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GRAVIER, Jean-Baptiste (1723-1799)
État civil
NOM : GRAVIER     Prénom(s) : Jean-Baptiste     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : GRAVIÉ
Date(s) : 1723-4-21   / 1799-11-22 
Notes biographiques

Jean-Baptiste GRAVIER est un organiste gascon, formé à Auch, qui a exercé successivement à Toulouse, Angoulême et Saintes. Il était aussi  compositeur : un Noël à grand chœur nous est parvenu. Son parcours nous est connu surtout grâce à l'étude pionnière sur la pratique musicale du Noël à grand chœur dans le sud menée par Benoît Michel, Docteur en Musicologie (2012). En 1790, GRAVIER exerce à la cathédrale Saint-Pierre de Saintes comme organiste et chanoine semi-prébendé. 

• 21 avril 1723, Lombez [Gers] : Jean-Baptiste GRAVIER naît et est baptisé dans cette petite ville située dans la vallée du Savès, à égale distance d'Auch et de Toulouse, siège d'évêché depuis le XIVème siècle. Son père, Sébastien Gravier, est menuisier. Sa mère se nomme Bernarde Dupuy. Son parrain est le sieur Jean-Baptiste Paris, "Maitre d'hotel de Monseigneur l'Eveque de Lombés".
 Il est le frère aîné de Jean GRAVIER, qui deviendra l'organiste de l'abbaye mauriste de Saint-Sever et qui a été bien étudié par Dominique Bop.

• Vers 1731, Jean-Baptiste GRAVIER semble commencer sa formation probablement à la cathédrale Sainte-Marie d'Auch en tant qu'enfant de chœur. Au mois de janvier 1741, en effet, il est présenté à la cathédrale d'Auch comme "ancien enfant de chœur auscitain devenu depuis peu prébendé et organiste du chapitre".

• 25 Janvier 1741, Auch [Gers] : Selon une délibération du chapitre, Jean-Baptiste GRAVIER a été engagé depuis peu comme organiste et obtient une prébende à la cathédrale Sainte-Marie. Il demande une augmentation au chapitre "car le revenu de sa prébende est si peu de chose qu’il n’en a pas assés pour pouvoir vivre et pour s’entretenir, et comme il a besoin de s’habiller ce qu’il n’est pas en état de le faire, il prie le chapitre de vouloir le faire". Sa demande est acceptée par les chanoines puisqu'il estiment qu'il "a servi longtems le chapitre et qu’il pourra le servir encore à l’advenir".
• Le 11 avril 1741, Jean-Baptiste GRAVIER demande l'autorisation de pouvoir aller "se perfectionner à toucher l’orgue" à Toulouse et pour cela, il prie le chapitre de "fournir à son entretien et à la dépense qu’il conviendra de faire à cet estat, n’étant que simple tiercelet".
• De juin à août 1741, Toulouse : Les chanoines d'Auch semble avoir accepté sa requête, puisqu'on retrouve Jean-Baptiste GRAVIER en train de se perfectionner à l'art de l'orgue auprès de l'organiste DESFORAT, chez qui il loge le temps de son séjour. Le chapitre lui accorde de prendre en charge les dépenses liées à son installation chez DESFORAT par délibération du 11 juin, puisque Jean-Baptiste GRAVIER "a écrit qu'il ne fait que perdre son temps et ne peut rien profiter à cause qu'il est trop éloigné de chez M. Desforats, que ledit M. Desforats veut le prendre chez lui pour être plus en commodité d'apprendre".
Fin août 1741, l'organiste DESFORAT raccompagne Jean-Baptiste GRAVIER à la cathédrale Sainte-Marie d'Auch et y vérifie l'orgue courant septembre. 

• Le 31 mai 1743, Auch : Jean-Baptiste GRAVIER semble avoir eu un conflit avec les chanoines de la cathédrale pour avoir "laissé de toucher l’orgue depuis quelque temps", il aurait été alors congédié durant un moment puis rétabli dans ses fonctions à condition "de mieux se comporter à l’avenir à l’égard du chapitre".

• De 1743 à 1746 : Au début du mois de septembre de 1743, de 1745 puis de 1746, il demande un congé à la Toussaint afin d'aller chez lui pour affaires. Cependant Jean-Baptiste GRAVIER offre de venir jouer de l'orgue à la cathédrale Sainte-Marie, lors des dimanches et des fêtes durant ce congé répété.

