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MÉRY, François Simon Jude (1755-1792 ap.)

MÉRY, François Simon Jude (1755-1792 ap.)

État civil
NOM : MÉRY     Prénom(s) : François Simon Jude     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : MERRY
MÉRI
MERRI
NURY
MERY
Date(s) : 1755-10-28   / 1792 ap.
Notes biographiques

Originaire de Normandie, François-Julien MÉRY / MERRY, haute-contre ou haute-taille gyrovague chante dans plusieurs églises, où il ne reste que peu : Bourges, Nevers, Auxerre, Orléans, Nantes... Si une délibération Auxerroise révèle qu'il souffrait de surdité, son point faible semble être l'argent qui lui fait souvent défaut au point que les créanciers le harcèlent.

• 28 octobre 1755, Avranches [Manche] : François Simon Jude MÉRY est porté sur les fonts baptismaux de la paroisse Saint-Gervais d'Avranches (Abrincensis) le jour de sa naissance. L'acte est des plus succincts, se limitant préciser les noms des parents, Nicolas Mery et Perrine Giroult. La consultation des registres indique que le père est cordonnier et le parrain, François Giroult est son oncle paternel, terrasseur de métier. Il est le seul à signer.

• Comme souvent les informations concernant la période de formation musicale de François Simon Jude MERY sont lacunaires. Peut-être a-t-il fait partie de la psallette de la cathédrale d'Avranches ?

• 20 juin 1777, Bourges [Cher] : "Reçu le Sr François MERY, du diocèse d’Avranche en la qualité de haute taille en nostre église, 9 lt par semaine, à commencer d’aujourd’hui". Il succède à Jacques Bernard DANIEL, du diocèse d’Orléans, qui avait été reçu haute taille pour 2 mois le 7 mars précédent.
• 1er août 1777-1779, Bourges : François MÉRY figure dans la liste des "vicaires accordati" dressée à l'occasion du chapitre général. Il chante au chœur en compagnie de Pierre MALIDOR, Louis Guillaume PAQUIN, Pierre SOUMARD ou SAUMARD, Nicolas DUREAU, François LETERTRE, Jean PAULINE, et le serpent venu de Suisse Sigismond Louis MACKER.

• 19 janvier 1779, Bourges : François MERY, musicien, épouse Reine Javary en l'église paroissiale Saint-Pierre-le-Puellier. Un chanoine semi-prébendé de Saint-Ursin préside la cérémonie des plus formelles, respectant les us et coutumes : consentement reçu des parents résidant à Avranches, publications ordinaires de bans, etc. Les personnes présentes signent le registre d'une calligraphie fluide. La consultation des registres précise que le père de Reine était de son vivant maître pâtissier ; il s'agit donc d'une famille aisée et la jeune mariée est certainement dotée. Dans un premier temps Reine attend un enfant qui vient au monde moins de cinq mois plus tard, dans une autre ville.

• [Au plus tôt à partir de février 1779 et jusqu'en octobre 1780], Nevers : François MÉRY chante la haute-contre à la cathédrale Saint-Cyr et Sainte-Julitte où il a été reçu.

• 28 mai 1779, Nevers [Nièvre] : Marie Jeanne, fille légitime de François Simon Jude MERY et de Reine Javary est portée sur les fonts de la paroisse Saint-Jean. À peine installé à Nevers, le père a sollicité pour parrain Pierre Louis MERCIER, musicien basse-contre, passé précédemment par Bourges. La marraine est Marie Jeanne Roüen, fille d'André ROUEN, maître de musique à la cathédrale Saint-Cyr et Sainte-Julitte. Toutes les personnes présentes sont signataires du registre. MERY ne s'attarde pas dans le nivernais, optant pour une expérience bourguignonne à Auxerre à environ 110 kilomètres.

• 16 octobre 1780, Auxerre [Yonne] : Le chapitre s'assemble extraordinairement afin de "recevoir pour musicien haute contre un jeune homme arrivant de Nevers ". Il s'agit de remplacer Charles POITOU, mort le 1er juillet précédent. Le chapitre promet des gages de 10 livres / semaine au nouvel arrivant, "à condition qu’il  fournira des certificats de vie et mœurs". Après son audition, le jeune homme repart quelque temps pour Nevers afin d'y régler ses affaires. MERY ne semble pas installé puisqu'il ne se déplace avec sa famille qu'un mois plus tard.

