GRESLAND, Thomas Pierre (1729-1817)

Fils d'un maître tailleur d'habit venu du Bas-Maine s'installer à Rennes, Thomas-Pierre GRESLAND devient prêtre. En 1790, il est semi-prébendé à la cathédrale de Rennes. À ce titre, sans pouvoir être considéré comme un musicien professionnel, il participe activement à la solennisation du culte, en portant la chape, en renforçant le plain-chant, et même en "chantant la musique" à l'aigle comme le chapitre l'exige en 1780.

• 8 octobre 1729, Rennes : Fils "d'hh Pierre Gresland et d'hf Janne Douët son épouse", Thomas-Pierre GRESLAND naît sur la paroisse Saint-Jean. Il est baptisé le lendemain et a pour parrain un maître serrurier. Les parents, le parrain et la marraine sont tous gratifiés d'un avant-nom honorifique, "hh" [honnête ou honorable homme] ou "hf" [honnête ou honorable femme]. Le père signe avec aisance. Les parents du nouveau-né s'étaient mariés à Saint-Étienne de Rennes le 14 juillet 1725. Leur acte de mariage indique que le père exerce le métier de maître tailleur d'habits, et qu'il était originaire d'Ernée, aujourd'hui en Mayenne, donc au XVIII^e siècle dans le Bas-Maine.

• 11 février 1736, Rennes : Pierre Gresland – dont le célébrant ne dit strictement rien – est parrain de Françoise-Perrine, fille de Nicolas COLLIN sieur DES GRAVIERS, que l'on sait musicien (et qui a été enfant de chœur puis choriste à la cathédrale tout en exerçant diverses fonctions liturgiques). Il signe "p. Gresland". Thomas-Pierre n'ayant pas encore six ans et demi alors, il s'agit plus vraisemblablement de son père. Ce parrainage indique un lien de la famille Gresland avec les milieux musicaux de la ville.

• L'itinéraire de formation du jeune Thomas-Pierre GRESLAND reste à documenter : a-t-il été enfant de chœur à la cathédrale ? À une date qui reste elle aussi à découvrir, il est ordonné prêtre.

• 22 décembre 1769, Rennes : Thomas-Pierre GRESLAND devient chanoine semi-prébendé à la cathédrale de Rennes.  Un extrait du registre capitulaire daté de ce jour a été joint au dossier de GRESLAND constitué en 1790-1791 et conservé en série L aux archives départementales d'Ille-et-Vilaine. Il décrit la prise de possession par GRESLAND de la semi-prébende "vacante par la démission libre du sieur LE ROUX, dernier posseseur d’icelle" et présentée à GRESLAND par le chapitre "suivant la délibération du 11 de ce mois". Après avoir accompli les rites prescrits (baiser le grand autel, prendre place dans la stalle ordinaire du coté de l’évangile…), le nouveau semi-prébendé doit verser la somme de 117 livres, "sçavoir 50 pour pain de chapitre, autres 50 livres pour droit de chape, 9 livres pour droit de fabrique et 8 livres pour estre distribuées au bas Chœur".
 Cette date de réception correspond à la durée de service indiquée par GRESLAND dans sa supplique de mars 1791.

• 12 novembre 1774, Rennes : Lors de "la Messe qui se chante au palais le jour de l’ouverture du Parlement", GRESLAND figure au deuxième rang de la liste des "musiciens du chœur" qui doivent être rémunérés, pour la somme de 5 livres 7 sols et 6 deniers. Il est immédiatement précédé de BODIN, qui reçoit la même somme.

• 14 février 1780, Rennes : Ayant observé que trois grands chapelains semi-prébendés, BAMEULLE, GRESLAND et BODIN, "négligent de chanter la musique" et ne veulent pas descendre à l'aigle, les chanoines chargent Gaspard LEMAY maître de Musique, de "leur présenter à chacun leur partie pour l’exécuter". On voit que la participation des semi-prébendés au chant d'Église dépasse – ou est censée dépasser, s'ils le veulent bien… – la simple exécution du plain-chant : ils doivent "descendre à l'aigle" pour "chanter la musique".

• Juillet 1785 : Le registre capitulaire fait mention de trois grands chapelains semi-prébendés : les sieurs BODIN, GRESLAND et PROD’HOMME, qui ont droit à 52 jours de congé par an. BAMEULLE est alors dit seulement semi-prébendé, mais au vu de ce qui suit, la différence de terminologie ici relevée n'est probablement guère significative.

• Mai 1786 : À la suite du décès coup sur coup de deux des quatre semi-prébendés, PROD'HOMME et BODIN, le chapitre décide de "supprimer et éteindre" les quatre "grandes chapellenies ou semi-prébendes" – les deux formulations sont ici bel et bien synonymes. Il propose 12 livres par semaine au lieu de 6 aux deux semi-prébendés survivants pour assurer la totalité du service.
Le 26 mai, GRESLAND et BAMEULLE refusent, "quelqu’envie qu’ils eussent de satisfaire la compagnie, leur âge et leurs infirmités ne leur permettent pas d’accepter ses offres…".
Toutefois le 12 juin, Gresland fait la semaine vacante quand même… et le secrétaire capitulaire note qu'il a "pris la chape pour accompagner l’officiant et donner l’encens au chœur". Il est vraisemblable que malgré leur refus initial les deux semi-prébendés ont finalement plié devant la volonté du chapitre.

• 1790, Rennes : Thomas-Pierre GRESLAND ou GRÉLAND et Étienne-Marie BAMEULLE figurent comme grands chapelains et semi-prébendés dans les divers documents donnant la composition du chapitre à la veille de sa dissolution. Dans les listes retrouvées, ils sont placés à la charnière du haut et du bas chœur, signe de leur position hybride au sein du monde capitulaire. Ils n'appartiennent pas à la même catégorie que les musiciens gagistes dirigés par le maître de musique Gaspard LEMAY, mais leur participation à la solennité du culte est indéniable (porter la chape, participer au plain-chant, voire "chanter la musique" à l'aigle comme exigé en février 1780).

• 14 mars 1791 : BAMEULLE et GRESLAND rédigent une supplique commune adressée au district dans laquelle ils expliquent que GRESLAND, âgé de 62 ans, est titulaire de sa semi-prébende "depuis plus de 21 ans", et BAMEULLE, âgé de 59 ans, "depuis 15 ans six mois". Ces durées suggèrent donc que GRESLAND aurait été reçu semi-prébendé à la cathédrale de Rennes en 1769, ce que l'extrait de registre capitulaire joint à son dossier confirme. Les deux hommes détaillent leurs revenus qu'ils estiment monter au total entre 970 et 975 livres "pour chacun, quelque fois plus, quelque fois moins suivant la plus ou moins grande assiduité, comme le prouvent les cartes cy jointes". En effet, on trouve dans le même dossier une série de cartes à jouer au dos desquelles sont inscrites les sommes versées par le chapitre à BAMEULLE et à GRESLAND.

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• 28 mars 1817, Rennes : "Àgé de 87 ans et demi" – ce qui se révèle exact – "Missire Thomas Pierre GRESLAND, prêtre" meurt vers midi rue St-Louis. Son décès est déclaré peu après par un menuisier et un sculpteur.

Mise à jour : 25 janvier 2020