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MERCADIER, Jacques (1723-1800)
État civil
NOM : MERCADIER     Prénom(s) : Jacques     Sexe : M
Date(s) : 1723-4-13   / 1800-1-30 
Notes biographiques

Jacques MERCADIER fut chantre dans le sud-ouest de la France. Clerc tonsuré du Rouergue où il est né, il séjourna quelques temps à Mirepoix [Ariège] et à Bordeaux. Il reprit ensuite la route en direction de l'est, mais pour se fixer au pied des Pyrénées : de nouveau à Mirepoix qui était alors une ville épiscopale, et enfin à Pamiers [Ariège] où il vécut jusqu'à la fin de sa vie, soit un demi-siècle

• 13 avril 1723, Saint-Genest-d'Olt-et-d'Aubrac [Aveyron] : Jacques MERCADIER naît dans la paroisse de Saint-Geniez-d'Olt, petite ville située sur les bords du Lot, à une quarantaine de kilomètres au sud de Rodez. Son père, Joseph Mercadier est marchand au village de Saint-Martin-de-Montbon [commune actuelle d'Aurelle-Verlac] quand il épouse à Saint-Genest-d'Olt, en 1710, Françoise Negré. Jacques est le dernier-né d'une fratrie de huit enfants qui viennent au monde entre 1710 et 1723. Bien que l'acte de sépulture soit des plus succincts, il semble bien que le père de famille mourut à l'âge de 37 ans, le 5 janvier 1724, soit neuf mois après l'arrivée du petit Jacques.

Aucun élément ne donne la source de la formation de Jacques. Peut-être est-il demeuré sur place pendant les premières années d'enseignement, c'est-à-dire au petit-séminaire Saint-Charles de sa ville natale. Fondé en 1666, l'établissement fut dirigé dès ses débuts par le prêtre Jean Mercadier et l'acolyte Jacques Mercadier. Ces deux hommes venaient du séminaire Carman de la ville de Toulouse, mais étaient originaires de Saint-Geniez-d'Olt. L'évêque de Rodez était le supérieur de cette maison de séculiers dont la mission allait consister à conduire des enfants vers la simple tonsure ou vers l'entrée au séminaire.  

• [novembre]1740, Rodez [Aveyron] : Jacques MERCADIER est sous-chantre à la cathédrale. Il demande au chapitre l'autorisation de s'absenter afin d' aller chanter à Sainte-Cécile d'Albi.

• 2 octobre 1746, Mirepoix [Ariège] : Le sieur Jacques MERCADIER, clerc tonsuré du diocèse de Rodez, se présente devant le chapitre de Mirepoix afin de recevoir une prébende de "dix-huit" [un type de prébende spécifique au diocèse de Mirepoix] résignée en sa faveur par François Mercadier. Ce dernier était également clerc tonsuré du diocèse de Rodez quand il en fut pourvu en 1735.   

• 5 septembre 1747, Bordeaux : Le jeune Rouergat est basse-contre depuis environ neuf mois au bas-chœur de la cathédrale. Il prie le chapitre de lui accorder "un certificat de service" parce qu'il est à même de se retirer ailleurs. D'après le registre capitulaire, il semble qu'il est alors en partance pour la cathédrale de Mirepoix.

8 janvier 1750, Mirepoix [Ariège] : Jacques MERCADIER se marie à l'église cathédrale. Il épouse Élisabeth Tadieu, fille de Jeanne Pechairic et de Jean-Baptiste Tadieu, un fabricant de peignes de Bélesta, petite ville située à vingt kilomètres au sud de Mirepoix. Leur premier enfant, nommé Jean-Baptiste, voit le jour à Bélesta dès le 18 avril. Le prêtre écrit alors que toutes les personnes présentes au baptême habitent la paroisse. Sans doute s'agit-il d'un raccourci dans la mesure où la jeune maman avait pu séjourner et accoucher dans la maison de ses parents ; mais Jacques MERCADIER, présent à la cérémonie, pouvait-il avoir quitté la ville épiscopale?

