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LEMOINE de PRÉNEUF, Michel Jean (1727-1798 ap.)

LEMOINE de PRÉNEUF, Michel Jean (1727-1798 ap.)

État civil
NOM : LEMOINE de PRÉNEUF     Prénom(s) : Michel Jean     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : PRÉ NEUF
PRENEUF
PREUNEUF
PROENEUF
PRÖENEUF
LE MOINE
Date(s) : 1727-2-16  / 1798 ap.
Notes biographiques

Bien que né à Quintin où il est baptisé à la collégiale le 18 février 1727, c’est à la cathédrale de Saint-Malo que Michel Jean LEMOINE de PRÉNEUF devient enfant de chœur. À sa sortie de psallette, il est reçu organiste des Bénédictins de Saint-Benoît installés intra muros, où il reste 45 ans avant de prendre le poste d’organiste de la cathédrale Saint-Vincent de cette même ville de Saint-Malo. Les événements familiaux (baptêmes, mariages de ses enfants) soulignent ses liens avec le milieu des armateurs. Les débuts de la Révolution le voient afficher un clair engagement patriotique. Puis il quitte Saint-Malo pour Lorient où on perd sa trace après 1798.

• 16 et 18 février 1727, Quintin [actuelles Côtes-d'Armor] : Fils d'"honorables gens Noël Le Moine sieur du Preneuf et Perrine Gaultier sa femme", Michel-Jean LEMOINE PRÉNEUF est né le 16 février 1727 sur la paroisse de Saint-Thuriau, ville de Quintin. Il est baptisé deux jours plus tard "dans l’église collégiale de Quintin sur les Sts Fonts". Il a pour parrain "noble homme Michel Million, sieur de Villeneuve", et pour marraine "Delle Françoise Jan, dame de Vildaniel".
Si son prénom de naissance est Michel-Jean, celui qui est le plus souvent utilisé est Jean tout court, mais on trouve aussi parfois Jean-Baptiste (et exceptionnellement, sans doute par erreur du copiste, Pierre).

• [1735], Saint-Malo : Un document de messidor II affirme que "ledit LEMOINE a été employé depuis sa jeunesse tant au chœur de la ci-devant cathédrale de Port-Malo qu’à l’orgue de St-Benoit". Un certificat délivré au printemps 1794 par d'anciens membres du chapitre est heureusement plus précis : ils  certifient "que le citoyen Jean LE MOINE PRÉNEUF a entré à l’âge de huit ans au ci-devant chapitre de Port-Malo enfant de chœur". Les registres capitulaires conservés ne commençant qu'en 1756, la date exacte de sa réception reste difficile à connaître.

• [1743] : Le jeune homme quitte la psallette de la cathédrale "où il a resté jusqu’à l’âge de 16 ans".

• [1743], Saint-Malo : "Après quoy il a passé avec l’agrément du ci-devant chapitre à l’orgue de Saint-Benoist". Dès sa sortie de la maîtrise, Michel-Jean LEMOINE PRÉNEUF devient donc l'organiste des Bénédictins de Saint-Benoît, l'abbaye mauriste située au cœur de la ville close.

•  22 septembre 1750, Saint-Malo : Il est dit "organiste" sans précision lorsque, "dans la chappelle de Notre Dame de Grande Puissance en cette ville", il épouse une marchande de 28 ans et demi, Laurence-Roberde De La Rue [parfois Delarue]. Deux des témoins sont liés à la mer ("capitaine de vaisseau marchand", "officier navigant"). Le jeune marié est accompagné d'un cousin marchand venu de Saint-Brieuc, et, sans doute, du célébrant, dont le lien de famille avec lui n'est pas explicité dans l'acte mais qui se nomme "missire Noël François Lemoine" (le prénom Noël, qui était aussi celui du père de l'organiste, laisse penser que ce prêtre pourrait être son propre frère). Le marié signe "jean Michel le moine De preneuf".
Au même moment exerce à la cathédrale l'organiste François BROU : le 2 mai, il avait été témoin du mariage d'un musicien morave, Karl Johan SEBETOVSKY, en compagnie d'un autre musicien de la cathédrale, Jacques GEORGET. Au tout début de la même année, la bénédiction nuptiale avait été conférée au musicien Jean-Baptiste GOSSELET par le maître de musique de la cathédrale, Jean-Baptiste PATTE, qui est prêtre. Aucun de ces hommes n'apparaît au mariage de l'organiste des Bénédictins, comme si leurs cercles relationnels respectifs ne s'interpénétraient pas.

