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Pour citer Muséfrem
COUET, François (1751-1818)
Autre(s) forme(s) du nom : COUËT
COÜET
COUETTE
COETTE
Date(s) : 1751-4-18 / 1818-9-25
François COUET (parfois Couette ou Coette) est le type même du musicien d'Ancien Régime tout à fait oublié, alors qu'il fut estimé en son temps et reconnu par ses pairs, y compris les plus célèbres du moment. De Meaux à Dijon, en passant par Le Mans et Paris, il suit le cursus classique de l'enfant de chœur devenant maître de musique, jusqu'à ce que la Révolution interrompe sa carrière. Il semble avoir été en proie à de réelles difficultés financières à la fin de son existence.
• 18 avril 1751, Meaux : Fils d'un compagnon tisserand, François COUET naît à Meaux, paroisse Saint-Nicolas, où il est baptisé le lendemain. Il est présenté sur les fonts baptismaux par un frère et une sœur.
• [D'environ 1758 à environ 1770], Meaux : François COUET est formé comme enfant de chœur à la maîtrise de la cathédrale de sa ville natale. Plusieurs de ses condisciples sont de futurs musiciens, comme André-Louis-Casimir SINET de 1766 à 1776. Sa reconstitution de carrière effectuée début 1792 compte "12 ans enfant de chœur à Meaux". Peut-être y exerce-t-il quelque temps comme musicien à sa sortie de la maîtrise.
• Mi-août 1771, Le Mans : Il est reçu maître de musique de la cathédrale Saint-Julien, succédant à Jean-Baptiste BOURGOIN, renvoyé le 31 janvier précédent par le chapitre. Il a vingt ans.
• [date inconnue, antérieure au début de juillet 1772], Le Mans : Jugé "mauvais maître" par le chapitre, aux dires du chanoine diariste Nepveu de La Manouillère, François COUET est renvoyé. Son successeur, Jean-Charles BIZANNE, est nommé le 27 novembre 1772.
• Paris ? Il semble avoir brièvement séjourné dans la capitale. En tout cas c'est de Paris qu'il arrive lors de son recrutement à Dijon.
• 11 juillet 1772, Dijon : François COUET est reçu maître de musique de la cathédrale Saint-Étienne et touche le 18 juillet 72 livres de frais de voyage "de Paris à Dijon". Le même jour, il reçoit aussi 187 livres 10 sols pour deux mois et demi d'avance de pension alimentaire des enfants de chœur à compter du 15 juillet. Cette pension se monte annuellement à 900 livres. Parmi les enfants dont il a la charge, il faut mentionner Pierre DESVIGNES.
• De juillet 1775 à août 1782, Dijon : Ce n'est plus François COUET qui est maître de la cathédrale mais Sébastien MALLOGÉ (intérim) puis Jean-Baptiste CÉSARD, et ensuite, à partir du printemps 1779, Jean-François LESUEUR. On ignore quel est alors le statut professionnel de François COUET : est-il au service du Marquis de Bourbonne qui en février 1777 assiste à son contrat de mariage ? Dispense-t-il des leçons de musique en ville en tant que maître indépendant ? ... Ou alors il combine ces deux statuts dans des proportions fluctuantes et actuellement impossibles à reconstituer. Toujours est-il qu'il n'est manifestement pas entré alors au service d'une autre église dijonnaise puisque sa reconstitution de carrière de 1792 fait état d'une interruption de service entre le 7 juillet 1775 et le 30 août 1782.
• 29 juin 1776, Dijon : La signature "Coüet" figure au bas de l'acte de sépulture de Bernard BUZENET, musicien de la cathédrale, décédé la veille à l'âge de 59 ans et inhumé "par M.M du chapitre au chœur de la dite église". Cela confirme qu'il est bien alors toujours présent à Dijon.
• 10 février 1777, Dijon : François COUET "maître de musique à Dijon" se marie avec Jacquette Sellier, fille d'un maître pâtissier de la ville. Le mariage est célébré par Jean-Baptiste CÉSARD, successeur de Couet à la cathédrale de Dijon. Un contrat de mariage a été signé deux jours auparavant devant une assistance relevée. Le marié apporte 1 500 livres en argent et effets personnels. La mariée 6 000 livres, en rentes et effets mobiliers.
