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LASNIER, Jean (1736-1806)
État civil
NOM : LASNIER     Prénom(s) : Jean     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : LANIER
LAGNIER
Date(s) : 1736-3-29  / 1806-3-4 
Notes biographiques

Parmi les musiciens de la cathédrale Notre-Dame de Reims en 1790, le parcours suivi par la basse-taille Jean LASNIER est atypique, ainsi que la place qu'il occupe dans le vie musicale rémoise aux côtés d'Henri HARDOUIN. En effet, ce troyen formé depuis l'enfance à la cathédrale de sa ville natale se voit confier rapidement des responsabilités importantes tout en continuant de chanter et de jouer du violoncelle. Il est choisi  à différentes époques par les chanoines comme maître de musique et séjourne un temps à Paris afin de mieux se former à la composition. La beauté de sa voix doit sûrement expliquer son invitation à venir chanter à Reims lors de la cérémonie du sacre en 1775. Le chapitre de Notre-Dame l'engage peu après. Parallèlement, il occupe des fonctions de direction et de composition au Concert de Reims, il chante aussi à l'occasion. Après la fermeture du chapitre, il succède à HARDOUIN comme maître de musique de la nouvelle structure cathédrale et paroissiale. Jusqu'à sa mort sous l'Empire, il conserve des liens avec la musique, en particulier en l'enseignant.

• 29 mars 1736, Troyes [Aube] : Jean, fils d'Édmé Lanier naît et est baptisé le lendemain en l'église paroissiale Saint-Remi. Son père qui est alors "domestique de Monsieur Doé receveur des tailles", signe Lasnier. La mère de l'enfant est Marie Jussy. Le nouveau-né est porté sur les fonts par son grand-père Jean. Plusieurs actes paroissiaux le mentionneront avec les prénoms de Jean Baptiste.

• Février 1742, Troyes [Aube] : D'après le certificat de service signé en septembre 1790 par les chanoines de l’Église de Troyes, il est est reçu enfant de chœur à la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Il est d'abord formé par Daniel LENOIR, maître de musique de la cathédrale qui est en poste depuis la fin du règne de Louis XIV. Il s'éteint en 1747. Lui succèdent François LEGAVRE et DEROUSSY.

• 20 juillet 1750, Troyes : Sa mère meurt et elle est inhumée le lendemain en l'église Saint-Rémi. L'acte précise qu'Edme Lasnier est un maître vinaigrier. On relève quatre signatures au bas de l'acte dont celle de l'époux "Lasniez", de "jean Baptiste Lasnier" et de Jacques Duval. Les deux derniers pourraient être, sous toute réserve, le fils de la défunte, alors enfant de chœur et l'un de ses condisciples à la maîtrise de la cathédrale, tous deux appelés à la diriger dans les années à venir.

• [Août-Septembre] 1754, Troyes  : Après avoir effectué un service d'un peu plus de douze années et demie comme enfant de chœur, il sort de la maîtrise cathédrale.

• [1754-1761]  Pendant six ans environ, Jean LASNIER sert en qualité de musicien, vicaire de chœur.

• 9 janvier 1759, Troyes : Jean LASNIER, "vicaire" de la cathédrale St-Pierre-et-St-Paul, épouse Geneviève Élisabeth Coutelet en la paroisse Saint-Sauveur (érigée en la cathédrale). Tous deux signent. Elle est la fille d'un musicien de la cathédrale, Claude COUTELET. Parmi les témoins, sont présents : le père de l'époux  - qui est dit maître vitrier -, un maître artisan, le receveur des tailles Doé, et également le maître de musique de l'église métropolitaine, sans doute encore l'abbé" DEROUSSY. Il a été noté ultérieurement  dans une marge du registre que suite une "sentence du bailliage de Troyes" du 16 février 1780, le second prénom "Baptiste" doit être supprimé. Il est rayé sur l'acte de 1759.

