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JOSSIER, Pierre, le père (ca 1717-1784)
État civil
NOM : JOSSIER     Prénom(s) : Pierre     Sexe : M
Complément de nom : le père
Autre(s) forme(s) du nom : GOSSIER
Date(s) : 1717 ca  / 1784-7-18 
Notes biographiques

Pierre JOSSIER appartient à la catégorie des organistes aveugles que l'on rencontre ici ou là aux tribunes des églises de la France d'Ancien Régime. Si ses origines restent actuellement mal connues, il est ensuite durablement attesté à l’église paroissiale Sainte-Marie-Madeleine de Montargis, en Gâtinais. Il sert d'intermédiaire entre la fabrique paroissiale et le célèbre facteur d'orgues Dom Bedos, qu'il va rencontrer au château de Denainvilliers, près de Pithiviers, en 1775 pour lui exposer les problèmes observés sur l'orgue et lui demander conseil.

• [1717] : Selon l'âge indiqué à son décès, Pierre JOSSIER serait né en ou vers 1717.

• Où a-t-il acquis sa formation musicale ? À partir de quand exerce-t-il à Montargis ? Ces questions restent encore sans réponse. Selon Frédéric Pige ("Éléments pour une histoire des musiciens d'Église à Montargis et dans le Gâtinais au XVIIIe siècle", Revue d'histoire du Gâtinais, n°141, 2009, p.18-23), l'organiste précédent, Pierre CÉSAR, originaire de Sens, est attesté de 1749 à 1756 au moins.

• 18 juin 1760, Montargis [Loiret] : En compagnie de Jérôme Constant CALLAIS qui se dit "ancien enfant de cœur de l’église catédralle de Beauvais, maître de musique étably à Montargis", Pierre JOSSIER, organiste de l’église paroissiale Sainte-Marie-Madeleine, est requis pour expertiser les quatre nouvelles cloches fournies par les fondeurs Dormoy. Après avoir entendu plusieurs fois sonner les cloches, les deux musiciens "certifient qu’elles sont recevables quoique la grosse qui est au ton de l’ut soit de quelque comas* [sic] trop près du ré, cela ne faisant pas une assez grande deffectuosité pour en empescher la réception".
* En musique, un comma est un intervalle très petit, généralement entre le dixième et le cinquième du ton.
Le sieur JOSSIER (que le notaire appelle Gossier) "a déclaré ne pouvoir signer à cause de sa cécité".

• 13 janvier 1766, Paris : Aux Quinze-Vingts, Pierre JOSSIER se marie avec Anne Barbier, fille de Pierre-Jacques Barbier et d'Anne Lebeau. Ce mariage n'étant connu que par le fichier Andriveau, les renseignements disponibles ne vont pas au-delà de ce qui est ici noté. Le lieu du mariage, l'église paroissiale des Quinze-Vingts, c'est-à-dire l'église située tout près de l'hôpital dédié à l'accueil de 300 (15 x 20) aveugles, rappelle la cécité de l'organiste et suggère que sa nouvelle épouse en était peut-être, elle aussi, atteinte. À moins que les deux futurs n'aient noué connaissance en marge d'un séjour de l'organiste aveugle à l'hôpital ?

•  23 novembre 1766, Montargis : Avant que l'année ne se termine, vient au monde un premier fils de Pierre JOSSIER, "organiste de cette paroisse", et d'Anne Barbier. Baptisé le jour même à Sainte-Madeleine, l'enfant reçoit son premier prénom de son parrain, messire Rodolphe Tacite Gilbert de Salis de Samade. Comme celle de la marraine, Dlle Catherine Magdeleine Suzanne de La Villette, la signature du parrain suggère qu'il s'agit d'un enfant. Peut-être s'agit-il d'écoliers qui recevaient des leçons de musique de l'organiste, ou encore de pensionnaires. Ce fils deviendra musicien, de même qu'un autre fils, Charles-Joseph, qui sera ultérieurement professeur de musique à Rouen.

