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DANGEVILLE, Jean (1714-1779)
État civil
NOM : DANGEVILLE     Prénom(s) : Jean     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : d'ANGEVILLE
DANGERVILLE
Date(s) : 1714 entre crochets  / 1779-10-24 
Notes biographiques

Jean DANGEVILLE est « bourgeois de Paris facteur d’orgues et de clavecins ». Son père, Antoine Dangeville, était maître menuisier et l’a confié en apprentissage au facteur d’orgues Nicolas COLLARD. Nul doute que le jeune Jean a su parfaire ses talents chez ce maître renommé. Lorsqu’il est appelé à Angers en 1738 par le chapitre Saint-Pierre, il a 24 ans. Le travail qu’il fournit donne satisfaction et contribue à asseoir sa réputation en Anjou ainsi que dans le Maine. Le chapitre de la cathédrale Saint-Maurice d'Angers lui confie la réfection des orgues en 1742 puis une remise à niveau en 1774 qui aboutit à une innovation technique importante dont le Mercure de France se fait l’écho. Jean DANGEVILLE tient également boutique fabriquant orgues de salons et clavecins. Son nom est associé aux meilleurs organistes de la place. Son fils Henry-Jean sera organiste à Angers puis à Rennes.

• [1714], Paris : Jean DANGEVILLE, issu d'une famille de bourgeois de Paris, est originaire de la paroisse de Saint-Nicolas-des-Champs dont les registres ont disparu. Son contrat d'apprentissage permet de situer approximativement l'année de sa naissance. Son père Antoine Dangeville est maître menuisier.

• 12 février 1733, Paris : Dangeville père place son fils pour six ans chez le maître facteur d'orgues Nicolas COLLARD, rue Mouffetard. Il a choisi un confrère qui jouit d'une réputation solide. En effet, COLLARD/COLLAS est appelé aux tribunes des différentes villes du royaume plus particulièrement dans le Maine. Au moment de la signature de son contrat d'apprentissage, Jean DANGEVILLE a 18 ans et demi soit une formation tardive qui appelle plusieurs commentaires et hypothèses. Sylvie Granger a déjà eu l'occasion de pointer dès 1997 les liens "entre artisanat du bois et facture instrumentale" en s'appuyant sur les exemples de familles menuisier-facteur d'orgue du Maine telles que les DANGEVILLE ou les PARIZOT. Ces remarques mises en perspective avec le cas DANGEVILLE conduisent à soulever une hypothèse complémentaire. Commencer chez COLLARD à 18 ans passés indique implicitement une formation antérieure. L'attention est alors attirée par l'avis de vente d'un orgue de salon en 1788 dont le buffet est fait de bois précieux et marqueterie. L'une et l'autre observations laissent envisager un apprentissage de menuisier (voire d'ébeniste) préalablement à celui de facteur d'orgues. Un autre point reste à éclairer qui concerne la connaissance de la musique d'orgue que DANGEVILLE pratique au travers de son métier.

• 17 décembre 1738, Angers : Le chapitre de la Collégiale Saint-Pierre d'Angers, mécontent de la restauration faite sur son orgue, fait appel à un facteur de renom. Jean DANGEVILLE  traite avec eux moyennant un devis de 1 100 lt. Son intervention a dû donner satisfaction aux chanoines car ils lui confient l'entretien annuel de l'instrument jusqu'en 1750.

• 9 février 1739, Angers : "Hh" [honnête ou honorable homme] Jean DANGEVILLE épouse demoiselle Renée Dabon, fille de feu Messire Palamele Dabon, écuyer, de la paroisse de Saint-Maurille d'Angers. Un chanoine du chapitre Saint-Pierre préside au mariage du facteur d'orgues et bourgeois de Paris. Il s'agit d'une assemblée de notables, sans musicien.
Henry [ou Henri] Jean, premier né de la famille est baptisé en l'église paroissiale de La Trinité le 1er novembre 1742. Le baptême est célébré par un chanoine de Saint-Pierre, un Tessé, de la même famille que celle du parrain dit ancien capitaine de vaisseau. Curieusement l'acte omet la mention de la marraine.
• Le 23 octobre 1745, toujours à la Trinité, deux enfants Gabriel et Renée Perrine sont portés sur les fonts baptismaux dont seule la petite fille survit.
• Enfin, le 23 janvier 1748, Antoine qui reprend le prénom de son grand-père paternel, est baptisé. Il décèdera en bas âge en mai 1749.

Sur le plan professionnel, fort du premier marché passé avec la Collégiale Saint-Pierre, Jean DANGEVILLE, facteur d'orgues et de clavecins de talent, relève, agrandit, répare les orgues de l'Anjou et du Maine. Cette activité qui fait l'objet de contrats officiels est complétée par celle de marchand d'orgues et clavecins destinés à des salons.

• 30 juillet 1742, Angers : Le chapitre de la cathédrale Saint-Maurice passe un marché de 7 500 lt avec DANGEVILLE concernant la réfection de l'orgue, instrument et boiseries.

• Août 1749, Baugé [M&L] : D'après Nicole Morelle, après des plaintes réitérées concernant le mauvais état de son orgue, Charles MARIGNÉ, l'organiste de Baugé, obtient de la fabrique qu'elle dépense 1 000 lt pour le faire réparer par Jean D'ANGEVILLE.

