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Pour citer Muséfrem
FROIDEVAUX, François Joseph (1756-1828)
Autre(s) forme(s) du nom : FROIDEVEAU
FROIDEVEAUX
Date(s) : 1756-2-16 / 1828-10-2
L'organiste François-Joseph FROIDEVAUX fait partie de la petite cohorte des musiciens aveugles repérés au fil de l'enquête Muséfrem. Il exerce durant quinze ans dans deux églises de Besançon, puis, après le Concordat, à Jussey [Haute-Saône].
• 16 février 1756, Maîche [Doubs] : Dans cette petite ville de moyenne montagne, située à mi-chemin entre Montbéliard et Morteau et à une dizaine de kilomètres de la frontière franco-suisse, naît et le même jour est baptisé François-Joseph FROIDEVAUX, fils illégitime de Marie-Françoise Froidevaux. Son parrain est un membre de la famille Froidevaux, prénommé Jean-Joseph, sa marraine est "illitérée". Le petit garçon démarre dans la vie chargé de quelques handicaps... auquel va s'en ajouter un autre : la cécité, qui ne semble pas être de naissance [voir ci-après vers 1778].
• On ignore tout de sa formation à la musique, si ce n'est qu'on peut supposer qu'elle ne lui a pas été dispensée dans le cadre d'une maîtrise puisqu'il atteint l'âge adulte en étant illettré. À moins que cet illettrisme ne soit avant tout lié à sa cécité ? Par ailleurs, les enfants illégitimes sont rarement les bienvenus dans une maîtrise capitulaire.
• [Vers 1778] : "Je suis, il n’est que trop vrai, privé de la vue depuis l’âge de 22 ans". C'est donc vers 1778 qu'il aurait perdu la vue. Est-ce à partir de là qu'il se forme à l'orgue, métier accessible aux aveugles ? Auquel cas son affirmation selon laquelle il aurait exercé quinze ans dans deux églises de Besançon serait exagérée d'environ trois ans. Mais peut-être était-il devenu organiste avant d'être "privé de la vue".
• 24 novembre 1780, Besançon : Le sieur Pierre-Georges BERTRAND se dit "organiste de l’église Saint-Maurice de cette ville" lorsqu'il passe une annonce dans Les Affiches de la Franche-Comté. Ce serait donc après cette date que FROIDEVAUX aurait été nommé à cette tribune ? Il faut remarquer que les deux hommes sont tous les deux aveugles. BERTRAND, qui est attesté à Besançon depuis 1774, pourrait avoir été le formateur de FROIDEVAUX.
• 25 août 1785, Bucey-lès-Gy [Haute-Saône] : Dans cette bourgade située à 30 km au nord-nord-ouest de Besançon, est célébré le mariage de François-Joseph FROIDEVAUX, âgé d'environ 29 ans, "organiste de profession", avec Suzanne Dumonnet, également âgée d'environ 29 ans, fille d'un couple de vignerons décédés. Alors que la mariée sait signer son nom ("Suzanne dumonet"), le rédacteur de l'acte signale que l'époux est "illitéré". La mère du marié, qui réside à Besançon, a donné son consentement devant notaire le 17 août 1785.
Le lieu de résidence du marié n'est pas spécifié, et il n'est pas non plus précisé où les trois bans ont été publiés. Comme il ne semble pas y avoir eu d'orgue dans l'église Saint-Martin de Bucey-lès-Gy, François-Joseph FROIDEVAUX exerce très certainement déjà à Besançon. Cette déduction est confirmée par une phrase ultérieure résumant sa carrière : "J’ai été organiste 15 ans à la paroisse St-Maurice à Besançon et en même temps du St-Esprit dans la même ville".
• 27 juin 1786 et 24 février 1788, Besançon : Suzanne Dumonnet donne le jour à deux fils, Louis-François, né paroisse Saint-Jean-Baptiste, puis Jean-Baptiste, né paroisse Sainte-Madeleine. Chacun des actes de baptême dit le père "organiste", sans préciser son lieu d'exercice (ce qui s'explique aisément par le fait qu'il touche deux orgues différents, le rédacteur de l'acte n'a pas souhaité entrer dans ce niveau de détail).
• 1790, Besançon : Bien que François-Joseph FROIDEVAUX ne précise pas lorsqu'en 1809 il résume sa carrière à quelles dates se placent au juste les quinze années qu'il a passées comme organiste "à la paroisse St-Maurice à Besançon et en même temps du St-Esprit dans la même ville", il semble évident qu'elles englobent 1790, surtout si c'est seulement à partir de 1778 qu'il s'est mis à l'orgue et seulement après 1780 qu'il a obtenu le poste de Saint-Maurice [voir ci-dessus au 24 novembre 1780].
