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MARIN, Nicolas (1734-1810)
Date(s) : 1734-11-13 / 1810-12-28
La carrière de Nicolas MARIN, musicien de la collégiale Saint-Genès de Thiers en 1790, n'est pas commune. Elle fut d'abord celle d'un laïc, marié et père de famille exerçant le métier de maître d'école à Paris, pour devenir dans un second temps, suite à un drame personnel, celle d'un clerc musicien chargé de lourdes responsabilités puisqu'à la fois sous-chantre, organiste et maître des enfants de chœur.
• 13 novembre 1734, Villiers-le-Bel [Val d'Oise] : Nicolas MARIN naît dans cette petite ville proche de Paris. La date donnée par le fichier Adam (Ad/63 6 F 74) est 1737 mais il n'a pas été possible de trouver le baptême de Marin dans les registres de la commune à cette date. Dans la mesure où Marin dit avoir 56 ans dans sa première supplique datée du 2 novembre 1790, il est probable qu'il s'agisse plutôt de 1734. Malheureusement il existe une lacune pour cette année-là dans les registres paroissiaux de Villiers-le-Bel.
• [1754-1766], [Paris] : Au cours de la première partie de sa vie d'adulte, il a probablement exercé la profession de maître d'école dans la capitale du royaume.
• 7 mai 1754, Paris : Il épouse, paroisse Sainte-Madelaine-en-la-Cité, Anne Marie Letellier. Deux filles et un garçon naîtront de cette union, Marie-Victoire, Marie-Anne et Genès-Gilbert.
• 28 septembre 1766, Thiers [Puy-de-Dôme] : Son fils Genès-Gilbert vient au monde. Nicolas Marin est à ce moment là maître d'école de la ville, et pas encore au service de la collégiale. On ne sait pas exactement à quel moment il est arrivé en Auvergne, ni pour quelle raison.
• [1769], Thiers : Il entre au service de la collégiale Saint-Genès comme sous-chantre.
• 29 mai 1773, Thiers : Son épouse, Anne-Marie Letellier, décède âgée de 39 ans. Nicolas MARIN est dit maître écrivain et sous-chantre du chapitre Saint-Genès. Il signe, de belle manière, l'acte de sépulture.
• [1776], Thiers : Il est probablement ordonné prêtre cette année-là puisqu'il déclare dans sa première supplique en novembre 1790 travailler dans le ministère depuis 14 ans.
• 17 mai 1779, Thiers : Sa fille Marie-Anne épouse Antoine Boulay. Nicolas MARIN est dit sous-chantre, prêtre et vicaire de l'église et célèbre à ce titre le mariage.
• 10 février 1783, Thiers : Sa seconde fille, Marie-Victoire, épouse Charles MARY. Parmi les témoins on relève son fils Genès-Gilbert clerc tonsuré depuis 1781 et qui sera ordonné prêtre à Paris en 1792 [voir Stéphane Gomis, "Les clercs musiciens en France à la fin du XVIIIe siècle", dans Revue de Musicologie T.94 n°2, 2008, p. 275-287).
• 2 novembre 1790, Thiers : Nicolas MARIN adresse une première supplique au directoire du département du Puy-de-Dôme. Il déclare être prêtre depuis 14 ans et occuper les fonctions de sous-chantre, organiste et maître des enfants de chœur de l'Église collégiale du chapitre de la ville depuis 21 ans. Il insiste dans sa supplique sur ses infirmités "des douleurs de sciatique habituelles" et donne des précisions sur ses revenus. En tant que sous-chantre ceux-ci sont de 300 livres et 27 livres en supplément pour la pointerolle. En cumulant les fonctions d'organiste et de maître des enfants il est compris deux fois sur la distribution manuelle ce qui peut lui rapporter entre 280 et 300 livres de plus chaque année. En fin de supplique, il indique également avoir "une petite vicairie à la nomination du chapitre appelée vicairie de Vignal" dont il n'a voulu prendre possession "vu sa médiocrité, son produit annuel étant de 4 lots, une pinte de vin mouë, lesquels peuvent être estimés année courante à 8 livres qui font l'honoraire de 8 messes" qu'il a acquitté jusqu'à présent.
En 1790, les enfants dont il a la charge sont : François GONIN-FAURE, Jean Pierre DARROT, Gilbert BLETERIE et Charles Jean-Pierre MARY qui est le neveu de l'un de ses beaux-fils (Charles Mary, mari de sa fille Marie-Victoire)
• [fin 1790], Thiers : Un tableau du directoire du district de Thiers indique qu'il n'a pas été reçu à vie mais devra percevoir une pension de 340 livres.
• 17 octobre 1791, Thiers : N'ayant sans doute pas obtenu satisfaction avec sa première supplique il en rédige une seconde à l'intention des administrateurs du département. Il y rappelle sa situation de prêtre père de famille, ses nombreuses infirmités et son temps de service.
• [1792], Thiers : Il est réfractaire au serment à la Constitution Civile du clergé et entre donc en clandestinité.
• [1795], Thiolières et Job [Puy-de-Dôme] : Il réapparaît et exerce son ministère dans ces deux petites paroisses proches d'Ambert.
• 31 août 1798, Thiolières [Puy-de-Dôme] : Il adresse une supplique à l'administration du canton rural d'Ambert dans laquelle il demande à pouvoir continuer sa résidence dans cette commune "sous la surveillance de l'agent municipal". L'administration accède à sa requête en considération de son âge.
• 6 novembre 1798, Thiolières [Puy-de-Dôme] : Un arrêté du directoire exécutif de la municipalité de Thiers ordonne à Nicolas Marin de quitter la commune de Thiolières pour se rendre à Thiers et y être mis en arrestation.
• 10 avril 1799, Thiolières [Puy-de-Dôme] : Le commissaire du directoire exécutif du canton d'Ambert envoie trois gendarmes à son domicile afin de l'arrêter. Ces derniers se font ouvrir la porte par l'agent municipal et constatent que Marin n'est plus présent. L'agent municipal leur confirme que ce dernier est parti la veille "avec tous ses effets".
• 7 septembre 1799, Thiers [Puy-de-Dôme] : Le commissaire du directoire exécutif de la commune de Thiers s'adresse à l'administration centrale du département pour préciser que par arrêté du 16 brumaire an VII (6 novembre 1798) que Nicolas Marin devait quitter Thiolières pour se rendre en celle de Thiers et y être mis en état d'arrestation. Il conclu son courrier en signalant qu'à ce jour "le sieur Marin n'a pas paru".
• 1802, Saint-Ferréol-des-Côtes [Puy-de-Dôme] : Il est attaché à cette paroisse proche des précédentes comme vicaire.
• 1803-1810, Saint-Eloy-la-Glacière [Puy-de-Dôme] : Il est nommé à la cure de cette petite paroisse également près d'Ambert.
• 28 décembre 1810, Saint-Eloy-la-Glacière [Puy-de-Dôme] : Il décède âgé de 76 ans.
Plusieurs questions restent en suspend à son sujet. Qu'est-ce qui pousse ce maître d'école parisien à venir en Auvergne ? Comment et à quel moment de sa vie se forme-t-il à la musique lui qui ne semble pas avoir fréquenté de maîtrise ?
Mise à jour : 8 juin 2020