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FÉTU, René (1775-1840)
État civil
NOM : FÉTU     Prénom(s) : René     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : FESTU
FETU
FÊTU
Date(s) : 1775-7-9   / 1840-5-3 
Notes biographiques

René FÉTU s’inscrit au rang des personnalités musicales angevines notoires. Après une formation d’enfant de chœur il est reçu psalteur au chapitre royal de Saint-Martin en 1787. La période révolutionnaire révèle alors un instrumentiste engagé politiquement tout en étant sociable, bienveillant et enthousiaste. Il participe successivement à la garde nationale d’Angers en 1789, puis en 1798 suit le général Championnet jusqu’en Italie où il participe à la République éphémère de Naples, moment de lyrismes tout autant républicains que musicaux. À son retour en Anjou FETU s’embourgeoise, prend femme, commerce… puis initie avec des musiciens et poète le Concert d’étude (1817-1839) où sa clarinette, son basson et sa convivialité donnent le ton. Il y entraîne des compères de longue date, issus de la psallette pour certains. Une amitié indéfectible le lie depuis son enfance à une autre figure musicale, Pierre VOILLEMONT, maître de musique de la cathédrale sous l’Ancien Régime. René FÉTU catalyse avec aisance deux mondes « celui d’autrefois » selon l’expression consacrée et le nouveau.

En préambule René FETU est à distinguer de son oncle homonyme, chanoine régulier de l'abbaye du Milénais [Clefs, Sarthe], puis demeurant à Rouen en 1783,  poète à ses heures. Les registres capitulaires omettant les prénoms, il convient de lever une ambiguïté concernant l'épistolier FETU exerçant à la collégiale Saint-Pierre en 1790. Il s'agit de Jean-Baptiste FETU, né en 1765 et frère aîné du ci-devant psalteur de la collégiale Saint-Martin à la même date. Le Michel  FETU, enfant de chœur lui succédant à Saint-Martin, est vraisemblablement un cousin ou un neveu.

• 9 juillet 1775, Angers : René FETU est né, baptisé le même jour en la collégiale Saint-Pierre dont est originaire sa mère. Son père, François Fétu est maître serger originaire de la paroisse de La Trinité. La famille Fétu entretient des liens familiaux étroits voire imbriqués. Ici la sœur est marraine quand le parrain, Étienne Fétu, est serrurier.

La carrière de musicien d'église de René FETU se déroule en plusieurs temps, celui de musicien d'Église à la fin de l'Ancien Régime, de musicien de la Garde Nationale et militaire à la période révolutionnaire, enfin musicien de ville à son retour en Anjou.

Genèse d'un musicien d'Église
• 7 décembre 1780, Angers : René FETU est petit enfant de chœur à la collégiale Saint-Martin. Il reçoit 12 lt par an, en service lors des dimanches et fêtes seulement.
• 2 mars 1782, Angers : FETU devient grand enfant de chœur à Saint-Martin, à temps plein. Sa rémunération est de 100 lt annuellement.

• 2 mai 1782, Angers : À peine nommé grand enfant de chœur, René FETU est recruté par la cathédrale Saint-Maurice le même jour que Louis QUILLET. FETU sera élève du Maître de musique Pierre VOILLEMONT. Lorsque l'érudit Lachèse soutient en 1857 que "faute de voix FETU s'était fait instrumentiste" il le confond avec Michel FETU. René FÉTU a bien été psalteur. En mai 1782, Michel FETU/FOETU est reçu grand enfant de chœur à sa place sans qu'un lien de parenté soit à ce jour certain.

• 13 janvier 1787, Angers : Le chapitre de la Collégiale Saint-Martin reçoit René FÉTU en tant que psalteur. Ipse facto il a quitté la cathédrale.
• Jusqu'en 1790 : René FÉTU exerce au chapitre royal Saint-Martin d'Angers. Ses appointements annuels sont de 345 livres.

En 1790, le corps musical de la collégiale Saint-Martin d’Angers est composé d’un organiste, Nicolas BAUDOUIN,  de 2 sous-chantres, les Sieurs Jean BOUSSION et Thomas CESBRON (également sacriste), de 4 psalteurs Jacques LALLEMAND, René FETU , Étienne GRISON, Jean BOUSSION et du serpent Jean BEURIER. Pierre Souillet est sacriste et sonneur. Deux petits enfants de chœur placés sous l’autorité de psalteurs complètent cet effectif, à savoir Jean CHAILLERIE et François MARZEAU ainsi que LEFORT et GRISON grands enfants de chœur.

En Révolution d'Angers à Naples

• 1789-1790 est une année clé dans la vie de René FÉTU. En effet, sensibilisé aux idées neuves, il en épouse la cause et s'engage aux côtés des étudiants angevins dans la garde nationale. Un article de Claude Petitfrère dépeint ces 931 jeunes dont 34 musiciens. Les musiciens constituent leur propre groupe dont l'uniforme est distinct. Reste à les imaginer ceints de leur "habit de drap rouge à doublure blanche avec revers et parements bleu de roi et collet blanc". La garde nationale constituera un vivier de volontaires des régiments et bataillons révolutionnaires.
• 5 février 1791 : Le district d'Angers propose d'accorder au sieur FÉTU une pension de 90 livres, portée à 170 livres de rente par le département. FÉTU se réclame de 13 ans de service au lieu de 3 car il inclut ses années passées à la psallette. En 1792, le montant de la pension est finalement porté à 250 lt/an.
• 20 novembre 1791, Angers : Consécutivement aux élections, René FÉTU siège au conseil général comme notable alors qu'Étienne BARDOU, ex-musicien de la cathédrale y est conseiller municipal.