La paroisse Saint-Maurice est située au cœur de la ville ancienne, à peu de distance de la cathédrale, dans la "boucle" de la rive gauche. C'est une paroisse de petite taille, à la population aisée. Le culte y est soutenu par une "familiarité" de prêtres. Son orgue antérieur à la Révolution est mal connu. Il a été vendu en août 1794 (l'orgue actuel est un Callinet de 1838).
L'hôpital du Saint-Esprit a été fondé à Besançon au début du XIIIe siècle par l'Ordre Hospitalier du Saint-Esprit. La chapelle date quant à elle du XVe siècle. L'Ordre Hospitalier du Saint-Esprit est supprimé en 1777 par le Cardinal de Choiseul, et l'édifice de l'Hôpital devient propriété de la ville. On peut supposer que l'engagement de François-Joseph FROIDEVAUX date de cette période-là, coïncidant à peu près avec le moment où il est devenu aveugle. L'orgue actuellement présent dans cette chapelle (devenu temple réformé) est un Callinet de 1837. Mais il existait manifestement un autre instrument précédemment... puisque FROIDEVAUX le touchait ! Il faut environ dix minutes de marche pour aller de l'église Saint-Maurice à la chapelle du Saint-Esprit (800 mètres). Les deux postes sont donc très complémentaires, à condition d'accorder les horaires des offices.
• 28 février 1791, Morteau : La famille Froidevaux/Dumonnet se trouve à Morteau, à plus de 60 km au sud-est de Besançon, lorsque naît Marie-Françoise. Aucune précision professionnelle n'est fournie par l'acte de baptême. Morteau fait en effet partie de la liste des villes où François-Joseph FROIDEVAUX se vante d'être intervenu en tant que facteur d'orgue, probablement de manière ponctuelle, pour une réparation [voir ci-après, 1809].
• [Fin 1802], Jussey [Haute-Saône] : Le résumé de sa carrière antérieure que l'organiste établit au tout début de 1809 reste flou. François-Joseph FROIDEVAUX dit être "depuis six ans" à Jussey, soit depuis fin 1802, probablement depuis le Concordat. Il dit qu'il y fait "raisonner" [sic] l'orgue de Jussey qu'il a "réparé de toute pièce". Cet orgue est "composé de 1 820 tuyaux qui ne parlaient pour ainsi dire ni l’un ni l’autre. J’ai tout démonté, tout retenu, tout réparé et chaque tuyau fait parfaitement sa partie". Le chiffre de 1 820 tuyaux semble "exagéré" à Pierre Marie Guéritey (Bénigne Boillot…, 2021, p. 105)
• 8 janvier 1809, Jussey : FROIDEVAUX écrit à un fabricien de Vesoul pour lui proposer ses services afin de réparer le jeu d’orgue de Vesoul dont il vient d’apprendre, dit-il, qu'il "étoit en mauvais état, et même n’allait plus". Pour inspirer confiance, il résume son itinéraire antérieur et énumère les instruments sur lesquels il est déjà intervenu : "Quingey, Salin, Poligny, Morteaux, Bissaux, Meiche en montagne, Dan Richard [Damprichard], St-Hypolitte, Luxeuil" et principalement Jussey, sur lequel il insiste davantage. Il se targue d'être à la fois "un facteur, un organiste et un orloger" et attribue ses talents à l'Être suprême : "il est rare de trouver autant de talents réunis à un homme privé de la vue, il n’y a donc que la providence qui puisse les accorder à celui qui lui plaît".
• 8 juillet 1813 : Son fils Jean-Baptiste, conscrit de 1808 et devenu grenadier au 154e régiment d'infanterie de ligne, meurt à Vilna, en Russie, où il était prisonnier de guerre depuis le 9 mai 1813. À quelle date la nouvelle en est-elle parvenue à Jussey ?
• 2 octobre 1828, Jussey : À trois heures du soir, en la maison n° 29 rue Eguillette, décède François-Joseph FROIDEVAUX, organiste, âgé de 72 ans, né à Maiche (Doubs), demeurant à Jussey, veuf de Suzanne Dumolet [sic], fils naturel de Marie-Françoise Froidevaux. C'est son gendre, Claude Grivet, 37 ans, cordonnier, qui effectue la déclaration de décès.
Mise à jour : 24 décembre 2021