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HUET, Jean Louis Emmanuel, dit "Huet de Tostes" (1763-1824 ap.)

HUET, Jean Louis Emmanuel, dit "Huet de Tostes" (1763-1824 ap.)

État civil
NOM : HUET     Prénom(s) : Jean Louis Emmanuel     Sexe : M
Complément de nom : dit "Huet de Tostes"
Date(s) : 1763-6-10  / 1824 ap.
Notes biographiques

Jean-Louis Emmanuel HUET, originaire de Tostes [aujourd'hui dans l'Eure], se révèle comme un musicien voyageur, changeant plusieurs fois de poste d'abord entre Normandie et Bretagne, puis en Bas-Poitou. Il chante la basse-contre quelque temps à Caen, Dol, Rouen, Saint-Malo, Rennes et c'est à Luçon qu'il exerce à la veille de la Révolution. Il y est également régent de collège. À partir de 1792, il bifurque vers une activité de calligraphe et de professeur d'écriture dans laquelle il acquiert une certaine notoriété durant le premier quart du XIXe siècle.

• 10 juin 1763, Tostes [Eure] : Fils de Jean-Louis Huet et de Marie-Angélique Allix, Jean-Louis Emmanuel HUET est baptisé dans la paroisse Sainte-Anne de Tostes, diocèse d'Évreux, située à 30 km au nord d'Évreux et à 25 km au sud de Rouen.

• On peut penser que durant la décennie 1770 il a été formé à la musique dans une maîtrise d'enfants de chœur de l'une des deux grandes villes voisines, Évreux, capitale du diocèse, ou Rouen. Les registres capitulaires d'Évreux sont perdus jusqu'en 1774, mais on ne rencontre ensuite aucune trace du jeune HUET de 1775 à 1780. La question de sa formation reste donc actuellement sans réponse.

• Jean-Louis Emmanuel HUET aurait exercé "quelques mois" à Dol et Saint-Malo, mais son dossier ne fournit ni date ni certificat concernant ces deux postes. On ignore quand se placent ces "quelques mois". Il se pourrait que son passage à Saint-Malo n'ait pas duré plus que les quelques jours séparant sa réception à Saint-Malo de sa réception à Rennes en 1786 (voir ci-après). Le début de sa carrière semble en tous cas particulièrement instable entre Bretagne et Normandie.

• D'avril 1784 au 20 août 1785, Caen : Il passe quinze mois en tant que choriste à la collégiale Saint-Sépulcre de Caen.

• [Première moitié de l'année 1786], Rouen : Les registres capitulaires de la cathédrale de Rouen sont perdus pour l'année 1786, mais un certificat délivré par les chanoines le 17 août 1786 indique (en latin) que Jean-Louis-Emmanuel HUET, clerc du diocèse d'Évreux, a assisté au chœur pendant environ six mois.

• 18 juillet 1786, Saint-Malo [Ille-et-Vilaine] : On retrouve Jean-Baptiste-Louis-Emmanuel HUET (ces quatre prénoms sont ainsi inscrits dans le registre capitulaire) "clerc tonsuré du diocèse d’Evreux", reçu "bachelier du chœur" de la cathédrale de Saint-Malo. Le terme de bachelier est propre à Saint-Malo pour désigner les musiciens choristes.
• 31 juillet 1786, Rennes : Le même jour François LETERTRE, basse taille externe, se retire du service de la cathédrale Saint-Pierre et le sieur Jean-Louis-Emmanuel HUET, "clerc tonsuré de la paroisse de Tôte, diocèse d’Évreux", est reçu choriste par le chapitre. Ses gages seront de 26 sols 6 deniers par jour. Il n'a donc probablement pas réellement occupé le poste de Saint-Malo, ou alors durant moins de deux semaines. Sa double candidature met en évidence une véritable stratégie de carrière : il se présente sur deux postes, les obtient et choisit le meilleur, le plus rémunérateur ou le plus prestigieux.
• 11 août 1786, Rennes : Les chanoines rennais accordent 60 livres "pour frais de son voyage" au sieur HUET, "clerc tonsuré, choriste de leur église". La somme, relativement importante, semble correspondre à son voyage depuis Rouen. Le fait qu'il soit clerc tonsuré pourrait confirmer le passage antérieur par une maîtrise.
• 22 août 1786, Rennes : Dans l'église paroissiale Saint-Étienne, est célébré le mariage d’un musicien de la cathédrale, Félix-Joseph BOITE, avec Marie-Augustine Burgalet, de Tinténiac. Parmi les nombreux signataires de l’acte, on reconnaît plusieurs des collègues musiciens de la cathédrale : les LEMAY père et fils, DÉPÉRY, LEBON, OUDET, HUET, ROUSSIN... Le nouvel arrivant a donc très vite été intégré à la sociabilité interne qui relie entre eux les membres du milieu musical rennais. Il signe "louis Huet".
• Dès le 20 novembre 1786, Rennes : Les chanoines rennais l'autorisent à se retirer à compter du 1er décembre suivant, car il a fait valoir "que ses infirmités habituelles exigent qu’il s’en retourne dans son pays". Quelles sont ces "infirmités habituelles" ? Le chapitre ne semble pas lui tenir rigueur de sa défection puisqu'il lui accorde "42 livres au dessus des appointements qu’il aura gagné à la fin du présent mois", étant donné que "ses facultés ne lui permettent pas d’entreprendre le voyage".