• Août-septembre 1752 : Jean-Baptiste GRAVIER profite toujours des générosités du chapitre de la cathédrale Sainte-Marie. Il réclame d'être dédommagé des frais pour l'entretien de l'orgue et une gratification pour "toucher l'orgue", fin août. Il parvient à négocier une gratification annuelle supplémentaire en septembre. Cependant ses relations avec le chapitre sont de plus en plus conflictuelles, selon une délibération du 6 septembre, les chanoines cherchaient en vain des arguments pour l’obliger à jouer de l’orgue conformément aux statuts de sa prébende.

• Jean-Baptiste GRAVIER a composé un Noël à grand chœur, dont le livret nous est parvenu, conservé parmi les papiers du chanoine Louis Daignan du Sendat de la cathédrale Sainte-Marie d'Auch, ce qui plaide très vraisemblablement pour l’origine auscitaine de cette œuvre. Cette composition peut alors dater des années 1740-1755.

• Le 3 juillet 1755, Jean-Baptiste GRAVIER, toujours en poste à Auch, mentionné comme prêtre et organiste reçoit une proposition de poste de la part du chapitre de la cathédrale Saint-André de Bordeaux. Il aurait répondu au chapitre "qu'il se sentoit trop flatté de l'honneur que lui faisoit le chapitre st André, qu'il souheteroit pouvoir se consacrer entirement a son service mais qu'ajant deja un titre ou benefice de sept cens livres il ne pouvoit suivre son inclination a moins que le chapitre ne voulut fixer ses gages a sept cens livres avec titre". Le chapitre Saint-André de Bordeaux accepte ses conditions, et souhaite le nommer organiste avec des revenus s'élevant à 700 livres, il le prie également de "venir le plus tot qu'il luy sera possible"
Avant de lui écrire pour lui proposer le poste de Saint-André, le chapitre cathédral avait, en avril, engagé Jean-Henry LABADIE, de Narbonne. Dès l'été qui suit, GRAVIER prend sa suite.
• Début août 1755, Bordeaux : Jean-Baptiste GRAVIER est officiellement nommé organiste de la cathédrale Saint-André le 7 août et il signe son contrat d'engagement à vie avec le chapitre le 10 août.
Les modalités de ce contrat sont les suivantes : "led Sr Gravier [ce] acceptant pour organiste de lad Eglise St andré aux gages de sept cens livres annuellement, et pendant la vie dud Sr Gravier [...] ainsy qu'il promet et soblige de toucher les deux orgues de cette église suivant l'usage, Et de saquitter de lad fonction d'organiste avec autant d'exactitude qui luy sera possible, et de meme une conduitte reguliere et conforme à son état, meme s'engage le Sr Gravier de faire exactement auxd orgues, les réparations qui sont à la portée d'un organiste telles que d'accorder les jeux d'anches et corriger certains deffauts". Son contrat stipule également que l'organiste ne peut s'absenter qu'en cas de véritable justification et qu'il ne doit "ny contracter aucun engagement pour chanter ny toucher aucun instrument que ce soit avec Messieurs les directeurs du Concert"
On apprend également au sein de son contrat que Jean-Baptiste GRAVIER a le droit à des vacances annuelles accordées d'ordinaire aux organistes de la cathédrale Saint-André, à partir du "neuf du mois de septambre et finissant la veille de tous les Saints".
Après son engagement, il est souvent cité par le chapitre pour absences au service divin : on retrouve là un comportement qu'il avait déjà eu lors de son poste à la cathédrale Sainte-Marie d'Auch.

• En février 1759, il obtient un congé afin d'aller se perfectionner dans son art, cette fois à Paris. De plus les orgues de la cathédrale Saint-André de Bordeaux deviennent injouables et nécessitent alors d'importants travaux réalisés par le facteur d'orgues Jean-Baptiste MICOT qui doivent être terminés pour Pâques 1761.
Jean-Baptiste GRAVIER publie des sonates pour clavecin. On le sait grâce aux annonces qu'il fait passer dans la presse parisienne entre mai et juillet 1759 puis entre juillet et août 1762, ce qui indique qu'il doit être resté à Paris tout le temps des travaux du grand orgue de la cathédrale de Bordeaux.
Ces deux annonces sont les suivantes, "6 sonates pour le clavecin, composées par M. l’Abbé GRAVIER, Organiste de la Métropole de Bordeaux. Prix 6 liv. aux adresses ordinaires de musique" et "Sonates pour le clavecin en quatuor, avec premier & second dessus de violon, par M. l’abbé GRAVIER, organiste de la Métropole de Bordeaux. Nouvelle édition. Prix 12 liv. Se vend aux adresses ordinaires de musique".
Ces annonces nous révèlent que Jean-Baptiste GRAVIER était un compositeur publié, cherchant certainement à acquérir une certaine notoriété au sein des cercles parisiens, et, peut-être, à compléter ses gages d'organiste à la cathédrale de Bordeaux.