• 1759, Angers : Les archives capitulaires de la Collégiale Saint-Laud mentionnent une intervention de DANGEVILLE sur les orgues.

• 15 décembre 1765, Beaufort [M&L] : Jean DANGEVILLE se déplace à Beaufort, église paroissiale Notre-Dame, moyennant 80 livres 10 sols pour le voyage. Il ne procèdera qu'à de menues réparations (100 lt).

• 1772, La Flèche [Sarthe] : DANGEVILLE obtient le marché de la réfection de l'orgue de la Chapelle Saint-Louis du Collège. Il s'agit d'un important marché de 12 000 lt.
• 1er Janvier 1773, Baugé [M&L] : Le facteur effectue une nouvelle intervention sur les orgues de Baugé.

• Mars 1774 : Le Mercure de France publie un long avis ou information à Messieurs les facteurs d'orgue concernant une intervention de DANGEVILLE sur l'orgue de la cathédrale d'Angers. Cette intervention destinée à corriger un défaut permet au célèbre facteur une innovation technique. Les détails communiqués sont tels qu'il est permis de penser que le rédacteur n'est autre que le facteur d'orgues lui-même. Sont également cités les référents de DANGEVILLE, à savoir le chanoine chantre de la cathédrale Gervais, mais aussi "le sieur BACHELIER ancien Maître de musique de cette église et aujourd'hui chanoine de la Collégiale Saint-Pierre", le Sieur BAINVILLE alors organiste de la cathédrale. DANGEVILLE allie à son talent et à ses compétences de  facteur d'orgues une certaine habileté aux affaires. Les Affiches d'Angers se font également l'écho de son commerce en ville.

• 13 novembre et 1er décembre 1775, Le Mans : Le chapitre de la collégiale Saint-Pierre-la-Cour du Mans consulte "Monsieur DANGEVILLE facteur d'orgues de Paris demeurant à Angers" et "Monsieur PARIZOT", facteur d'orgues installé au Mans. Le marché est finalement confié à PARIZOT.

• Juin 1777, Angers : Les Affiches d'Angers publient un Avis concernant le commerce du facteur d'orgues DANGEVILLE. Le sieur DANGEVILLE, qui se dit "facteur d’orgues et de clavecins", et précise toujours "de Paris", demeure à Angers, rue St-Nicolas, près le Bon Pasteur. Il fait savoir qu’il a un orgue chez lui, "de toute beauté", à vendre.
• 1777, Angers : Le chapitre de la collégiale Saint-Pierre confie la réfection de l'orgue à DANGEVILLE moyennant 3 400 lt.

• 1779, Nantes : Selon Camille Mellinet (De la musique à Nantes…, 1837), Jean DANGEVILLE aurait également procédé à des réparations sur l'orgue de la collégiale Notre-Dame de Nantes. C'est son dernier chantier, terminé après son décès par TEXIER/TESSIER, aussi facteur à Angers selon Mellinet – mais qui pourrait éventuellement être le facteur Pierre TESSIER, basé à Rennes.

• 25 octobre 1779, Angers : Décédé la veille à 65 ans, Jean DANGEVILLE, époux de demoiselle Renée Dabon,  est inhumé au cimetière de La Trinité.
DANGEVILLE  a passé la majeure partie de sa vie à Angers où il s'est toujours présenté comme bourgeois de Paris. Sa renommée et la qualité de son travail restent dans les mémoires car quelques années plus tard les Affiches d'Angers proposent toujours à l'achat des orgues du célèbre facteur.

• 17 janvier 1783, Angers : Les Affiches d'Angers  proposent aux lecteurs "un magnifique cabinet d’Orgues, chef d’œuvre de feu M. D'ANGEVILLE, célèbre facteur d’orgues". La remarque "il convient sur-tout à un sallon de musique " ne semble pas cohérente avec la description de l'instrument qui certes peut s'avérer insuffisant pour une église imposante. Le contact correspondant à l'annonce est une référence angevine puisqu'il s'agit de M. l'abbé Boyer, rue St-Laud à Angers.

• 14 août 1788, Craon [Mayenne] : Le notaire de Craon met en vente un buffet d'orgue de salon cette fois : "composé d’un cromorne, bourdon, flûte, nazard, trompette, cornet et d’un tremblant fort ; un cabinet en bois d’ébène curieux et intéressant, tous les dedans en marquetterie et tous les tiroirs en bois de Ste Lucie, avec des glaces en répétition en bois précieux". L'orgue côtoie dans l'annonce une collection de bulbes de jacinthes.

Mise à jour : 6 avril 2020

Sources
D. Boisson, Le journal de Dupont de la Motte... (1771-1776) ; F-Ad49/ Affiches d'Angers ; F-Ad49/ BMS La Trinité ; F-Ad49/ BMS St-Maurille ; F-Ad49/ G 1170 ; F-Ad49/ G 942 ; J. Denais, Notre-Dame de Beaufort..., 1874 ; Le Mercure de France, mars 1774 ; Revue de l'Anjou, 1873 ; S. Granger, Les métiers de la musique..., thèse, 1997

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