• 13 mai 1770, Montargis : Pierre JOSSIER est toujours organiste de l'église Sainte-Marie-Madeleine Il se plaint du mauvais état des soufflets et conseille pour les réparer un certain Jahan dit Tourangeau, "seul capable de faire cet ouvrage". Mais celui-ci quitte précipitamment la ville pour échapper à ses créanciers, avant d'avoir terminé son travail, laissant les soufflets "quoique remontés presqu’entièrement à neuf prenant vent en plusieurs endroits". La fabrique doit faire appel au "sieur Fluteau, horloger et artiste demeurant en cette ville" pour corriger les défauts laissés par Jahan. L'épisode révèle les difficultés d'entretien des orgues dans une petite ville.

• 21 septembre 1771, Montargis : Les gages de Pierre JOSSIER, antérieurement fixés à 330 livres par an, sont augmentés à 430 livres par an "attendu la cherté excessive de toutes denrées et autres considérations particulières". Dans ces "considérations particulières" figure peut-être la cécité de l'organiste.

• [Début octobre 1775], château de Denainvilliers : À l'occasion d'un voyage qu'il doit faire à Boynes, en Gâtinais, à 35 km au nord-ouest de Montargis, l'organiste est missionné par la fabrique de Sainte-Marie-Madeleine pour aller rencontrer le célèbre facteur d'orgues bénédictin Dom BEDOS qui réside en cette saison au château de Denainvilliers près Pithiviers, à l'invitation de l'agronome Duhamel du Monceau. Or Boynes "n’est qu’à deux lieues de cette terre". L'organiste "rend compte de la situation de l’orgue" au facteur qui, d’après le détail donné "luy a dit qu’il voyait clairement les réparations à faire à l’orgue sans qu’il lui soit nécessaire de se transporter icy, ce qu’il ne pourroit faire d’ailleurs qu’au printemps, attendu son âge". Le vieux bénédictin conseille de faire appel au facteur LÉPINE, de Paris, "estimant que les facteurs de Paris travaillent au total au meilleur marché que ceux des provinces".
Rentré à Montargis, JOSSIER fait son rapport à la fabrique le 17 octobre.
Adrien LÉPINE vient visiter l'orgue début novembre et soumet ensuite un devis aux fabriciens.

• 4 juin 1784, Montargis : Pierre JOSSIER reçoit toujours des appointements de 430 livres par an en tant qu'organiste de la paroisse Sainte-Marie-Madeleine. Il est sans doute tombé malade ou s'est affaibli : le conseil de la fabrique accorde à son fils Pierre-Rodolphe, 17 ans, la survivance de la place d'organiste de la paroisse.
• 18 juillet 1784 : Pierre JOSSIER décède. Une semaine plus tard, le 25 juillet 1784, Pierre Rodolphe JOSSIER, fils aîné du défunt, est reçu comme organiste de la paroisse Sainte-Madeleine de Montargis.

• 3 vendémiaire an IV (25 septembre 1795), Melleroy : La veuve de l'ancien organiste, Anne Barbier, s'éteint au "lieu de la Chapopinière", où elle résidait "depuis environ un mois". Son décès est déclaré par un "administrateur" et un domestique du lieu, ce qui suggère que la vieille dame avait trouvé refuge dans un hospice. Il doit s'agir du petit château aujourd'hui appelé la Chaponnière, à environ 1,5 km du bourg de Melleroy, lui-même situé à 22 km au sud-est de Montargis.

Mise à jour : 5 mai 2019

Sources
F-Ad45/ 130 J 4bis ; F-Ad45/ 3E 18 195 ; F-Ad45/ BMS Montargis ; F-Ad45/ NMD Melleroy ; Filaé/ Fichier Andriveau ; Fr. Pige, "Eléments pour une histoire des musiciens d'Eglise à Montargis…", 2009

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