Login
Menu et informations
CHEVREUIL, Pierre François (1758-1803)
État civil
NOM : CHEVREUIL     Prénom(s) : Pierre François     Sexe : M
Date(s) : 1758-11-21   / 1803-8-24 
Notes biographiques

Originaire de Nantes, Pierre François CHEVREUIL, fils de cordonnier, ne quittera pas le département de Loire-Inférieure (Loire-Atlantique). Clerc tonsuré, jeune prêtre, maire-chapelain à la cathédrale Saint-Pierre, il souscrit aux idées patriotiques de la Révolution. Élu curé constitutionnel dans le district d'Ancenis, il renonce fin 1793 à la prêtrise et s'engage dans une nouvelle vie au service de la République.

• 21 novembre 1758, Nantes [Loire-Atlantique] : Pierre Chevreuil, cordonnier, et Marie Madeleine Poret font baptiser leur fils Pierre François paroisse Saint-Nicolas. Le parrain, fondeur nommé Gourbillonn ainsi que la marraine épouse de Pierre Lemoine signent le registre avec le père et quelques amis.

• [1765-1775], Nantes : La première partie de carrière de Pierre François CHEVREUIL étant nantaise, il est vraisemblable qu'il ait été formé à la psallette de la cathédrale Saint-Pierre ou collégiale Notre-Dame.

• 2 mai 1777, Nantes : Pierre François CHEVREUIL assiste à l'inhumation de sa mère, Marie Madeleine Poret, paroisse Saint-Nicolas et signe en précisant qu'il est "clerc tonsuré".

• 1767-1788, Nantes : Étudier les musiciens bénéficiers de l'église de Nantes impose en premier lieu de retracer le long procès ayant opposé le bas chœur aux chanoines entre 1767 et 1788. L'objet du litige porte sur la réorganisation de la musique par le chapitre qui, comme nombre de ses  confrères,  a les yeux rivés sur Paris. Il a conscience de l'importance de la musique qui contribue au prestige de son église. Deux démarches parallèles sont menées entre 1760-1770. D'une part, le chapitre marque sa volonté d'embellir la musique au chœur en multipliant les critères d'exigence ; d'autre part, il en organise le financement sans surcoût. Les chanoines prennent ainsi le parti de remanier ou supprimer des chapelles, dont les revenus sont mis en régie dans une "bourse commune" (1760).
Cette première réorganisation sème quelque trouble. Puis, en 1767, poursuivant sa stratégie, le chapitre unit deux sociétés dédiées aux bénéficiers à la mense capitulaire au lieu de les porter à la bourse. C’est le pas de trop qui met le feu aux poudres.
Le bas chœur des clercs, représenté par les maires chapelains, sous-chantres, diacre et sous-diacre, "s'estimant spolié" fait front, s'organise et porte l’affaire devant le Parlement de Bretagne à Rennes. L'affaire est initiée par un sous-chantre, le sieur Coeur de Roi qui dénonce "l'abus" du chapitre. MABILLE va en devenir le principal instigateur peu de temps après son arrivée.

- Concrètement, le bas chœur des clercs, représenté principalement par trois maires-chapelains MABILLE (désigné syndic), CHAUVET (premier maire-chapelain), et POIGNAND, le second sous-chantre GODÉ ainsi que le sous-diacre RIVIÈRE, s'organise et s'implique juridiquement. Le chapitre sera finalement débouté après des années de procédures.
- Trois officiers restent en retrait : le maire-chapelain CHEVREUIL qui intervient ponctuellement à partir de 1786 tout comme le diacre BRIAND. Le sous-chantre et prêtre Jean François VASSAL, un tempérament effacé, est le seul bénéficier à ne pas se joindre à la procédure collective. Il se trouve en porte-à-faux, pris entre un chapitre reconnaissant et des alter ego mécontents.
C'est donc dans une ambiance conflictuelle que Pierre François CHEVREUIL est reçu vers 1784.

• 21 décembre 1783, Nantes : Alfred Lallié (Le diocèse de Nantes pendant la Révolution) rapporte que Pierre François CHEVREUIL a été ordonné prêtre à Nantes. Plusieurs interrogations demeurent, depuis quand exerce-t-il à la cathédrale ? Y était-il jeune clerc ? Enfant de chœur ? L'absence de source fait cruellement défaut.

