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LEBÈGUE, Jean François (1768-1843)
État civil
NOM : LEBÈGUE     Prénom(s) : Jean François     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : LE BÈGUE

Date(s) : 1768-3-17   / 1843-10-14 
Notes biographiques

Formé une dizaine d'années durant à la maîtrise de la cathédrale Saint-Etienne de Châlons, en Champagne, sa ville natale, Jean François LEBÈGUE poursuit dans le chœur de cette église une carrière de joueur de serpent et basson à partir de 1786. Il continue ensuite son service dans la nouvelle paroisse constitutionnelle puis s'adonne à l'enseignement de la musique jusqu'à son décès sous la Monarchie de Juillet.

• 17 mars 1768, Châlons [-en-Champagne] [Marne] : Jean François LEBÈGUE naît et est baptisé en la paroisse Saint-Jean. Il est le fils de Jean-Baptiste Le Bègue "drapier" et de Madelaine Legendre.

• 29 novembre 1776, Châlons : Par délibération capitulaire François LEBÈGUE, est reçu enfant de chœur de la cathédrale Saint-Étienne. Le garçon que l'on dit âgé de 7 ans, remplace un certain ÉTIENNE congédié par les chanoines pour "manque de voix". La formation du futur musicien au sein de la maîtrise s'effectuera durant les dix années habituelles sous la conduite de Nicolas Amon ANCEL, le maître de musique.

• Juin 1786 : Par le biais des échanges épistolaires, DEMAHŸ maître de musique de Église de Bourges a fait savoir que celle-ci recherchait un serpent pour combler une place vacante. L'un des chanoines de Châlons a répondu, qu'en effet, l'aîné des enfant de chœur, sur le point se quitter la maîtrise, de bonnes mœurs et bon instrumentiste, avait le profil. Bourges exposait que son chapitre avait dans un premier temps donné la préférence à la candidature d'un jeune homme formé à Langres, mais que celui-ci avait finalement choisi une place avantageuse "en son propre pays". Ainsi, le 9 juin 1786, DEMAHŸ envoie une nouvelle demande à son correspondant châlonnais – Galice, l'un des habitués de la cathédrale champenoise. La lettre sollicite une réponse rapide et, si elle est positive, le prompt départ du jeune LEBÈGUE dont on lui a vanté les mérites. Le maître de musique explique que si le Châlonnais convient à son chapitre, il sera payé plus de 11 livres par semaine. Et, que ce tout jeune homme considère aussi les perspectives de carrière qui s'offrent à Bourges, en particulier lorsqu'on opte pour les ordres sacrés la possibilité d'un bénéfice. Et d'ailleurs, ajoute le maître de musique : il fait bon vivre à Bourges et les vivres y sont peu chères !
• 17 juin 1786, Châlons : Le chapitre de la cathédrale comprend que sa Musique risque de perdre un élément précieux s'il tergiverse. Jean François LEBÈGUE, "l'ancien des enfants de chœur", [qui] "remplit au chœur la partie de serpent" est tenté par l'offre de Bourges. Les chanoines décident en hâte, de le "conserver" au sein du Chœur de la cathédrale, dès sa sortie de la maison de la maîtrise .
• 17 juillet 1786 : "Sur une nouvelle lettre de la cathédrale de Bourges adressée au Sr LE BÈGUE ancien des enfants de chœur prêt à sortir [...]",  les chanoines champenois précisent les appointements annuels qu'ils offrent au jeune musicien : des honoraires de 500 livres et une gratification de 100 livres. Jean-François LE BÈGUE semble bien avoir suspendu son accord au montant de la rétribution qu'on lui proposerait. Pourtant déjà acquis, le montant de la gratification (100 livres), fait l'objet d'une seconde conclusion quelques jours plus tard (7 août).
• 23 septembre 1786, Châlons : Dans la perspective de la sortie de LE BÈGUE (prévue à la Toussaint), le chapitre admet deux nouveaux enfants de chœur : Jean Denis BOBAN et Memmie JOSSE.
• 31 octobre 1786, Châlons : L'abbé Hocart – le chanoine chantre châlonnais – présente la requête habituelle de l'enfant de chœur sortant. Jean-François LE BÈGUE qui, ce jour, quitte la maîtrise après les dix ans réglementaires requiert sa "récompense". La "gratification ordinaire" des 150 livres et la somme habituelle des 40 livres destinées à "l'habillement", lui sont octroyées. Puis, par la même délibération – qui s'appuie sur la conclusion du 17 juillet – le chapitre reçoit, à compter du lendemain 1er novembre, Jean-François LEBÈGUE, au sein de sa Musique  en qualité de serpent et basson, avec les appointements promis.

