". De plus il doit enseigner l'orgue à un enfant de chœur, "autant qu’il y aura la disposition".

• 4 juin 1772, Graçay : À Notre-Dame, la cérémonie de sépulture de Pierre MINIER, gagiste du chapitre de Notre-Dame, regroupe cinq témoins, qui sont tous de ses confrères, Louis GAULTIER, Guillaume FEUILLARD, François GILLET, Julien CHARON, et Jean-Baptiste DEHAULON, "tous gagés des chapitres de Notre-Dame et de Saint-Outrille". C'est une belle illustration de la proximité des deux chapitres.

• 8 janvier 1774, Graçay : À l'âge de 22 ans, Julien CHARON épouse Marguerite Lacour, fille d'un "marchand" défunt. Le jeune homme, qui est dit "organiste du chapitre de Saint-Outrille", étant lui aussi orphelin de père, est accompagné de Pierre Charon, cordonnier, son curateur, et de Joseph-François et Jacques Charon, sans doute ses frères. Les signataires sont nombreux.

• Du 17 janvier 1775 au 31 mars 1792, Graçay : De nombreuses naissances (au moins huit) se succèdent chez les Charon-Lacour, toutes sur la paroisse Saint-Martin de Graçay. L'identité professionnelle du père ne souffre aucune hésitation : dans tous les actes de baptême – de même que dans les quelques actes de décès retrouvés – Julien CHARON est toujours dit "organiste" avec quelques variantes de pure forme sur la suite de la formulation ("de Saint-Outril", "du chapitre de Saint-Outril", "dans le chapitre de Saint-Outril", "dans le chapitre de Saint-Outrille"…). En mars 1792, il est dit seulement "organiste", sans précision de son lieu d'exercice. Les parrains identifiés sont menuisier, tourneur, maître perruquier à Vierzon, cordonnier, et les marraines veuve de marchand, épouse d'un aubergiste, d'un tourneur... Souvent recrutés dans le cercle familial, tous et presque toutes savent signer. On remarque plus particulièrement le parrain du 10 novembre 1786 : le sieur Louis Verdure, principal du collège de Graçay, la marraine étant demoiselle Jeanne Bourgoing son épouse : Julien CHARON donnerait-il des leçons de musique au sein de l'établissement ?

• 15 mai 1777, Graçay : Parrain dans un acte de la paroisse Notre-Dame, Julien CHARON est dit "organiste du ch[apitre] de St Outril, de la paroisse de St-Martin". Tout en touchant l'orgue de Saint-Austrégésile, de l'autre côté du Pozon, il demeure donc paroisse Saint-Martin de Graçay – ce que confirment les nombreux actes familiaux que l'on vient de voir.

• 7 janvier 1785, Vierzon : Julien CHARON, "organiste de l'église de Saint-Outrille de Graçay, y demeurant", est le parrain de Rosalie-Henrielle Lacour.

 1790, Saint-Outrille : Julien CHARON est toujours organiste de la collégiale Saint-Austrégésile. Comme lors de sa réception, il doit également participer au chant, et instruire les deux enfants de chœur, qui sont alors Joseph TREFAULT et Jacques GOUGUÉ. Il est rémunéré pour cette triple fonction par une semi-prébende, comme c'est le cas des trois autres semi-prébendés du chapitre de Saint-Outrille, Jacques AUBINEAU, Jean-Baptiste DEHAULLON et Jean JOUANNIN. Tous reçoivent la même somme de 570 livres, largement en nature, les semi-prébendes étant assises sur des revenus agraires. Il peut sembler étonnant que Julien CHARON ne reçoive pas un complément de rémunération, son service paraissant plus chargé que celui de ses trois confrères.
À partir du 1er janvier 1790, "sur la commission qu’il a reçue de messieurs les officiers municipaux de la dite ville de Graçay", Julien CHARON aide "le sieur desservant de la cure Saint-Martin du dit Graçay, à chanter l’office qui se célèbre les fêtes et dimanches en la dite église" de Saint-Martin. Outre son rôle de chantre de la paroisse Saint-Martin, rémunéré 30 livres sur l'année, il doit aussi fournir le pain bénit, ce qui lui est remboursé 3 livres par an.