• 18 juin 1782, Dijon : COUET reçoit 9 livres pour un mois de leçons de violon données à UTINET, 1er enfant de chœur de la cathédrale, il signe "maître de musique". Il en va de même un mois plus tard, le 29 juillet 1782. À cette date, il n'est pas encore redevenu maître de la cathédrale : le poste est vacant depuis le départ de Jean-François LESUEUR pour Le Mans au début de mai 1782. L'intérim est à nouveau assuré par MALLOGÉ, et divers candidats postulent par lettre jusqu'en septembre, parmi lesquels on identifie ROUSSEAU de Tournai et HÉRISSÉ d'Orléans.
• 30 août 1782 : C'est à cette date que François COUET retrouve le poste de maître à la cathédrale Saint-Étienne.
• 9 octobre 1782 : COUET reçoit à nouveau 9 livres "pour un 3ème mois de leçons de violon données à UTINET".
• 12 novembre 1782 : Le chanoine commis au suivi financier du chœur rembourse "à M. COUET" 9 livres que ce dernier avait donné à un musicien resté anonyme dans la source comptable "pour avoir joué du violoncel à la fête de la Toussaint et à l'office solennel de la commemoraison des morts".
• 22 novembre 1784, Dijon : À l'occasion de la fête de Sainte-Cécile, plusieurs musiciens amateurs de la ville participent à l'exécution d'une symphonie. Cette dernière est peut-être de la composition de Couet, "maître de musique du chapitre" : celui-ci reçoit en effet 48 livres pour gratification de son travail, ainsi que pour le repas qu'il a donné aux musiciens extérieurs.
• 20 décembre 1785 : Les Affiches de Dijon annoncent que lundi prochain, 26 décembre, à l'occasion de la Fête de Saint Étienne, sera exécutée à la cathédrale "une Messe à grand orchestre, de la composition de M. COUET, Maître de Musique de cette Église".
• 22 avril 1786 : Le chapitre verse 12 livres "à M. le maître pour trois séances de violoncelle et une séance de basse taille aux ténèbres". Est-ce lui-même qui a chanté et joué du violoncelle ou la somme est-elle destinée à des musiciens par lui recrutés ?
• 13 novembre 1787, Dijon : Le sieur COUET, maître de musique de la cathédrale St-Étienne, reçoit trois pièces de vin de cens et verse 9 livres au nom du chapitre, dont sa femme oublie de demander quittance.
• Samedi 29 novembre 1788, Dijon: COUET, Maître de Musique de la Cathédrale, fait exécuter différents morceaux de sa composition en l'église St-Jean-Baptiste, par un orchestre composé de plus de trente musiciens, amateurs, musiciens d'église et musiciens de la Comédie, pour la célébration en grandes pompes du mariage d'une jeune "rosière" vertueuse avec un laboureur, fête orchestrée par les élites locales, dans le contexte du retour des Parlementaires.
On relève la présence, notamment, de Nicolas BORNE, BRICARD, André CAILLOT, Pierre JARLOT, Jacques LEFRANC, Sébastien MALLOGÉ, Dominique MANDRAY, REGNAUD, Louis-François SAGOT, tous repérés en poste au même moment dans des églises dijonnaises, ainsi que AUDROUX, PAPIAS et PASQUIER qui restent à éclairer.
• Jusqu'en 1790, Dijon : François COUET est maître de musique de la cathédrale Saint-Étienne pour 1 200 livres de gages. Il déclare "25 ans au service des autels" à Meaux, Le Mans et Dijon. Sous sa direction, on entend au chœur de Saint-Étienne quatre basse-contre (André BAILLY, Jean-Baptiste BRICARD, UTINET, Henri VERPAULT), une basse-taille (Joseph BORGET), une haute-taille (Sébastien MALLOGÉ), une haute-contre (MANDRAY) deux serpents (Jacques LEFRANC et Claude MAGNY), un basson (Louis-François SAGOT), un joueur de basse ou de violoncelle (Nicolas-Joseph ARNAULD) et bien sûr l'organiste, François LECLERC.