• 15 mai 1787, Châlons : Jean-François LE BÈGUE, "musicien de la cathédrale", épouse Élisabeth Ferry, en l'église de La Trinité. Les jeunes époux ont 19 ans. Le mariage, avec messe des épousailles et bénédiction nuptiale, est célébré par un des chanoines de la cathédrale. Deux musiciens de Saint-Étienne font partie des témoins : Nicolas Joseph BERNARD, et Charles JACQUET.
• 1788-1791 : Le couple qui demeure toujours paroisse de La Trinité, très près de la cathédrale, donnera le jour à trois enfants : Marie-Cécile (le 17 juin 1788), Marie-Joseph (le 6 janvier 1790) et Jean-Baptiste (le 27 janvier 1791).

• 23 mai 1790, Châlons : Il fait partie des signataires de la pétition rédigée par les treize musiciens de la cathédrale et adressée au Comité Ecclésiastique de l'Assemblée Nationale. Il s'agit du maître de musique Nicolas Amon ANCEL, de dix chantres et deux instrumentistes, du serpent et basson Jean François LEBÈGUE et de l'organiste Joseph Candide THUILLIER. Les chantres se répartissent en quatre basses-contre qui sont Nicolas Joseph BERNARD, Jean CHARLIER, Louis Joseph CLAIRE et Noël COURTEAU; une basse-taille, Pierre Célestin HÉNON; trois tailles qui sont Jean-Baptiste BULARD, Charles JACQUET et Arnould HENCART et deux hautes-contre, qui sont Jean Jacques François HÉRAULT et Louis RAVOISIER dit ADAM. es appointements annuels se montent à 600 livres, dont 100 livres de gratification habituelle.
• Fin 1790 : LE BÈGUE adresse au district de Châlons, une première et brève requête (non datée) dans le but d'obtenir la gratification qui – dit-il – lui revient de droit. Il y présente succinctement sa carrière, écrivant que "[...] depuis sa plus tendre enfance il a été enfant de chœur et ensuite musicien dans la même église [...]". Il y mentionne ses appointements. Il évoque également le soutien dont tout musicien malade ou âgé était assuré grâce à la bienveillance habituelle du chapitre. Sa demande de pension parviendra au Comité ecclésiastique. Le Directoire du district estime que le serpent de la cathédrale pourrait prétendre à une gratification de 1000 livres.

• En 1791 (après janvier), Châlons : Jean-François LEBÈGUE signe une nouvelle supplique. Mais celle-ci – qui pourrait avoir été dressée par un homme de loi – est longue, argumentée, et s'avère même critique à l'égard du chapitre. Il y est écrit que Jean-François LE BÈGUE  est entré à la maîtrise "vers la fin de 1774" et qu'il y est resté dix ans, jusqu'en 1784. Or, ces dates sont inexactes car infirmées par la lecture des registres du chapitre (il n'est enfant de chœur qu'à partir de 1776). La requête affirme ensuite que le chapitre l'a utilisé comme serpent durant deux ans, jusqu'au 17 juillet 1786, date à laquelle le titre de musicien (avec les appointements correspondant à l'emploi) lui est enfin octroyé. Le texte va plus loin, il dit que le jeune homme n'aurait jamais été admis à ce poste de serpent – en cet été 1786 – "si le chapitre de Bourges [en lui offrant un emploi] n'eut décidé et pour ainsi dire forcé celui de Chaalons à lui accorder ce qu'il méritoit de jouir près de deux ans [...]". Le commentaire n'est pas tendre pour les chanoines de Saint-Étienne.
Mais, il ne correspond qu'en partie à la réalité des faits. Si LEBÈGUE a bien joué du serpent dans la Musique pendant les deux dernières années de son temps de maîtrisien, les dates relatives à son cursus d'enfant de chœur sont fausses. Celui qui construit l'argumentaire dénonce encore, en forçant un peu le trait, la pratique des chapitres, avares de leurs subsides et soucieux de garder les meilleurs éléments de leurs maîtrises : "Les chapitres toujours portés à l'économie, auraient volontiers fait faire vingt années pour dix, à des enfants qui pouvoient remplacer des musiciens, dont les honoraires auraient excédé de beaucoup, ce que coutait un enfant de cœur" [sic]. À la lecture de la supplique, on comprend pourquoi il y a manipulation des dates : "pour jouir du bénéfice de la loi [...] il faut cinq ans de service ; le représentant en a six bien compter [sic] puisque sa carrière d'enfant de cœur à dû finir en 1784, etant commencée en 1774."

• 25 août 1792, Châlons : Les membres du directoire du district, au vu des pièces justificatives présentes dans le dossier LEBÈGUE (elles sont énumérées), délibèrent. Leurs considérations, qui donnent raison à l'argumentaire développé dans la seconde supplique, aboutissent à fixer le traitement de l'ancien serpent de la cathédrale à une gratification de 600 livres (soit une année de ses gages et émoluments).

