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CHERTIER, Jacques Romain (1746-1798 ap.)
État civil
NOM : CHERTIER     Prénom(s) : Jacques Romain     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : CHARTIER
CHERETIER
Date(s) : 1746-6-5   / 1798-8 ap.
Notes biographiques

Des zones d'ombre subsistent concernant le début et la fin du parcours de Jacques-Romain CHERTIER. Du moins sait-on avec certitude que pendant plus de vingt ans il a été "commis musicien" à la cathédrale d'Auxerre, dont le chœur est alors dirigé par Edme CHAPOTIN.

• 5 juin 1746, Saint-Sauveur-en-Puisaye [Yonne] : Jacques-Romain CHERTIER est baptisé dans ce bourg de la Puisaye situé à 40 km au sud-ouest d'Auxerre. Il est fils de Romain Chertier, maréchal à Saint-Sauveur, et d’Élisabeth Dugelé. Son parrain et sa marraine savent signer.

• [de 1753 environ à 1763 environ] : Quelle formation musicale a-t-il reçue ? A-t-il été enfant de chœur dans une maîtrise ?

• 14 octobre 1768, Auxerre : Le chapitre de la cathédrale reçoit "le nommé CHERTIER en qualité de commis musicien basse contre pour chanter à tous les offices et processions". Il aura des gages de 4 livres / semaine, soit 208 livres par an, ce qui est faible. On comprend qu'il exerce un autre métier en parallèle puisqu'il sera exempté de l’office de mâtines "les jours de travail".
• Dès le 5 décembre 1768, son sort change du tout au tout puisque son salaire est doublé : il aura dorénavant 8 livres par semaine "et assistera comme les autres à tous les offices du jour et de la nuit". C'est que Noël BOURCELET, le basse-contre qui depuis un an et demi déjà n'était "plus en état de fournir au chant et de soutenir le chœur comme il avoit fait jusqu’ici", est mort le matin même. Cela dégage un budget dont CHERTIER bénéficie immédiatement. On peut penser que depuis le 14 octobre il avait totalement remplacé Bourcelet.

• 13 mars 1769, Auxerre : CHERTIER, "commis musicien", figure dans la liste des membres du bas chœur dressée à l'occasion du chapitre général, en compagnie de CHAPOTIN maître de musique ; PALLAIS organiste ; CHEVRILLON, POITOU, PRUNELLE, GARNIERBONNOTTE les autres commis musiciens ; ainsi que des sacristains, des chapelains, des enfants de chœur, des bâtonniers, du sonneur et du suisse.
• 16 juin 1769 : Le chapitre décide d'augmenter à nouveau "le nommé CHERTIER, musicien basse contre" et de lui accorder désormais des gages de 9 sols par semaine, soit 468 livres/ an de salaire fixe, auquel s'ajoutent les distributions diverses.

•  30 janvier 1773, Auxerre : Dans l'église paroissiale St-Loup, Jacques Romain CHERTIER épouse Jeanne Marguerite Préau / Prot, qui est couturière à Saint-Loup. Elle signe "Prot". Le marié est dit "musicien de St-Étienne". Ils sont accompagnés par plusieurs musiciens de la cathédrale : le maître de musique Edme CHAPOTIN, l'organiste Joseph PALLAIS, René PRUNELLE, Jean Jacques MÉRAL ainsi que L.Rutteau et Lallement, peut-être musiciens aussi.

• 15 mars 1774, Auxerre : Lors du baptême de sa 1ère fille, Marguerite Élisabeth, il est dit musicien.
• 9 août 1774 : CHERTIER "commis basse contre" demande un congé au chapitre "pour aller à Avallon où il a une affaire intéressante". En même temps, il emprunte 48 livres à la compagnie, au titre d'avance sur gages. Cette somme est probablement liée à cette "affaire" (investissement commercial ?).
• Fin novembre le chapitre fait examiner par son procureur "les papiers de CHERTIER, basse contre". Ce conseiller juridique ayant examiné l'affaire et l'ayant "trouvée bonne" les chanoines décident "de la recommander en [leur] nom au procureur dudit Chertier à Dijon". Malgré le mystère qui enveloppe tout cela, on comprend que le chanteur s'est lancé dans une entreprise ambitieuse qui a des ramifications loin d'Auxerre (Avallon, Dijon…).