• 28 octobre 1750, Pamiers [Ariège] : Le chapitre de la cathédrale Saint-Antonin de Pamiers, ville distante de vingt-cinq kilomètres, envoie à Mirepoix le sieur SABATIER, son chantre, afin de proposer à Jacques MERCADIER  la seconde place de chantre (dite aussi chapier) laissée vacante par le départ en retraite du sieur GONDRAN. D'après leur délibération, les chanoines lui verseront trois cents livres par an. Jacques MERCADIER s'installe tout naturellement sur la paroisse Mercadal. Ainsi, le 10 avril 1751, nous le retrouvons témoin au mariage de Martial Salamon, sous-sacristain de cette église. Mais le rédacteur de l'acte le qualifie, à cette occasion, de régent. Sans doute le chapitre  lui a-t-il confié cette tâche complémentaire à l'automne précédent puisque chaque année ces messieurs nomment ou reconduisent dans leur poste le régent du collège de la ville et son adjoint. 

• 16 février 1752, Pamiers : Naît Barthélémy, lequel est suivi par l'arrivée de huit autres frères et sœurs, tous baptisés à la cathédrale. Après Barthélémy, vient un second garçon à être prénommé Jean-Baptiste le 7 octobre 1753, puis Jacques Bernard le 9 juillet 1755, Jeanne le 22 avril 1757, Louis Antoine le 20 janvier 1759, Marguerite le 20 mai 1760, une seconde fille du prénom de Marguerite le 19 septembre 1762, Jean François le 15 avril 1765 et enfin Joseph le 11 août 1767. 

Jacques MERCADIER maintient des liens étroits avec la ville de Mirepoix, ce qui permet de comprendre tout le poids de cette remarque exprimée dans sa demande de pension de 1790 : " Vivant assez heureux parmi ses parents" à  Mirepoix avant d'être engagé par le chapitre de Pamiers. Son beau-frère, Barthélémy Tudieu, lequel chemine de grade en grade jusqu'à la prêtrise, fait le voyage jusqu'à Pamiers lors du baptême de plusieurs de ses neveux. En mars 1768, le chapitre de Mirepoix reçoit Jean-Baptiste Mercadier, "clerc tonsuré de ce diocèse", à une prébende libérée par le joueur de serpent Jean FOURNIER. Ce bénéficiaire ne peut être que l'aîné de la famille, l'enfant né à Bélesta, celui qu'on appellera toujours "Mercadier de Bélesta". Nous ignorons si le jeune homme exerce alors comme musicien ou chantre, mais il est certain qu'il connaîtra très tôt la notoriété en tant que musicologue. Dès 1776, est publié à Paris, chez Valade, un ouvrage de 304 pages intitulé " Nouveau système de musique théorique et pratique par Mercadier." Il récidive en 1784 avec "Mémoire sur l'accord du clavecin et le système de M de Boisgèbre concernant les intervalles musicaux...", un petit opuscule de trente-sept pages. Mais c'est comme ingénieur des Ponts-et-Chaussées qu'il marquera durablement, à partir de 1790, le département de l'Ariège. Deux frères cadets de ce jeune homme vraisemblablement brillant, Jean-François et Louis-Antoine, ont également bénéficié d'une prébende de l'évêché de Mirepoix.

• [1750-1785], Pamiers : Pendant ces trois décennies, le chantre Jacques MERCADIER est-il maintenu régent ? Voilà qui est peu probable. En effet, à partir de 1753, son nom est souvent associé à la responsabilité de directeur du bureau de poste, voire même, comme au baptême de son fils Joseph, "directeur des postes et secrétaire de Monseigneur l'Évêque". En fait, il déroule sa carrière auprès de la personne même d'Henry-Gaston de Lévis, l'évêque du diocèse de Pamiers depuis 1742. Chantre du chapitre cathédral et de l'évêque, il perçoit bien trois cents livres par an, mais à un moment donné, chacun de ses deux employeurs lui en verse une moitié. Par la suite, la manière de percevoir les émoluments n'est pas exprimée clairement. Néanmoins, le dossier de pension de 1790 révèle que, "après quelques années d'exercice", le chapitre prie le chantre "d'aller désormais prendre ses gages chez l'agens de feu Monsieur de Lévis, attendu que la chose deviendrait plus commode" puisque l'intéressé "avoit déjà l'entrée auprès de Monsieur de Lévis. Et dès lors un second chantre dont Monsieur de Lévis payait les gages commença d'être payé par le chapitre."