• De 1791-juillet 1793, Châlons : Il fait partie des six musiciens conservés pour le service de la paroisse constitutionnelle Saint-Étienne. Le trésorier de la commune lui verse 100 livres par trimestre.
• De 1791 à avril 1793, Châlons : Depuis juillet 1791 au moins, jusqu'en 1793, il est aussi "joueur de serpent" en la paroisse constitutionnelle de Saint-Alpin. La fabrique qui emploie aussi une organiste, lui verse des honoraires annuels de 50 livres. Il est rétribué 7 livres le 20 juillet pour avoir joué du serpent aux fêtes (octave de la Fête-Dieu) de la confrérie du Saint-Sacrement établie en l'église Saint-Alpin.

• 28 janvier 1791, Châlons : Le musicien qui doit faire vivre sa famille, a choisi de travailler aussi comme artisan serger ou bonnetier. En effet, l'acte de baptême de son fils Jean-Baptiste le mentionne en tant que "fabricant de bas au métier". Se pose toutefois la question d'une double activité cachée avant la perte de son emploi cantoral.
• 30 juillet 1791 : Par délibération, il obtient une gratification égale à une année de ses honoraires, soit 600 livres.

• 14 septembre 1792, Châlons : Considérant que jusqu'alors, il n'a reçu que 200 livres, le directoire de la Marne décide qu'il lui sera versé la somme qui lui est encore due, soit 400 livres.
• 17 septembre 1792 : Jean-François LE BÈGUE et Noël COURTEAU  prêtent le serment de fidélité prescrit par la loi d'août 1792 devant la municipalité.

• 13 novembre 1793, Châlons : On lit dans les délibérations du "comité de surveillance de la section de la Liberté" que son épouse a été arrêtée."Le president a dit qu'il avoit été faites diferantes denonciations contre la citoyenne femme LE BEGUE cy devant musicien a St Etienne portant que la dite femme Le Bègue a tenu  depuis certains tems les propos les plus inçiviques, en disant quelle etoit arristocrate [sic] et quelle s'en faisoit honneur, et que les prussiens quelle aimoit infiniment mieux voire que les  defenseurs de la republique arriveroit en cette commune ils casseroit la geule a tous les patriottes et que d'ailleurs elle n'a jamais en aucun tems professé les principes de la revolution ni prouvé le moindre civisme, pour quoi le comité la regardant comme suspect a a l'unanimité lancé un mandat d'arrest contre la dite femme Le Bègue qui a été sur le champ mis a execution, quoi qu'il ne fut rien trouvé a sa charge lors de la levée des sellés apposés par le juge de paix chez la ditte femme Le Bègue".

• 8 octobre 1814, Châlons : Professeur de musique, il signe au mariage de leur fille Marie Joseph avec un tailleur d'habits, François Suzanne Bourlet. Parmi les témoins, on note la présence de Théobald HEITZ, également professeur de musique.

• 21 février 1816, Châlons : Maître de musique, il signe au mariage de leur fille Marie Cécile avec un jardinier, Alexis Saguet.

• 21 février 1816, Châlons : François LEBEGUE, professeur de musique, âgé 69 ans et son épouse forment le ménage 346 dans le recensement effectué par la commune.

• 14 octobre 1843, Châlons : Jean-François LEBÈGUE décède à 77 ans en son domicile situé rue de Marne (rue principale de la ville, proche de la cathédrale). L'acte de décès mentionne sa profession : il est "professeur de musique". Son décès est déclaré par son gendre Pierre-Alexis Saguet. "Propriétaire" ce dernier appose une signature qui est celle d'une personne illettrée.

Mise à jour : 28 décembre 2021

Sources
F-Ad51/ 1 L 1331 ; F-Ad51/ 1 L 1333 ; F-Ad51/ 122 M 3 ; F-Ad51/ 1G 1723 ; F-Ad51/ 1L 1277  ; F-Ad51/ 1L 1331 ; F-Ad51/ 1L 1333 ; F-Ad51/ 2 L 236 ; F-Ad51/ 2E 119/ 261 et 263 ; F-Ad51/ 2E 119/ 41 ; F-Ad51/ 2E 119/ 410 ; F-Ad51/ 2E 119/23 ; F-Ad51/ 2E 119/41 ; F-Ad51/ 2L 236 ; F-Ad51/ 8l 8 ; F-Ad51/ G 726 ; F-Ad51/ G 728 ; F-Ad51/ G 728  ; F-Am Châlons/ P 6 ; F-An/ DXIX/056/188/08 ; f-Ad51/ G 728

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