• 1752 - 1759, Saint-Malo : De l'union Lemoine-Préneuf / Delarue sont issus plusieurs enfants (Joseph-Jean le 8 avril 1752, Guillaume le 2 novembre 1755, Laurence-Marie le 2 février 1759, Laurence-Roberde vers mi-1762, Josselin-Louis…). Leurs parraines et marraines sont recrutés pour partie au sein de la famille Maingard (côté maternel) et pour partie parmi les élites de la contrée ("Monsieur Jean Mathurin Guillaume Moreau, écuyer, sieur de la Primerais" ou "Dame Marie Anne Le Brun Magon de La Villebague", appartenant à une grande famille d'armateurs en 1755, par exemple).

• 6 et 20 février 1782, Saint-Malo : À deux semaines d'intervalle, deux enfants Lemoine-Préneuf se marient. Laurence-Roberde, 19 ans et demi, épouse Nicolas Delvincourt, "archiviste et régisseur des affaires de l’abbaye royale du Mont Saint-Michel", âgé d’environ 33 ans, originaire de Craonne en Picardie. Puis Guillaume, qui à 26 ans commande "la corvette du Roy L’Aigle", épouse une jeune fille de vingt ans, Bertranne-Joséphine Letouzey. Comme à son habitude, Michel-Jean LEMOINE PRÉNEUF signe "Le Moine De Préneuf". Sa femme signe "De Larue Lapreneuf", écho sans doute de la pratique orale sous laquelle elle est désignée. Un autre de leurs enfants est présent : Josselin-Louis Lemoine de Preneuf, "officier marin", qui, quant à lui, signe "Josselin Preneuf".

• 8 décembre 1783 : " Dame Laurence-Roberte de la Rue", épouse du "sieur Michel Jean Baptiste le Moine sieur de Préneuf", décède à l'âge d'environ 62 ans.

• 21 mars 1784, Saint-Malo : "Au réquisitoire du sieur Michel Jean LE MOINNE du PRÉNEUF, veuf de Dlle Laurance de La Rue, tuteur et garde naturel des enfants issus de leur mariage", un inventaire est dressé "au second étage d'une maison qu'il occupe en cette ville, près la Grande Rue". Il ne faut qu'une après-midi au greffier assisté d'une marchande revendeuse pour établir la liste des effets présents dans l'appartement. Il semble s'agir d'un logement de trois ou quatre pièces.
La principale, celle par laquelle a commencé l'inventaire est celle où sans doute vivaient essentiellement les époux Lemoine et aussi celle où ils recevaient (on y compte 5 fauteuils et 14 chaises). Quelques éléments de décoration suggèrent l'atmosphère : un grand miroir doré estimé 72 livres, un trumeau, un Christ peint, six morceaux de tapisserie de laine… Sur un plateau, une théière, un sucrier et six "goblets" de porcelaine indiquent que l'on consomme ce breuvage. On pourrait imaginer dans cette pièce un clavecin mais il n'est fait aucune mention d'instruments de musique dans tout l'inventaire. Il est vrai que, comme il est logique, ne sont mentionnés que les effets dépendants de la communauté conjugale. Si les instruments de musique ont "nature de propre" (ce que stipulerait un probable contrat de mariage), en toute logique ils n'ont pas à figurer dans cet inventaire. Dans la même pièce trône le lit principal, un lit "à l'ange" d'une valeur élevée, 279 livres si on y ajoute le matelas et les deux couvertures, dont une "d'indienne piquée". C'est la pièce maîtresse de l'inventaire. On trouve dans l'appartement un autre lit à l'ange, estimé avec sa literie 194 livres, un lit en tombeau (120 livres) et un lit clos, manifestement placé dans la cuisine, estimé 51 livres seulement, sans doute destiné à une servante.
La défunte avait "disposé de son vivant" de ses vêtement et bijoux "en faveur des demoiselles ses filles". En revanche, la garde-robe de l'organiste est succinctement énumérée : "30 chemises à usage d'homme, trois habits vestes et culottes de drap, douze paires de bas, 18 cols, 18 mouchoirs de poche". Avec les "boucles de souliers, de jartierres et de col", ses effets personnels atteignent la somme de 223 livres. S'y ajoute une montre "à boete d'or", valant à elle seule 100 livres.
À la fin de l'inventaire, l'organiste précise qu'il possède "en espèces une somme de 300 livres et qu'il peut lui être dû par divers une somme de 200 livres". Le total des biens inventoriés atteint 2 342 livres.
Mais on apprend que son fils Guillaume – le jeune marié de 1782 – est mort et qu'il a laissé des dettes importantes : "il doit en la ville de St-Malo à divers particuliers une somme de 1 200 livres" et le 30 juillet 1777 il avait emprunté la somme de 3 000 livres.