• 1759-1770 : Neuf enfants naissent de leur union et sont baptisés paroisse Saint-Sauveur. Il s'agit Jean Toussaint (2 novembre 1759), Louise Gabrielle (5 octobre 1760), Jean Baptiste Julie (16 décembre 1761), Marie Louise (3 janvier 1763), Jacques (9 avril 1764), Jean Jacques (18 avril 1765), Élisabeth (25 septembre 1766), Jeanne (28 novembre 1767), Pierre François (5 septembre 1770). Jean LASNIER est présenté successivement dans les actes de baptême comme "vicaire de chœur" [musicien] en 1759-1760, maître de musique de la cathédrale Saint-Pierre-Saint-Paul (1761-1764), musicien (1765-1770). En outre, l'acte de 1770 précise qu'il est aussi marchand. Parmi les parrainages intéressants, on peut noter que le parrain de Jean-Baptiste Julie (1761) est Jean JOLY, l'organiste de la cathédrale, celui de Jacques (1764) est Jacques Prieur prêtre sous-chantre de la cathédrale, celui de Jeanne (1767) est le nouveau maître de musique de la cathédrale, Jacques DUVAL et la marraine la femme de Claude COUTELET, musicien de la cathédrale.

Selon A.É Prévost [Histoire de la maîtrise de la cathédrale de Troyes, rééd.1972], LASNIER aurait succédé à la fin de l'année 1761 à Urbain MABILLE qui avait manqué de respect à l'un des chanoines. "Les leçons de musique furent dès lors données par le vicaire de chœur, Jean Lasnier, tandis que le sous-chantre Prieur se chargeait des autres soins dus à la maîtrise. Ce n'était pas assez ; les chanoines , peu satisfaits depuis longtemps des maîtres de musique et voulant , disent-ils, que [p.53] le bon ordre fût observé , résolurent de confier au sous chantre Prieur tout ce qui concernait l'éducation des enfants, le temporel et l'intérieur de la maison. Pour Lasnier , il prendrait le titre de maitre , aurait l'inspection et la direction du chant au chœur, serait installé à la place affectée au maître et continuerait tout de même ses fonctions de vicaire de chœur".

• 22 septembre 1762, Paris : LASNIER séjourne dans la capitale. Il écrit au chanoine Bertrand qu'"étant parti de Troyes, dans l'intention de me perfectionner dans mon art le plus qu'il me serait possible, je peux sans me flatter vous dire, M..., que j'ay tellement travaillé pendant les deux mois et demi que j'ay été à Paris, que je peux hardiment m'en retourner à présent. J'ay pris jusqu'à deux leçons par jour". La suite de sa carrière comme maître de musique et de son domaine d'intervention reste sans doute à préciser. En février 1764, Prieur est remplacé par Jacques DUVAL. Prévost indique que ce dernier "avait besoin de faire des progrès dans l'art de la composition musicale ; aussi , préféra-t-on l'envoyer à Paris pour prendre des leçons. Cependant, il avait été ordonné prêtre et était revenu à Troyes. Il reprit les fonctions confiées d'abord à Lasnier, qui s'était marié". Tout ceci mérite un éclaircissement.

• 18 février 1763, Troyes : On relève la signature de "Lasnier maître de musique" au bas de l'acte de sépulture de Jean SINET, musicien de la cathédrale.

• 25 février 1765 : L'acte de sépulture de Claude Remy MAYEUR, décédé la veille, note la présence et porte la signature de DUVAL toujours mentionné en tant que "maître de musique".

• 12 septembre 1766, Troyes : Jean LASNIER est présent aux obsèques d'un de ses fils - Jacques - décédé la veille à l'âge de 2 ans 1/2. Avec lui, signe un certain ANCEL qui est fort probablement le maître de chapelle de l'Église de Châlons.