• 30 novembre 1775, Auxerre : En l'église paroissiale de Saint-Pierre-en-Château, Edme CHAPOTIN, maître de musique de la cathédrale, est témoin au mariage de Jeanne Griffe, fille d'un vigneron et sœur de son ancienne filleule décédée quinze ans plus tôt. Sont aussi présents et signataires : Jacques-Romain CHERTIER, musicien, et Edme Lemaire, facteur.

• 26 juillet 1778, Auxerre : Romain CHERTIER, commis musicien de la cathédrale, assiste à la sépulture de Vincent GARNIER, basse contre de la cathédrale, en compagnie de trois autres commis musiciens : Bonnaventure BONNOTTENicolas GELIN et Charles POITOU.

• 30 juin 1780, Auxerre : Romain CHERTIER, commis musicien de la cathédrale, assiste à la sépulture du haute-contre Charles POITOU, en compagnie de trois autres commis musiciens : Bonnaventure BONNOTTE, Nicolas GELIN et René PRUNELLE, ainsi que l'organiste Joseph PALLAIS.

• 15 juillet 1782 : Le chapitre refuse à MÉRY et CHERTIER la permission d’aller à Vézelay pour célébrer la Ste-Magdeleine. L'explication de ce refus n'est pas donnée.

• 28 mai 1783, Auxerre : Lors du baptême de sa fille Madeleine, il est dit chantre-musicien de la cathédrale. Le parrain est Jean-Claude CHAPUY horloger, qui signe "Chapuy lainé".

• 24 mai 1784, Auxerre : Le sieur CHERTIER "basse contre de cette église" ayant annoncé la mort de sa mère, le chapitre lui accorde quelques jours de congé "pour affaires de famille".
• 13 décembre 1784 : À l'occasion du chapitre général est dressée la liste des membres du bas chœur. Elle comporte 9 musiciens, dans l'ordre suivant : le Maître de musique Edme CHAPOTIN, l'organiste PALLAIS, les commis musiciens PRUNELLE, BONNOTTE, CHERTIER, JOBARD, GELIN, DUBAUX et MÉRY. Auxquels s'ajoutent des chapelains, sacristains, enfants de chœur, bâtonniers, suisse et sonneur non nommés.

• 30 juillet 1785 : Le chapitre édicte de nouvelles règles pour ses quatre chantres basse-contre. Il demande à ce qu'on évite de faire chanter CAMPENON avec CHERTIER, car leurs voix ne s'accordent pas ensemble. Il demande aussi que les quatre hommes se concertent pour leurs absences, de façon à ce "qu’il y ait toujours quelqu’un pour guider CAMPENON", soit DELAFESTE, soit GELIN.
• 24 octobre 1785 : Le commis musicien CHERTIER est depuis quelque temps "dans un état de langueur", et il ne se soigne pas, "faute de moyens". Le chapitre décide de lui procurer les secours nécessaires, mais "en veillant à ce qu’ils lui soient distribués autrement qu’en argent", ce qui semble dénoter une certaine méfiance envers sa gestion du budget familial.

