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GODÉ, Louis, Fils (1760-1824)
État civil
NOM : GODÉ     Prénom(s) : Louis     Sexe : M
Complément de nom : Fils
Autre(s) forme(s) du nom : GODET
GODEY
GODDEY
Date(s) : 1760-1-21   / 1824-2-3 
Notes biographiques

Originaire du Perche,  Louis GODÉ a reçu une formation d'enfant de chœur solide au Mans. Clerc tonsuré du diocèse de Sées, fils d'un chantre "tessier", il est reçu par le chapitre de Nantes où il devient second sous-chantre en titre en 1784. Les relations entre bas chœur et chanoines sont pour le moins conflictuelles puisqu'une procédure est en cours. GODÉ se joint au groupe des plaignants qui restera solidaire après la Révolution, une option qui tournera à son avantage.

*** Un début de carrière entre Perche et Maine

• 21 janvier 1760, Colonard [Orne] : Louis, fils de Louis GODÉ, "tessier "et de Marie Lormeau est baptisé dans cette modeste paroisse du Perche à équidistance du Mans et de Sées (une cinquantaine de kilomètres). Une sœur, Marie-Louise, y est baptisée en 1761 puis la famille part s'installer à Sées. Son père est chantre à la cathédrale à partir du 1er octobre 1762. Il devient chantre basse contre au Mans à partir d'une date encore inconnue.

• 10 mars 1767, Le Mans [Sarthe] : Marie Lormeau, mère du jeune Louis est inhumée paroisse Saint-Vincent. Elle laisse au moins deux orphelins. Trois prêtres de la paroisse signent l'acte de décès indiquant la notoriété de la famille GODÉ.

• Avril 1767, Le Mans : Peu après le décès de sa mère, Louis GODÉ fils est admis comme enfant de chœur à la psallette de la cathédrale. Il y reste vraisemblablement jusqu'en janvier 1779 (la durée de formation d'un enfant de chœur considérée comme normale par le chanoine Nepveu de La Manouillère étant de 12 ans à Saint-Julien du Mans).

• 22 janvier 1779, Le Mans : Louis GODÉ, clerc tonsuré du diocèse de Sées, est reçu psalteur et serpent à la collégiale Saint-Pierre-la-Cour, aux gages de 19 sols par jour, à compter du 30 janvier suivant.

*** Le parcours nantais

• 1767-1788, Nantes [Loire-Atlantique] : Étudier les musiciens bénéficiers de l'église de Nantes impose en premier lieu de retracer le long procès ayant opposé le bas chœur aux chanoines entre 1767 et 1788. L'objet du litige porte sur la réorganisation de la musique par le chapitre qui, comme nombre de ses  confrères,  a les yeux rivés sur Paris. Il a pris conscience que la musique contribuait au prestige de son église. Deux démarches parallèles sont menées entre 1760-1770. D'une part, le chapitre marque sa volonté d'embellir la musique au chœur en multipliant les critères d'exigence ; d'autre part, il en organise le financement sans surcoût. Les chanoines prennent ainsi le parti de remanier ou supprimer des chapelles, dont les revenus sont mis en régie dans une "bourse commune" (1760).
Cette première réorganisation sème quelque trouble. Puis, en 1767, poursuivant sa stratégie, deux sociétés dédiées aux bénéficiers sont unies à la mense capitulaire au lieu d'être portées à la bourse commune. C’est le pas de trop qui met le feu aux poudres.
Le bas chœur des clercs, représenté par les maires chapelains, sous-chantres, diacre et sous-diacre, "s'estimant spolié" fait front, s'organise et porte l’affaire devant le Parlement de Bretagne à Rennes. L'affaire est initiée par un sous-chantre, le sieur Coeur de Roi qui dénonce "l'abus" du chapitre. MABILLE va en devenir le principal instigateur peu de temps après son arrivée.

Concrètement :
-  le bas chœur des clercs, représenté principalement par trois maires-chapelains MABILLE (désigné syndic), CHAUVET (premier maire-chapelain), et POIGNAND, le second sous-chantre GODÉ ainsi que le sous-diacre RIVIÈRE, s'organise et saisit la justice. Le chapitre sera finalement débouté après des années de procédures.
 - Trois officiers restent en retrait : le maire-chapelain CHEVREUIL qui intervient ponctuellement à partir de 1786 tout comme le diacre BRIAND. Le sous-chantre et prêtre Jean François VASSAL, un tempérament effacé, est le seul bénéficier à ne pas se joindre à la procédure collective. Il se trouve en porte-à-faux, pris entre un chapitre reconnaissant et des alter ego mécontents.
La réception de Louis GODÉ intervient donc dans un contexte conflictuel.

