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COLLIN DESGRAVIERS, Nicolas (1712-1789)
Autre(s) forme(s) du nom : DES GRAVIERS
COLIN
Date(s) : 1712-2-22 / 1789-11-20
Nicolas COLLIN DES GRAVIERS a fait toute sa carrière de musicien à Rennes où il a été formé à la cathédrale avant de devenir choriste (1728) puis de s’installer en ville (1735-1772). En avril 1772, il est nommé maître de musique de la cathédrale Saint-Pierre de Rennes mais son contrat n’est pas renouvelé en 1775 : le chapitre n’a pas goûté sa participation à l’écriture d’un mélodrame à caractère politique qui fut interdit après le succès de la première représentation. Il continua à vivre à Rennes très modestement de son art jusqu’à sa mort en novembre 1789 à l’âge de 77 ans.
• 22 février 1712, Rennes : Huitième enfant (sur dix connus) de Pierre COLLIN, sieur DES GRAVIERS, et de demoiselle Perrine Rouet son épouse, Nicolas COLLIN DES GRAVIERS est baptisé le jour de sa naissance, paroisse Saint-Sauveur. Aucun autre prénom n’est indiqué mais il semble avoir été ensuite désigné par le prénom double "Nicolas-Pierre", voire parfois par le prénom "Pierre" tout court (comme lorsque les musiciens de la cathédrale demandent l'autorisation de dire une messe en musique pour honorer sa mémoire en 1789). Son parrain, Nicolas Fortier, et son père savent signer tous deux. La signature de son père, relativement aisée, comporte de belles capitales bien formées ("P. Collin des Graviers"). Les recherches de Marie-Claire Mussat ont montré que ce père était lui aussi musicien : en 1709, le rôle de capitation le dit "joueur de viole et maître de chant".
• [1718], Rennes : Nicolas COLLIN DES GRAVIERS est admis comme enfant de chœur à la maîtrise de la cathédrale Saint-Pierre. Il dit dans sa supplique de 1775 [voir ci-après] avoir été "10 ans Enfant de chœur" à la cathédrale.
• 8 avril 1728 : Il est reçu choriste de la cathédrale de Rennes. Dans sa supplique de 1775, cette période est résumée sous l'elliptique formule "7 ans aux Etudes". Cela laisse supposer que de 1728 à environ 1735 le jeune homme a chanté à la cathédrale tout en poursuivant ses études sans doute au collège.
• 1er mars 1732 : Il sollicite la place de maître de cérémonie laissée libre par Yves APPEL, qui chantait la haute contre et est parti pour Angers, et l’obtient. Puis le 6 août de la même année, il est nommé porte-croix.
• 13 avril 1733, Rennes : Nicolas COLLIN DES GRAVIERS épouse Gabrielle-Jeanne Le Monnier dans l'église paroissiale Saint-Germain. Le jeune homme est mineur, et autorisé par son curateur, qui est son frère René. La mariée, inversement, est dite "majeure et maîtresse de ses droits". Leurs métiers ne sont pas indiqués.
• De nombreux enfants (au moins six) naissent de cette union entre février 1736 et mai 1744, sur diverses paroisses de la ville de Rennes (Saint-Pierre-en-Saint-Georges, puis Saint-Sauveur, puis Saint-Étienne), ce qui indique des déménagements fréquents. Les baptêmes suggèrent en pointillés une recherche d'honorabilité : avant noms honorifiques ("noble homme"), quelques rares parrainages à l'évidence supérieurs (voir ci-après au 30 juin 1739). Toutefois la plupart des parrains et marraines sont recrutés dans la famille. Celui de 1736 est Pierre GRESLAND, peut-être le semi-prébendé repéré ultérieurement à la cathédrale ?
Les rédacteurs des actes de baptême n'indiquent presque jamais les métiers exercés par les présents. Il n'en est que plus précieux de relever le 6 février 1737 les mots "maitre à chanter" pour désigner le sieur Nicolas COLLIN DES GRAVIERS père de la petite fille née la veille et aussitôt décédée. À noter qu'un an plus tard, un autre enfant, un fils, décèdera de même, à peine "baptisé à la maison porte St François".
• [1735] Nicolas COLLIN DES GRAVIERS semble quitter le service de la cathédrale. Dans sa supplique de 1775 il mentionne "20 ans de service dans la cathédrale" et précise que ces vingt années sont ainsi composées : "sçavoir 10 ans Enfant de chœur, 7 ans aux Etudes, et les trois ans de Son bail" de 1772 à 1775. De 1735 environ à avril 1772 il s'était donc consacré entièrement à d'autres fonctions sans doute musicales, notamment l'enseignement privé, en premier lieu du chant si l'on en croit la mention de "maître à chanter" relevée précédemment.