• 11 juin 1775, Reims [Marne] : Le chapitre de la cathédrale Notre-Dame de Reims le demande pour chanter lors du sacre de Louis XVI.
• Octobre-novembre 1775, Troyes [Aube] : Le compte des Anniversaires du chapitre cathédral le mentionne en qualité de vicaire de chœur "haute taille" [sic] (avec des gages de 28 sols par jour), mais aussi en tant que " haute contre [sic] et maître de musique"(avec 300 livres annuels). En cette dernière qualité, il dispose d'une maison (sans aucun doute celle de la maîtrise) appartenant au chapitre. Parmi les dépenses extraordinaires portées sur le poste de maître de musique figurent le coût de certaines fêtes particulièrement solennisées. Traditionnellement, le Te deum et le Regina caeli de Pâques, sont en musique, avec la participation de plusieurs violons et des musiciens de Saint-Étienne que l'on rétribue. Le  maître est aussi  particulièrement attendu, en novembre, pour la Musique de la  Sainte-Cécile. Les "vicaires" de Saint-Pierre, ceux de Saint-Étienne, et plusieurs instrumentistes sont présents. 90 livres seront alloués à LASNIER pour la seule rétribution de tous les musiciens employés à cette fête, dont 6 livres pour le 1er violon. Comme à l'accoutumée, la messe de la Sainte-Cécile trouve sa prolongation  dans  le repas des musiciens. Il revient en effet au maître de la musique de l'organiser (LASNIER touchera 36 livres pour ce déjeuner).  A noter que LASNIER est rémunéré aussi parmi ceux qui sont venus jouer d'un instrument (31 livres 5 sols pour cinq mois en plus de ce qu'il perçoit comme maître de musique).
L'Office des Anniversaires qui règle les dépenses relatives à la Musique, précise que Jean LASNIER est compté "présent seulement jusque et y compris le 29 dudit mois [novembre] apres quoi il est allé servir la cathedrale de Reims". La date du 29 novembre (dans le calendrier liturgique : peu après la fête de sainte Cécile) conduit à prouver que le maître de musique était bien à son poste en la cathédrale de Troyes pour la fête de la sainte Cécile. C'est Nicolas SAVART qui lui succède au poste de maître de musique. Depuis quand LASNIER exerçait-il à nouveau comme maître de musique de la cathédrale de Troyes. L’exploitation plus précise des registres capitulaires, s'ils existent, apportera sans doute la réponse.
• 3 novembre 1775, Reims : Il est reçu basse taille dans cette même cathédrale Notre-Dame comme le rappelle le certificat de service signé par les chanoines en novembre 1790. Ces derniers précisent que LASNIER "a mérité par sa probité et sa bonne conduite toutes les attentions par lesquelles le chapitre avoit coutume de distinguer ceux qui justifieroient la bonté". Le plumitif des conclusions capitulaires qui a été cosnervé pour cette année 1775 mentionne qu'en réalité à la date du 3 novembre "il est demandé à un chanoine d’écrire au dénommé LAGNY, basse-contre de Troyes, afin de lui annoncer qu’il y a une place pour lui à la cathédrale de Reims" [traduction d'une délibération en latin]. Il semble remplacer le boulanger GANGAND qui a chanté quelques mois la basse-contre à la cathédrale.
• Vers 1775, Reims : Jean LASNIER remplace Henri HARDOUIN à la tête de l'orchestre de l'Académie de musique [Concert]. À une date inconnue, le maître de musique de la cathédrale a en effet quitté la direction musicale du Concert. Concernant LASNIER "violoncelle à la cathédrale" désormais présent au pupitre du Concert, Jean Leflon donne la date de 1773 qui paraît inexacte. La polyvalence de LASNIER est confirmée (payé comme joueur d'instrument à Troyes, Leflon précise qu"il est violoncelliste) mais on ne comprend pas les variations sur sa tessiture (entre basse-taille et haute-contre, il y a tout un monde!).

• 15 avril 1776, Reims : Le chapitre remet au chantre et sous-chantre une somme d 'argent qui permettra au vicaire musicien LASNIER de se former aux règles de la musique [chant sur le livre?] et à condition qu’il donne satisfaction [traduction]. Le 26 juin suivant, on lui accorde la somme de 12 livres de gages par semaine au lieu de 11.

• 27 juin 1777, Reims : Les conclusions capitulaires de Notre-Dame font état d'une autorisation ("permissio") de congé accordée à LAGNIER, "subgravis vicarri musicii" [basse-taille].

• 19 juin 1778, Reims : Le chapitre accorde à la basse-taille LAGNIER les mêmes gages hebdomadaires qu’aux basses-contre.

• 5 janvier 1779, Reims : Un programme - imprimé chez Jeunehomme  imprimeur du roi et de la ville - présente le "divertissement" qui sera donné, en concert, quelques jours plus tard  à l'initiative de la Ville  pour célébrer la naissance de Marie-Thérèse, la fille du roi Louis XVI et de Marie-Antoinette, future madame Royale. "Les paroles sont de M. Jobart [...] et la musique de M. LASNIER maître de l'Orchestre du Concert de Reims". Ce concert public fait suite au Te Deum chanté en la cathédrale par la musique du chapitre. À cette date, Henri HARDOUIN ne dirige donc plus le Concert rémois.