• [Janvier 1784], Nantes : Louis GODÉ, clerc tonsuré du diocèse de Sées, est reçu choriste au service de la cathédrale Saint-Pierre de Nantes.
• 21 et 28 mai 1784, Nantes : "Le sieur GODÉ, Musicien de la Cathédrale, arrivé depuis peu en cette Ville" publie coup sur coup deux annonces dans Les Affiches de Nantes. Dans la première il dit enseigner à jouer de la harpe, et dans la seconde de la guitare. Dans les deux cas "Il demeure chez M. Adelon, haute Grande-Rue".
• 2 juillet 1784, Nantes : Après une période probatoire de six mois, le chapitre accorde à Louis GODÉ "le titre seul" de la sous-chantrerie vacante. Sa rémunération en gages est constituée de 700 lt auxquelles s'ajoutent les "distributions" du chœur, soit environ 100 lt par an. En contrepartie, GODÉ se "conformera en tout aux usages de l'Église et aux règlements du chapitre faits et à faire, qu'il chantera à la musique et au plain-chant, chant sur livre et à la psalmodie".

• 11 novembre 1785, Nantes : Le chapitre cathédral régularise avec retard les actes de prise de possession de GODÉ, sous-chantre du côté droit et de Jacques Joseph RIVIÈRE, diacre d'office.

• 12 janvier 1786, Nantes : Les officiers du bas chœur adressent leur supplique au Parlement de Bretagne dans l'affaire ci-dessus citée. Cependant, leurs revendications vont au-delà du propos de la procédure car elles portent des récriminations salariales. Les maires-chapelains sont appointés 800 livres par an soit moins que le premier sous-chantre VASSAL (900 livres). Louis GODÉ omettant sa position de clerc tonsuré et second sous-chantre fait remarquer qu'il ne touche que 700 livres. La cause de leur tourment est donc le discret Jean François VASSAL, qui s'est abstenu de participer à l'action collective, et bénéficie de la confiance des chanoines. L'estocade ne sera pas la seule, dévoilant les tensions qui peuvent exister dans un groupe semblant par ailleurs homogène et solidaire.

• 11 juillet 1786-11 août 1788 : Jean François VASSAL, premier sous-chantre, s'abstient de participer à une nouvelle controverse entre le chapitre et les officiers de chœur concernant une modification de préséance. Les plaignants, à savoir CHAUVET, MABILLE, POIGNAND, GODÉ et RIVIÈRE, s'opposent à ce que deux bedeaux soient interposés entre eux et les maire-chapelains lors des processions telles celles de la Fête-Dieu ou de l'Assomption. Les dissensions sont si exacerbées qu'ils considèrent toute modification d'organisation comme une volonté de "spoliation" de leurs droits.

• 10 avril 1787, Nantes : Le Parlement de Bretagne accuse réception de 17 lt U s 3 d concernant les frais d'amende pour la procédure interjetée par les officiers que le syndic MABILLE tentera en vain de se faire rembourser par le chapitre.

• 5 avril 1788, Nantes : Par décision du parlement de Bretagne, les chanoines de la cathédrale de Nantes sont déboutés et sommés de déposer au secrétariat du chapitre les revenus des biens dépendants des chapellenies, tout comme les comptes des dessertes de fondations des sociétés de Saint-Jean, Saint-Guillaume et la Trinité depuis 1767. Le chapitre cherche à se dérober à son obligation provoquant une nouvelle joute avec le bas chœur puis se soumet en produisant les pièces comptables dues courant juillet.

Les démarches successives de ces clercs semblent révéler, sous couvert de reconnaissance ou de préséance, une transformation radicale de la fonction : pris en étau entre chanoines et laïcs, leur statut privilégié de clercs chantant leur échappe progressivement, et ce, jusque dans la pratique de la musique : plain-chant ? musique figurée ?  Que souhaite-t-on entendre ? Qui écoute-t-on ?

1790, Nantes: Le corps de musique de la cathédrale Saint-Pierre, placé sous l’autorité du maître de musique Sigismond François Antoine CAPPA-LESCOT, est constitué de deux haute-contre Vincent Pierre GAUTIER et François Jude MÉRY, une haute-taille Joseph JOLY, deux basse-taille Henry François DOUVILLE, Vincent LAMARRE, trois basse-contre, Étienne François PICARD et Jean-Baptiste DONON et Jean Victor HUBERT dit HUBERT, deux serpents/basse-taille Jean GILLET, Pierre RAGUENEAU – ce dernier jouant également du basson. Deux musiciens symphonistes sont employés régulièrement par le chapitre, à savoir les sieurs Vincent Anne JULIEN dit JULIEN et Laurent MARIE. L’organiste Denis JOUBERT est quant à lui maître de sa tribune.
Quatre maires-chapelains étoffent le chant à savoir Urbain MABILLE, Charles CHAUVET, Pierre François CHEVREUIL et Jean-Toussaint POIGNAND ainsi que deux sous-chantres Jean François VASSAL et Louis GODÉ. Le diacre Barthélémy BRIAND et le sous-diacre Jacques Joseph RIVIÈRE complètent la structure cantorale. La psallette est composée de six enfants de chœur identifiés sur les huit qui dépendent du maître de musique aidé d’un maître de grammaire, le sieur Praud.

