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D'ERREQUE, Bernard, dit MARDO (ca 1670-1769 ap.)

D'ERREQUE, Bernard, dit MARDO (ca 1670-1769 ap.)

État civil
NOM : D'ERREQUE     Prénom(s) : Bernard     Sexe : M
Complément de nom : dit MARDO
Autre(s) forme(s) du nom : D'ERRECQUE
DERREQUE
DERRECQUE
Beñat
Date(s) : 1670 ca  / 1769-1-3 ap.
Notes biographiques

Bernard D'ERREQUE, plus connu sous son prénom basque Beñat et son surnom MARDO, est considéré comme le plus ancien bertsulari dont certains bertsos ont été transcrits et nous sont parvenus. La bertsularisme est une tradition ancestrale qui occupe une place majeure dans la culture orale basque. Les bertsularis étaient en effet des poètes capables d'improviser, dans le cadre de joutes oratoires données en public, des chants en vers (bertsos), tout en respectant rythme et mélodie. La frontière entre la poésie et la musique étant mince, on comprend aisément pourquoi Bernard D'ERREQUE touchait également l'orgue de l'église de Barcus, petite ville de Soule, située à vingt kilomètres à l'ouest d'Oloron-Sainte-Marie. Si les registres paroissiaux de cette localité ont disparu, sa biographie a pu en partie être reconstruite grâce aux recherches menées par Joël Larroque. Pour approfondir la présente notice, on pourra se reporter à l'article qu'il lui a consacré en 2012, qui sans réussir à dissiper totalement le voile de légendes et de mystères qui entoure la vie du chansonnier basque, fait désormais référence. 

• [Vers 1670], Esquiule [Pyrénées-Atlantiques] : Bernard D'ERREQUE naît dans ce village limitrophe de Barcus.

• 25 novembre 1702, Barcus : Bernard D'ERREQUE assiste comme témoin son frère cadet Pierre originaire d'Esquiule, cabaretier en la maison Tristant de Barcus, qui contracte ce jour-là en secondes noces mariage avec Marie de Salharanque, en l'étude du notaire Carricondo. Il est dit maître propriétaire et promet à son frère 150 livres d'argent qu'il avait déjà versées lors du premier mariage de celui-ci mais qui lui avaient été restituées lorsque son cadet était devenu veuf.

• À partir de 1725, Barcus : Bernard D'ERREQUE commence à figurer comme témoin de nombreux contrats dressés par le notaire Carricondo. Il est à chaque fois dit "orgueniste". Dans les années qui suivent son nom revient également très souvent cette fois-ci comme créancier envers lequel certains débiteurs reconnaissent être engagés. La plupart du temps, il continue à être présenté comme organiste, mais certains contrats d'obligation soulignent sa fonction de marguillier ainsi que son métier de marchand mais aussi de laboureur. On relève enfin dans son poème Beñat Mardoren khantoria (La chanson de Bernard Mardo), qu'il se présente comme tailleur.

• 5 janvier 1728, Barcus : Joseph de Revol, évêque d'Oloron, autorise Bernard D'ERREQUE à "enseigner les enfans du bourg de Barcus a condition de leur apprendre exactem[en]t les principes et maximes de la religion chrétienne, les conduire à leglise, avoir soin qu'ils fréquentent les sacrements, vivent d'une manière chrétienne". Cette autorisation laisse donc supposer qu'il exerçait comme régent ou maître d'école, fonction que cumulaient souvent aussi de nombreux organistes ou chantres de paroisse.

• 5 février 1752, Barcus : Toujours en l'étude du notaire Jean-Pierre Carrincondo, Bernard D'ERREQUE et son épouse Simone Dut[h]urry de Tardets, signent le contrat de mariage de Jean D'ERREQUE également organiste avec Marie de Princy.