• 30 juin 1739 : Un premier fils né vivant, François-René, voit le jour. Il est tenu sur les fonts de Saint-Sauveur par "messire Anonime du Fresne, chevalier seigneur de Vivel" et par "Dlle Renée Gillette Rado du Matz". Ce fils deviendra musicien...
• • •
• 1751, Rennes : Le rôle de capitation mentionne dans une vaste maison de la rue Du Guesclin, au 3ème étage, "le sieur DES GRAVIERS maître de musique", capité à 12 livres, ce qui est élevé. Le même rôle comporte un autre sieur DES GRAVIERS, maître de danse, logé Place Sainte-Anne, qui, lui, devra payer 5 livres 10 sols.
• 17 janvier 1756, Rennes : Gabrielle-Jeanne Le Monnier décède paroisse Saint-Sauveur, à l'âge de 44 ans. Elle est inhumée le lendemain "dans le cimetière de cette église". L'acte de sépulture ne dit rien du métier de son mari.
• 19 avril 1757, Rennes : Après avoir obtenu dispense de deux bans, Nicolas COLLIN DES GRAVIERS épouse Charlotte-Nicole Fréal dans l'église St-Pierre-en-St-Georges. La liste des présents au mariage apporte d'intéressantes informations sur le milieu fréquenté, celui des conseillers au Parlement, très influent dans la ville. On remarque notamment plusieurs membres des familles Berthou de Kerverzio et Champion de Cicé, dont la jeune Julie Berthou de Kerverzio qui n'a alors que douze ans. COLLIN DES GRAVIERS enseignait-il la musique dans cette famille ? Le marié est aussi accompagné de ses sœurs Françoise-Jeanne et Perrine, ainsi que de son fils François-René, qui va alors sur ses 18 ans.
• 3 juin 1759, 25 août 1760, 20 février 1762, 22 mars 1764, Rennes : Quatre baptêmes d'enfants Collin / Fréal ont été repérés, tous à Saint-Sauveur. Chaque acte de baptême est suivi de nombreuses signatures, indice de cérémonies attractives. Pas un seul musicien n'est apparent parmi ces signataires. On retrouve le milieu des conseillers au Parlement, et en particulier la famille Berthou de Kerverzio, ainsi que "messire François Marie Élisabeth de La Bintinaye" parrain en 1759 ou le comte Charles de La Forest d'Armaillé, conseiller au parlement de Bretagne, parrain en 1764.
• 2 avril 1772, Rennes: Nicolas COLLIN DES GRAVIERS est nommé maître de musique de la cathédrale Saint-Pierre, en remplacement de Jean-Pierre JULIEN, décédé le 26 septembre précédent.
• Le 13 avril 1772, le chapitre établit un traité avec DESGRAVIERS pour la nourriture et l'entretien des enfants de chœur. Parmi ces derniers se trouvent les frères Jacques et Alexandre-Marie SAUTEREAU, fils du basson de la cathédrale. Trois ans plus tard, DESGRAVIERS écrira que "quoique son prédécesseur eût 2 000 livres d’appointement, les siens furent réduits à 1 800 livres".
• 28 septembre 1772 : Les chanoines prennent la décision de confier au sieur COLIN DES GRAVIERS maître de Musique, "un livre contenant six Messes de musique imprimées et composées par le sieur HARDOUIN, gravées par Bignon, pour servir à leur église".
• Fin 1774, un incident éclate entre le sieur DES GRAVIERS et les plain chanistes du bas chœur. Ceux-ci s’estiment lésés dans la répartition des 90 livres payées par le Parlement pour sa messe de rentrée du 12 novembre 1774 et celle du 19 décembre suivant (rentrée triomphale du Parlement à Rennes) et déposent une requête en janvier 1775. DES GRAVIERS est prié de fournir un tableau précis des musiciens et des sommes versées. Ce qui nous vaut une 'photographie' de l'état des forces musicales à la fin de l'année 1774 : au chœur de Saint-Pierre on entendait alors, outre "les enfants" et DESGRAVIERS lui-même, les sieurs BAUDREMONT, BODIN, CHABOT, GODARD, GRESLAND et SAUTEREAU, qualifiés de "musiciens du chœur", et les sieurs BAHIC, HÉLO, HUREL et VERNEUIL, qualifiés de "plainchanistes" auxquels s'ajoutent des hommes désignés seulement par leurs fonctions (sous-chantre, porte-croix, massiers, bandolier), et des musiciens externes, DAVOINE, LAVALLÉE, PROD’HOMME (/Prod’homme) et SAUTEREAU fils.
• À la même période, Nicolas DES GRAVIERS écrit la musique d’un mélodrame, Le Couronnement d’un roi, essai allégorique en un acte, et en prose, suivi d’un vaudeville Par un avocat au Parlement de Bretagne. L’auteur du texte n’est autre que Louis-Jérôme Gohier, futur ministre de la Justice de la Convention montagnarde.