• 14 novembre 1790 : Consécutivement à sa requête adressée au Directoire, Louis GODÉ ci-devant sous-chantre, clerc tonsuré de l'église cathédrale de Nantes, reçoit 204 lt 10 s correspondant au quartier de traitement échu au 31 octobre. Compte tenu du trop perçu (9 lt 13 s 2 d), il est procédé à une régularisation le 13 novembre.

*** Le quarteron des clercs musiciens bat le fer avec son nouvel employeur, le Directoire du district de Nantes

• 23 janvier 1791, Nantes : Louis GODÉ prête serment devant la municipalité de la ville de Nantes.

• 7 février 1791 : Le Directoire du district de Nantes après étude de la requête des chantres musiciens et officiers laïcs de la cathédrale de Nantes, est d’avis qu’ils reçoivent leurs traitements comme par le passé jusqu’à ce que l’Assemblée nationale ait pris position et fait provisionner les fonds pour janvier, ainsi que pour les mois suivants.

• 10 février 1791, Nantes : Le directoire du district de Nantes délibère sur la demande de GODÉ et décide de lui payer la somme de 194 livres 16 sols 10 deniers et non celle de 204 livres 16 sols 10 deniers (que le sieur Godé devait probablement réclamer dans sa supplique) pour son quartier finissant le 31 janvier 1791.
• [fin 1791], Nantes : GODÉ réitère sa requête afin de percevoir les trimestres non payés d'avril, juillet, octobre, 1791 ainsi que celui de janvier 1792. Après délibération, le Directoire du district lui fait savoir en janvier 1792 qu'il maintient sa position initiale.
 
• 14 février 1792 : Le directoire du département, par arrêté, lui accorde un "traitement provisoire de 700 lt" tout comme à Jean François VASSAL 1er sous-chantre.
• 6 avril 1792 : Après réclamation auprès du Directoire, GODÉ devrait être payé de son trimestre d'avril conformément aux nouvelles directives, soit 175 lt sur les 700 lt.

• [1792-1793], Nantes : Les négociations avec le Directoire n'aboutissent pas car les pétitionnaires entament de nouvelles démarches en 1793. Ils attendent leurs traitements.

• 17 septembre 1793, Nantes : MABILLE, toujours aussi opiniâtre, adresse de nouveau une pétition au Directoire pour le compte des bénéficiers qui sera traitée favorablement le 17 mars 1794. Ils attendent leurs mandats de régularisation et d'être portés sur le tableau des pensionnaires ecclésiastiques. Le Directoire attribue finalement finalement à Louis GODÉ ex sous-chantre :
- 1000 lt en tant qu'ex sous-chantre pour l'année 1790,
- 1000 lt pour 1791,
- 1000 lt pour 1792,
- 972.10.8 lt pour la période du 1er janvier au 1er nivôse an II [21 décembre 1793],
TOTAL : 3972.10.8 lt
Seront déduits 250 lt correspondant aux trois termes de sa contribution patriotique ainsi que sa contribution mobilière. La somme doit lui permettre de vivre sans exercer parallèlement.
Le même dossier L 660 stipule qu'il est inscrit au tableau des bénéficiers pensionnaires du district de Nantes et touchera à l'avenir une pension de 1 000 lt par an alors que les ci-devant maires-chapelains recevront 500 lt. Son avenir est donc assuré.
Les dossiers de MABILLE, CHEVREUIL et POIGNAND seront traités avec la même attention.

• Messidor an VI [juillet 1798], Vertou [Loire-Atlantique] : Lallié rapporte que Louis GODÉ vivait dans la bourgade de Vertou, bourgade en bordure de l'Erdre, à quelques pas de Nantes. Il le dit également "chanoine semi-prébendé".

• 4 février 1824, Nantes : Des voisins de Louis GODÉ, viennent déclarer son décès survenu la veille à la Mairie. GODÉ est bien originaire de l'Orne mais de la paroisse Saint-Martin de Colonard (et non de Saint-Martin) ; il est effectivement rentier et son âge est approximatif puisqu'il a 64 ans et non 58. L'acte informe de la dernière adresse de GODÉ, chez une logeuse 21 rue Saint-Léonard, 3ème canton.

Mise à jour : 28 novembre 2020

Sources
A. Lallié, Le diocèse de Nantes pendant la Révolution..., 1893 ; C. Mellinet, De la musique à Nantes..., 1837 ; Courriel M.-Cl. Mussat, 3 novembre 2009 ; F-AD61/ BMS Colonard ; F-Ad44/ G 189 ; F-Ad44/ G 190 ; F-Ad44/ L 1046 ; F-Ad44/ L 1099 ; F-Ad44/ L 34 ; F-Ad44/ L 43 ; F-Ad44/ L 660 ; F-Ad44/ NMD Nantes ; F-Ad72/ BMS Le Mans St-Vincent ; F-Ad72/ G 512 ; Granger, Hubert, Taroni, Journal d'un chanoine du Mans…, 2013. ; Les Affiches de Nantes ; P. Grégoire, Etat du diocèse de Nantes en 1790, 1882

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