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DOUBLET, Pétronille, épouse DELAHAYE (1727-1794)

DOUBLET, Pétronille, épouse DELAHAYE (1727-1794)

État civil
NOM : DOUBLET     Prénom(s) : Pétronille     Sexe : F
Complément de nom : épouse DELAHAYE
Autre(s) forme(s) du nom : DE LA HAYE
DE LA HAGE
Date(s) : 1727-4-5   / 1794-3-23 
Notes biographiques

Si sa vie personnelle a fini par être convenablement reconstituée, la connaissance de sa vie professionnelle souffre encore de larges lacunes. Engagée comme organiste à l'église paroissiale Saint-Michel de Dijon en 1745, Pétronille DOUBLET y est attestée durant au moins une dizaine d'années (probablement un peu plus). Sous son nom de femme mariée, Pétronille DELAHAYE, on la retrouve à Saint-Philibert à partir de juin 1764. Jusqu'à quand au juste ?

• 5 avril 1727, Dijon : Ce jour-là, paroisse Saint-Michel, la petite Pétronille DOUBLET voit le jour. Elle est fille de Pierre Doublet, maitre menuisier, et de Pierrette Benoist sa femme. Ses parents sont alors mariés depuis quatorze ans et ont déjà eu au moins huit enfants, trois garçons, qui atteindront tous l'âge adulte et deviendront tous menuisiers, et cinq filles dont plusieurs meurent en bas âge. Pétronille semble la dernière enfant née du couple. Elle est baptisée le lendemain dans l'église paroissiale Saint-Michel et son parrain est "le sieur François DEVAUX facteur d'orgue et marguillier de cette église".
 La fillette est la seule de sa fratrie à avoir eu un parrain appartenant au monde de la musique. On peut penser que le père de l'enfant et son parrain avaient un lien par le biais du travail du bois, mais c'était peut-être surtout sa fonction de marguillier, faisant de François DEVAUX quelqu'un de très présent dans la vie de la paroisse, qui l'avait fait choisir comme parrain. Dans quelle mesure ce parrain a-t-il ensuite contribué à la vocation et à la formation musicale de sa filleule ?

• 8 mai 1745, Dijon : Les fabriciens de Saint-Michel, "peu satisfaits sans doute du talent" du jeune PERRONARD qu'ils avaient engagé l'année précédente comme organiste, traitent aux mêmes conditions – c'est-à-dire pour des gages de 100 livres par an – , avec Pierre Doublet, maître menuisier à Dijon, et Pétronille DOUBLET, sa fille. Toutefois, son éducation musicale n'était probablement pas encore terminée, car père et fille s'engageaient "à fournir à leur frais un organiste capable jusqu'à ce que ladite Pétronille puisse remplir l'emploi".
La durée du contrat était de trois ans, il fut renouvelé au même prix le 30 juin 1748.
Ce que l'on savait jusqu'alors de cette organiste se résume à ces phrases souvent citées de J.Gardien en 1943, qui reprennent mot pour mot des informations apportées par le manuscrit d'Étienne Metman, "ancien marguillier" de St-Michel de Dijon (BmDijon/ Ms 1997).
Selon Jean-Pierre Roze qui prépare une étude fouillée sur l'église Saint-Michel, Pétronille DOUBLET serait restée en poste à l'orgue de Saint-Michel au moins jusqu'en 1754.

• 16 février 1753, Dijon : Pétronille DOUBLET, "fille mineure de Pierre Doublet maitre menuisier à Dijon", est la marraine d'une petite Pétronille, née la veille paroisse Saint-Michel de Claudine Gauthier et de son mari François Delahaye, garçon perruquier, mariés depuis trois mois et demi seulement (il leur avait fallu une dispense de Rome car ils sont cousins germains…). Quels étaient les liens de la jeune organiste avec ce couple ? Ils devaient être forts pour faire d'elle l'équivalent du parrain choisi, qui est le grand-père maternel de l'enfant. On peut la supposer très amie avec la jeune mère, mais cela n'est qu'une hypothèse. Le père de l'enfant, lui, semble originaire de Troyes en Champagne, où son père est maître tailleur d'habits.

• 10 décembre 1759 : Son père Pierre Doublet, maitre menuisier âgé d'environ 80 ans, décède paroisse Saint-Michel.

• 20 juin 1760, Dijon : Claudine Gauthier (ici appelée Claude par le curé) meurt après un accouchement dramatique d'un "enfant femelle" qui a été la veille "ondoyée à la maison par M. Julien, chirurgien". La jeune femme, âgée d’environ 33 ans, est inhumée le lendemain dans l'église Saint-Michel, en présence de François Delahaye son mari, et du sieur Jacques BELIN, "musicien". On découvre donc à cette occasion que, comme Pétronille DOUBLET, Jacques BELIN était lié, lui aussi, au couple Delahaye/Gauthier.

• 31 janvier 1761, Dijon : Dans l'église Saint-Michel est célébré le mariage de Pétronille DOUBLET et de François Delahaye, garçon perruquier. Les trois frères menuisiers et la mère de Pétronille sont présents et consentants.
• 30 octobre 1761 : Neuf mois exactement après les noces naît une petite Pierrette, baptisée le jour même à Saint-Michel. Bien qu'aucun métier ne soit indiqué pour la mère, comme il est d'usage, le choix du parrain trahit le maintien de liens avec le monde musical : il s'agit de "Jacques BELIN musicien", que l'on sait aussi organiste (et dont on peut imaginer que, peut-être, il supplée Pétronille DOUBLET durant ses couches ?). La marraine est la grand-mère maternelle de l'enfant, Pierrette Benoist.

