Login
Menu et informations
FROGER, Julien René (ca 1683-1738)
État civil
NOM : FROGER     Prénom(s) : Julien René     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : FROGÉ
Date(s) : 1683 ca  / 1738-7-27
Notes biographiques

Originaire du Mans, Julien ou Julien-René FROGER y a été formé à la musique et y a exercé quelque temps, avant de partir vers d'autres cieux. À partir de 1718 au plus tard – mais peut-être dès 1705 – il est musicien à la cathédrale d'Orléans. Il a publié des airs chez Ballard.

• [1683], Le Mans : Julien-René FROGER est né vraisemblablement en 1683 ou début 1684, au Mans. Son prénom d'usage sera Julien, semble-t-il, du moins tant qu'il est enfant de chœur à la cathédrale Saint-Julien du Mans.

• [Avril] 1691, Le Mans : "Julianus" FROGER est reçu enfant de chœur à la collégiale Saint-Pierre-la-Cour, à la place de Jean-François BELLANGER, sorti de la psallette à la Quasimodo (c'est-à-dire le premier dimanche après Pâques). Le garçonnet rejoint François LAMY et Michel TIRONNEAU (parfois TYRONNEAU), qui sont alors les deux enfants de chœur déjà en place. Le maître de musique est Jacques TOUCHARD.

• De 1691 à 1696, Le Mans : Julien FROGER figure toujours en dernière position de la liste des "pueri" dressée à l'occasion des chapitres généraux de la collégiale Saint-Pierre.
• Août 1696 : Un nouvel enfant de chœur est recruté pour remplacer l'un des deux aînés sorti, Julien FROGER monte au rang du milieu.

• 4 mai 1697, Le Mans : Le chapitre autorise François LAMY, l'aîné des enfants de chœur, à se retirer au lendemain des célébrations de l'Ascension et fin mai il recrute un nouveau pensionnaire, Michel FETTU. Voilà Julien FROGER devenu "grand enfant de chœur", lui qui dix mois plus tôt était encore le dernier.

• 2 mai 1698, Le Mans : Le grand enfant de chœur semble jouir de la confiance du chapitre, qui lui fait verser 3 livres "pour l'office qu'il a notté en nos Antiphonaires et ailleurs". Pourtant la situation se renverse très vite après. Le 20 septembre, un nouvel enfant de chœur est recruté – dont le nom est resté en blanc dans le registre capitulaire – "en lieu et place de Julien FROGÉ" [sic].
• 29 novembre 1698 : Le chapitre de St Pierre la Cour délivre une attestation à Julien FROGÉ, "cy-devant notre grand enfant de chœur", pour avoir servi "depuis 1691 jusqu'à ce jour, et de luy avoir donné son congé à cause de son infirmité et de ce qu'il nous sert actuellement à notre musique jusqu'à ce qu'il ayt rempli le temps de huit années". De quelle "infirmité" s'agit-il ? Le chapitre conserve toutefois FROGER, jusqu'à la fin de sa huitième année passée au chœur, c'est-à-dire jusqu'à Pâques 1699. Mais il n'est plus logé à la maison de la psallette.

• [Pâques 1699] : On peut supposer que, comme annoncé en novembre précédent, le jeune garçon quitte le chœur de la collégiale Saint-Pierre-la-Cour. Il reste cependant à proximité immédiate du milieu capitulaire comme en attestent plusieurs délibérations ultérieures. Il a alors environ 16 ans : suit-il des études ?
• 30 octobre 1699 : Le chapitre de Saint-Pierre-la-Cour verse 50 sols à Julien FROGER "cy-devant notre enfant de chœur, pour avoir notté un alleluya, un Troisième nocturne de l'ange gardien, un Répond des Premières Vespres de Ste-Scholastique, et le dernier nocturne de la même fête".

• 16 juillet 1701, Le Mans : Il est reçu à Saint-Pierre-la-Cour pour "chanter dans notre chœur, ayder à la psalmodie et musique". Mais il occupera d'abord, semble-t-il, un statut intermédiaire : s'il participe aux "distributions" comme s'il était vicaire, le fixe qu'il touche est en revanche très faible, 60 sols par mois alors que les vicaires en place touchent la même somme par semaine. Soulignons qu'au Mans, le mot "vicaire" est utilisé pour désigner les musiciens du chœur (que ce soit à la cathédrale ou comme ici à la collégiale).

• 27 octobre 1702 : Le même jour, le chapitre prend la décision de nommer maître de musique Jacques BENOIST – qui en fait déjà fonction depuis que le titulaire, Jacques TOUCHARD est malade – et de doubler la rémunération de Julien FROGER qui recevra dorénavant 6 livres par mois "pour servir de vicaire en notre église".

• 1703-1704, Le Mans : Le jeune homme bénéficie de trois nouvelles augmentations successives de gages qui lui permettent le 19 juillet 1704 de parvenir au niveau de 50 sols par semaine (ce qui est encore inférieur de 10 à 20 sols à ce que touchent les autres vicaires). À partir de juin 1703, il est clairement dit "l'un de nos vicaires".

• 10 juillet 1705, Le Mans : Pour la dernière fois, la liste établie lors du chapitre général permet d'apercevoir Julien FROGER parmi les vicaires musiciens de la collégiale Saint-Pierre-la-Cour, en compagnie de Jacques GUYON, Michel TYRONNEAU, Pierre HUBERT et Antoine GOURMAY. Le maître de musique est Jacques BENOIST, et l'organiste toujours Noël RAGOT.
• 9 septembre 1705 : Les chanoines de Saint-Pierre enregistrent que "Julien FROGER, l'un de nos vicaires, s'est retiré de notre service le 3 du présent mois".