Dans ce même dossier de 1790, Jacques MERCADIER évoque l'âpreté de sa tâche de chantre. Ainsi s'est-il trouvé "accompagné de six collègues qu'il a formés aux règles du chant et au train du choeur. Il était forcé de précéder toujours, de lutter contre leurs voix déréglées et de chanter la plupart du temps des deux côtés du choeur de sorte qu'il ressentit souvent un manque de respiration qui le mettait aux abois." Et lorsque ces collègues s'absentaient longtemps, Mercadier était "seul à faire les fonctions". En revanche, il se tait sur ses occupations de secrétaire de l'évêque, fonction qui devait être assez volumineuse si on se refère à toutes ces grandes pages en latin écrites de sa main et qui émaillent les divers dossiers de la série G, parfois même le registre paroissial du Mercadal. Le chantre MERCADIER rédigeait pour les destinataires les décisions de Mgr de Lévis.      

• 25 juin 1785, Pamiers : Jacques MERCADIER, secrétaire de Monseigneur l'évêque,  perd son épouse Élisabeth Tadieu qui meurt à l'âge de 59 ans. C'est le premier de trois revers qui le frappent en très peu de temps. L'année suivante, la maladie le contraint à cesser ses activités. Il est devenu "infirme", et la cause en serait "une maladie contractée par une sueur abondante et négligée, dans le cours d'une procession champêtre que le chapitre fait tous les ans", autrement dit, un mal qui l'a frappé dans l'exercice de sa fonction de chantre. 

Enfin, le 11 janvier 1787, "Messire Henry-Gaston de Lévis évêque et seigneur de cette ville décéda subitement", lit-on sur les registre paroissial du Mercadal. Or, le problème de la pension à verser au chantre qui a dû cesser ses fonctions n'est pas réglé. L'un des chanoines avait défendu l'idée que, "puisque Monsieur de Lévis payait les gages [de Mercadier chantre], c'était à lui de lui faire un traitement dans ses infirmités". Mais avec la disparition de l'évêque, s'éteint la pension, en dépit des trente-six années d'activité.

• 21 décembre 1790, Pamiers : Jacques MERCADIER, malade, sans fortune et âgé de 67 ans, se voit refuser l'accès à une pension. Dans le procès verbal de séance, la commission du district de Pamiers appuie sa décision sur "l'assertion" d'un chanoine de l'ancien chapitre qui assure que MERCADIER "est retiré depuis dix ans sans pension de retraite". Que s'est-il passé?

Le vieil homme a pourtant adressé une supplique qui décrit sa carrière. Il souhaitait alors obtenir cinq cents livres pour ses 36 années d'activité de service. En réalité, il lui fallut d'abord contrer l'antipathie de "l'un des messieurs les chanoines accoutumé à faire des difficultés". Un certificat du maire et officiers municipaux de la ville de Pamiers atteste ses 36 années de service et insiste sur ses sentiments "d'honnête homme". Soutenu par une partie du personnel de l'ancien chapitre de Pamiers, Jacques Mercadier s'adresse encore au district concerné. Alors les décisions contradictoires se succèdent : quatre cents livres, puis cinq cents en février 1791, et enfin deux cents, neuf mois plus tard. Et, dans les états de paiements de l'année 1792, les versements trimestriels de cinquante livres semblent bien avoir été effectués.

• 19 Floréal An VIII [19 mai 1800], Pamiers : Jacques MERCADIER est déclaré décédé "le dix Pluviôse dernier", soit depuis plus de trois mois. Il meurt âgé de 77 ans alors que le rédacteur de son acte de décès ne lui en attribue que 75. 

                                                                                                                                                                          5 mars 2019

Sources
BNF-Gallica ; Bousquet, Études historiques sur la ville de Saint- Geniez-d'Olt, Rodez, 1847. ; F-12/ BMS, St-Geniez-d'Olt ; F-Ad09, État-civil Pamiers ; F-Ad09/ 3 L 25 ; F-Ad09/ 3 L 30 ; F-Ad09/ 3 L 33 ; F-Ad09/ 3 L 34 ; F-Ad09/ 3 L 38 ; F-Ad09/ BMS Pamiers ; F-Ad09/ BMS St-Maurice, Mirepoix ; F-Ad09/ BMS, Bélestat  ; F-Ad09/ G 252 ; F-Ad09/ G 262 ; F-Ad09/ État civil, Pamiers ; F-Ad12/ 3 G 263 ; F-Ad12/ BMS Saint-Geniez-d'Olt ; F-Ad12/ BMS Saint-Geniès-d'Olt : ; F-Ad33/ G 304 ; F-An/ DXIX/024/376-2/12 ; F-An/ DXIX/024/376-2/13 ; F-An/ DXIX/049/52/02-03 - F-An/ DXIX/099/052/02 ; F-An/ DXIX/092/797/07

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