• 4 août 1752, Garindein [Pyrénées-Atlantiques] : Le curé de ce village éloigné de Barcus d'une vingtaine 20 kilomètres vers l'ouest, enregistre le baptême d'une enfant prénommée Marguerite qui est la fille naturelle de Jean de Barreix d'Assurucq et d'une certaine Marie, qui elle-même est dite fille (semble-t-il illégitime) de Bernard MARDO de Barcus,

• 1757, Barcus : À l'occasion d'un riche mariage, Beñat MARDO compose un chant intitulé, Arbotiko prima eijerra (La Belle récompense d'Arbotia). Le poème commence ainsi : "Monsieur Barua épouse la belle jeune fille de Mus de la Plaza, bel oiseau qu'il a découvert au couvent de Pau. Tous les fils de famille de Soule aimeraient en faire autant...".

• 30 octobre 1765, Barcus : Lorsque sa sœur Marie le couche sur son testament, Bernard D'ERREQUE se trouve alors en Espagne avec son frère prénommé Joseph. On ignore où précisément et les raisons qui l'ont conduit à quitter Barcus.

• 27 avril 1767, Barcus: Alors que Marie D'Errecque rédige un nouveau testament, Bernard D'ERREQUE est toujours "présentement au royaume d' Espagne".

• 31 mai 1768, Alçabéhéty [aujourd'hui Alcay-Alçabéhéty-Sunharette dans les Pyrénées-Atlantiques]: Marie fille naturelle de Bernard D'ERREQUE dit MARDO, du lieu de Barcus et de Trein La bohémienne est inhumée au cimetière de cette paroisse. La défunte est très probablement la femme qui avait mis au monde en 1752 à Garindein la petite fille prénommée Marguerite.

• 3 janvier 1769, Barcus : Pour célébrer l'union de Margarita Bereterretxe avec le médecin Théophile de Berdeco, Beñat MARDO compose un chant qu'il titre Berdekoren ezteietakoa. Cette composition constitue le dernier témoignage que nous connaissons de lui, après quoi on perd sa trace sans qu'on sache ni quand ni où il meurt.

***

Si l'on considère avec Joël Larroque que Bernard D'ERREQUE est né autour de 1670, il approcherait de ses 100 ans au moment de ce dernier mariage, ce qui reste rarissime compte tenu de l'espérance de vie de l'époque.

Chalo Augustin dans son livre Biarritz entre les Pyrénées et l'Océan : itinéraire pittoresque en dressait en 1855 le portrait suivant accompagné d'une amusante anecdote :

"Mardo ne souffrait point de rivaux, ou il cherchait à les écraser du poids de sa gloire souletine, en improvisant à côté d'eux pour les vaincre : il était, en effet, singulièrement difficile de lui tenir tête et de faire la riposte à ses vers comiques, acérés. Arrivé l'âgé de cinquante ans, l'âge où l'esprit de l'homme déjà mûr acquiert sa plus grande force, Mardo gagnait des lauriers et perdait ses cheveux ; il ne pouvait plus mettre sa couronne de fleurs que sur un front chauve. Un barde qu'il provoquait au combat poétique, lui répondit malignement, par un trait de satire :

Beñat esker dereiat
Hirour perruca badiat
Sagardoï larruz eguinic, eta
Hire beguiratzen tiat

"Bernard, je te rend mille grâces du défi que tu me portes. J'ai en mon pouvoir trois perruques, elles sont faites en peau de hérisson, et c'est pour toi que je les garde".

L'auditoire éclata de rire, le poète chauve devient rouge jusqu'au blanc des yeux ; le coup avait porté. Mardo le Barcusien, car il était de Barcus, fut vaincu ce jour-là pour la première fois de sa vie."

Mise à jour : 30 juillet 2021

Sources
Archives privées d'Isabelle Querleux conservées dans sa famille ; Chalo A., Biarritz..., 1855 ; F-Ad64/ 3 E 1926 (puis 3 E 1927, 3 E 1930) ; F-Ad64/ 3 E 1956 ; F-Ad64/ 3 E 1958 ; F-Ad64/ BMS Alçay-Alçabéhéty-Sunharette ; Larroque J., Que savons-nous de Beñat Mardo ?, 2012

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