• 28 janvier 1775, Rennes : Le Couronnement d’un roi, qui dénonce la concussion des ministres de Louis XV, est représenté à la salle de la Comédie dans le cadre de la tenue des États de Bretagne, peu de temps après le retour d’exil (à Vannes) du Parlement de Bretagne qui siège avec La Chalotais à partir du 15 décembre 1774 à Rennes. C'est un triomphe. Mais le duc de Penthièvre, commandant en chef de la Bretagne, interdit une seconde représentation et le chapitre n’apprécie guère l’engagement politique de son maître de musique dont le contrat venait à expiration pour la Saint-Jean 1775... Il ne fut pas renouvelé.
• 8 mai 1775, Rennes : Sébastien CHOLLET est reçu maître de musique et de psallette de la cathédrale Saint-Pierre, "pour entrer en exercice des dites fonctions à la Saint-Jean prochain", c'est-à-dire à la fin du mois de juin suivant. Quatre jours plus tard, le 12 mai, le chapitre accorde 400 livres de gratification au sieur DES GRAVIERS. Ce dernier n'apprécie pas le procédé du chapitre et le lui fait savoir dans une passionnante supplique remplie de détails concrets sur l'exercice du métier de maître de musique, sur sa carrière, ainsi que sur les rythmes immobiliers rennais ("il est maxime d’avertir un locataire le 25 de mars de se pourvoir d’un appartement").
• 1777 : Alors qu'il avait payé antérieurement jusqu'à 8 livres de capitation (en 1758, et 6 livres en 1767), DES GRAVIERS est capité à une livre seulement en 1777. Le rôle le mentionne rue Saint-Georges, occupant deux salles basse devant et derrière, avec sa seconde femme Charlotte-Nicole Fréal et trois enfants. Son renvoi de la maîtrise cathédrale a donc mis le maître dans une situation matérielle difficile. On peut supposer qu'il vit alors à nouveau de leçons de musique, pour lesquelles il lui a fallu se reconstituer une clientèle. Dans sa supplique de mai 1775, il précisait en effet que pour "remplir" sa place de maître de psallette en 1772, il avait abandonné "tous les Escoliers qu’il instruisoit alors" et que "ce seroit peut être présomption de sa part de se flatter d’en trouver actuellement".
• 30 juin 1778, Rennes : Après en avoir fait fonction depuis plusieurs mois, Gaspard LEMAY devient officiellement maître de musique de la cathédrale et maître de la psallette à la place de Sébastien CHOLLET.
• 3 juillet 1780 : Nicolas COLLIN DES GRAVIERS est présent et consentant au mariage à l'église Saint-Jean de son fils aîné, François-René COLLIN DES GRAVIERS, 41 ans, avec une jeune femme de 25 ans, dlle Louise Françoise Lepord, fille de "n.h. François Joseph Louis Lepord, ancien premier secrétaire de l'intendance de Bretagne", lui aussi présent et consentant. Le mariage est célébré par J.M. PRODHOMME prêtre semi prébendé de la cathédrale.
• 1788 : Le rôle de capitation indique que la famille DESGRAVIERS occupe désormais "deux salles" rue Derval, et doit 18 sols de capitation seulement. La même année, son fils, "le sieur DES GRAVIERS fils musicien", habite rue St-Michel et est capité à 3 livres, soit presque le double de son père.
• 20 novembre 1789, Rennes : Nicolas COLLIN DES GRAVIERS s'éteint rue Derval, paroisse Saint-Germain, à l'âge de 78 ans, il est inhumé le lendemain. Les Affiches de Rennes du 25 novembre 1789 mentionnent son décès.
• 27 novembre 1789, Rennes : Les confrères de la Société de Musique demandent permission au chapitre de faire en la cathédrale le jeudi 3 décembre un service pour le repos de l’âme de Jean-Marie-Thomas de LA VALLÉE, prêtre sous-diacre d’office de la cathédrale, et un autre le jeudi 10 décembre pour le repos de l’âme de l'ancien maître de musique "Pierre" [sic] COLLIN DES GRAVIERS "tous deux confrères de la dite Société de musique". Le chapitre donne son accord.
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• 20 juillet 1791, Rennes: Le plus jeune des fils COLLIN DESGRAVIERS, Laurent Cécile, qui a bientôt 30 ans et habite Saint-Brieuc, se marie avec Anne-Dorothée Bourgouin, de la paroisse Saint-Sauveur. Il est à remarquer que le marié signe "L.C. Collin, ci-devant desgraviers". Sa mère est présente et signe "Freal collin mère".
• 25 thermidor an X (13 août 1802), Rennes : Sa veuve, Charlotte Nicole Fréal, 80 ans, décède à l'âge de 80 ans, rue du Lycée. Le métier de son mari n'est pas rappelé dans l'acte.
L'un des fils (au moins) de Nicolas COLLIN DES GRAVIERS devint lui aussi musicien : François-René COLLIN DES GRAVIERS (1739-1809).
Mise à jour : 31 octobre 2018