• 15 décembre 1786 à février 1787 (?), Rouen : M HUET, venu de Rennes, est (à nouveau) reçu comme chapelain de chœur à la cathédrale de Rouen. Les chapelains de chœur sont chargés de la psalmodie. Il est mis en possession de sa place le 10 janvier suivant — c'est sa seule apparition dans les registres capitulaires. Son retour à Rouen semble avoir été très bref.

• 23 février 1787, Rennes : Les chanoines avancent à HUET "clerc tonsuré nouvellement admis pour choriste de leur église aux mêmes émoluments dont il jouissoit avant son départ, la somme de 30 livres pour frais de son voyage". Le receveur lui retiendra trois livres par mois jusqu'au remboursement.

• 31 août 1787, Luçon [Vendée] : Jean-Louis-Emmanuel HUET est reçu basse-contre choriste à la cathédrale Notre-Dame "aux gages et appointements de 720 livres par an". Le chapitre lui accorde " tant pour son voyage que pour son assistance au chœur depuis quelques jours la somme de 36 livres". Le registre capitulaire n'indique pas d'où il arrive. Peu de temps auparavant, le 27 juillet, "un diacre de Coutances" avait candidaté à une place de basse-contre à la cathédrale de Luçon : était-ce HUET ?
• 26 octobre 1787, Luçon: La liste des musiciens de la cathédrale Notre-Dame établie à l'occasion du chapitre général d'hiver comporte 9 noms. Ils sont énumérés dans l'ordre suivant : Michel SIROL, Claude VILNET, Louis-Simon HILARIOT, Jacques-René CORNAU, Denis PILORGET, Pierre DELESTRE, Antoine REY, Paul-François-Spire LAFOSSE et Jean-Louis Emmanuel HUET, le dernier reçu.

• 9 mai 1788 : La liste dressée pour le chapitre dit d'été est exactement similaire à celle du mois d'octobre précédent.

• 29 septembre 1788, Chaillé-sous-les-Ormeaux [Vendée] : Dans ce village situé à environ 25 km de Luçon, Jean-Louis-Emmanuel "maître es-arts et musicien à la cathédrale de Luçon" se marie avec Anne-Perrine-Renée Cardo, fille d'un faïencier qui demeure dans ce village. La jeune femme, elle, est domiciliée à Luçon, où elle était sans doute venue travailler.
Le mariage se fait en présence de l'avocat au Parlement Jean-Baptiste Aimé Caillaud, au nom et comme fondé de procuration de Jean-Louis Huet (père du marié qui est alors qualifié de "sergent à garde des eaux et forêts"), de Pierre Leroux, tailleur d'habits, de Denis-François Hultaut, "huissier à la maîtrise" et du sieur Couturier, notaire. Les musiciens de la cathédrale semblent ne pas s'être déplacés.
• 20 octobre 1788, Luçon : Le chapitre "fait remise" à HUET, "musicien basse contre", de 27 livres dont il est redevable pour le récompenser d'avoir "fait en différents temps plusieurs pièces d’écriture pour le chapitre". C'est une première trace, précieuse, de l'activité qu'a déjà le musicien en matière d'écriture (voir ci-après à partir de 1792).

