Login
Menu et informations
LETAILLANDIER, Jean-Baptiste Marie (1763-1809)

LETAILLANDIER, Jean-Baptiste Marie (1763-1809)

État civil
NOM : LETAILLANDIER     Prénom(s) : Jean-Baptiste Marie     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : TAILLANDIER
LE TAILLANDIER
Date(s) : 1763-2-3   / 1809-8-28
Notes biographiques

En 1790, Jean-Baptiste LETAILLANDIER est l'organiste de Saint-Sulpice de Fougères (Ille-et-Vilaine) Il est lié de plusieurs façons au monde de l'orgue environnant : d'une part il est né dans le même village que l'organiste François GRANGER, et ce n'est sûrement pas un hasard si c'est lui qui a été choisi pour lui succéder lorsque GRANGER est parti à Orléans ; d'autre part il est devenu le beau-frère du facteur d'orgue Pierre-Joseph MOBÈCHE et de l'organiste Louis DEMOISEAU, ce dernier étant lui-même cousin germain de François GRANGER.

• 3 février 1763, Vautorte [Mayenne] : Jean-Baptiste Marie LETAILLANDIER naît dans cette petite paroisse du Bas-Maine, où il est baptisé le lendemain. La bourgade, qui compte quelque huit cents habitants au milieu du XVIIIe siècle, est située à moins de dix km à l'est d'Ernée. Son père, Jacques-Jean-Baptiste Letaillandier, est "marchand au bourg". Sa mère se nomme Marie-Anne-Angélique Cheux. Son parrain est un oncle et sa marraine est sa grand-mère, tous deux côté maternel. On remarque que l'enfant naît dans un milieu alphabétisé où tout le monde sait signer, y compris la grand-mère.
Quatre  ans et quatre mois plus tôt, dans le même village, était né un certain François GRANGER, dont le père, sacristain de la paroisse, signe d'ailleurs au baptême du petit Letaillandier, comme il le fait de nombreux actes du registre paroissial.

• [1770-1780] : Où le jeune Jean-Baptiste a-t-il été formé à la musique et au jeu de l'orgue ? Peut-être à Fougères comme son 'pays' François GRANGER ? Cela reste actuellement encore un mystère.

• 27 avril 1786, Fougères [Ille-et-Vilaine] : Dans l'église Saint-Léonard est célébré le mariage de Jean-Baptiste Marie LETAILLANDIER et de demoiselle Françoise-Marie-Gillette Mobèche, née le 12 mars 1758 paroisse du Loroux, à une douzaine de km au nord-est de Fougères. Les noms de ses parents (Pierre Mobèche et Françoise Hamard) prouvent qu'il s'agit d'une sœur du facteur d'orgue Pierre-Joseph MOBÈCHE, l'un des compagnons du Frère Florentin GRIMONT. Le père du marié est présent et signe, ainsi qu'une dizaine d'autres personnes, parmi lesquelles on remarque la petite signature de DEMOISEAU, l'organiste (lequel est depuis 1767 marié à Yvonne Mobèche, demi-sœur de la nouvelle épouse de LETAILLANDIER). Aucun métier n'est indiqué.
Les deux nouveaux époux sont dits "tous deux domiciliés de notre paroisse" [Saint-Léonard de Fougères], ce qui laisse supposer que le jeune marié – il a 23 ans – vit et travaille à Fougères. Touche-t-il déjà un orgue ? Et si oui, lequel ? Celui de la paroisse Saint-Sulpice est alors aux mains de son compatriote François GRANGER, celui de Saint-Léonard aux mains de son nouveau beau-frère, Louis DEMOISEAU.

• 17 juillet 1787, Vitré : Un enfant "Anonime", né du sieur Jean-Baptiste-Marie LETAILLANDIER et de demoiselle Françoise-Marie "Maubèche", est  inhumé au cimetière de la paroisse Notre-Dame. Il est né et décédé la veille, "après avoir été baptisé à la maison". Cela indique donc qu'à cette date LETAILLANDIER habite et travaille à Vitré. À une tribune d'orgue ? Ou à un tout autre emploi ? Depuis 1761, Hyacinthe TRUBLET est l'organiste de l'église paroissiale Notre-Dame, et depuis 1782 environ, François LIZÉ est celui de la collégiale de La Madeleine. Si LETAILLANDIER touche un orgue, c'est donc plus vraisemblablement celui d'une communauté monastique.