• 1784, Nantes : Pierre François CHEVREUIL choriste est reçu maire-chapelain de Saint-Pierre, à condition "qu'il continuera à avoir un maître de chant dont il prendra assidûment les leçons jusqu'à ce qu'il le sache parfaitement" selon l'érudit Mellinet qui n'indique pas la rémunération. Compte tenu de la décision ultérieure du Directoire, il est vraisemblable que ses gages sont équivalents à ceux de Jean Toussaint POIGNAND, soit 700 lt par an auxquels s'ajoutent les distributions de chœur. Le chapitre attend que tous les maires-chapelains "chantent tant au plain-chant et à la psalmodie qu'à la musique, chant sur le livre et faux-bourdon". Par ailleurs ils suppléent les absents du chœur à l'office, se conforment aux us du chapitre. Les messes de sous-semaine leur sont rétribuées 15 sols.

• 12 janvier 1786, Nantes : Les officiers du bas chœur adressent leur supplique au Parlement de Bretagne dans l'affaire ci-dessus citée. Cependant, leurs revendications vont au-delà du propos de la procédure car elles portent des récriminations salariales. Les maires-chapelains sont appointés 800 livres par an soit moins que le premier sous-chantre VASSAL (900 livres). Louis GODÉ omettant sa position de clerc tonsuré et second sous-chantre fait remarquer qu'il ne touche que 700 livres. La cause de leur tourment est donc le discret Jean François VASSAL, qui s'est abstenu de participer à l'action collective, et bénéficie de la confiance des chanoines. L'estocade ne sera pas la seule, dévoilant les tensions qui peuvent exister dans un groupe semblant par ailleurs homogène et solidaire.

• 11 juillet 1786-11 août 1788, Nantes : Jean François VASSAL, premier sous-chantre, s'abstient de participer à la nouvelle controverse juridique entre le chapitre et les officiers de chœur concernant une modification de préséance. Les plaignants, à savoir CHAUVET, MABILLE, POIGAND et CHEVREUIL, s'opposent à ce que deux bedeaux soient interposés entre eux et les maire-chapelains lors des processions telles celles de la Fête-Dieu ou de l'Assomption. Les dissensions sont si exacerbées qu'ils considèrent toute modification d'organisation comme une volonté de "spoliation" de leurs droits.

• 15 février 1787, Nantes: Anne Renée Chevreuil, sœur de Pierre François, épouse paroisse Saint-Nicolas Barthélémy Viraulleau, cloutier. Si les deux époux ont 25 ans, Viraulleau est originaire de Gironde du diocèse de Bazas (supprimé en 1801). Il est assisté par son oncle maître cloutier. Le prêtre officiant n'est autre que P.F. CHEVREUIL maire-chapelain de la cathédrale.

• 5 avril 1788, Nantes : Par décision du parlement de Bretagne, les chanoines de la cathédrale de Nantes sont déboutés et sommés de déposer au secrétariat du chapitre les revenus des biens dépendants des chapellenies, tout comme les comptes des dessertes de fondations des sociétés de Saint-Jean, Saint-Guillaume et la Trinité depuis 1767. Le chapitre cherche à se dérober à son obligation provoquant une nouvelle joute avec le bas chœur puis se soumet en produisant les pièces comptables dues courant juillet.

Les démarches successives de ces clercs semblent révéler, sous couvert de reconnaissance ou de préséance, une transformation radicale de la fonction : pris en étau entre chanoines et laïcs, leur statut privilégié de clercs chantant leur échappe progressivement, et ce, jusque dans la pratique de la musique : plain-chant ? musique figurée ?  Que souhaite-t-on entendre ? Qui écoute-t-on ?

• 3 janvier 1790, Nantes : Messire Pierre CHEVREUIL, prêtre et maire-chapelain de la cathédrale tient sur les fonts de la paroisse Saint-Nicolas son neveu Barthélémy, fils de son beau-frère Viraulleau, marchand cloutier. La marraine est une cousine de l'enfant et signe le registre.