• 1780-1781, Reims : Les comptes du Concert [Académie de musique] le mentionnent à cette période, sans doute comme "maître de musique" [chef d'orchestre?] et chanteur. Il perçoit 950 livres par an sans que l'on connaisse le détail.

• 14 janvier 1788, Reims : Le Journal de Champagne avertit que "Le Concert du vendredi 18 de ce mois commencera par le Huron, opera; Mlles Lasnier & Belmart, Mrs Thirot & Lasnier chanteront chacun une ariette; M.Chambon exécutera un concerto de violon. Le concert sera terminé par un motet".
• 21 janvier 1788, Reims : Le Journal de Champagne annonce que "le Concert du vendredi 25 de ce mois commencera par l'opera de Renaud & Armide; on exécutera ensuite une symphonie. Mlles Lasnier & Belmart, Mrs Thirot & Lasnier chanteront chacun une ariette. Le concert sera terminé par la suite de Laudate, motet de M.Delestre, Me de Musique de l'Eglise de Soissons".
• 17 mars 1788, Reims : Selon la même source, on apprend que "Le dimanche 23 mars il y aura dans la grande salle de l'Hôtel de ville un concert spirituel qui commencera par l'ouverture de la bataille d'Ivri, suivie d'un oratorio mis en musique par M.Bigot sur deux stances tirées des odes sacrées de Rousseau, chanté par Mde Chambon. On exécutera une symphonie à grand orchestre de M. Hayden; un concerto de flûte par M.Lefranc; un oratorio nouveau de Sacchini, tel qu'il vient d'être exécuté au concert Spirituel de Paris, qui sera chanté par Mde Chambon, Mlle Belmart & M.Lasnier; les paroles sont tirées de la tragédie d'Esther; M.Chambon exécutera un concerto de violon.Le concert sera terminé par un Salve Regina, motet à grand choeur, par M.Lasnier. On prendra 24 s. par personne".
• 31 mars 1788, Reims : Le même périodique précise que "le Concert du vendredi 4 avril commencera par le Corsaire, opera de M. Gretri. Mlles Lasnier & Belmart, Mde Chambon et M.Thirot chanteront chacun une ariette entrecoupée de symphonie. Le concert sera terminé par Domine Salvum &, motet de M.Lasnier".
• 1er avril 1788, Reims : "Musicien de l'Eglise de Reims", il signe comme témoin au mariage de leur fille Marie Louise avec Charles Pierre François Bégin, "procureur es sieges royaux de Chaslons", de la paroisse Notre-Dame de cette ville, en présence du frère de ce dernier, procureur à Reims.
• 27 octobre 1788, Reims : "Le Concert du vendredi 31 de ce mois commencera par l'amitié à l'épreuve. Mlle Belmart & Mr Thiriat chanteront chacun une ariette. Mr Thiros chantera celle qui commence par sous les loix de l'hymen, & M.Lasnier, celle d'Aucassin, mon fils est vainqueur. Le concert sera terminé par le motet Laudate Dominum de M.Davesne".
• 17 novembre 1788, Reims : "Le Concert du vendredi 21 de ce mois commencera par Felix, opera dont la musique est de Gretri. On exécutera sur le clavecin un concerto de M. Edelmann. Mlle Belmart, Mde Chambon, Mrs Thiriat et Thirot chanteront chacun une ariette. Le concert sera terminé par le motet iniquos odio de M.Lasnier" lit-on dans le Journal de Champagne.
• 15 décembre 1788, Reims : Par la même voie de presse, il est annoncé que "Le Concert du vendredi 19 de ce mois commencera par Le Huron, opera dont la musique est de Grétry et mis en concert par M.Lasnier. Mde Chambon, Mlle Belmart, Mrs Thirot et Thiriat chanteront chacun une ariette entre-coupée de symphonie. Le concert sera terminé par le motet Laudate Domini de M.Lasnier".
• 22 décembre 1788, Reims : Le Journal de Champagne annonce un concert spirituel " à l'entier bénéfice des Pauvres" "en la salle de l'hôtel de ville. Le prix de chaque place est de trente sols". "La 1ere partie de ce concert commencera par l'ouverture d'Iphigénie de Gluck; M.Thiros chantera un hyérodrame ou ode française sacrée dont la musique est de Bambini; on exécutera ensuite une symphonie à grand orchestre : Mde Chambon chantera le vers. Amplius lava me du pseaume Miserere, qui sera suivie de la chaconne de Leberton. Mlle Belmart chantera la stance de Rousseau, les cieux instruisent la terre. M.Thiriat chantera un verset du Stabat de Pergolese. On entendra ensuite le motet Laudate Dominum, avec un duo & le chœur, de la composition de M.Lasnier. La seconde partie sera composée de l'ouverture de Blaise & Babet; du verset Dum emisit spiritum tiré du Stabat de Pergolese; d'une grande symphonie de clarinettes, cors & bassons; d'un oratorio sonnet de Desbareaux mis en musique par Marc; d'un concerto de violon exécuté par M.Chambon; de la stance de Rousseau Qu'aux accens de ma voix chanté par Made Chambon, & sera terminé par le motet Beatus Vir, récit chanté par Mde Chambon & chœur de la composition de M.Lasnier.Mlle Havé, amatrice de 12 ans, desirant contribuer au bien des pauvres, exécutera sur le forte piano un concerto de M.Edelman".