• 1790-1791 : Dès la fermeture du chapitre, Julien CHARON entame ses démarches pour obtenir du secours. Des décisions contradictoires se succèdent à son propos. Dans un premier temps, sa pension est fixée à 150 livres, faute de certificats suffisants. Par un mémoire du 19 décembre 1790, il proteste contre ce qui est à ses yeux une inégalité de traitement, par rapport ses collègues clercs : "Que vais-je devenir avec ma femme et mes six enfants ? Dira-t-on que deux de mes confrères doivent avoir un traitement plus considérable que moi parce qu’ils sont tonsurés ? Hélas ! Ils ont moins engagés que moi, et sont à peu près de mon âge, surtout l’un d’eux."
Le 7 janvier 1791, le directoire du Cher lui demande de produire une attestation de bail à vie. Ce qu'il fait aussitôt : dès le 12 janvier 1791, le district indique que sur la foi de ce document, sa pension peut désormais passer de 150 à 300 livres, comme pour son confrère AUBINEAU, chantre. Cette proposition est validée le 27 janvier 1791 par le directoire du Cher. En août de la même année, nouveau retournement de situation : faisant suite à la loi du 26 août 1791, le directoire du district de Vierzon propose de lui accorder une pension de 200 livres, ce que le directoire du Cher entérine le 28 février 1792. Mais ce n'est pas fini… (voir ci-après au 20 août 1792).

• 6 janvier 1792, Graçay : Julien CHARON demande le paiement (30 livres) de ses activités de chantre à l'église paroissiale Saint-Martin, les fêtes et dimanches, durant l'année 1791, comme il en avait été payé l'année précédente. Le 13 février, le directoire du Cher refuse d'accéder à cette demande et lui accorde seulement 3 livres pour avoir fourni le pain azime, aussi appelé "pain à chanter".
• 20 août 1792 : Le district de Vierzon est d'avis que Julien CHARON reçoive la même pension que DEHAULON et JOUANNIN (570 livres), avec rattrapage pour les années 1790 et 1791, proposition validée par le directoire du Cher le 7 septembre 1792.

• Janvier 1793, Blois [Loir-et-Cher] : Julien CHARON quitte Graçay et part se fixer à Blois où il demande à percevoir sa pension. On ignore quelle activité il exerce alors, peut-être arrondit-il sa pension en donnant des leçons de musique, éventuellement de piano, ce que le déménagement dans une grande ville permettait, alors que le bassin de clientèle aurait été très insuffisant à Graçay. Il ne figure pas dans les organistes relevés à Blois à cette période par Madeleine et Jean-Paul Cabarat (Le Chant d'une ville, La musique à Blois du XVe au XIXe siècle, 1995).

• 21 juin 1818, Romorantin [Loir-et-Cher] : Veuf de Marguerite Lacour, Julien CHARON, organiste, s'éteint à son domicile de la rue de la Sirène. La mention "organiste" utilisée à son décès pour indiquer sa profession laisse penser qu'il avait retrouvé une tribune après le Concordat. Romorantin est situé à environ 27 km au nord de Graçay par l'itinéraire pédestre le plus direct.

Mise à jour : 3 août 2020

Sources
F-Ad18/ 1 L 1354 ; F-Ad18/ 1 L 1443 ; F-Ad18/ 1 L 196 ; F-Ad18/ 1 L 203 ; F-Ad18/ BMS Graçay, Notre-Dame ; F-Ad18/ BMS Graçay, St-Martin ; F-Ad18/ BMS St-Phalier ; F-Ad18/ BMS en ligne ; F-Ad41/ 5MI194/R33 ; F-Ad41/ L 884 ; Les orgues du Berry. Inventaire national des orgues [...], 2003

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