En 1790, le corps de musique de la cathédrale Saint-Pierre, placé sous l’autorité du maître de musique Sigismond François Antoine CAPPA-LESCOT, est constitué de deux haute-contre Vincent Pierre GAUTIER et François Jude MÉRY, une haute-taille Joseph JOLY, deux basse-taille Henry François DOUVILLE, Vincent LA MARRE, trois basse-contre, Étienne François PICARD et Jean-Baptiste DONON et Jean Victor HUBERT dit HUBERT, deux serpents/basse-taille Jean GILLET, Pierre RAGUENEAU – ce dernier jouant également du basson. Deux musiciens symphonistes sont employés régulièrement par le chapitre, à savoir les sieurs Vincent Anne JULIEN dit JULIEN et Laurent MARIE. L’organiste Denis JOUBERT est quant à lui maître de sa tribune.
Quatre maires-chapelains étoffent le chant à savoir Urbain MABILLE, Charles CHAUVET, Pierre François CHEVREUIL et Jean Toussaint POIGNAND ainsi que deux sous-chantres Jean François VASSAL et Louis GODÉ. La psallette est composée de six enfants de chœur identifiés sur les huit qui dépendent du maître de musique aidé d’un maître de grammaire, le sieur Praud.

• 3 septembre 1790 : Consécutivement à leur requête, les sieurs MABILLE, POIGNAND et CHEVREUIL ci-devant maires-chapelains de l'église cathédrale et continuant à la desservir reçoivent une avance sur leurs appointements de 250 lt.

• [1790-1794], Nantes : Les sieurs MABILLE, POIGNAND et CHEVREUIL adressent une supplique au Directoire du district de Nantes qui ne trouvera conclusion que quatre ans plus tard. À l'initiative de MABILLE ils entendent recouvrer les rétributions dues au titre des années 1790 à 1793, soit le "maximum qu'ils réclament". Leurs dossiers sont étayés de pièces justificatives, pétitions... CHAUVET, insermenté, a été quant à lui, déchu de ses droits. Les épisodes de cette tractation vont émailler le parcours  de P.F. CHEVREUIL.

• 13 février 1791-31 décembre 1793, Nort-sur-Erdre [Loire-Atlantique] : Selon Alfred Lallié (Le diocèse de Nantes pendant la Révolution), CHEVREUIL est élu curé de Nort par les électeurs du district de Nantes et prononce un discours patriotique. Son enthousiasme sera cependant pondéré après sa prise de possession. Nort est situé à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Nantes entre pays d'Ancenis et de Châteaubriant. La  bourgade a été le théâtre des guerres de Vendée, notamment fin 1793 lors d'une bataille meurtrière entre chouans et patriotes.

• 26 mars 1791, Nantes : Le Directoire du district délibère sur la demande des pétitionnaires et décide d'accorder dans un premier temps 250 livres 10 sols à MABILLE, 205 livres à POIGNAND et 239 livres 10 sols à CHEVREUIL qui a quitté Nantes.
• 17 mai 1791 : Le nouvel évêque constitutionnel Minée nomme MABILLE vicaire épiscopal, est un atout supplémentaire dans la discussion engagée avec le Directoire.

• 1791, Nort-sur-Erdre : Selon l'inventaire de la série L, l'arrivée du recteur constitutionnel CHEVREUIL à la cure de Nort n'a pas été sans anicroche. Est notamment mis en cause l'abbé Gié, précepteur, qui aurait tenu des propos insultants, provoqué troubles et calomnies à l'encontre du curé CHEVREUIL et de ses vicaires Reux et Marsac. Un vol ayant été par ailleurs commis dans l'église, le District se montre disposé au remplacement des objets volés.

• 6 juillet 1792, Nantes : MABILLE adresse une supplique au Directoire du district au nom des anciens maires-chapelains, diacre et sous-diacre scolastiques de la cathédrale. Ces derniers demandent à être compris dans les officiers laïcs et musiciens ayant droit à une pension de retraite.
• 6 novembre 1792: Le Directoire du district délibère sur leur demande et décide qu'ils ne seront pas comptés parmi les officiers laïcs des églises supprimées mais parmi les bénéficiers. Ils recevront donc leur traitement de terme en terme comme bénéficiers selon l'article 10 de la loi du 24 août 1790.

