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COURTIN, Bernard (1771-1848)
État civil
NOM : COURTIN     Prénom(s) : Bernard     Sexe : M
Date(s) : 1771-12-18  / 1848-4-2 
Notes biographiques

Bernard COURTIN est issu d'une importante lignée d'organistes qui prend souche en Bretagne au XVIIe siècle et dont une branche est active en Gascogne aux siècles suivants. C'est à Bordeaux qu'il commence sa carrière aux côtés de plusieurs membres de sa famille. Après la Révolution et l'Empire, sa carrière prend un autre tournant puisqu'il entame avec ses enfants une tournée de concerts qui le conduit à parcourir la France et à voyager à l'étranger. Il redevient toutefois organiste à la fin de sa vie en s'installant dans le Bas-Poitou sous la Monarchie de Juillet.

• 18 décembre 1771, Bordeaux : Bernard COURTIN naît du mariage de Pierre Joseph COURTIN avec Élisabeth Denis. Son père touche à cette époque les orgues des églises Saint-Michel et Sainte-Croix et s'occupe dans les années qui suivent très certainement de sa formation. Son grand-père paternel est Jean COURTIN, ancien organiste à l'abbaye de Saint-Sever [Landes] tandis que son aïeul maternel est le musicien Jean DENIS.

• 29 juin 1775, Bordeaux : Bernard COURTIN devient le parrain de son frère Benoît COURTIN. En raison de son jeune âge il ne signe pas l'acte de baptême.

1790, Bordeaux : Selon Francis Randier, Bernard COURTIN seconde son père dans ses fonctions d'organiste à Sainte-Croix et Saint-Michel lorsque qu'éclate la Révolution.

• 11 décembre 1792, Bordeaux : Bernard COURTIN épouse Élisabeth Belloc, une fille de meunier. L'acte de mariage le présente comme organiste mais ne précise pas où il exerce.

• 29 mai 1793, Bordeaux : Il devient père d'un premier fils. L'acte de naissance mentionne qu'il est organiste à Sainte-Croix et qu'il réside à ce moment-là dans la famille de son épouse au Moulin de Sainte-Croix. Ce petit garçon décède trois ans plus tard.

• 3 prairial an III (22 mai 1795), Bordeaux : Bernard COURTIN participe avec le facteur Joseph LAVERGNE à l'expertise de l'orgue de l'église Sainte-Croix.

• 11 pluviôse an VII (30 janvier 1799) , Bordeaux : Élisabeth Belloc donne naissance à une fille. Ils vivent désormais chez Pierre Joseph COURTIN au n° 5 de la rue des bouviers. Cette enfant meurt en bas-âge, à quatorze mois.

• 27 fructidor an VIII (14 septembre 1800), Bordeaux : L'administration municipale du second arrondissement de Bordeaux accorde à Bernard COURTIN un passeport pour aller à La Réole [Gironde] "pour affaires". S'y est-il rendu afin d'examiner l'orgue de l'ancien prieuré Saint-Pierre avant son transfert à la cathédrale Saint-André de Bordeaux ? Ce laisser-passer est aujourd'hui conservé dans les fonds communaux de la mairie de Saint-Sever [Landes], ce qui laisse supposer que Bernard COURTIN ait prolongé son voyage plus au sud pour rejoindre cette localité dont son père était originaire et où il devait encore posséder des attaches. La description physique de l'organiste est la suivante : "taille d'un mètre, 773 millimètre, cheveux noirs, sourcils idem, yeux chatains, nez gros, bouche moyenne, menton, rond, front grand, visage ovale".

• 19 nivôse an IX (9 janvier 1801), Bordeaux : Le couple Courtin qui habite alors dans la rue Traversane au n°13 accueille un troisième enfant qui reçoit le prénom de Gervais mais qui sera surnommé en famille Théodore. L'acte de naissance de ce dernier qualifie simplement Bernard COURTIN de musicien.

• 16 brumaire an XI (7 novembre 1802), Bordeaux : Une petite fille voit le jour. Elle se nomme Catherine mais ses parents la surnommeront Clara.