• 12 décembre 1763 : Pétronille DOUBLET met au monde un second enfant, Côme-Damien, toujours paroisse Saint-Michel. Le parrain est un "étudiant" fils d'un maître tailleur, et la marraine est Anne Aubry, fille de l'intendant de M. le Comte de Chavigny. C'est le dernier enfant du couple Doublet / Delahaye qui ait été retrouvé. Pétronille a 36 ans passés. Ces deux enfants atteindront tous deux l'âge adulte.

• Début juin 1764, Dijon : À l'orgue de Saint-Philibert, Pétronille DOUBLET succède à François BERTHELEY, qui a été inhumé le 1er juin 1764. Appelée dans les comptes de la fabrique "Mlle Pétronille DELAHAYE", elle reçoit ses premiers gages le 5 décembre 1764 : 45 livres "pour une demis année de ché apointement" [sic]. Ce qui signifie un salaire annuel de 90 livres, alors que son prédécesseur ne touchait que 60 livres. Le receveur de la fabrique a une orthographe particulière ("ché" pour "ses"), aggravée par des abréviations ("orgnis" pour "organiste"), et il écrit aussi les noms propres de manière fluctuante (Delahage, Delachage...). Mais il ne peut s'agir que de Pétronille DELAHAYE !

• 1er juin 1767 : Le dernier compte retrouvé de la paroisse Saint-Philibert mentionne toujours "Mlle Pétronille DELAHAYE" comme organiste, et toujours à 45 livres par semestre. Jusqu'à quand a-t-elle ensuite tenu l'orgue de Saint-Philibert ?

• 7 septembre 1770, Dijon : Sa mère, Pierrette Benoist, meurt paroisse Saint-Michel à l'âge de 80 ans et est inhumée le lendemain "au caveau sous la sacristie". Pétronille DOUBLET-DELAHAYE n'est pas mentionnée dans l'acte, signé par son mari François Delahaye et ses deux frères survivants, Claude et Edme.

• 15 mai 1783 : Âgé d'environ 58 ans, son mari François Delahaye, qui était toujours "garçon perruquier", décède paroisse Saint-Michel. Il est inhumé le lendemain "au cimetière hors de la ville" en présence de l'un des frères Doublet, Claude.

1790, Dijon : Pétronille DOUBLET, veuve DELAHAYE, a 63 ans. Elle est veuve depuis sept ans. Gagne-t-elle sa vie en touchant l'un des orgues dijonnais pour lesquels aucun organiste n'a été jusqu'alors identifié ? Voire, encore, celui de Saint-Philibert ? La question reste actuellement sans réponse.

• 10 novembre 1791, Dijon : Le district de Dijon balaye "la requête de Mlle Anne TILLET, fille mineure, organiste de l’Eglise St-Philibert de Dijon tendante a obtenir la Somme de 100 livres, montant de ses appointements pendant six mois" en arguant qu'elle doit pour obtenir ses gages s’adresser aux fabriciens de la paroisse Saint-Philibert. La jeune fille aurait donc commencé à toucher l’orgue de Saint-Philibert au plus tard début mai 1791. Y aurait-elle remplacé Pétronille DOUBLET-DELAHAYE ? Ou alors Anne TILLET en était déjà l'organiste antérieurement et cumulait la tribune paroissiale avec celle des Cordeliers où elle est attestée à partir de 1788 ? En l'absence de comptabilité antérieure conservée pour cette paroisse, ce sera difficile à savoir....

• 3 germinal an II (23 mars 1794), Dijon : Pétronille DOUBLET décède au matin en son domicile rue Saumaise. Les seuls témoins sont une voisine, femme d'un maçon, et un jeune voisin, huilier. Ils savent que le père de la défunte était " menuisier en cette ville", et son mari perruquier. D'elle, ils ne savent rien, pas même son âge exact (ils la vieillissent de cinq ans). Depuis quand avait-elle cessé de toucher des orgues ? Question subsidiaire : de quoi avait-elle vécu depuis le décès de son mari perruquier ?
Moins de trois mois après le décès de Pétronille DOUBLET, sa fille Pierrette, qui vivait manifestement avec elle rue Saumaise, se marie avec un coutelier nommé Didier Prudent. Son fils Côme-Damien, devenu perruquier comme l'était son mari, s'est installé à 500 km de là, à Rochefort [actuellement Charente-Maritime], où il se marie deux fois (en 1785 et en 1790) puis décède à 41 ans le 20 ventôse an XII (11 mars 1804).

Mise à jour : 18 septembre 2018

Sources
F-Ad21/ BMS St-Michel de Dijon ; F-Ad21/ G 3658 ; F-Ad21/ NMD Dijon ; F-Ad21/ NMD Dijon et F-Ad17/ NMD Rochefort ; F-Bm Dijon/ Ms 1997 ; J.Gardien, L'orgue et les organistes en Bourgogne…, 1943  ; P. M. Guéritey, http://karljosefriepp.blogspot.fr/, 2016

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