• 15 novembre 1780, Bulcy [Nièvre] : Le voyage de Nevers à Auxerre est assombri par une étape aussi forcée que dramatique à Bulcy, la petite Marie Jeanne étant "morte dans leur voiture en faisant le voyage". Elles est inhumée rapidement avant que les parents ne reprennent leur chemin.

• 17 novembre 1780, Auxerre : François MÉRY, musicien haute contre, ayant présenté à la Compagnie un certificat de vie et mœurs du chapitre de Nevers, "Mrs ont conclu qu’il seroit installé aujourd’huy".
Le maître de musique de Saint-Étienne d'Auxerre est alors Edme CHAPOTIN. Le nouvel arrivant va côtoyer l'organiste Jean-Joseph PALLAIS, les "commis-musiciens" René PRUNELLE, Bonaventure BONNOTTE, Jacques CHERTIER, Nicolas GELIN, Jean DUBAUX, et le serpent Pierre JOBARD.
• 9 février 1781 : Le chapitre verse 24 livres de gratification "à MERRI pour le dédommager des frais qu’il a été obligé de faire en venant s’établir en qualité de musicien dans cette église".
• 25 juin 1781, Auxerre : Le chapitre autorise MÉRY, haute contre, et Edme CHAPOTIN le maître de musique à aller à Troyes pendant huit jours "et d’y mener le premier enfant de chœur". On peut penser que c'est pour y chanter lors d'une cérémonie extraordinaire.
• 13 décembre 1781 : En chapitre général, décision est prise de dispenser le commis musicien MERRY, "quand il se trouvera à la musique", de se conformer à l’usage de porter le camail sur la tête au chœur "à cause de sa surdité".

• 16 mars 1782, Auxerre : MÉRY "commis musicien" supplie le chapitre de lui avancer la somme de 48 livres. La délibération a été raturée. Il semble qu'il ait eu besoin de cette somme pour financer un commerce d'étoffes, et que le chapitre n'ait accepté de la lui avancer que pour "payer son loyer de maison".
 • 15 juillet 1782 : Ce jour-là, le chapitre traite deux fois de MÉRY. D'une part, il lui refuse la permission, demandée conjointement avec CHERTIER, d’aller à Vézelay pour célébrer la Ste-Magdeleine, sans qu'aucune explication ne soit donnée sur ce refus. D'autre part, un médiateur est désigné pour "concilier DUBAUX et MERRI musiciens au sujet de quelques plaintes réciproques".

• 18 juillet 1783, Auxerre : Sans expliquer les motifs de leur refus, les chanoines "ont conclu de ne point accorder à MERRY commis musicien les vacances qu’il a demandées".
• 12 septembre 1783 : MERRY musicien haute contre ayant demandé la permission d’aller faire ses vendanges, les chanoines lui accordent quinze jours.  Ils lui avancent 48 livres "dont on luy retiendra 4#/semaine jusqu’au remboursement". Mais le haute-conte dépasse de quinze jours l'autorisation d'absence accordée ! Le chapitre, magnanime, ne lui retient qu'une semaine de salaire. Les vendanges interpellent car a priori François MERY n'est ni originaire de la région ni vigneron. Serait-il amené à s'occuper des affaires de sa femme dont les parents Berruyers sont décédés ?
• 29 décembre 1783 : Sans doute le chanteur a-t-il cru pouvoir encore tirer sur la corde capitulaire ? Ce jour-là, le chapitre se raidit : "MM ont unanimement arrêté de n’accorder aucune augmentation de gages à MERRY commis musicien, et haute contre de cette église, nonobstant toutes ses demandes."

