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FAGUER, Antoine (ca 1721-1793)
État civil
NOM : FAGUER     Prénom(s) : Antoine     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : FAGUET
Date(s) : 1721 ca  / 1793-5-25
Notes biographiques

À la retraite depuis dix ans, Antoine FAGUER est en très mauvaise santé lorsque commence la Révolution. Pensionné par son ancien employeur, le chapitre "royal" de Saint-Aignan d'Orléans, il s'en proclame "maître de musique vétéran". Les nouveaux régimes prolongent sa pension viagère jusqu'à son décès, qui survient en mai 1793. Sa carrière qui précède son arrivée à Saint-Aignan reste floue : il avait été soldat près de dix ans, et ensuite maître de musique dans une église située à 600 km au sud d'Orléans, ce qui n'est pas banal. Son patronyme a parfois été lu "Faguet", toutefois il signe nettement "Faguer".

• [1721]: Selon l'âge déclaré lors des démarches administratives du début de la Révolution (70 ans en 1791) ainsi qu'à son décès, Antoine FAGUER serait né en ou vers 1721. Son acte de mariage le dit fils d'Antoine Faguer / Faguet et d'Élisabeth Simon. Le lieu n'est jamais indiqué.

• On ignore tout de son enfance et de sa formation : rien dans son dossier ne mentionne le fait qu'il ait pu être enfant de chœur quelque part.
La suite de son itinéraire est construite ci-après sur des dates approximatives obtenues en reculant à partir de la dissolution du chapitre en 1790 et en se fondant sur les durées de service alors indiquées : il a été "maître de musique pendant 37 ans et demi", et "Avant d'être maître de musique à Saint Aignan, il l'avoit été deux ans et demi à Garaison en Gascogne et avoit servi pendant 9 ans et demi comme soldat dans le régiment de Périgord". Une interrogation demeure : ne vaudrait-il pas mieux effectuer ces calculs à rebours à partir de la date (assurée) de sa mise à la retraite ? Mais alors cela le fait devenir soldat vers 1733 – à 12 ans – ce qui est peu vraisemblable. Il semble au contraire plausible que les administrateurs aient considéré en somme que les dix ans durant lesquels FAGUER a été maître "vétéran" doivent être comptées dans ses 37 ans et demi comme maître de musique.
 
• [1744] : Antoine FAGUER devient soldat dans le Régiment de Périgord. Il y sert "pendant 9 ans et demi". Serait-ce là qu'il aurait appris la musique ?

• [Vers 1753], Garaison [Hautes-Pyrénées actuelles] : Antoine FAGUER devient maître de musique à Notre-Dame de Garaison, dans le diocèse d'Auch, "en Gascogne" dit son dossier de carrière ultérieur. La chapelle Notre-Dame de Garaison commémore des apparitions de la Vierge à une jeune bergère qui auraient eu lieu vers 1520 et constitue de ce fait un actif centre de pèlerinage marial. On sait qu'à la fin de l’Ancien Régime, la chapelle est desservie par un effectif (important) de dix-huit chapelains et qu'elle est dotée d'un corps de musique constitué de trois adultes, un maître, un "musicien" et un organiste (voir le chapitre Hautes-Pyrénées dans Muséfrem).
Sans doute en était-il déjà de même pendant les deux ans et demi que FAGUER y exerce en tant que maître, approximativement de mi-1753 à fin 1755. Parmi ses successeurs figure le sieur DURAND, d'Annecy, mais celui-ci n'arrive à Garaison qu'en 1764. Un autre maître au moins a donc exercé entre eux deux.
On ignore d'où venait FAGUER lorsqu'il était arrivé à Garaison. Son voyage ensuite jusqu'à Orléans représente un périple de 600 km, en itinéraire pédestre, via Auch, Agen, Villeneuve-sur-Lot, Limoges, Châteauroux, Levroux, Romorantin… toutes villes où il a pu faire étape et chanter quelque temps pour toucher des "passades"...
 
• [Vers la fin de 1755], Orléans : Antoine FAGUER devient maître de musique à la collégiale Saint-Aignan d'Orléans. Il succède vraisemblablement à Louis MAÎTRE. Parmi les plus grands des enfants de chœur dont il va assurer la fin de la formation figure Charles HÉRISSÉ.

• 19 septembre 1757, Orléans : Antoine FAGUER, "clerc tonsuré", l'organiste Jacques BUDON, et le chanteur haute-taille André HERMANT, tous trois qualifiés d'amis du marié, assistent au mariage de Florent VIGNON, musicien de la collégiale Saint-Aignan, avec Catherine-Rose Plé, fille d'un cabaretier de la paroisse Saint-Pierre-Empont. Sont également présents et signataires Gabriel LÉVÊQUE et Étienne Philippe DÉSIR. La sociabilité des musiciens d'église orléanais est intense et suivie.