• En 1763, Jean-Baptiste GRAVIER semble avoir quitté son poste de Bordeaux, puisqu'un concours est alors organisé pour trouver un nouvel organiste et c'est le sieur COLLESSE qui le remplace, nommé le 18 août de la même année.

• Entre 1763 et 1769, le parcours de Jean-Baptiste GRAVIER nous est à ce jour inconnu. Peut être est-il déjà à Saintes ?

• Le 20 mars 1769, Saintes : Lors du contrat de mariage passé entre la nièce et légataire universelle de Louis GRÉNON, Jeanne Flandrin, et Pierre Honoré Le Roux devant le notaire Pierre Senné, deux chanoines semi-prébendés signent comme témoins, BINET et GRAVIER. Nul doute que ce dernier est Jean-Baptiste GRAVIER qui est devenu chanoine semi-prébendé de la cathédrale de Saintes et très certainement dans le même temps organiste de cette dernière.
On peut très fortement supposer qu'il obtient sa prébende après le décès de Louis GRÉNON le 10 janvier 1769, et en serait alors le successeur dans sa stalle. Cependant, peut être était-il déjà en poste comme organiste à la cathédrale auparavant.

• De juin 1783 à avril 1786 : Jean-Baptiste GRAVIER est mentionné à plusieurs reprises comme chanoine semi-prébendé et organiste de la cathédrale Saint-Pierre au sein du seul registre capitulaire conservé pour cette période.
Le 12 mai 1784, il joue de l'orgue pour la messe de réception de l'évêque de Beauvais comme "chanoine honoraire" de la cathédrale. 

• Le 28 avril 1786, Angoulême : Toujours en poste à la cathédrale de Saintes, Jean-Baptiste GRAVIER est appelé par le chapitre de la cathédrale Saint-Pierre d'Angoulême afin de venir y vérifier les orgues. On ne sait combien de temps dure alors son séjour en plein cœur de l'Angoumois.

En 1790, Saintes : Jean-Baptiste GRAVIER est toujours chanoine semi-prébendé de la cathédrale Saint-Pierre, également organiste, titulaire du grand orgue, jusqu'au 11 juillet 1791, officiellement, date à laquelle il aurait quitté ses fonctions selon "la liste des organistes titulaires du grand orgue", dressée par Jean Douteau.
Toutefois, dès le 10 avril 1791, on a la preuve que Françoise DELAÎTRE, 15 ans, fille du maître de danse Jean-Baptiste DUBREUIL-DELAITRE, est rétribuée comme organiste de la cathédrale, sur une base de 400 livres par an.
Par ailleurs, GRAVIER ne figure pas dans l'état du personnel salarié de la cathédrale dressé en 1790, ce qui peut s'expliquer par le fait que cet état ne comprend pas les chanoines semi-prébendés. Aucune démarche effectuée dans le but d'obtenir des secours après 1791 ne nous est parvenue à ce jour.

• 22 novembre 1799 (1er frimaire an VIII), Saintes : Jean-Baptiste GRAVIER, mentionné comme "Jean GRAVIER natif d'Auch", décède "âgé de 76 ans", "dans la maison de la citoyenne Anne Guipreville", qui était peut-être sa logeuse. Si l'âge correspond parfaitement à la réalité, il y a une erreur sur son lieu de naissance, occulté au profit de son lieu de formation et de début de carrière. Il n'est pas fait mention de son état d'organiste : sans doute, en raison de son âge, n'avait-il pas repris son activité à la reprise du culte.

En hommage à Benoît Michel

(et merci à Dominique Bop)

• • • Bibliographie

- Benoît Michel, Le Noël à grand chœur : une pratique musicale à Toulouse et en terres méridionales (XVIIe-XIXe siècles), thèse de Doctorat en Musicologie, sous la direction de Catherine Massip et Anne Piéjus, EPHE (2012), volume 3, p. 93-95

Mise à jour : 27 octobre 2016

Sources
B. Michel, Le Noël à grand chœur…, 2012. ; F-Ad17/ BMS Saintes ; F-Ad17/ G 251 ; F-Ad33/ G 304 ; F-Ad33/ G 3233 ; F-Am Lombez/ BMS Lombez ; F.Randier, Orgues et organistes de St-André de Bordeaux... ; J. Douteau, Le Grand Orgue et la maîtrise de la cathédrale Saint-Pierre de Saintes..., 1942 ; M.Balans, Musiciens entre ciel et terre..., 2010. ; P. de Fleury, Dictionnaire biographique des facteurs d'orgues ..., 1926

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