• 5 février 1787 : Le chapitre constate que CHERTIER ne peut plus "rendre aucun service pour le chant". Il décide de lui demander "de trouver une place ou de prendre quelque commerce", en l'assistant soit d'une somme d’argent, soit d'une petite pension, "selon qu’il lui sera plus utile, lorsqu’il aura fait connoitre à quoi il se destine".
• Le 9 février, un sursis lui est accordé jusqu'à Pâques car le basse contre est venu plaider sa cause : il "reconnoissoit bien qu’à présent il étoit hors d’état de lui rendre service à cause du délabrement de sa poitrine, mais il espéroit être rétabli d’ici à Pâques prochain par l’effet des remèdes qui lui sont conseillés".
• Le délai accordé a en réalité couru jusqu'au 5 novembre 1787. Ce jour-là, le chapitre observe que, décidément, CHERTIER l’une de ses basse-contres, ne peut plus rendre aucun service au chœur et qu’on ne peut pas espérer le retour de sa voix. Il décide de "pourvoir dès à présent à sa retraite" en lui versant 60 livres de pension annuelle en considération des services qu’il a rendus pendant vingt ans. On lui propose en plus la place de garde-chasse sur les terres du chapitre à Beauvoir, à trois lieues à l'ouest de la ville. Et, pour que sa décision soit, cette fois, vraiment suivie d'effet, le chapitre décrète qu'il "lui seroit défendu, dès aujourd’hui, de chanter et même de paroitre au chœur".
• À compter du 5 novembre 1787, on peut donc penser que CHERTIER cesse de "paraître au chœur", et qu'il organise son départ pour Beauvoir dans les jours qui suivent. Il quitte son logement, dont les reliquats de loyer sont payés par le chapitre. Celui-ci lui prête un fusil et lui verse une première année de pension à l'avance.
L'expérience de garde-chasse tourne vite court. Le musicien n'a manifestement pas les compétences (ou l'envie) pour garder les terres et les bois du chapitre. Le 17 mars 1788, un rapport sur son compte alarme les chanoines qui le convoquent aussitôt. Après audition, ils concluent qu'il faut lui retirer "ses provisions de garde et sa plaque", et qu'ils doivent "se procurer un homme sur lequel ils puissent compter", formule qui en dit long sur le manque de fiabilité du pauvre CHERTIER. Ils ne souhaitent plus même le voir à Auxerre ni sur les terres du chapitre.
• Le 21 juillet, l'ancien musicien supplie le chapitre de lui verser le capital de sa pension de retraite, ce qui lui est refusé car ce versement "exposeroit la famille dudit Chertier, ainsi que lui-même, vu son peu d’économie et d’arrangement, à tomber dans la dernière des misères".
On ignore ce qu'il devient alors, mais à Noël de la même année, les chanoines "touchés de l’indigence de la femme CHERTIER qui leur a fait connoitre son état" lui font l'aumône de 6 livres. Cette somme ne lui est pas versée directement : un chanoine est prié de l’employer "en pain, viande, fagots &c suivant ce qu’il jugera le plus utile", nouvelle preuve de la méfiance que l'on a envers le basse-contre (alcool ?).

1790, Auxerre : Romain CHERTIER semble pourtant toujours en poste à la cathédrale St-Étienne. En tout cas il figure dans les documents qui règlent le sort des "commis musiciens", aux côtés des chanteurs Bonaventure BONNOTTE, Pierre CAMPENON, Nicolas GELIN, Étienne LE COUTEUXEdme Hubert PINON, du serpent Pierre JOBARD et de l'organiste en titre (quoique souvent absent) Jean-Joseph PALLAIS, ainsi bien sûr que du maître de musique Edme CHAPOTIN.

• 1792, Auxerre : Romain CHERTIER, toujours qualifié de musicien, obtient une pension de 60 livres / an. Soit le montant de la pension que lui faisait antérieurement le chapitre.

• 27 thermidor VI [14 août 1798], Auxerre : Jacques-Romain CHERTIER, "musicien de la ci-devant cathédrale", réitère son serment civique, en compagnie de 11 ci-devant religieuses. Cela indique qu'il est toujours pensionné.

Après quoi on perd sa trace à Auxerre...

Mise à jour : 23 juillet 2018

Sources
A. Cherest, « Notice sur les musiciens...", 1850. ; Ch. Demay, PV administration municipale Auxerre... ; F-Ad89/ BMS Auxerre, St-Pierre-en-Château ; F-Ad89/ BMS St-Loup ; F-Ad89/ G 1803 ; F-Ad89/ G 1804 ; F-Ad89/ G 1805 ; F-Ad89/ G 1806 ; F-Ad89/ G 1807 ; F-Ad89/ G 1808 ; F-Ad89/ G 1809 ; F-Ad89/ G 1810 ; F-Ad89/ L 685 ; F-Ad89/ L 798 (50) ; F-Ad89/ S chapitre St-Étienne  ; F/Ad89, état civil en ligne

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