LUA, Guyonne Cécile, épouse BRÉGEON (1752-1801)

Fille et élève de l'organiste Georges-Bernard LUA, Guyonne-Cécile LUA fera également une carrière éphémère d'organiste en la ville d'Auray [Morbihan] avant d'être renvoyée.

• 22 novembre 1752, Le Croisic [Loire-Atlantique] : Guyonne Cécile LUA nait du mariage d'entre noble homme Georges ou Jorge Bernard LUA et demoiselle Felixe Corvé. L'enfant est baptisé le lendemain en l'église Notre-Dame-de-Pitié où son père occupe les fonctions d'organiste. La présence à la cérémonie de René GAUTIER, organiste à Guérande localité voisine du Croisic, témoigne du réseau professionnel et amical tissé par George Bernard LUA lorsqu'il a été organiste en la cité guérandaise.

• 24 août 1770, Le Croisic : Cécile LUA signe comme marraine d'un garçon né du mariage d'entre son frère René Antoine LUA, organiste au Croisic, et Marie Lozehic. La signature de la marraine est assez malhabile.

• avant 1773, ? : Selon une délibération de la communauté d'habitants d'Auray [Morbihan] en date de 1773, Guyonne Cécile LUA a occupé plusieurs places d'organiste "quelle n'a quitté que par le peu de salaires et toujours au regret des propriétaires. Elle est meme en ce jour appliquée à un orgue qui lui vaut 400#". Aucun lieu précis n'est mentionné. En 1785, il est précisé dans la délibération portant sur son renvoi que Guyonne Cécile LUA aurait débuté à "l'orgue d'une paroisse de campagne" : a-t-elle suppléé son frère René Antoine LUA à l'orgue du Croisic ou a-t-elle suivi son père qui devient, vers décembre 1761, organiste de l'église Saint-Gildas d'Auray ?

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• 22 juin 1773, Auray [Morbihan] : George Bernard LUA, organiste de l'église Saint-Gildas et de la chapelle Notre-Dame, et père de Guyonne Cécile décède. Ce même jour, l'assemblée générale des nobles, bourgeois et habitants d'Auray décide de recevoir Guyonne Cécile LUA pour leur organiste "aux memes appointements, profits et emoluments que feu son pere" tant pour l'église paroissiale que pour la chapelle Notre-Dame. Le maire de la ville, dans la présentation de Guyonne Cécile LUA, insiste sur ses bonnes mœurs, ses talents qui "se perfectionneront toujours" et que cette nomination permettra de "reconnoitre les services de son pere en faisant succeder à sa place son élève et sa fille."

• 7 janvier 1778, Auray : En l'église Saint-Gildas, Guyonne Cécile LUA prend pour époux Julien Brégeon, appareilleur, originaire de la paroisse Saint- Clément de Nantes. Le rédacteur de l'acte précise que Guyonne Cécile LUA est "organiste appointée de cette église ci de Saint-Gildas d'Auray" et ajoute quelques mots plus loin qu'elle est la fille "du sieur George-Bernard LUA, ci-devant organiste de cette dite église" alors que ce dernier est décédé 5 ans plus tôt. Au moins 6 enfants naissent de cette union. Seul l'acte établi lors de la naissance du premier enfant, le 16 novembre 1778, indique que Guyonne Cécile LUA exerce comme d'organiste. Le métier de son époux est précisé dans la plupart des actes : entrepreneur (1778), architecte et entrepreneur (1779), architecte (1783, 1784 et 1785).

• 11 août 1781, Auray : Guyonne cécile LUA et son époux Julien Bregeon perdent leur fille Marie Cécile. L'enfant, âgée de 9 mois, est inhumé le lendemain

• 25 mai 1785, Auray : Le sieur Guilleven, fabrique de la paroisse, remontre à l'assemblée générale des nobles, bourgeois et habitants que "Mlle BREJON, organiste de st Gildas, ne peut plus toucher l'orgue ni reparer les defauts qui s'y trouve". La présence d'un facteur d'orgue s'avère donc nécessaire pour y remédier et que Guyonne Cécile LUA épouse BREGEON se propose de le faire "ayant des connoissances des personnes." Faute de participant, la délibération est remise par deux fois : ce 25 mai et le 7 juin suivant.
• 9 juin 1785, Auray : Ayant assez de membres, l'assemblée de la communauté délibère sur la remontrance du 25 mai précédent et décide de "faire venir un facteur de Nantes ou Rennes pour visiter les reparations dont les orgues peuvent avoir besoin" et leur dresser un état ainsi qu'un devis.