Est-ce alors que Julien FROGER est parti pour Orléans ? Les sources orléanaises font défaut pour répondre à cette question, les registres capitulaires de cette période ayant disparu.
Un FROGER est mentionné à Laval en 1713, à propos des cérémonies en l’honneur de la canonisation de Pie V  : "…La musique continua pendant tous les huit jours & elle enlevoit les cœurs. Monsieur FROGER, qui la dirigeoit, est l'un des plus habiles maistres de la Province" [J.-M. Poirier, Musicque et joueurs d’instrumens, Musique et société à Laval sous l’Ancien Régime, p. 43]. Mais il s'agit plus vraisemblablement de son frère René, attesté peu après comme maître de musique (à Poitiers).

• 1718 et 1719, Paris : Quatre airs de "J.R. Froger l’aîné, d’Orléans" sont publiés par Ballard dans ses "Recueils d’airs sérieux et à boire". Les quatre publications s'échelonnent de juin 1718 à mai 1719 et comportent un air sérieux ("En vain, belle Philis, je me laisse enflamer"), un air à boire ("Amour, cruel amour qui cause mon martire"), un air sérieux en vaudeville intitulé Etrennes ("Que voulez-vous que je vous donne") et enfin un air sérieux appelé ici plus précisément ariette, non plus sur l'amour mais sur le Printemps ("La douce haleine des zéphirs"). Trois de ces airs sont à une voix avec basse continue, l'air en vaudeville étant, quant à lui, à deux voix alternées, avec basse continue.  Comme le montrent les incipit, il s'agit de musiques exclusivement profanes, témoignages d'une vie musicale orléanaise qui aboutira au rétablissement de l'académie de musique, par Louis HOMET, dès 1721/22.

• 26 juillet 1719, Le Mans : Julien-René FROGER, "clerc tonsuré de ce diocèse, musicien à la cathédrale d'Orléans, y demeurant paroisse St-Pierre en Pont" [sic], vend avec ses frères, René FROGER, "prêtre, maître de musique à St-Hilaire de Poitiers, y demeurant", et Antoine, marchand au Mans, un petit bâtiment hérité de leur père René Froger. Contrairement à René, qui a donné procuration à Antoine et ne s'est pas déplacé, Julien-René est venu d'Orléans. Il signe en précisant son titre en toutes lettres ("musicien de l’église d’Orléans"). Sa signature est élaborée et élégante, entremêlant ses deux initiales et les deux premières lettres de son nom et se terminant par une ruche.

• 18 avril 1723, Orléans : Le chapitre de la cathédrale Sainte-Croix accorde la "permission a FROGER musicien de faire chanter un service pour feu son frere, hors le temps de l’office". Son frère René, maître de musique à Saint-Hilaire de Poitiers, est mort en août 1722. Julien-René FROGER a souhaité faire célébrer un service à son intention. On remarque l'expression "faire chanter un service" : est-ce FROGER qui va conduire le chant ? Le maître de musique de la cathédrale Sainte-Croix est alors Nicolas GRONIARD. Celui-ci meurt en décembre 1725.

• 20 février 1730 , Orléans : Julien-René FROGER, toujours qualifié de "clerc du diocèse du Mans", et de "musicien à Ste Croix d’Orléans", poursuit son discret cheminement de carrière et accède à une semi-prébende de la cathédrale Sainte-Croix. Contrairement à son frère René qui était prêtre, il s'est quant à lui arrêté au sous-diaconat.
Il se pourrait qu'au cours des années suivantes il ait fait fonction quelque temps de maître de musique : la succession des maîtres de la cathédrale d'Orléans demeure encore floue entre 1731 et 1738.

• 8 novembre 1734, Orléans : Le  sieur Julien-René FROGER, "chanoine semi prébendé de l'église d'Orléans", est témoin au mariage de Michel Marillé, le sonneur de la paroisse de Saint-Pierre-Empont. Sa signature contraste avec les autres par son élégance et sa complexité, la ruche se termine par trois lettres qui semblent être m.c.s, ainsi séparées par des points.

• 28 juillet 1738, Orléans : Est inhumé dans la cathédrale Sainte-Croix maître Julien-René FROGER, "sous-diacre, chanoine semi-prébendé et musicien de cette Église", mort d'hier dimanche, après avoir reçu pendant sa maladie les sacrements de pénitence, eucharistie et extrême onction... en présence de Paul Lescor [qui signe plutôt Lecost] et Pierre Thaurau.
On sait qu'il possédait une bibliothèque puisqu'un exemplaire de Joseph, ou l’Esclave fidele, poème en vers rédigé à l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire et publié à Tours en 1679 par le bénédictin de Saint-Maur Dom Jules-Gatien de Morillon (Tours, 1633 - Rennes, 1694), porte deux ex-libris "JR Froger music." et un troisième "Julien René Froger Music. De ste Croix D’orleans".

• • • Les quatre airs de Julien-René FROGER ont été interprétés le 28 novembre 2003 à l’Institut d’Orléans, à l'initiative de François Turellier, par des élèves du Conservatoire d'Orléans, dirigés par Stéphane Blivet, leur chef de chant.

Mise à jour : 5 novembre 2019

Sources
Courriels Fr. Turellier oct-nov 2019 ; F-Ad45/ 51 J 15 ; F-Ad45/ 51 J 2 ; F-Ad45/ BMS Orléans, St-Pierre-Empont ; F-Ad45/ BMS Orléans, chapitre Ste-Croix ; F-Ad72/ 4E 19/411 ; F-Ad72/ G 497 ; F-Ad72/ G 498

<<<< retour <<<<