• 25 novembre 1790, Reims : Le jour de la fermeture définitive du chapitre, le corps de musique de la cathédrale Notre-Dame, conduit par l'abbé Henri HARDOUIN comporte quatre basses-contres (Jean François BOULART, Louis François CARPENTIER, Jean François Auguste DOUSSY, Jean-Baptiste MONS), un basse-taille, (Jean LASNIER), une haute-taille (François THIRIAT) ainsi que les serpents-bassons Pierre Claude CARON et Nicolas Blaise MANFAIT, sans oublier les deux organistes Jacques TURPIN et son fils, suppléant et survivancier, Pierre Nicolas TURPIN, et quelques bénéficiers aux fonctions cantorales mais dont la tessiture  n'est pas précisée dans les sources explorées. Il s'agit des quatre grands-prêtres Jean-Baptiste Étienne BARBELETGuillaume TILMON, Jean Pierre TROUSSIN, et François MAUVY. Enfin, on peut citer Jean-Baptiste PELLETIER "clerc et musicien" Par ailleurs, dix enfants de chœur sont en cours de formation à la maîtrise de la cathédrale. Il touche des appointements de 40 sols par jour (auxquels s'ajoutent 3 sols pour les matines). Il déclare en outre 18 à 20 livres en rétributions manuelles. Sans les matines, l'ensemble s'élève à 750 livres environ.
A la fin de l'année, il rédige une supplique à destination du district de Reims dans laquelle il récapitule l'ensemble de sa carrière et il y joint eux certificats de service signés par les chanoines de Troyes et de Reims."En qualité de musicien, et de bon père de famille, j'ose exposer a votre sensibilité, et votre justice ma position. L'avenir en est affreux. Je vous supplie messieurs de vous laisser toucher, et de ne me point abandonner dans un moment ou tout avantage semble me fuir. Je vais donc tenter avec votre permission dans le détail le plus exact et le plus vrai de mon exposé.Je suis né le 28 mars 1736. En 42 je suis entré enfant de chœur à la cathédrale de Troyes, d'où je ne suis sorti que pour être musicien pendant 6 ans et ensuitte maître de musique. En 1775, le chapitre de Reims m'a mandé pour venir chanter au sacre de Louis XVI et m'a reçu 6 mois après ce qui fait l'epoc de mon séjour à Reims. Par ce récit fidèle, vous voyez messieurs que j'aurai 55 ans au mois de mars et qu'il en aura tout a l'heure 49 que je suis au service de l'église et que je n'ai occupé que deux chapitre depuis l'âge de 6 ans. Mes appointements sont de 40 sols par jour, 3 sols de matines et environ 18 à 20 livres de rétribution manuelles. Je pouvais compter sur ces gages pour le reste de mes jours en me conduisant toujours en honneste homme. Mais le chapitre est supprimé, quel sera donc mon espoir. J'ai sept enfants et presque tous a ma charge. Il n'y a que vous messieurs qui puissiez sauver mon âme. Si vous saviez tout ce qui l'agite, vous en seriez étonnés. Je ne veux point vous enniuer en entrant dans des détails qui vous affecteroient trop. Je vais donc terminer ma [lettre] en vous priant très humblement d'y répondre et de me voir avec le plus profonds respect".

