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MAUZAISSE, Jean-Baptiste (1750-1827 ap.)
Portrait
Portrait

L'organiste J-Bte MAUZAISSE (1750-1827) peint par son fils J-Bte Mauzaisse (1784-1844), huile sur toile, 1827, Musée de Melun.

État civil
NOM : MAUZAISSE     Prénom(s) : Jean-Baptiste     Sexe : M
Date(s) : 1750-4-2   / 1827-3-28 ap.
Notes biographiques

On dispose encore du portrait du dernier organiste de la collégiale Saint-Spire de Corbeil sous l'Ancien Régime (1776-1790), peint en son vieil âge par son propre fils, devenu un peintre célèbre, et qui portait le même prénom que lui. Jean-Baptiste MAUZAISSE pourtant n'est connu dans la majeure partie des sources qui l'évoquent que comme bourrelier. Sous l'Empire, il est en poste près de deux années à Issoudun [Indre], profitant sans doute d'un séjour de son fils dans la région pour raisons professionnelles. La fin de sa vie reste encore incertaine mais il meurt à Paris, sans doute à la fin de l'année 1827.

• 2 avril 1750, Corbeil : Jean-Baptiste MAUZAISSE, fils de François Mauzaisse, bourrelier, et de Marie-Charlotte Hélin, vient au monde. Il est baptisé le lendemain paroisse Notre-Dame. Son parrain est Jean Boué, serrurier (?) au moulin du roi, sa marraine Élisabeth Notta, qui signent tous les deux.

• [1775], Corbeil : Jean-Baptiste est engagé par le chapitre de la collégiale Saint-Spire en qualité de musicien serpent. On ne connaît rien de sa formation, peut-être a-t-il été antérieurement enfant de chœur dans le même établissement?

• 6 février 1775, Corbeil : En l'église paroissiale Saint-Léonard, Jean-Baptiste MAUZAISSE, qui exerce lui aussi le métier de bourrelier ("Artisan, ouvrier qui fabrique, répare, vend les harnais des chevaux et des bêtes de somme, ainsi que certains articles en cuir (ceintures, sacs, intérieurs de voitures, etc"), épouse Julienne Noé, fille d'un maître pêcheur. Il est le seul de tous les présents à signer l'acte.

• 20 avril 1776, Corbeil : Il est vraisemblablement reçu par le chapitre Saint-Spire en la place d'organiste. Ses appointements sont fixés à 60 livres, comme à l'époque de son prédécesseur. Les orgues ont été commandées par le chapitre en 1658 à un facteur parisien et le buffet est l'œuvre des parisiens Germain Pillon puis Nicolas Rimbert. "Ce buffet existe encore, c'est le grand meuble classique à trois tourelles, dont la plus petite au centre, surmontée d'un cadran et d'une croix; le positif, en pyramide avec sa tourelle centrale de 7 tuyaux rappelle la disposition des positifs établis à St-Etienne-du-Mont et Saint-Médard de Paris" (Félix Raugel, « Les anciens buffets d’orgues du pays de Hurepoix », 1952) .

• 29 août 1777, Corbeil : "Organiste du chapitre royal de st Spire", Jean-Baptiste MAUZAISSE signe comme témoin au mariage de sa sœur Marie-Jeanne-Élisabeth Mauzaisse avec le fils d'un vigneron, paroisse Notre-Dame.

• 1778-1788, Corbeil : Huit enfants issus de Jean-Baptiste MAUZAISSE et de Julienne Noé sont baptisés paroisse Notre-Dame : Marie Marthe (10 février 1778); Julienne Marthe (3 mars 1779), Jean-Baptiste (20 janvier 1881), Marie Geneviève ( 13 janvier 1783), Jean-Baptiste (2 novembre 1784), Pierre César (5 janvier 1786), Marie Louise (29 janvier 1787) et Marie-Louise (24 mars 1788). Les parrains n'ont rien à voir avec le monde de la musique ou celui de la collégiale (un tailleur, un marchand épicier, un pêcheur, un marchand chapelier, un marchand fripier, un laboureur, un meunier, le dernier acte est peu lisible). En 1779, un marraine est l'épouse d'un bourgeois de Paris demeurant sur la paroisse Saint-Jean-en-Grève.

Leur fils Jean-Baptiste, né en 1784, mort en 1844, aura une certaine notoriété à l'époque comme peintre portraitiste, lithographe, peintre d'histoire. Formé par le peintre François-André Vincent, il expose au Salon de 1808 et remporte une médaille en 1812 pour son "Arabe pleurant son coursier"; il recevra ensuite des commandes pour décorer des pièces à Versailles, au Louvre, ou pour peindre des tableaux pour plusieurs cathédrales.

