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FRESAL, Jean, BREILLAC (1742-1824)
État civil
NOM : FRESAL     Prénom(s) : Jean     Sexe : M
Complément de nom : BREILLAC
Autre(s) forme(s) du nom : FREZAL
FRÉSAL
Date(s) : 1742-11-4   / 1824-10-24 
Notes biographiques

Jean FRESAL fut organiste dans la ville épiscopale de Montauban jusque dans les premières années de la Révolution, plus précisément à Saint-Jacques, la plus notable des églises paroissiales, qui avait servi de cathédrale pendant la longue construction de Notre-Dame-de-l'Assomption.  Retrouver l'itinéraire de sa vie et de sa carrière paraissait aisé puisque c'était en ce lieu qu'il avait reçu le baptême. En fait, il n'en fut rien. Et des inconnues résistent encore.

• 4 novembre 1742, Montauban [Tarn-et-Garonne] : Jean FRESAL est baptisé sous le nom de Jean BREILLAC. Le nouveau-né qui est présenté par la sage-femme de Villenouvelle, une annexe de Saint-Jacques, vient de naître de Marie Breillac et de "père inconnu". Il devient le filleul d'un "écolier" et d'une habitante de la paroisse dont le rédacteur de l'acte baptismal ne connaît pas le prénom. Rien de plus n'est porté à notre connaissance.

• [vers 1750-1760] : Où Jean a-t-il été instruit et formé à la musique ? Aucun indice ne met sur la voie. Néanmoins, n'oublions pas que l'église Saint-Jacques, après le déménagement des chanoines dans leur nouvelle cathédrale achevée en 1739, s'est dotée d'un orgue, sans doute plus modeste que l'instrument du chapitre, mais qui assurera le service jusqu'au siècle suivant. Pourquoi cet enfant n'aurait-il-pas été reçu comme enfant de chœur là où il sera engagé comme organiste ? Ce n'est bien entendu qu'une hypothèse.

• 1er avril 1774, Montauban : Jean FRESAL est organiste de l'église paroissiale Saint-Jacques. Il y est témoin au baptême de la sœur de Jean-Baptiste BONNET.
• Janvier 1776, Montauban : Jean FRESAL cesse de tenir l'orgue de l'église Saint-Jacques. D'après Edmond Galabert, Jean-Baptiste BONNET, jeune musicien de vingt ans, lui succède. Mais nous ignorons depuis combien de temps FRESAL était l'organiste.

• 26 juin 1784, Montauban : Redevenu organiste de l'église Saint-Jacques à une date inconnue et déjà quadragénaire, Jean FRESAL épouse Anne Barrière qui n'a que dix-huit ans, dans la petite église du faubourg Villenouvelle. Pourtant, les deux futurs mariés résident sur la paroisse Saint-Jacques. Et, si deux bans sont accordés par l'évêché, celui qui demeure obligatoire est publié à Saint-Jacques. C'est sur son registre paroissial que figure l'acte de mariage. Cinq signatures Boë, parmi lesquelles celle du prêtre vicaire de Villenouvelle, représentent la famille d'Anne Barrière, alors qu'aucun parent n'accompagne l'époux.  

• 31 mars 1790, Montauban : Jean "FRESAL LACROSE", toujours organiste en ce haut lieu de Saint-Jacques, devient le parrain de Jean-Rameau Boé, un petit-cousin de son épouse. Le père du baptisé était témoin à leur mariage. Et l'acte réserve une surprise : le nom "LACROSE" double le patronyme habituel sans la moindre explication.

 1790, Montauban : Jean FRESAL est à l'orgue de Saint-Jacques.

• 27 septembre 1791, Montauban : L'organiste FRESAL et Anne Barrière sont les parrain et marraine de la fille de Jeanne Mercadié et de Pierre Barrière, commis meunier qui deviendra bientôt boulanger. La cérémonie se déroule à l'église de la paroisse Saint-Étienne-de-Tescou.

• 8 juin 1794, Montauban : FRESAL et Jean BONNET [dit Jean-Baptiste BONNET] participent activement à la fête de L'Être suprême. Émerand Forestié rapporte dans les "Notes historiques ou éphémerides montalbanaises et du Tarn-et-Garonne" qu'il publia à Montauban en 1882,  le compte-rendu officiel dans lequel il est, entre autre, écrit : "Bernardy a ensuite lu un hymne à l'Être suprême. Des strophes mises en musique par FRESAL sont chantées en chœur sous sa direction". Cette cérémonie politique est organisée dans la cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption qui est fermée au culte catholique depuis 1792 et transformée en temple de la Raison.