• 29 mars 1791, Châlons[-en-Champagne] [Marne] : Le directoire du département décide "Que Jean LASNIER basse taille âgé de 55 ans et père d'une nombreuse famille [...] doit obtenir, attendu ses longs services dans l'église, son âge et sa nombreuse famille, une pension viagere suivant l'avis du district, laquelle seroit néanmoins de six cent livres au lieu de 400 livres à laquelle le district la porte".
• Mai 1791, Reims [Marne] : datées du 31 décembre 1791, deux quittances datées du 31 décembre  signées de la main de Jean LASNIER, attestent qu'il a été payé pour deux fonctions distinctes, celle de "maître de musique des enfants de chœur" et celle de "musicien", par le receveur de la fabrique de la paroisse Notre-Dame. Ces deux versements sont clairement définis pour les "huit derniers mois de 1791". Le mois de mai marque donc le début de cette nouvelle période de sa carrière. Pour ces huit mois LASNIER a reçu 200 livres en qualité de maître de musique et 525 en tant que musicien... Ces quittances permettraient de poser l'hypothèse de la nomination de LASNIER au poste de maître de musique en cette fin du printemps 1791... L'appellation de maître de musique "des enfants de chœur" est inhabituelle, elle révèle la volonté de l'administration municipale de laisser à l'église Notre-Dame devenue paroissiale une maîtrise d'enfants.
• 18 août 1791, Reims : Un acompte de 150 livres sur honoraires est signé au bénéfice de LASNIER en sa qualité de "musicien" de la paroisse Notre-Dame.
• 3 septembre 1791, Jean LASNIER appose sa signature au bas d'un "mémoire" additionnant les sommes dues à plusieurs instrumentistes qui ont été "... emploiés au Te Deum chanté [... à Notre-Dame] a l'epoque de l'arrestation du roi et aux saluts de l'octave de la Fête Dieu". Les musiciens ne sont pas nommés, mais l'on sait que le Te Deum a réuni 5 violons, 2 clarinettes, une contrebasse et un serpent pour un total de 18 livres, chacun des musiciens étant payé 2 livres. La même quittance détaille aussi les instruments engagés pour "les septs [ou huit] saluts de l'octave de la Fête-Dieu", soit 4 violons (à une livre par salut), 2 clarinettes (pour 14 livres) et une contrebasse (une livre par intervention) : au total 50 livres. Ce Te Deum dont l'on ne sait le motif et cette grande fête à la fois liturgique et populaire de La Fête-Dieu, se déroulent en cet été 1791, probablement fin juin ou début de juillet.
16 septembre 1791, Reims : "Le sieur LASNIER musicien étant entré, a fait le raport, qu'il a, avec d'autres musiciens fait l'examen des cloches des différentes églises supprimées pour en trouver une qui peut remplacer celle de l'église cathédrale qui est cassée,et qu'il n'en a point trouvée ; que pour rétablir le complet de la sonnerie il faudrait faire refondre la cloche cassée ; et il seroit plus utile, et moins couteux de prendre les six cloches de Saint-Nicaise, et donner en échange six autres de la cathédrale" lit-on dans le registre de fabrique de la nouvelle paroisse cathédrale.
8 octobre  et 10 novembre 1791, Reims : Deux mandats sont successivement signés, ordonnant le paiement d'acomptes " à Monsieur LASNIER" : l'un de 200 livres, l'autre d'un montant de 150 livres. Tous deux pour son emploi de "maître de musique".
• 11 octobre 1791 : Après le départ du maître de chapelle Henri HARDOUIN, une requête de Jean LASNIER, qui vient d'accepter la charge de maître de musique, est présentée devant le conseil d'administration de la fabrique de Notre-Dame. LASNIER qui a bien touché ses appointements en sa qualité de musicien, requiert la fixation et le paiement du traitement qui lui est dû pour la conduite du chœur et l'enseignement des enfants de la maîtrise. Le conseil décide d'en rapporter aux différents corps administratifs compétents.

• 28 juin 1792, Reims : LASNIER, "me de musique" de l'église Notre-Dame, appose sa signature au bas du "mémoire" acquitté dressé pour le paiement des "musiciens" ayant participé aux saluts de la Fête-Dieu.
• 31 décembre 1792 : Reims : Ainsi qu'en attestent plusieurs quittances, Walther - le receveur de la fabrique paroissiale - a payé, en plusieurs versements, les honoraires de Jean LASNIER. Il semble que deux quittances - celles qui sont signées en cette fin du mois de décembre - récapitulent la totalité des sommes partielles, acquittées au cours de 1792 : LASNIER aurait touché 780 livres en tant que "musicien" et 300 comme "maître de musique des enfants de choeur".