• 17 mai 1789, Luçon : Jean-Louis Emmanuel HUET, musicien, et "Dame" Anne-Perrine-Renée Cardo ont une fille, Jeanne-Angélique, "née aujourd'huy, Grande rue". Ils ont choisi comme parrain le sieur Michel Claude SIROL, "Me d'absalete" [sic, pour maître de psallette], et pour marraine Jeanne Ponsin, l'épouse du parrain.
• 29 mai 1789 et 26 juin 1789 : Deux fois de suite, le chapitre "a remis les absences" (c'est-à-dire ne lui a pas appliqué de pénalité, malgré des absences un peu trop nombreuses) à HUET, basse-contre, car ses absences ont été causées par "la maladie" et des "indispositions".

 1790, Luçon : Jean-Louis Emmanuel HUET est toujours basse-contre choriste à la cathédrale de Luçon. Il côtoie Pierre ROSSIGNOL, Jacques-René CORNEAU, Claude VILNET, Antoine REY, Louis HILARIOT, Pierre DELESTRE, ainsi que les deux derniers reçus, Pierre ROBIN et Jean-Baptiste Louis HERBULOT, sous la conduite de Michel Claude SIROL.
Le 7 mai 1790, HUET perçoit 8 livres que le chapitre lui remet après avoir reconnu que ses absences étaient bien dues à la maladie.
En novembre ou début décembre 1790, il adresse une demande de secours à "Messieurs les Administrateurs du Directoire du District de Fontenay". Il dit être âgé de 28 ans, être marié et avoir une enfant. Il déclare sept ans de service attesté en tant que choriste dont trois ans et demi à la cathédrale de Luçon aux gages de 720 livres/an. Il exerce aussi la fonction de régent de collège de Cinquième, Sixième, Septième pour laquelle il reçoit des appointements de 300 livres.
Avant Luçon, il avait, dit-il, "servi en même qualité un an à Caen, un an et demi à Rennes, un à Rouen, dont il a négligé et égaré les certificats, ne prévoyant pas en avoir un Besoin aussi indispensable, et ne pouvant espérer de les retirer de Rechef, les chapitres étant dissous". Il a manifestement réussi tout de même à retrouver certains certificats puisque son dossier comporte un certificat du chapitre de la cathédrale de Rennes ("depuis le 31 juillet jusqu'à la fin de novembre" [1786]), un de l'église métropolitaine de Rouen ("pendant environ six mois") et un autre de la collégiale du St-Sépulcre de Caen (quinze mois). Il ajoute "j'ai aussi été quelques mois au service des églises de Dol et de St-Malo mais je n'en ai point de certificats". On remarque qu'il avait généreusement arrondi ses durées de service dans deux des trois églises mentionnées.
L'administration ne lui reconnait, logiquement, qu'une durée totale de service de cinq ans et sept mois. Dès lors, il ne peut évidemment prétendre à une pension, mais seulement à une gratification, que le département fixe à 400 livres.

• 2 mai 1792, Luçon : Sa fille Jeanne-Angélique meurt à l'âge de trois ans.
• 9 août 1792, Luçon : À la suite d'une seconde requête, le directoire du district de Fontenay accorde 720 livres de gratification à "Louis Emmanuel Huet, cy devant occupé en qualité de Chantre à la cy devant Cathédrale de Luçon." Cette nouvelle décision s'appuie sur la loi du 1er juillet précédent, selon laquelle "il doit obtenir gratification une fois donnée égalle à ses appointements".

• 24 avril 1793, Luçon : Jean-Louis Emmanuel HUET, "professeur du collège de cette ville" et sa femme ont une deuxième enfant, prénommée Louise-Tendre. Son second prénom lui vient de l'un des déclarants de la naissance à la mairie, qui joue ainsi le rôle des anciens parrains. Il s'agit d'un certain "Raimond Aquard dit la tendresse, volontaire du détachement de la cavalerie Bordelaise cantonnée en cette ville". Ce soldat serait-il musicien ? L'autre déclarante est une habitante de la ville, Louise Laydet, "épouse du citoyen Pierre Vrignaud, libraire", trace du lien de HUET avec la culture écrite.