• 12 juin 1784, Auxerre : Le chapitre tance les deux chanteurs haute-contre, qui sont alors PRUNELLE et MÉRY et leur rappelle qu'ils sont "obligés d’assister aux petites heures comme les basse contres autrement ils seront marancés lorsqu’ils y manqueront".
• 28 juin 1784 : Le chapitre autorise BONNOTTE et MERY à "aller à Appoigny pour la Saint Pierre". Appoigny est situé à 11 km au nord du centre d'Auxerre, soit environ 2h et demie de marche. Il y existait une collégiale Saint-Pierre, bel édifice mais modeste lieu de musique, qui réclamait des renforts venus d'Auxerre pour sa fête patronale.
• 10 septembre 1784 : MÉRY obtient l'autorisation de s'absenter un mois pour faire ses vendanges et comme l'année précédente, une nouvelle avance de 48 livres. Mais le chapitre décide "qu’il ne lui sera plus rien prêté à l’avenir".
• 13 décembre 1784, Auxerre : À l'occasion du chapitre général est dressée la liste des membres du bas chœur. Elle comporte 9 musiciens, dans l'ordre suivant : le Maître de musique Edme CHAPOTIN, l'organiste PALLAIS, les commis musiciens  PRUNELLE, BONNOTTE, CHERTIER, JOBARD, GELIN, DUBAUX et MÉRY. Auxquels s'ajoutent des chapelains, sacristains, enfants de chœur, bâtonniers, suisse et sonneur non nommés.
Le 17 décembre, MÉRY expose au chapitre "que ses créanciers le menacoient de faire saisir chez lui faute de payement" et demande une avance de 200 livres. Les chanoines, méfiants, demandent à connaître les créanciers. Quelques jours plus tard, ils versent 35 livres au musicien "pour empêcher la saisie de ses effets dont il est menacé par un de ses créanciers". La disproportion entre la somme réclamée par Méry et celle finalement accordée par le chapitre est frappante. Quelle est la réalité de la situation financière du musicien ?

• 11 avril 1785, Auxerre : Le musicien ayant à nouveau demandé une avance, cette fois de 60 livres "pour payer son loyer", le chapitre décide d'inverser le sens des opérations et de lui retenir 4 livres par semaine jusqu'à ce qu'il ait ainsi épargné de force 60 livres, qui lui seraient alors versées. Manifestement le système ne convient pas à François MÉRY, qui décide de quitter Auxerre.
• 6 mai 1785 : Le chapitre de la cathédrale Saint-Étienne enregistre son départ et lui délivre un certificat "attestant qu’il a exactement rempli ses fonctions pendant qu’il a été au service de la Cie". Il lui est même accordé le paiement d'"une semaine par forme de gratification".

• 16 mai 1785, Tours [Indre-et-Loire] : les chanoines réunis en "galerie" après la grand-messe ordonnent au fabricier de verser 96 livres de frais de voyage à cette haute-contre auditionnée mais non reçue.

• [Mai 1785], Orléans [Loiret] : La durée de service portée par le certificat qu'il obtient fin septembre 1786, seize mois, indique qu'il est allé directement d'Auxerre à Orléans, et qu'il a été reçu à Sainte-Croix d'Orléans courant mai 1785. Entre les deux villes, il y a environ 140 km en itinéraire pédestre, soit quelque trente heures de marche.

• 1er mars 1786, Orléans : Lorsque commence le dernier registre capitulaire d'Ancien Régime (les précédents ayant disparu), MÉRI est en effet en poste à la cathédrale Sainte-Croix comme musicien haute contre. Ce jour-là, il obtient une avance sur gages de 60 livres, qu'il remboursera à raison de "quarante sols par chaque semaine jusqu’à fin de payement". Il recommence à Orléans ce qu'il faisait à Auxerre : vivre à crédit et quémander avance sur avance…
À Orléans, sous la direction de Charles HÉRISSÉ maître de musique, il y côtoie notamment les musiciens Claude-François LEFÈVRE, et Jean-Baptiste HERBULOT, Jean-Baptiste BOSSUGÉ, Louis Pierre PRESTAT ou encore Louis Vincent SIONNET.
• 24 juin 1786 : Le chapitre accorde quinze jours de congé au nommé MÉRI "musicien chantant la haute contre" pour vaquer à ses affaires.
• 16 août 1786 : MERI musicien haute contre se plaint d’avoir été "vivement insulté au chœur par QUESNEL musicien Basse taille" et il en demande justice au chapitre. Celui-ci convoque QUESNEL pour recevoir "la Réprimande qu’il mérite". On peut imaginer que le basse-taille s'était moqué de la surdité de la haute-contre ou que "Maître Quesnel" avait un caractère difficile.
• 30 septembre 1786 : Un mois et demi après l'incident, MERI demande une attestation au chapitre. On peut penser qu'il a décidé de quitter Orléans. Selon les formules usuelles, le certificat délivré par le chapitre affirme que François Julien MERY est habile dans l'art de la musique, que durant seize mois il a été assidu aux offices, qu'il est de bonne vie et mœurs. En quittant Orléans, François MERY se dirige vers l'ouest et descend la Loire jusqu'à Nantes.