• 12 mai 1766, Orléans : À Saint-Pierre-Lentin, "faguer" signe avec discrétion en marge de l'acte de mariage de la musicienne Marie MAUBAN, fille du maître à danser François MAUBAN l'aîné, avec un certain Pierre Roger fils d'un "bourgeois" de Ménars-la-Ville [= Mer] dans le diocèse de Blois, soit à une quarantaine de km d'Orléans. La mariée est dite "de cette paroisse" et le rédacteur de l'acte précise qu'elle est accompagnée non seulement de ses père et mère, mais aussi "d'un grand nombre de parens et amis qui ont signé avec les époux et nous". Parmi les nombreux signataires, on identifie des musiciens d'Église (BUDON) et le maître à danser Jean ROBERT.

• [Septembre 1779], Orléans : Antoine FAGUER abandonne son service de maître de musique à la collégiale Saint-Aignan. Ses dossiers des années 1790 mentionnent son état de santé comme cause de ce retrait. Le chapitre s'est engagé à lui verser une pension viagère. Vers la fin de septembre ou le tout début d'octobre 1779, Julien-Élie LEROY lui succède.

• 24 octobre 1780, Orléans : Antoine FAGUER abandonne son statut de clerc tonsuré et se marie ! En l'église paroissiale Notre-Dame-du-Chemin, il épouse Marie-Jeanne Bonleu, veuve en premières noces de Paul Couturier et en secondes de René Cochereau, de la paroisse Saint-Paul. Le marié, qui est dit "de cette paroisse", est assisté de Julien-Élie LEROY "ecclésiastique" – en réalité son successeur au poste de Saint-Aignan – et de Claude Couet. On peut faire l'hypothèse qu'il ne pouvait plus déjà vivre seul (voir ci-après, en 1790).

• 15 mai 1790, Orléans : Antoine FAGUER apparaît à la dernière place des signataires issus de Saint-Aignan au bas d'une pétition collective des musiciens de Saint-Aignan et Sainte-Croix d'Orléans. Il signe "faguer Mtre de musique vétérant [sic], pensionné".
 
• Février 1791 : Un état envoyé par le département du Loiret au Comité ecclésiastique le mentionne comme maître de musique honoraire de la collégiale Saint-Aignan, auquel le chapitre faisait une pension de 550 livres. Le même document livre une description très crue de son état de santé : "Retiré de Saint Aignan depuis plusieurs années à cause d'un cathare qui affecte toutes les parties de son corps et est devenu si violent qu'il ne peut parler ni presque marcher et qu'il ne prend d'aliment qu'avec le secours d'une personne qui les lui présente en retenant avec force et fixant sa tête continuellement agitée d'une manière effrayante et par des mouvements convulsifs". Est-ce sa femme qui est chargée de cette rude tâche ?
Le district d'Orléans propose de lui accorder 700 livres payables par quartiers et d'avance. Le directoire du département du Loiret ramène la somme à 550 livres de pension annuelle, soit l'exact équivalent de ce qu'il avait précédemment du chapitre. C'est probablement le niveau qui est finalement adopté par le Comité ecclésiastique.

• 5 mars 1792, Orléans : Sans doute son état s'est-il encore dégradé. Antoine FAGUER ne peut plus vivre chez lui, il entre à l'hôpital général.
• 3 octobre 1792 : Antoine FAGUER, "ancien maître de musique de Saint-Aignan d'Orléans", demeurant à l'hôpital général d'Orléans, a prêté serment "d'être fidèle à la nation, de maintenir la liberté et légalité, ou de mourir en les défendant". Il déclare ne pouvoir signer le formulaire du serment, "attendu son infirmité". Même s'il était depuis longtemps inactif et désormais hospitalisé, ce serment était indispensable pour qu'il puisse continuer à toucher sa pension viagère.

• 25 mai 1793, Orléans : À six heures après-midi, Antoine FAGUER s'éteint à l'hôpital général. Les deux employés qui accomplissent les formalités le lendemain savent qu'il était "ancien maître de musique de Saint-Aignan". Ils le disent "âgé de 72 ans" (ce qui confirme une naissance en 1721, dont le lieu n'est pas mentionné) et "époux de Marie-Jeanne Bonleu".

Mise à jour : 17 avril 2019

Sources
F-Ad45/ 3NUM 234/ 1139 ; F-Ad45/ 3NUM 234/ 1668 ; F-Ad45/ BMS Orléans, St-Pierre-Ensentelée ; F-Ad45/ BMS Orléans, St-Pierre-Lentin ; F-Ad45/ NMD Orléans ; F-AmOrléans/ 2 J 16 ; F-An/ DXIX/090/739/02 ; F-An/ DXIX/090/739/03 ; F-An/ DXIX/090/755/15 ; F-An/ F19/1128 ; F-An/ LL 614

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