• 17 septembre 1793, Nantes : MABILLE, toujours aussi opiniâtre, adresse de nouveau une requête au Directoire pour le compte des bénéficiers qui sera traitée favorablement en mars 1794. Ils attendent toujours leurs mandats de régularisation et d'être portés sur le tableau des pensionnaires ecclésiastiques. La décision du Directoire (mars 1794) attribue finalement finalement à JPierre François CHEVREUIL, ex maire-chapelain et curé de Nort :
- 1000 lt en tant qu'ex maire-chapelain pour 1790,
- 333.6.8. lt  du 1er janvier 1791 au 31 mai 1791,
- 291.13.4 lt correspondant à la moitié de son traitement du 1er mai 1791 au 1er janvier 1792,
- 500 lt, soit la moitié de son traitement du 1er janvier 1792 au 1er janvier 1793,
- 486.5.4 lt, moitié de son traitement du 1er janvier 1793 au 1er Nivôse an II
TOTAL : 2611.5.4 lt
Après déduction de sa contribution patriotique restant due, au titre de 1790 -1792, il recevra un solde de 2434.3.8 lt.
Le même dossier L 660 stipule qu'il est inscrit au tableau des bénéficiers pensionnaires du district de Nantes et touchera à l'avenir une pension de 500 lt par an.
Les dossiers de MABILLE, POIGNAND et GODÉ seront traités avec la même attention.

• 15 brumaire an III [5 novembre 1794], Nort-sur-Erdre  : Pierre François CHEVREUIL a désormais renoncé à ses lettres de prêtrise car il épouse Jeanne Avron, née à Dolay en Mort-Bihan [sic] et domiciliée de Nort. Barthélémy Viraulleau et Adrien Troquet, fidèles de la famille Chevreuil, se sont déplacés de Nantes pour la circonstance. Jeanne est entourée d'amis nortais. Ils auront quatre enfants entre 1796 et 1801 dont deux succomberont jeunes.

• 21 nivôse an IV [11 janvier 1796], Nort : La famille Chevreuil accueille un premier fils, Pierre Jean Joseph qui sera tailleur et se mariera à Nantes en 1824.

• 1798-1801, Joué-sur-Erdre [Loire-Atlantique] : Trois autres enfants viennent au monde à Joué où Pierre François CHEVREUIL, "Secrétaire en chef de l'administration municipale du canton" s'est installé. Il est notable, entouré de notables :
- 2 messidor an VI [20 juin 1798], Charles François, qui décède dans l'année,
- 9 pluviose an VIII [29 janvier 1800], Eugène, dont la naissance est déclarée par un Commissaire du directoire exécutif du canton [de Railé, district Ancenis] qui sera inhumé en 1809 à Joué,
- 23 germinal an IX [13 avril 1801], Jeanne Marie dont les parents sont dits "rentiers". L'un des déclarants est notaire public et maire de Joué.

• 7 fructidor an XI [25 août 1803], Nort-sur-Erdre  : Le garde-champêtre ainsi que le fossoyeur de Nort se rendent à la mairie pour déclarer le décès de Pierre François CHEVREUIL survenu la veille "au chef-lieu [de canton] de Nort". CHEVREUIL était secrétaire greffier de la justice de paix du canton de Nort, dépendant de l'arrondissement de Chateaubriant depuis 1801.

• 26 février 1809, Joué-sur-Erdre : Eugène est inhumé à l'âge de neuf ans au cimetière en présence de Julien Baudouin sacristain et sieur Gilles Gérôme Meniaire huissier. Jeanne Avron est seule avec ses enfants. L'ainé a 13 ans. Quand décide-t-elle de retourner en Morbihan ?

• 17 décembre 1820, Nivillac [Morbihan] : Jeanne Avron, née le 16 septembre à Saint-Dolay meurt à La Boissière, commune de Nivillac chez son beau-frère Jean Vignard où elle est selon les registres "femme de labeur" ou "cultivatrice".

• 8 janvier 1828, Nivillac : Jeanne Marie Chevreuil habite chez son oncle Jean Vignard lorsqu'elle se marie avec Pierre Coudée. Elle est cultivatrice comme son époux ; tous les témoins sont laboureurs.

Mise à jour : 27 novembre 2020

Sources
A. Lallié, Le Diocèse de Nantes..., 1893 ; Ad44/ Q 555 ; C. Mellinet, De la musique à Nantes..., 1837 ; F-Ad44/ BMS Nantes, St-Nicolas ; F-Ad44/ G 189 ; F-Ad44/ L 1046 ; F-Ad44/ L 34 ; F-Ad44/ L 43 ; F-Ad44/ L 660 ; F-Ad44/ NMD Nort-sur-Erdre ; F-Ad44/ Q 555 ; P. Grégoire, Etat du diocèse de Nantes en 1790, 1882

<<<< retour <<<<