• 1787, Brunoy [Essonne] : La fabrique verse 228 livres en deux quittances à "MAUZAIRE" [sic] un facteur d'orgues et son souffleur.

• 20 avril 1787, Corbeil : Les fabriciers lui versent 60 livres, montant de ses gages annuels. Quant à Canillard et Rousseau, les souffleurs des orgues, ils perçoivent, le premier 15 livres (pour le grand accord) et le second 3 livres (pour le petit accord).

• 1790, Corbeil : Jean-Baptiste MAUZAISSE est toujours en place comme organiste de la collégiale Saint-Spire même si jamais, dans les actes de catholicité, on ne mentionne cet état. Ses gages sont fixés à 120 livres. Avec Pierre PILLAS, qui joue du serpent dans le chœur, il accompagne depuis la tribune les voix du chantre et maître des enfants de chœur, Louis Claude SAVART, des quatre enfants de chœur, Louis POIRIER, François JORY, Louis Augustin CARTIER et Jean Claude ORIGNON.

• 1792, Corbeil : Jean-Baptiste MAUZAISSE réclame le paiement de 30 livres pour supplément de gages dûs de la fabrique du chapitre Saint-Spire pour l'année 1790. Il demande un traitement, avec trois certificats à l'appui.
• 31 octobre 1792, Corbeil : Le directoire du district, attendu qu'il touchait 120 livres de gages et 30 livres de la fabrique, est d'avis de lui accorder une gratification s'élevant à une année et demie de ce qu'il gagnait, soit 225 livres.
• 19 décembre 1792, Versailles : Le directoire du département de Seine-et-Oise homologue l'arrêté du district de Corbeil et l'autorise à se faire payer 225 livres par le receveur du district de Corbeil sur les fonds variables du culte. Le lendemain, il en est de même au sujet d'une somme de 30 livres.

• 17 février 1793, Corbeil : Toujours bourrelier, demeurant section de la Fraternité, Jean-Baptiste MAUZAISSE déclare la naissance de leur fille Victoire en présence de Jacques Jean Lemaire, receveur des impositions de cette ville, substitut, et du fils d'un marchand épicier. Le 29 novembre suivant, il déclare le décès de Jean-Baptiste Collar, imprimeur en indiennes, il réside toujours à Corbeil.

• 10 mai 1800, Corbeil : Leur fille Julienne Marthe épouse un cordonnier parisien en présence des oncles de la future, Jean François Tabourié, bourrelier à Lieusaint (Seine-et-Marne) et Jean Noé, marinier à Corbeil.

• 25 février 1809, Corbeil : Jean-Baptiste MAUZAISSE signe au remariage d'une des filles de Pierre Paul FLEURY.

• 1er septembre 1810, Corbeil : Les époux Mauzaisse donnent leur consentement devant maître Baudouin au futur mariage (qui aura lieu le 24 novembre suivant) de leur fille Marie-Louise avec Pierre Couvret, qui exerce aussi le métier de bourrelier, natif de Paris. Leur fils Pierre-César, lui aussi fixé à Paris, sera également présent au mariage.

• Du 11 octobre 1810 au 2 août 1812, Issoudun [Indre] : On retrouve Jean-Baptiste MAUZAISSE à la tribune d'une église berrichonne, celle de la paroisse Saint-Cyr. Il commence à jouer le 11 octobre mais n'est engagé que le 22 janvier suivant avec un traitement de 200 francs par an. Il obtient une augmentation de 50 francs annuels le 4 août suivant et restera encore un an, le journal des marguilliers note au 2 août 1812 "que le sieur Mauzaisse, organiste, etoit dans l'intention de retourner dans son pays et qu'il ne comptoit pas revenir et qu'il demandoit a être payé de ce qui pouvoit lui etre du de son traitement". Un an après le départ de l'organiste, l'orgue n'est pas en bon état : "un membre a dit, lit-on au 7 juin 1813, dans le journal du bureau des marguilliers, que le jeu d'orgue etoit dans un tel etat de degradation que malgré les reparations qui avoient été faites jusqu'a concurrence de cent francs il ne se trouvoit point encore en etat suffisant, que par aperçu il faudroit cinquante francs".

Rien ne peut expliquer actuellement cet exil. Des raisons financières ont-elles poussé notre bourrelier à reprendre son ancien état ? Qui lui a proposé ce poste lointain ? Sans doute faut-il chercher la réponse du côté de son fils le peintre. En effet, Jean-Baptiste a peint en 1810 le portrait de Pierre Heurtault, qui était un médecin et député de l'Indre et, à une époque non précisée, un tableau destiné à l'église d'Issoudun consacré à ses deux saints patrons, Cyr et Julitte… On peut également penser qu'il connaissait le facteur d'orgue Pierre LEFEBVRE qui est venu constater l'état de l'orgue, ce dernier donnant des inquiétudes. Peut-être même ont-ils voyagé de conserve.

