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GIBOULOT, Jean (1752-1794)
État civil
NOM : GIBOULOT     Prénom(s) : Jean     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : GIBOULEAU
GIBOULO
Date(s) : 1752-8-16  / 1794-9-19
Notes biographiques

Si le profil de maître d'école/chantre est fréquent dans les villages bourguignons d'Ancien Régime, surtout dans le diocèse d'Autun, l'itinéraire de Jean GIBOULOT comporte cependant plusieurs particularités. Tout d'abord l'enquête Muséfrem a réussi à le suivre tout au long de sa vie et à établir une biographie ne comportant que très peu de lacunes, ce qui est rare. Ensuite, alors qu'il a essentiellement vécu dans des villages, il se trouve qu'il exerce dans une paroisse urbaine (Saint-Martin de Beaune) lorsque la Révolution survient. Enfin il est le héros malgré lui d'un passionnant épisode, bien documenté, de tension interne à un village autour du choix du maître d'école.

• 16 août 1752, Veilly [Côte-d'Or] : C'est dans ce village que naît Jean GIBOULOT, fils de Jean Giboulot, marchand, et de Pierrette Mourot. Ni son parrain, "cy devant soldat au régiment de Bourgogne", ni sa marraine, une tante paternelle, ne savent signer leur nom. Lors des baptêmes de deux sœurs nées avant lui, Claudine, le 22 janvier 1750 (décédée dix jours après) et  Françoise, le 17 février 1751, le père était dit une fois marchand et une fois laboureur. La famille appartient donc plutôt au milieu agricole, parvenant à faire commerce de quelques surplus.
Le village, alors désigné sous le nom de Veilly-sous-Antigny, est situé à 25 km au nord-ouest de Beaune, à la croisée des pays entre l'Arrière-Côte de Beaune, le début du massif du Morvan et les plaines de l'Auxois. L'abbé Courtépée précise dans sa "Description générale et particulière du duché de Bourgogne" (1780) que la paroisse de Veilly est sous le vocable de saint Cassien et qu'elle dispose d’une "petite église neuve dépendant du marquisat d’Antigny et d’une chapelle rurale autour de laquelle un cimetière".

• Septembre 1763, Veilly : Jean GIBOULOT, à l'âge de onze ans, reçoit le titre (et sans doute les gages et le casuel) de marguillier de sa paroisse. Aux côtés du maître d'école – François Petit d'abord, puis Denis Sellenet –, il assiste régulièrement aux cérémonies, mariages et enterrements. Il a pris dans cette fonction la suite d'un autre Jean Giboulot, dont la signature est très différente et beaucoup plus maladroite (peut-être son père).

• 3 mars 1772, Veilly : À cette date figure la dernière signature de Jean GIBOULOT en tant que marguillier dans son village natal. On peut penser que c'est durant cette longue période, de l'âge de onze ans à ses vingt ans, que le jeune homme s'est formé au chant d'église et a en même temps acquis le bagage qui lui permettra d'être ensuite maître d'école et chantre.

• [Entre mi-juin et mi-décembre 1773], Monthelie [Côte-d'Or] : Jean GIBOULOT s'installe dans ce village viticole situé à 7 km en droite ligne au sud-ouest de Beaune et à 25 km au sud-est de son village natal. Il y prend la suite de Jean Doudey, recteur d’école dont la dernière signature figure dans le registre paroissial à la date du 11 juin 1773.
Le nouveau maître signe ensuite fréquemment le registre "Giboulot Recteur" ou le plus souvent "Giboulot Recteur d'écoles". Dans ses actes, le curé le désigne comme "Recteur des basses écoles de la paroisse". Sa dernière signature a été repérée le 20 février 1778.

• 12 mars 1778, Merceuil [Côte-d'Or] : À cette date, Jean GIBOULOT signe pour la première fois le registre de sa nouvelle paroisse, située à moins de 10 km au sud-est de Monthelie et à peu près à la même distance au sud de Beaune. Il y succède comme recteur d'école à Jean-François Huet.

