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GRAVIGNARD, Étienne (1753-1790)
État civil
NOM : GRAVIGNARD     Prénom(s) : Étienne      Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : GRAVINIARD
GRAVINARD
Date(s) : 1753-3-31  / 1790-7-12
Notes biographiques

Étienne GRAVIGNARD (parfois GRAVINIARD ou autre variante…) appartient de justesse au corpus des musiciens de 1790 : il meurt à 37 ans l'avant-veille de la Fête de la Fédération 1790. Il était alors chantre basse contre de la collégiale Saint-Jean de Dijon, tout en étant cordonnier, comme l'avait été son père. L'un de ses fils était alors enfant de chœur dans la même église.

• 31 mars 1753, Recey-sur-Ource : C'est dans cette localité du diocèse de Langres, située à environ 45 km à l'ouest de cette ville, qu'Étienne GRAVIGNARD voit le jour. Il est fils de Jean-Paul Gravignard, cordonnier, et de Marguerite Cousin. Son parrain est marchand taillandier et sa marraine femme d'un marchand. Tous sont bien alphabétisés. Il faut signaler que le jeune garçon a pu connaître dans son enfance Antoine-Georges TROTAIN, né vers 1752 dans le même village, qui deviendra lui aussi musicien d'Église.

• [À une date inconnue] la famille Gravignard quitte Recey pour Courcelotte (lequel ?).

• 27 juin 1774, Dijon : Dans l'église paroissiale de Notre-Dame est célébré le mariage entre Étienne GRAVINARD, compagnon cordonnier, et Jeanne-Louise Callies (parfois Callier), ouvrière, fille et sœur de paveurs. Les jeunes mariés demeurent tous deux "sur cette paroisse", mais des bans ont aussi été publiés à Courcelotte, où habitent les parents Gravignard, qui sont présents au mariage. Les témoins sont deux paveurs, un maître cordonnier et un compagnon vannier. Le marié signe "Etienne gravignard", orthographe qui a donc été sélectionnée comme graphie d'autorité parmi les nombreuses variantes offertes par les divers documents le concernant.

• 7 août 1775 : Leur fils François naît 13 mois après le mariage. Si son parrain est un oncle maternel, sa marraine est Étiennette Bernard, sœur tourière du monastère de St-Julien, dont la présence surprend un peu par rapport au reste du réseau relationnel connu de la famille Gravignard. Le père est dit "compagnon cordonnier" et signe "gravignard".

• 27 octobre 1776 : Leur fils Jacques [futur enfant de chœur] est baptisé le jour de sa naissance, toujours à Notre-Dame. Le parrain est garçon cordonnier, la marraine fille d'un voiturier. Quant au père, il est dit "garçon cordonnier". Il signe à nouveau "Etienne gravignard".

• 30 mai 1779, Dijon : Le chapitre de la collégiale Saint-Jean prend acte de l'extinction de voix de son chantre Victor DUCHAUSSOIS, "qui ne lui permettoit plus de remplir ses fonctions". L'un des chanoines explique "que le nommé Étienne GRAVINARD garçon cordonnier chez le sieur Moniot dont la voix lui avoit paru assez sonore s'étoit présenté pour remplacer pendant un an le dit Duchaussois". Le chapitre entérine ce choix et promet au nouveau chantre "100 livres d'appointemens qui lui seront payés de trois mois en trois mois". Le règlement pour les basse-contre lui est communiqué, il l'accepte et signe "Étienne gravignard". Il est engagé pour faire "les fonctions de chantre dans l'église collégialle et paroissialle Saint Jean-Baptiste jusqu'au 23 juin 1780", c'est-à-dire jusqu'à la veille de la fête du saint patron de l'année suivante.
Ce règlement, qui comporte 9 points, donne le détail des jours et moments où les basse-contre sont requis de chanter. Il ne s'agit pas d'un service quotidien : leur première obligation concerne les dimanches et fêtes, vigiles et parfois matines comprises. Ils doivent par exemple chanter aux matines "le jour de la saint Jean-Baptiste à cinq heures précises du matin".

• Juin 1780 : La voix de Victor DUCHAUSSOIS n'est probablement pas revenue. Le dossier relatif à la collégiale Saint-Jean de Dijon aux archives n'a pas conservé trace des décisions qui ont dû être prises à ce moment-là, mais il est manifeste qu'Étienne GRAVIGNARD y reste chantre jusqu'à la Révolution.