• 1797-1798, Campagne d'Italie : FETU est chef de musique au 64ème régiment [d'Infanterie de ligne] et fait la Campagne d'Italie. Placé sous les ordres du général Championnet il participe à la création de l'éphémère République Parthénopéenne, dite République de Naples (janvier à juin 1799) qui a fait la part belle aux Arts et à la musique.

• 29 janvier 1799, Naples [Italie] : Mélanie Traversier, historienne de la ville et de la musique urbaine a détaillé les hymnes composées notamment par CIMAROSA ou PAISIELLO. FÉTU n'a pu que participer à ces hauts moments. La Libertà dédiée au général Championnet tout comme l’Inno da cantarsi sotto l’albero della liberta donnée le même jour. Il faudrait encore citer l'Inno composée pour l'entrée de Championnet dans la ville.
• [1800], Angers : À son retour, écrit le chanoine Poirier, "il  [FETU] s'est établi luthier en ville et est choisi comme chef de musique de la Garde Nationale".

Variations angevines

• 1798-1806, Angers : L'ancien maître de musique de la cathédrale Pierre VOILLEMONT constitue une société de musique qui sera subdivisée en trois détachements. FÉTU, ami de longue date, intègre pour sa part la Société philharmonique privée.
• 24 Floréal An XI [14 mai 1803], Angers : René FETU épouse Pélagie Paillet originaire de Chantenay en région nantaise. La famille FETU est selon la tradition fortement représentée au mariage. Jean-Baptiste FETU, frère aîné de René et ex-enfant de chœur est témoin. Il est devenu instituteur. La famille René FETU ne semble pas avoir eu d'enfants.

• 1805, Angers : La loge maçonnique du Tendre Accueil compte parmi ses membres l'ex-maître de musique de la cathédrale, Pierre VOILLEMONT ainsi que son élève et ami René FETU.
• 20 février 1807, Angers : Jean-Baptiste FETU, instituteur demeurant rue de la Loi, et René FETU professeur de musique demeurant 9 rue Poissonnerie, déclarent le décès de leur frère Adrien Jacques Fetu, serrurier, époux de Perrine Marais.
• 1809, Angers : René FETU vend un serpent 39 Frs à la Fabrique de la cathédrale.
• 1er juin 1814, Angers : Au décès de Pierre VOILLEMONT, FETU est légataire du portrait au pastel du maître de musique geste symbolique qui dit toute l'amitié entre les deux hommes.

• 1817-1839, Angers : René FETU, engagé dans la vie musicale, participe à la création du Concert d'étude qui va animer la vie culturelle angevine pendant près de 20 ans. À lire Lachèse, FETU jouissait outre ses talents musicaux d'un charisme, une gaieté qui ont participé au succès du concert. Ils ont tous des liens d'amitié, se connaissent de longue date. Quelques uns ont été à la psallette de la cathédrale tels DEPEIGNE qui avait fait Jemmapes, la Vendée ou VARET ou encore les organistes maîtres de musique (et des enfants de chœur) Étienne BOYER ou Jean-Clément POIDEVIN. Il a également côtoyé Jeanne Victoire POIDEVIN fille de Jean Clément et professeur de musique.

• 1er juin 1824, Angers : René FETU représente Jean Poidevin "alors absent" lors de l'inventaire après décès de Mme feue Poidevin à la demande de son père Jean Clément POIDEVIN. Il s'agit de l'un des enfants de Jean Clément POIDEVIN, organiste et maître de musique de la cathédrale Saint-Maurice. L'aîné Jean est absent compte tenu de sa profession : Sergent fourrier, 1ère compagnie, 2nd bataillon du 24ème régiment d'infanterie alors stationné à Bayonne. Si J.C. POIDEVIN est mandataire de son fils, il préfère se faire représenter et délègue la tâche à un ami musicien du "temps d'autrefois" selon la formule d'usage. Il s'agit de René FETU professeur de musique, engagé dans la musique de la ville.

• 16 juin 1836, Angers : René FETU est présent lors de l'inhumation de son frère Jean-Baptiste FETU.

• 3 mai 1840, Angers : René FETU ancien professeur de musique s'éteint à son domicile à l'âge de 64 ans.
Le chanoine Poirier s'est fait l'écho d'une raillerie du"Maine-et-Loire" présentant le personnage portant tricorne, pointe avant baissée sur les yeux... Les grands jours de procession surtout, il faisait retentir avec éclat devant les balcons chargés de dames et de fleurs des rues Saint-Laud et Baudrière les accents qui lui avaient attiré peut-être plus d'un sourire de satisfaction de la part des belles napolitaines de la rue de Tolède".

Mise à jour : 5 mars 2019

Sources
Ad49/ G 272 ; C. Port, Dictionnaire historique..., 1874 ; C. Port, Dictionnaire historique..., 1978  ; C. Port, Souvenirs d'un nonagénaire ; E. Lachèse, le concert d'étude à Angers, 1857 ; F-Ad 49/ 5 E 9 186 ; F-Ad 49/ 5 E 9 N213 ; F-Ad/ NMD 1er-2ème arrondissement ; F-Ad49/ 1 L 978 ; F-Ad49/ 1 Q 1173 ; F-Ad49/ BMS St-Pierre ; F-Ad49/ G 1013 ; F-Ad49/ NMD 1er arrondissement ; F-Ad49/ NMD 1er-2nd arrondissement ; F-Ad49/ NMD Angers ; F-Ad49/ NMD Angers 2nd arrondissement ; F-An/ DXIX/080/612/33-34 ; J. Poirier, La Maîtrise de la cathédrale d'Angers..., 1983 ; L'Anjou historique, 1904  ; L'Anjou historique, 1924.  ; Lachèse, Revue de l'Anjou...

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