• Vers septembre 1803, Bordeaux : Bernard COURTIN remplace François OUELLY à la tribune de l'église Saint-Michel. Il perçoit 62 livres 10 sols par trimestre.

• 4 avril 1804, Bordeaux : Le registre des délibérations de la fabrique Saint-Michel indiquent que 100 livres lui sont versées.

• 8 janvier 1805, Bordeaux :  Il reçoit cette fois-ci 125 livres.

• Vers 1806, Bordeaux : Bernard COURTIN est remplacé à l'orgue de Saint-Michel par son frère Benoît, car il s'était permis de trouver un autre musicien pour jouer de l'orgue, sans solliciter l'accord du curé de l'église Saint-Michel.
• Vers octobre 1806, Saint-Sever [Landes] : Il retrouve rapidement un nouveau poste dans la commune où a grandi son père et où exerça aussi son grand-père Jean COURTIN dans le deuxième quart du XVIIIe siècle. Le recensement de la population de cette commune en date du 1er janvier 1807 mentionne en effet qu'il y est organiste depuis trois mois et qu'il y vit avec sa femme et ses deux enfants Théodore et Catherine Clara.
• 21 décembre 1806, Mont-de-Marsan : Le Journal des Landes annonce dans ses pages que M. COURTIN, "organiste et pianiste, établi à Saint-Sever" donnera dans les jours qui suivent un concert vocal et instrumental dans la salle de l'hôtel de la ville du chef-lieu du département. "Le concert s'ouvrira par une nouvelle symphonie du célèbre Hayden. M. COURTIN exécutera ensuite sur le piano un concerto, un pot-pourri et plusieurs airs variés de sa composition. Le tout sera entremêlé de morceaux de chant, quatuors et symphonies concertantes, exécutés par des amateurs".
26 décembre 1806, Saint-Sever : Le même journal fait la promotion d'un pensionnat pour jeunes filles au sein duquel l'enseignement de la musique est assuré par Bernard COURTIN. Les leçons sont facturées 10 francs par mois.

• Février 1807, Saint-Sever : À l'occasion du carnaval, Bernard COURTIN "qui est devenu notre organiste" donne un concert instrumental et vocal auquel assiste le célèbre naturaliste saint-séverin Léon Dufour. Celui-ci l'évoque avec ironie dans une lettre adressée à son ami Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent, lui écrivant "ce concert était fait pour déconcerter les oreilles les moins susceptibles. Jamais carnaval ne s'est présenté aussi tristement". Cette petite phrase est à prendre avec précaution. Elle reflète le ton souvent acerbe de la correspondance de Léon Dufour et traduit peut-être avec un peu trop de condescendance son jugement sur les efforts de Bernard COURTIN pour animer la vie musicale de Saint-Sever. Il est probable que ce modeste concert ait été monté avec des amateurs locaux, qui ne peuvent être comparés aux professionnels que le naturaliste a pu avoir le loisir d'écouter lors de son séjour de sept ans dans la capitale.
• 16 juin 1807, Saint-Sever : Le Journal des Landes fait savoir qu'à l'occasion de la fête locale de Saint Sever, Messieurs COURTIN aîné, organiste et pianiste, et LACOSTE, professeur de musique et de clarinette, donneront un concert le 21 juin, ainsi qu'un grand bal le lendemain. L'annonce nous apprend qu'il vit dans l'ancienne maison de Jean GRAVIER.

• 27 mai 1808 : Bernard COURTIN remet son passeport, évoqué plus haut, à la mairie de Saint-Sever contre un nouveau document. Son séjour dans les Landes n'aura duré que 21 mois car il semble déménager mais on ignore où.

• Les années qui suivent sont mal connues et décousues car Bernard COURTIN semble cesser ses fonctions d'organiste pour commencer à se produire avec ses deux enfants un peu partout en France. La famille se déplace très régulièrement et plusieurs gazettes de l'époque évoquent leur passage dans des villes de province où ils sont accueillis avec plus ou moins de succès.

• 7 septembre 1812, Bordeaux : Un certain M. COURTIN, professeur de piano, participe à un concert avec ses enfants lors d'une séance du Muséum d'Instruction publique. 