• 4 avril 1790, Dijon : Un mémoire du cordonnier qui fournit les souliers des enfants de chœur de la cathédrale permet de connaître nominalement ceux-ci. Il énumère successivement : LATOUR, FOLQUE, LOUIS, PRUDENT [= PRUDON], TARPIN [= TARPIER] et ANDROT.
• 1790, Dijon : COUET, maître de musique, est taillé à 3 livres "cour St-Étienne", paroisse Saint-Médard. Il habite donc à proximité immédiate de la cathédrale. Il est classé parmi les "ci-devant privilégiés".
• 11 mai [1790 ou 1791] : Le comité ecclésiastique reçoit une adresse du bas-chœur de la cathédrale de Dijon, dont l'auteur est peut-être François Couet.
• 11 juillet 1790 : La fabrique de la paroisse Saint-Médard verse 15 livres à M. COUET maître de musique, et 6 livres à M. LECLERC organiste, pour leur participation à la fête patronale de Saint-Médard.
• Octobre 1790, Dijon : François COUET adresse des "observations" lucides au Comité ecclésiastique sur l'utilité de poursuivre l'activité des maîtrises. Il y rappelle que "les psalletes sont les seules écoles de musique en France ; que dans ces écoles ont été formés nos meilleurs artistes". Il présente une démonstration d'une logique imparable : "Les enfans de choeur étant de nécessité absolue pour le culte, il faut un maître pour les tenir et les enseigner. Ce maître il faut le rétribuer, or, en laissant aux enfans de choeur leur maitre de musique, il en résulte un triple avantage : l'administration y gagnera une pension, l'art conservera ses écoles, et les citoyens trouveront dans leurs villes des maîtres pour leurs enfants".
• 8 mai 1791, Dijon : La proposition de Volfius, Évêque de la Côte-d'Or, pour la future chapelle de musique de la cathédrale mentionne M. COUET comme "futur" maître de musique. Le plan de réorganisation de sa musique présenté par l'évêque, sans aucun doute inspiré par François COUET qui connaît parfaitement les forces musicales disponibles, prévoit quatre basse contre, deux venant de la ci-devant Sainte-Chapelle (BERTHOT et FAIVRE), deux étant déjà précédemment à la cathédrale (BRICARD et VERPAULT), une basse taille, BORGET, de la cathédrale, une taille, JARLOT, de la Sainte-Chapelle, et la haute contre de la Sainte-Chapelle, Nicolas BORNE. À ces voix s’ajoutent trois instrumentistes, DELAURIÈRE et MILLOT de la Ste-Chapelle, le violoncelliste MICHAUD, et bien sûr l’organiste de la cathédrale, François LECLERC.
• [date inconnue] : François COUET quitte Dijon pour s'installer à Chalon-sur-Saône. En février-mars 1803 (recensement de ventôse an XI), la famille COUET n’est pas recensée à Dijon : elle est donc vraisemblablement déjà partie pour Chalon.
• Le 11 juillet 1818, à Paris, Jean-François LESUEUR et Luigi CHERUBINI, Surintendants de la Musique de la chapelle du Roi, intercèdent en sa faveur, car ils le savent dans une profonde misère, au point, écrivent-ils, de manquer même de pain. À l'appui de leur demande de secours, ils chantent "un homme de mérite, compositeur connu et distingué", ils rappellent que ses œuvres "sont à la bibliothèque de l’École Royale de musique" et assurent qu'il "a rempli la France de ses élèves qu’il a formés". Il sollicitent un secours ou une pension pour ce "compositeur distingué". Si leur requête fut entendue, ce que nous ignorons, elle arrivait manifestement trop tard.
• 25 septembre 1818, Chalon-sur-Saône : François COUET professeur de musique, et veuf de Jacquette Sellier, décède en son domicile situé rue des Cornillons. Le décès est déclaré le lendemain par deux voisins, l'un orfèvre, l'autre menuisier.
Mise à jour : 20 décembre 2018