• On perd alors la trace du musicien à Luçon, mais quelques éléments sont venus éclairer la suite de son destin. Dès 1792, Jean-Louis Emmanuel HUET a été reçu maître écrivain à Paris. Fin 1793, il tient classe dans l'église désaffectée d'Épernon.
Entre les deux, il pourrait être revenu très provisoirement à Rennes, puisque le nom de HUET figure, avec ceux des musiciens LEMAY, ROUSSIN et BOITE, parmi les signataires de la lettre adressée par les Républicains de Rennes aux administrateurs du département d’Ille-et-Vilaine demandant que "les cy-devants nobles non assermentés" soient mis "en état d’arrestation" pour les empêcher de nuire. Cette pétition, non datée, ne peut avoir été rédigée qu’entre juin 1793 et janvier 1794.

• [1804] : HUET semble abandonner sa famille [voir ci-après, au 23 juin 1824]. Sous le nom de "HUET DE TOSTES" il publie de nombreux ouvrages relatifs à l'écriture et à la calligraphie – mais aussi à l'orthographe et la grammaire – à Paris entre 1804 et 1827. Seuls ses Principes de 1810 donnent des indications sur sa carrière. Il s'y présente comme professeur d’écriture et anciennement de langues latine et française, et plus loin comme professeur chez M. [Pierre-Claude] Auboin, chef d’institution impériale à Bourg-la-Reine.

• 30 août 1817, Rouen [Seine-Maritime] : Lors du décès de sa femme Anne-Perrine-Renée Cardo, Jean-Louis Emmanuel HUET, est dit "professeur d'écriture" (il n'est pas précisé où) et ne semble pas présent. Sa famille au complet a-t-elle déménagé à Rouen à quelque 410 kilomètres de Luçon entre 1793 et 1817, ou uniquement sa femme et sa fille ?

• 23 juin 1824, Rouen : Lors du mariage de sa fille Louise-Tendre avec Claude-David Jobin, Jean-Louis-Emmanuel Huet est dit "absent depuis environ vingt ans".
La même année sont publiées à Paris des planches de calligraphie intitulées "Le Nouveau mentor anglais ou choix de pièces d’écriture", exécutées par Huet, gravées par Dizambourg.

• 13 décembre 1832, Bordeaux  [Gironde] : Lors du mariage de son fils Hyacinthe Huet, négociant, né en 1799 à Rouen, ce dernier évoque "l'absence sans nouvelle de son père", certifiée par un arrêt du conseil d'état du 23 juillet 1805.

Son décès n'a pas été retrouvé à Luçon ni à Rouen. Il est beaucoup plus probablement mort à Paris ou dans les environs (il avait habité Bourg-la-Reine).

• • • Pour la liste de ses publications et des exemples de ses calligraphies :
-> https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Louis_Emmanuel_Huet,_dit_Huet_de_Tostes

Mise à jour : 31 juillet 2022
(merci à Marc Smith)

Sources
F-Ad27/ BMS Ste Anne de Tostes ; F-Ad35/ 1 G 268 ; F-Ad35/ 1G 702  ; F-Ad76/ 3E 00999  ; F-Ad76/ 3E00999 ; F-Ad76/ G9860 ; F-Ad85/ 2 G 18 ; F-Ad85/ 2 G 22 ; F-Ad85/ BMS Chaillé-sous-les-Ormeaux ; F-Ad85/ BMS Luçon, St-Mathurin ; F-Ad85/ NMD Luçon ; F-AdioLuçon/ AAR*/5 ; F-AmRennes/ BMS Rennes, St-Étienne ; F-An/ DXIX/091/783/01-02 ; F-An/ DXIX/096/871/15 ; M-Cl.Mussat, Musique et Société…, 1988 ; Wikipedia, notice Jean Louis Emmanuel Huet, dit Huet de Tostes

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