• 13 mai 1793, Pontlevoy [Loir-et-Cher] : Jean Julie LASNIER, maître d'écriture (sans doute au collège], fils de Jean, maître de musique et de Geneviève Élisabeth Coutelet, demeurant à Reims [Marne], épouse Jeanne Françoise Mornard, fille de Augustin, marchand épicier.

• 9 février 1795, Chenonceaux [Loir-et-Cher] : Devenu veuf, Jean Julie LASNIER se remarie. L'acte mentionne que Jean LASNIER est musicien à Reims.

• 1er avril 1798, Reims : Geneviève Élisabeth Coutelet, âgée de 57 ans, s'éteint à son domicile de la "cour du chapitre". Jean LASNIER, qui n'a pas déclaré le décès, est présenté comme musicien.

• 22 août 1803, Reims : Demeurant rue Saint-Hilaire, il signe comme témoin au mariage de sa fille Jeanne, âgée de 35 ans, qui vivait avec lui, avec Jean Lalain, 44 ans, né dans l'Aisne, chapelier, demeurant rue des Tapissiers.

• 4 mars 1806, Reims : À 70 ans, Jean LASNIER, "professeur de musique", décède en son domicile de la rue saint-Hilaire. Sa mort est déclarée par le musicien Pierre Claude CARON et par un cousin.
• 16 septembre 1806, Reims : Marie Louise Lasnier, devenue veuve, se remarie à Joseph Adam Leparmentier, 55 ans, natif de Reims, marchand épicier, rue Neuve. Les actes de décès des parents et des quatre grands-parents sont précisés dans l'acte. Est témoin et signe son frère Jean Julie LASNIER, maître de musique demeurant rue Saint-Hillaire où elle demeurant avant son mariage.

Mise à jour : 15 mai 2022.

Sources
"Affiches de Reims... 1779" ; A.E Prévost, Histoire de la maîtrise de la cathédrale de Troyes, rééd. 1972 ; Affiches, Annonces & avis divers de Reims et généralité de Champagne ; F--P Goy, Catalogue Fonds musicaux Champagne-Ardenne, 2000 ; F-A10/387_GG_15_18 ; F-Ad10/ BMS Troyes ; F-Ad10/ BMS troyes ; F-Ad10/ BMS, Troyes ; F-Ad10/ G 1313 ; F-Ad10/ G1805 ; F-Ad10/387_GG_15-18 ; F-Ad10/BMS Troyes ; F-Ad10/G 1805 ; F-Ad37/ 6NUM8/ 070/ 011 ; F-Ad41/ 5 MI 180/ R4 ; F-Ad51/ 1 L 1356 ; F-Ad51/ 1L 1277  ; F-Ad51/ 1L 1361 ; F-Ad51/ 1L1361 ; F-Ad51/ 2 G 646 ; F-Ad51/ 2 G 654 ; F-Ad51/ 2E 534/ 118 ; F-Ad51/ 2E 534/ 344 ; F-Ad51/ 2E 534/ 347 ; F-Ad51/ 2E 534/ 466 ; F-Ad51/ 2E/534/475 ; F-Ad51/ 2G 646 ; F-Ad51/ 4L 107/2 ; F-Ad51/ 7J 88 ; F-Ad51/ C 238 ; F-Ad51/1L 1355 ; F-Ad51: 1L 1361 ; F-Am Troyes/ 387_G_15_19 ; F-AmTroyes/ 387_GG_14_01 ; F-An/ DXIX/056/194/05 ; F-An/ DXIX/090/757/06 ; F. DOÉ de MAINDREVILLE, "La musique profane à Reims...", 2007 ; J. LEFLON, "Henri Hardouin...", 1933  ; J. Leflon, "Henri Hardouin ...", 1934 ; Journal de Champagne ; Journal de Champagne, 21 janvier 1788 ; P. Taïeb, "Le concert de Reims (1749-1791)", Revue de Musicologie, 2007 ; Site Reims-Champagne-actu, 2008

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