• 16 novembre 1797, Montauban : FRESAL est qualifié de propriétaire, et non plus de musicien. Son couple qui n'a, semble-t-il, donné le jour à aucun enfant, est à bout de souffle. Ce jour-là, il se rend à la Maison commune de Montauban pour déclarer la naissance d'une enfant née de Marie-Marguerite Mayniel et dont il est le père. Certes, la petite fille n'a vécu que deux heures. Mais cette liaison est maintenant révélée de manière officielle.

• 3 janvier 1799 : Le propriétaire FRESAL, entouré de quatre témoins, parmi lesquels l'imprimeur Jean-Pierre Delteil et le musicien Charles MATHIEU, obtient que le divorce d'avec sa femme soit enfin prononcé. Depuis la fin de l'année 1797, c'est-à-dire depuis le début de la procédure engagée par son mari, Anne Barrière n'a répondu à aucune convocation ou réquisition que l'huissier venait lui remettre, y compris pour cette ultime séance. Que pouvait-elle faire d'autre puisque son mari l'avait déjà quittée ?

• 11 mars 1799, Montauban : FRESAL est maintenant "non marié". Il se rend de nouveau à la Maison commune, Marie-Marguerite ayant mis au monde un garçon. Comme il ne s'agit pas d'une déclaration habituelle, il est accompagné de cinq témoins, trois hommes et deux femmes dont l'une est la nièce de l'accouchée. Tout d'abord, il annonce qu'il est le père de l'enfant et que ce nouveau-né est "provenu de la cohabitation avec la dite Marie-Marguerite Mayniel". Puis, il développe avec force ce qu'il entend par la reconnaissance en paternité : il "l'adopte", il le nomme "Thomas Fresal", "il entend qu'il lui succède dans tous [ses] biens présents et à venir, comme son fils naturel et légitime". Un acte complet est établi et signé par tous les présents. Deux semaines plus tard, le 28 mars, c'est au tour de la mère de l'enfant de venir, assistée par deux des témoins du 11 mars, confirmer que le jeune Thomas Fresal  est "véritablement provenu de la cohabitaton avec le dit Jean FRESAL".  Qui est donc cette compagne avec qui il a construit un nouveau foyer? Lui est un homme de 57 ans, et non de 48 comme cet acte l'indique, tandis que Marie-Marguerite est une jeune femme de 24 ans, "non mariée" et "propriétaire". Elle est née à Montauban de parents "mariés" et son père exerça, de son vivant, le métier d'instituteur.

• 10 janvier 1800, Montauban : Il épouse Marie-Marguerite, la mère de son fils maintenant âgé de dix mois. Mais l'état-civil applique des règles rigoureuses ; elle exige notamment l'identité exacte et avérée des futurs époux. Ainsi sont dévoilés les nom et lieu de naissance du marié, son âge réel et, bien entendu, le fait que son père soit "inconnu". Les autorités se montrent néanmoins clémentes : FRESAL devient tout simplement le surnom de Jean BREILLAC. Il est vrai que le jeune couple semble très uni et l'enfant particulièrement aimé par ses deux parents. Une fois toutes les longues formalités éclaircies, "Jean BREILLAC FREZAL" et Marie-Marguerite Mayniel sont enfin, au nom de la loi, déclarés mariés.

• 3 octobre 1824, Montauban : " BREILLAC surnommé FREZAL, fils de feue Marie Breillac", s'éteint à 82 ans dans sa maison du Ramier. Aucune ancienne activité professionnelle n'est signalée. Marie-Marguerite lui survivra pendant treize années.

Pourquoi et depuis quand Jean BREILLAC dissimulait-il sa véritable identité? Peut-être pour braver les interdits de l'Église réservés aux enfants nés de père inconnu? Mais nous ne savons rien de son enfance comme de sa jeunesse. Le patronyme d'emprunt, en 1790, était-il celui de son père? À l'église Saint-Jacques, il est impossible que cette substitution soit passée inaperçue, en particulier lors de son premier mariage.

                                                     Mise à jour : 6 octobre 2021

Sources
F-Ad 82/ BMS Montauban, Saint-Étienne-de-Tescou ; F-Ad82/ BMS Montauban ; F-Ad82/ BMS Montauban, Saint-Jacques ; F-Ad82/ EC Montauban ; F-Ad82/ EC Montauban  ; F-Ad82/ Etat civil Montauban ; F-Ad87/ EC, Montauban

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