• 8 juin 1782 : Le baptême d'un autre fils Gravignard, lui aussi prénommé Jacques, a été repéré à cette date. Le père est toujours qualifié de cordonnier. Quant au parrain, il est donné comme "Jacques CHAMP DUMONT, marchand fayencier" et il signe sobrement mais élégamment "Champ" : le dépouillement des comptes et délibérations de la collégiale montre qu'il s'agit aussi du serpent de la collégiale. C'est une des rares traces montrant GRAVIGNARD lié aux musiciens qu'il fréquente pourtant régulièrement au chœur de Saint-Jean.

• [Fin 1783] : C'est vers cette période que son fils Jacques, à l'âge de sept ans environ, devient enfant de chœur du chapitre de Saint-Jean.

• 4 août 1789 : Avec une orthographe qui traduit une alphabétisation hésitante et fragile, mais de sa propre main tout de même, Étienne GRAVIGNARD rédige une supplique adressée au chapitre de Saint-Jean. Il fait le constat que "sa situation de garsçon cordonnier et si médiocre et ne peu lui sufire pour élever sa famille". Pour se faire recevoir maître, il lui faut payer les droits d'accession à la maîtrise. Il obtient pour cela 48 livres du chapitre qui constitue une avance de ce qui sera dû à son fils Jacques, enfant de chœur de la collégiale, lors de sa sortie. Cette sortie est prévue pour dans un peu plus d'un an, vers la fin de 1790, car il est d'usage à Saint-Jean de ne garder les enfants de chœur que durant sept ans ("vue la définition de son tems prescrit par Messieurs du Chapitre"). Mais le chantre-cordonnier se soumet par avance à la volonté du chapitre : "si ses Messieurs les Chanoine soit content de l'enfant ay qu'il veuille le garder une an de plus il en son les Maîtres." Il ajoute au dos un petit mot émouvant : "il prie ses Messieurs d'excuser son peu de stile, n'étant point usagez par le manque d'éducation qu'il n'a pas mais sa franchisse et sa naïveté le ferront excuser par ses Messieurs qui voudront bien lui faire justice."

On ignore s'il a eu le temps de se faire recevoir maître par la communauté de métier des cordonniers…

1790, Dijon : Lorsque l'année commence, Étienne GRAVIGNARD chante toujours la basse-contre à la collégiale Saint-Jean, dont le maître est alors Nicolas-Joseph BOUCHIN, et le serpent le marchand faïencier Jacques CHAMP, dit DUMONT.
Il assure également un service de chantre à la petite collégiale de La Chapelle-aux-Riches, rue de la Chapelotte [aujourd'hui rue Berbizey], pour lequel il touche 36 livres par an.
• 1er juillet 1790 : Étienne GRAVIGNARD rédige et signe sa dernière quittance, attestant avoir reçu du Receveur de la Chapelle aux Riches la somme de 18 livres "pour ma demie anné de gages en calité de Chantre en laditte Église". À compter de cette date, sans doute trop malade pour continuer son service, il est remplacé à la Chapelotte par Denis GRAILLOT, par ailleurs chantre chez les Dominicains, qui vient se joindre à sa place au sieur CHEVALIER au pied de l'aigle "en bois, bronze, sur un pied de pierre polie" décrit dans l'inventaire du même mois de juillet 1790.
• 12 juillet 1790, Dijon : L'avant-veille de la grande fête de la Fédération, alors que toute la ville bruisse des préparatifs… Étienne GRAVIGNARD meurt – "muni des sacrements de l'église". Il est inhumé le lendemain au grand cimetière de la paroisse Notre-Dame en présence du marguillier et d'un domestique. Il avait 37 ans et trois mois...
L'acte de sépulture immédiatement suivant, daté du 16 juillet, concerne l'ancien organiste Jean-Joseph VIENNE, "marchand en cette ville", décédé très jeune lui aussi (36 ans).
Après le décès de GRAVIGNARD, le poste de chantre à Saint-Jean est conféré à compter du 1er août 1790 au nommé POINSOTTE.

• Son fils Jacques l'aîné, l'ancien enfant de chœur, meurt cinq ans après lui. Sa veuve, Jeanne-Louise Callies, s'éteint le 12 mai 1812 rue du Bourg à Dijon. Leur autre fils prénommé Jacques vivra au contraire très longtemps (jusqu'en 1870).

Mise à jour : 25 décembre 2018

Sources
F-Ad21/ 1Q 746 ; F-Ad21/ BMS Notre-Dame de Dijon ; F-Ad21/ BMS Notre-Dame de Dijon en ligne ; F-Ad21/ BMS Recey-sur-Ource en ligne ; F-Ad21/ G 2131

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