• 7 septembre 1785, Auray : La communauté d'habitants congédie Guyonne Cécile LUA épouse BREGEON au motif qu'elle "vient de quitter le sejour de cette ville et paroisse, que depuis longtems elle s'est dispensée de toucher les orgues de St Gildas sous prétexte qu'ils ne pouvoient servir sans une reparation" même si une partie des jeux  est encore utilisable. De plus, "son état de femme la force a des absences frequentes, son assiduité est meme impossible dans plusieurs circonstances" auquel s'ajoute que le fait d'avoir quitter la ville d'Auray "fait perdre une capitation, surchage par consequent les autres citoyens" tout comme sa contribution aux corvées. La communauté résumant ainsi ses griefs contre la Demoiselle LUA  "Il n'est pas juste quelle profite du benefice sans les charges", nomme Jean François LE BOULEIS comme organiste de l'église Saint-Gildas et de la chapelle Notre-Dame mais accorde ses gages à Guyonne Cécile LUA jusqu'à la fin septembre.

• 9 septembre 1785, Brech [Morbihan] : Jan François Morel, huissier audiencier au Siège royal d'Auray, se rend en la demeurant du couple BREGON sur la requête des officiers municipaux de la ville d'Auray afin que Cécile Guyonne LUA lui remette les clés des orgues de la chapelle Notre-Dame et de celles de l'église Saint-Gildas. La famille BREGEON réside dans une maison "près de la chapelle Saint-Julien". Brech est une paroisse située à quelque sept kilomètres à pieds au nord d'Auray.

• 3 octobre 1785, Auray : Guyonne Cécile LUA signe une dernière quittance de 37 livres 10 sols comme organiste de la paroisse Saint-Gildas et couvrant la période allant du 30 juin au 30 septembre 1785. Une ultime fois, elle affirme son état dans sa signature "la bregeon organiste". Le dernier mois couvert par cette quittance correspond au mois accordé par la communauté d'habitants d'Auray alors qu'elle est remplacée par Jean François LE BOULEIS dès le 6 septembre 1785 conformément à la délibération du 7 septembre 1785.

• 8 novembre 1785, Brech : Demeurant toujours au lieu-dit Saint-Jullien, Guyonne Cécile LUA accouche d'une fille qui est baptisée le lendemain. Le père, toujours qualifié d'architecte, est absent lors de la cérémonie.

• 22 novembre 1785, Auray : La communauté de ville, répondant à la contestation émise par Guyonne Cécile LUA à la suite de son renvoi, rappelle qu'elle seule a le droit de nommer et de révoquer l'organiste de l'église Saint-Gildas ainsi que les motivations qui ont entrainé son renvoi comme stipulé dans la délibération du 7 septembre précédent tout évoquant le jeu de la demoiselle LUA : "mais le talent à suppléé à la nonchalance ; La plaignante qui veut des motifs de destitution devroit etre assez juste pour convenir qu’elle à toujours foiblement touché, n’a jamais etudié son etat et n’y à fait aucun progrés, la chose est notoire". Sylvie Granger, dans l'article "En solo plus souvent qu'en duo..." in "Musiciennes en duo...", s'interroge sur ce cas peu ordinaire où le père semble avoir négligé la formation musicale de sa fille même si celle-ci aura occupé les dites fonctions durant quelque 9 années...

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• 2 juillet 1801, Le Croisic : Guyonne Cécile LUA meurt, à l'âge de 48 ans et demi, en sa demeure. Le décès est déclaré le lendemain par deux voisines de la défunte. Julien Brégon, son époux, ne signe pas l'acte.

• 30 juillet 1814, Lorient [Morbihan] : Julien Bregéon, "architecte entrepreneur" et veuf de Guyonne Cécile LUA, décède à l'âge d'environ 61 ans.

Mise à jour : 4 juin 2023