• 20 avril 1788, Fougères : Jean-Baptiste LE TAILLANDIER est nommé organiste "d’une voix unanime" par la fabrique paroissiale de Saint-Sulpice de Fougères. L'église Saint-Sulpice est située au pied du château, à l'extérieur des remparts de la ville. Elle constitue le cœur du bourg-vieil (ville-basse), par opposition à l'église Saint-Léonard, située dans la ville haute, le bourg-neuf qui s'était développé à partir du XIIe siècle. LE TAILLANDIER succède à François GRANGER, parti pour Orléans. Il gagnera 250 livres par an, à charge pour lui de payer son souffleur (18 livres) "et au surplus aux conditions et charges auxquelles le sieur Granger précédemment organiste était obligé". Son niveau de rémunération est nettement supérieur à celui de son beau-frère Louis DEMOISEAU qui ne reçoit que 150 livres à l'orgue de Saint-Léonard, et doit donc compléter son service d'organiste paroissial en desservant d'autres tribunes (couvent des Augustines, Abbaye de Rillé).
L'un comme l'autre exercent également une activité commerciale qui les fait parfois désigner comme "marchand".
À une date qui reste à préciser, les époux Letaillandier achètent une maison au numéro 116 de la rue de la Pinterie à Fougères, rue qui est alors la voie principale vers Rennes, Antrain et Saint-Malo. Construite en 1769, cette maison est alors toute récente. Son acquisition suppose "une certaine aisance" estiment les biographes de son fils (A.Mouazan et H. Rubion, Vie du père J-Bte Le Taillandier, 2012).
• 9 décembre 1788 : Le curé de Saint-Sulpice baptise le petit Jean-Baptiste-Marie, né la veille, "fils de n.h.Jean-Baptiste LETAILLANDIER et de demoiselle Marie Mobèche". Le parrain n'est autre que "n.h. Louis DEMOISEAU" – que l'on sait par ailleurs toujours organiste de Saint-Léonard. La marraine, "Dlle Françoise Cheux", est sans doute une tante ou une grand-tante paternelle de l'enfant. On remarque les avant-noms utilisés par le rédacteur de l'acte ("n.h." = noble homme), signe d'estime et d'honorabilité. Le frère de François GRANGER, Henry, est présent et signe (depuis 1782 il est l'époux d'une autre sœur Mobèche).
     >>> L'enfant ici baptisé entrera en 1810 au Séminaire de Rennes et sera ordonné prêtre en 1814. Il sera ultérieurement, en 1831, le fondateur de la communauté des sœurs du Christ rédempteur. Le lycée privé de Fougères porte son nom !

• 1789, Fougères : Le rôle de capitation pour 1789 montre le sieur TAILLANDIER, organiste, demeurant "rue du Bourg-Viel côté nord" et devant s'acquitter de la somme de 9 livres. Un autre organiste est attesté dans le même rôle : le sieur DEMOISEAU, demeurant Faubourg Saint-Léonard et qui n'est capité qu'à hauteur de 4 livres. Il s'agit évidemment de son beau-frère.

1790, Fougères : Jean-Baptiste LE TAILLANDIER est toujours organiste de la paroisse Saint-Sulpice de Fougères, tandis que son beau-frère Louis DEMOISEAU touche l'orgue de Saint-Léonard, ainsi que celui de l'abbaye de Saint-Pierre de Rillé et probablement celui des Augustines.
• 12  avril 1790 : Née deux jours plus tôt, la petite Marie-Anne Letaillandier est baptisée par le curé de Saint-Sulpice. Son parrain est un oncle paternel, sa marraine est "Yvonne Mobêche, sa tante au maternel", l'épouse de Louis DEMOISEAU, lequel est également présent à la cérémonie et signataire de l'acte. Aucun métier n'est spécifié.

• Janvier 1794, Fougères : Un relevé daté de nivôse an II (décembre 1793-janvier 1794) atteste que le citoyen LETAILLANDIER a exercé comme organiste à Saint-Sulpice jusqu'à la suppression du culte, au tout début de 1794. Contrairement à ce qu'imaginait Gaétan Bernoville (Les Sœurs de Rillé…, Grasset, 1957), il a donc poursuivi ses fonctions d'organiste au service de l'Église constitutionnelle. L'église Saint-Sulpice est fermée le 1er mars 1794 et transformée en atelier de salpêtre de septembre 1794 au début de 1795.

• De février 1795 à septembre 1795, l'église Saint-Sulpice est rouverte et le culte y reprend. Jean-Baptiste LETAILLANDIER y touche probablement à nouveau l'orgue puisque celui-ci étant menacé de démolition [à une date qui reste à préciser], les femmes de la paroisse l'auraient défendu en montant en force à la tribune et en repoussant les assaillants. Cet épisode mentionné par A.Mouazan et H. Rubion (Vie du père J-Bte Le Taillandier, 2012) laisse supposer un orgue en fonctionnement.

• [Probablement dès 1799, au plus tard à partir du Concordat, 1801] : Jean-Baptiste LE TAILLANDIER a repris – "avec joie" selon Bernoville – ses fonctions d'organiste de la paroisse Saint-Sulpice de Fougères.

• 28 août 1809, Fougères : Jean-Baptiste LETAILLANDIER est dit "propriétaire" par les deux voisins (l'un étudiant, l'autre avoué) qui viennent déclarer son décès survenu le matin même à dix heures du matin, en son domicile, rue Pinterie. Il avait 46 ans et demi.
Selon A. Mouazan et H. Rubion, sa fille Marie-Anne, qui a alors 19 ans, lui aurait succédé.

Mise à jour : 17 janvier 2020
Merci à Hélène Rubion

Sources
A.Mouazan et H. Rubion, Vie du père J-Bte Le Taillandier, 2012 ; F-Ad35/ 2G 120-214 ; F-Ad35/ 2G 120-260 ; F-Ad35/ BMS Fougères, St-Léonard ; F-Ad35/ BMS Fougères, St-Sulpice ; F-Ad35/ BMS Vitré, Notre-Dame ; F-Ad35/ C 4065 ; F-Ad35/ L 1048 ; F-Ad35/ NMD Dompierre-du-Chemin ; F-Ad35/ NMD Fougères ; F-Ad53/ BMS Vautorte ; G. Bernoville, Les Sœurs de Rillé…, 1957 ; G.Renault, "Les orgues de Saint-Sulpice de Fougères", BSAHF, 1957-1958 ; S.Granger, "L’étonnant destin d’un musicien né dans le Maine…", Province du Maine, 2009

<<<< retour <<<<