• 1788, Saint-Malo : Le rôle de capitation mentionne "Grande-Rue, Mr Préneuf, organiste, 15 livres". Cette capitation élevée révèle que PRÉNEUF a rétabli sa situation financière et qu'il est considéré comme aisé. Leçons de clavier, fortune personnelle ?

• Fin 1788 ou début 1789, Saint-Malo : Jean LEMOINE PRÉNEUF devient organiste de la cathédrale Saint-Vincent, il succède à Antoine BONNET. Comme celui-ci, il est rémunéré sur la base de 500 livres par an. Le document administratif du 6 messidor an II [24 juin 1794] déjà cité affirme que c'est en 1788 que LEMOINE "quitta l’orgue des Bénédictins pour celle de la cathédrale". Les comptes de la fabrique de la cathédrale ne le mentionnent qu'en 1789 lorsqu'il reçoit 375 livres pour "honoraires des neuf premiers mois de l’année".

1790Saint-Malo : "M. de Preneuf" est mentionné comme organiste de la cathédrale dans Les Étrennes malouines. Jean [parfois Michel-Jean] LEMOINE PRÉNEUF est par ailleurs attesté comme tel dans de nombreux tableaux et documents administratifs des années 1790-1791.
Les effectifs musicaux de la cathédrale comportent en 1790 un maître de musique, Louis AUBIN-TOUZÉ, et selon La France ecclésiastique comme selon Les Étrennes malouines de 1790, 8 bacheliers ou musiciens et 8 enfants de chœur. Sur ces effectifs théoriques, ont été identifiés comme musiciens dans les nombreux documents des années 1790-1791 : les frères Pierre et François BEAUCHEMIN, Julien-François COLLIAUX, Claude-Denis DEVADRE, Pierre DANAIS, Jean CARFANTAN. Le maître occupe une place de bachelier, et peut-être en va-t-il de même de l'organiste, ce qui en effet permet d'arriver au chiffre 8.

• [août 1792], Saint-Malo : Jean LEMOINE PRÉNEUF "a fait le service tant que les prêtres constitutionnels ont exercé". On a la preuve qu'il a touché l'orgue au moins jusqu'au 1er septembre 1792, date à laquelle il a reçu un "quartier échu" de 125 livres "en qualité d’organiste de la ci devant église paroissiale de Port Malo", voire peut-être jusqu'à la fin de l'année 1792.

• 13 thermidor II [31 juillet 1794] : Le district de Port-Malo établit un bref "état" regroupant Michel-Jean LEMOINE organiste, François-Paul BEAUCHEMIN et Claude-Denis DEVADRE, tous deux musiciens de la ci-devant cathédrale de Port-Malo. Du premier, il est dit qu'il a 60 ans, qu'il est veuf et qu'il a des enfants.
• 1er fructidor II [18 août 1794] : Ayant obtenu que sa pension, initialement fixée à 200 livres, soit passée à 400 livres, l'ancien organiste essaye d'obtenir un rattrapage à compter de début 1791. Dans une requête  surmontée de la formulation "Liberté === Égalité === fraternité ou la mort" – subscription plusieurs fois utilisée dans ses courriers –, il écrit aux administrateurs du Département : "c’est sûrement par erreur que vous ne m’avez fait délivrer un ordre de payement que pour deux années au lieu de trois que j’étois en droit de réclamer pour 1791, 92 et 93". Il signe d'abord "Préneuf" tout court, bien au milieu en dessous de "Salut et fraternité", puis ajoute  son nom complet en amont ("Michel jean Le Moine").
• Vendémiaire an III [octobre 1794], Saint-Malo : Il revient à la charge sur le même sujet, réclamant toujours une année d'arriérés. Les administrateurs veillent au grain et lui rappellent qu'il a été payé comme organiste de la paroisse jusqu'au 1er septembre 1792. Eux dont "la justice est le seul guide", disent-ils, ne peuvent délivrer des pensions en même temps que des appointements...

• An V [1796-1797], Lorient : Dans divers "états" de pensionnaires ecclésiastiques, Jean Lemoine "Poëneuf", ex-organiste, né le 16 février 1727, semble résider à Lorient et toucher une pension de 400 livres. Il est mentionné de la même façon en l'an VI (1797-1798).

• Son décès n'a pas été trouvé à Lorient.

Mise à jour : 17 juin 2019


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