• Fin 1812, Châteauroux [Indre] : Dans le registre de la fabrique de l'église paroissiale Notre-Dame (ancienne chapelle des Capucins), on relève son nom pour l'année 1812 ""A. M.Mauzaisse pour la totalité du prix de l'orgue 800"; c'est néanmoins le facteur Montmigny qui l'accorde. Dès l'année suivante, c'est un certain TARTRA qui occupe le poste d'organiste. MAUZAISSE a-t-il d'ailleurs joué ou bien s'est-il contenté de vendre cet orgue? En 1811, c'est GAUDRION qui est venu pour tester l'instrument et la fabrique rémunère le charpentier pour les travaux à la tribune. MAUZAISSE voyageait-il avec un orgue dans ses bagages…? Cet orgue provenait-il d'Issoudun, de Corbeil ? Finalement, peut-on penser que ce périple berrichon avait pour but de vendre cet orgue ? Le mystère reste entier pour l'instant.

• 5 juin 1815, Paris : Leur fils Jean-Baptiste se marie paroisse Saint-Roch avec Gustine Wecker. Le 2, un contrat de mariage a été signé devant maître Decourchant.

• 28 mars 1827, Corbeil : "Ancien bourrelier", Jean-Baptiste MAUZAISSE perd son épouse Julienne Noé qui meurt à onze heures du matin à leur domicile de la rue aux Tisseurs. C'est leur fils, Romain, cordonnier âgé de 33 ans, demeurant même rue et leur gendre Pierre Couvret, bourrelier, 17 rue Notre-Dame, qui déclarent le décès.

Après la disparition de sa femme, MAUZAISSE quitte Corbeil et s'installe à Paris, sans doute chez son fils Jean-Baptiste. Ce dernier a laissé un fort beau témoignage de l'attachement qu'il portait à ses parents. On peut admirer aujourd'hui au musée de Melun les portraits de Jean-Baptiste et de son épouse, réalisés peu avant leur mort et présentés au Salon de 1827. Le catalogue précisait que ces portraits étaient "ceux du père et de la mère de l’auteur. Le père est plus grand que nature. Il y a de la bonhomie dans son expression. La mère lit, en femme fervente. Je voudrais que toutes nos dames que je vois à la chapelle du Roi, si dévotes quand les princes sont là, s’arrêtassent devant Madame Mauzaisse ; elles rougiraient peut-être de leur hypocrisie". Jean-Baptiste est revêtu de vêtements sombres et sobres, assis dans un impressionnant fauteuil, il semble avoir suspendu un temps sa lecture, tenant un ouvrage dans sa main droite et son binocle  dans la gauche; son front est vaste et lumineux et son regard semble à la fois serein et las. Derrière lui, sur une petite table, d'autres livres empilés, un écritoire et, bien distincte, une partition de musique. On comprend qu'il compose encore, l'encre n'est peut-être même pas encore sèche.

Selon Daniel Hoffmann, dans un article le paru dans le Le Saint-Germinois, journal de Saint-Germain-lès-Corbeil, n°12, septembre 2016, page 9, il serait devenu en 1817 le maître des enfants de chœur de l'église Saint-Étienne-du-Mont et serait décédé au 12 rue Neuve-Saint Georges, le 1er décembre 1827. Nous remercions monsieur Hoffmann, du Centre Généalogique de l'Essonne, pour sa grande disponibilité et ses informations en partie tirées d'une recherche menée (et non publiée) il y a plusieurs années par madame Casciola sur la famille Mauzaisse.

Mise à jour : 22 avril 2019

Sources
Archives nationales, salle des inventaires virtuelle ; F-Ad78/ 1 L 57 ; F-Ad91/ 4E_0604 ; F-Ad91/ 4E_0608 ; F-Ad91/ 4E_0609 ; F-Ad91/ 4E_0615 ; F-Ad91/ 4E_0635 ; F-Ad91/ 4E_0695 ; F-Ad91/ 4E_0753 ; F-Ad91/ G supp/61 ; F-Ad91/ G supp/62 ; F-Filae  ; F-Évry Adiocésaines/ k 04/ 32 boîte 2 ; Felix Raugel, « Les anciens buffets d’orgues du pays de Hurepoix », 1952 ; Le Saint-Germinois, journal de Saint-Germain-lès-Corbeil, 2016 ; Les amis du musée de Melun, site numérique ; Les orgues du Berry. Inventaire national des orgues [...], 2003

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