• 1813 - 1814, Quimper [Finistère] : L'orgue de la cathédrale est tenu par un COURTIN aîné pour un salaire de 600 livres. S'agit-il de Bernard COURTIN ou bien est-ce un de ses lointains cousins bretons qui en le titulaire ?

• 27 mai 1815, Guernesey [Royaume-Uni] : Le Miroir politique, un hebdomadaire de cette île anglo-normande, annonce dans ses colonnes que dans les jours qui suivent M. COURTIN et ses enfants donneront un concert vocal et instrumental dans la salle de Rooms avant leur départ pour Lisbonne.

• La famille COURTIN émigre-t-elle à cette époque au Brésil où la cour portugaise s'est exilée ?

• 17 novembre 1821, Lyon : Un article du Précurseur relate un concert donné par la famille COURTIN, "attachée à la musique de S.M. le Roi du Portugal" dans la capitale des Gaules alors qu'elle se rend à Paris. La jeune Clara COURTIN se fait remarquée : "une voix brillante et pure, de la justesse, une excellente méthode, de la grâce et de la facilité."

• 1822, Moulins [Allier] : La famille COURTIN, "attachée à la musique de sa Majesté le Roi du Portugal » occupe la salle Flore pour un concert.

• avril 1824, Caen : M. COURTIN, "artiste de talent" donne un concert dans cette ville.
• septembre 1824, Angers : M. COURTIN, pianiste, et sa fille Clara, chanteuse, se produisent dans la cité angevine.

• automne 1825, Moissac [Tarn-et-Garonne] : Le Journal politique et littéraire de Haute-Garonne publie un article très éloquent suite au concert donné par M. COURTIN et sa fille Clara qui "a déployé [...] toutes les ressources de ses talens ; le charme et la justesse de la voix, unis à la force et la rapidité."

• 6 août 1826, Marseille : On les retrouve l'année suivante dans la cité phocéenne pour un nouveau concert. L'accueil qui leur est réservé est cette fois-ci plus critique: "cette soirée avait été annoncée par une affiche mal imprimée et toute laudative. Cette manière de vouloir attirer et de bien disposer du public peut convenir dans une petite ville, mais ne peut être du goût des habitants d'une grande cité, elle rend le goût des auditeurs bien sévère."

1841 : Luçon [Vendée] : Devenus adultes, Clara et Théodore COURTIN ont quitté le cocon familial et ont continué l'un et l'autre à voyager pour mener leur carrière d'artiste. La première s'est rendue  en Italie puis à Paris où elle a connu, comme cantatrice, de brillants succès ; tandis que son frère a migré lui en Amérique latine et est devenu professeur de musique. Leurs parents, aspirant eux peut-être désormais à une existence plus clame, se sont installés dans cette petite ville du Bas-Poitou où Bernard COURTIN est d'après le recensement de cette année-là organiste à la cathédrale Notre-Dame.

• 2 avril 1848, Bressuire [Deux-Sèvres] : Bernard COURTIN, organiste, s'éteint. Son décès est déclaré par deux amis, un garde champêtre et un tisserand. Il était toujours marié à Élisabeth Belloc.

Mise à jour : 19 mars 2023

Sources
F-Ad40/ Journal des Landes ; F-Ad79/ NMD Bressuire ; F-Ad85/ 6 M 204 ; F-Am Bordeaux / NMD Bordeaux section sud ; F-Am Bordeaux/ BMS Ste-Croix ; F-Am Bordeaux/ NMD Bordeaux Section Sud ; F-Am St-Sever/ II i 32 ; F. Randier, "Les orgues et les organistes de l'église Saint-Michel…",1926. ; F. Randier, "Orgues et organistes de l'église Notre-Dame de Bordeaux...", 1932. ; M.Balans, Musiciens entre ciel et terre..., 2010. ; P. Duris et E. Diaz, La fabrique de l'entomologie, Léon Dufour..., 2017.  ; Ph. Bzekorowajny, Les facteurs d'orgue bordelais au XIXe siècle, 2003. ; Relevés Dominique Bop, mars 2017.

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