• 12 janvier 1779, Merceuil : Jean GIBOULOT, recteur d'école à Merceuil, se marie avec Marie Cottin fille d'un maréchal-ferrant de la paroisse. Son propre père est présent, qualifié de marchand.

• 1779-1786, Merceuil : Trois baptêmes d'enfants issus de cette union ont été retrouvés. Anne le 12 novembre 1779, soit dix mois après les noces, Jean le 16 septembre 1783 et Jeanne le 13 janvier 1786. Le petit Jean meurt à seize mois, le 10 janvier 1785. Dans tous ces actes, le père de famille est régulièrement dit "recteur d'école à Merceuil". Les parrains et marraines sont choisis dans le cercle familial, laboureurs et marchands de villages.

• 20 septembre 1786, Merceuil : À cette date figure la dernière signature de Jean GIBOULOT dans le registre de Merceuil. En février 1787, le nouveau recteur du village est Pierre Marot.

• 19 décembre 1786, Savigny-lès-Beaune [Côte-d'Or] : Les paroissiens choisissent Jean GIBOULOT pour leur recteur d’école. L'engagement est prévu pour une durée de trois ans. Ce village, très proche de Beaune, est situé à 15 km au nord de Merceuil. Cet itinéraire pédestre, le plus rectiligne possible, fait traverser la ville de Beaune. En s'installant à Savigny, la famille Giboulot renforce et multiplie ses liens avec Beaune. Le maître d'école doit aussi augmenter sensiblement ses revenus, car il s'agit d'une bien plus grosse paroisse que toutes celles où il a précédemment exercé.

• 30 janvier 1787, Savigny-lès-Beaune : Un mariage est célébré "en présence de Jean GIBOULOT recteur d'école". Sa signature commence à figurer régulièrement dans le registre paroissial, surtout à l'occasion des sépultures.
• 8 octobre 1787 : À cette date figure sa dernière signature dans le registre de Savigny ("Giboulot R.D’école").
• 10 décembre 1787 : Les habitants engagent les nommés GOBY père et fils comme nouveaux recteurs d'école. GIBOULOT fort de son bon droit et de son contrat de trois ans, refuse de cesser ses fonctions et d’évacuer "la maison rectorale". Le village se scinde en deux camps.
• 24 décembre 1787 : L'Intendant, instruit de l'affaire, rend une ordonnance très sévère contre GIBOULOT (accusé d'avoir intrigué pour se faire nommer) et ordonne de convoquer une nouvelle assemblée d'habitants.
• 1er janvier 1788 : À l'issue de la messe, les habitants se réunissent et sur 247 chefs de famille, 158 votent pour GIBOULOT, 14 pour Claude Goby et 75 s’abstiennent. Le procès verbal fait état des motifs qui ont déterminé le choix des habitants en faveur de GIBOULOT : "sa conduite et ses mœurs sont très régulières, qu’il est de la plus grande exactitude et qu’il a toutes les qualités pour instruire leurs enfants, au nombre de 250, et que pour mieux les contenir et les surveiller, il a eu l’attention de prendre, à ses frais, une personne avec lui…". Le seigneur du lieu informe l'Intendant que les tensions et l'agitation s'accroissent, au point qu'il se dit tenté "de demander une garnison au Gouverneur pour en arrêter les suites". L'Intendant casse l'élection.
• 13 janvier 1788, Savigny-lès-Beaune : Une nouvelle assemblée des habitants se tient en présence du sub-délégué et de deux cavaliers de la Maréchaussée chargés de veiller au maintien du bon ordre. "Mieux réfléchis", les habitants choisissent "d’une voix unanime" François LABOUREAU pour leur recteur d’école. Jean GIBOULOT accepte de quitter la maison rectorale et le village.

La famille part s'installer à Beaune, à 5 km de là, où Jean GIBOULOT est reçu chantre de la paroisse Saint-Martin. Lorsque l'on découvre que, juste avant, c'était François LABOUREAU qui était le chantre de Saint-Martin, une hypothèse s'impose avec force : cet échange de postes n'est pas le fruit du hasard ! Soit il a été mis au point par les deux hommes eux-mêmes soit, plus vraisemblablement, il a été orchestré par un médiateur, sans doute le curé de Savigny désireux de ramener le calme dans sa paroisse, éventuellement le seigneur du village ou bien le sub-délégué représentant l'Intendant.

• 11 avril 1788, Beaune : Lorsque sa fille Marthe est baptisée dans l'église paroissiale Saint-Martin de Beaune, Jean GIBOULOT est dit "chantre de cette église". Il a demandé à Jean-Baptiste FOURCHOTTE "chantre à l'insigne église collégiale de Beaune" d'en être le parrain, ce qui indique qu'il a déjà noué des liens au sein du milieu des musiciens et chantres des autres églises. Sans doute ces liens pré-existaient-ils à l'installation dans la ville, Savigny étant très proche de Beaune. La marraine, en revanche, est femme d'un cabaretier du faubourg Bretonnière.

• 1788-1790, Beaune : Jean GIBOULOT est régulièrement attesté comme chantre de la paroisse Saint-Martin. Il assiste et chante aux sépultures, dont il signe ensuite l'acte dans le registre, toujours qualifié de "chantre de cette église" par le rédacteur des actes.
Sa dernière signature a été relevée le 15 juin 1790 à l'occasion de l'inhumation d'un "enfant femelle" né de père et mère "inconnus", ondoyé par la sage-femme pendant l'accouchement.
À partir du 2 août 1790, celui qui assiste aux sépultures de Saint-Martin de Beaune est François DAVID "recteur d'école de cette paroisse", fils d'un ancien chantre de la paroisse Saint-Martin, Blaise DAVID, qui avait précédé François LABOUREAU.

• [entre mi-octobre 1790 et le tout début de janvier 1791], Merceuil : Succédant à Barthélemy Marot, Jean GIBOULOT redevient recteur d'école dans ce village où il avait précédemment exercé de 1778 à 1786. Il y assure très certainement aussi la fonction de chantre paroissial.
•  6 août 1791, Merceuil : Un nouvel enfant naît chez les Giboulot, prénommé Jean. Le père est dit "recteur d'école de Merceuil".

•  20 novembre 1792, Merceuil : Jean GIBOULOT fait partie des neuf signataires qui entérinent la clôture officielle du registre paroissial et son passage à l’état civil laïcisé. Il signe en dernier la mention "arrêté et clos le présent registre" etc.…, mention qui a visiblement été écrite de sa main, au nom du maire Jean Bitouzet, "assisté de notre greffier" (le G de greffier est identique au G de sa signature…).
• 26 décembre 1792 : Le maître d'école est désigné ce jour-là "pour dresser les actes destinés à constater les naissances, mariages et décès des citoyens".

• 1793, Merceuil : Tout au long de l’année 1793, Jean GIBOULOT remplit les fonctions d'officier public. Parfois qualifié de greffier, il établit et signe les actes de l'état civil. Est-il toujours chantre en parallèle ?
Il en va de même jusqu’au 13 nivôse an II [2 janvier 1794] inclus, date à laquelle un nouvel officier public est désigné, Philibert Larmonier.

• 20 septembre 1794, Merceuil : En ce 4ème jour des sans culottides de l'an II, l'officier municipal enregistre le décès de Jean GIBOULOT "greffier", âgé de 44 ans, "mort hier à 5 heures du soir en son domicile".

• 8 juin 1834, Merceuil : Lors du mariage de sa fille Marthe, on le dit "ancien instituteur à Merceuil".

Mise à jour : 28 janvier 2018

Sources
A. de Charmasse, "État de l’instruction primaire dans l’ancien diocèse d’Autun"..., 1878 ; F-Ad21/ BMS Mercueil en ligne ; F-Ad21/ BMS Monthelie en ligne ; F-Ad21/ BMS Savigny-lès-Beaune en ligne ; F-Ad21/ BMS St-Martin de Beaune ; F-Ad21/ BMS St-Martin de Beaune en ligne ; F-Ad21/ BMS Veilly en ligne ; F-Ad21/ BMS et NMD Mercueil en ligne ; F-Ad21/ NMD Mercueil en ligne

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