• 1787, Nantes [Loire-Atlantique] : Le chapitre cathédral reçoit cette année-là trois choristes : le sieur HUBERT du diocèse de Meaux et chantant la basse-contre, François Jude MERY - haute-contre - de Saint-Gervais d'Avranches et Henri François DOUVILLE du diocèse de Beauvais et chantant la basse-taille à la condition que tous 3 "se perfectionneront dans la musique en prenant un maître, une retenue devant être faite sur leurs gages pour payer ledit maître".

En 1790, le corps de musique de la cathédrale Saint-Pierre, placé sous l’autorité du maître de musique François CAPPA-LESCOT, est constitué de deux haute-contre Vincent Pierre GAUTIER et François Jude MÉRY, une haute-taille Joseph JOLY, deux basse-taille Henry François DOUVILLE, Vincent LA MARRE, trois basse-contre, Étienne François PICARD, Jean-Baptiste DONON, et HUBERT, deux serpents/basse-taille Jean GILET, Pierre RAGUENEAU – ce dernier jouant également du basson. Deux musiciens symphonistes sont employés régulièrement par le chapitre, à savoir les sieurs JULIEN et Laurent MARIE. L’organiste Denis JOUBERT est quant à lui maître de sa tribune.
Quatre maires-chapelains étoffent le chant à savoir Urbain MABILLE, Charles CHAUVET, Pierre François CHEVREUIL et Jean Toussaint POIGNAND ainsi que deux sous-chantres Jean François VASSAL et Louis GODÉ. Le diacre Barthélémy BRIAND et le sous-diacre Jacques Joseph RIVIÈRE complètent la structure cantorale.
La psallette est composée de six enfants de chœur identifiés (8 selon certains documents) qui dépendent du maître de musique aidé d’un maître de grammaire, le sieur Praud.

• 13 octobre 1790, Nantes : La tenue des officiers de chœur semble s'être détériorée car le Directoire est amené à les réprimander. Il "enjoint aux chantres, musiciens, officiers et serviteurs laïcs de ladite église qui continueront, pour cette année leur service et emplois respectifs, de se comporter avec décence et de garder la police du chœur."

• 14 avril 1791, Nantes : Les musiciens de la cathédrale ont adressé une requête collective au Directoire du district de Nantes qui délibère quant aux modalités de rémunération des musiciens. Il est convenu que les traitements seront payés jusqu'à ce que l'Assemblée nationale ait pris leur sort en considération. Une somme de 2066 livres 13 sols 4 deniers correspondant aux appointements des mois de Mars à Avril 1791 est allouée. La même décision avait été entérinée pour le mois de février.

• 17 novembre 1792, Nantes : Le Directoire du district étudie la pétition reçue de François Simon MERY accompagnée de "cinq certificats et deux lettres". MERY réclame une gratification de 800 lt. Le département après étude du dossier conclut que le musicien a droit à une gratification d'un an et demi de gages sur la base de 700 lt, soit 1050 lt. Ayant déjà touché 400 lt, seules 650 lt peuvent lui être versées. Le dossier est transmis au département pour validation.

• [1792] : François Simon MERY s'engage-t-il dans la garde nationale où les enrôlements sont massifs en 1792 en prévision de la guerre ? Cela reste à documenter.

• Les dernières informations actuellement recensées concernant MERY s'arrêtent à cette date : il a besoin d'argent, comme d'habitude. Que peut-il faire ? Il a 37 ans, est probablement seul sans qu'on sache si son épouse est morte ou s'il l'a abandonnée. S'engage-t-il dans l'armée ? La milice ? Est-il musicien de ville itinérant ? Nantes est une ville ouverte sur la mer. Il n'est pas rare de lire des départs vers les îles ou l'Amérique : MERY aurait-il pu embarquer ? L'enquête Musefrem contribuera vraisemblablement à mieux connaître son avenir, ailleurs...
 

Mise à jour : 17 mai 2020

Sources
C. Mellinet, De la musique à Nantes..., 1837 ; F-Ad18/ 8 G 207 ; F-Ad18/ Bourges, St-Pierre-le-Puellier ; F-Ad44/ L 1046 ; F-Ad44/ L 1100 ; F-Ad44/ Q 555 ; F-Ad45/ 2J 1770 ; F-Ad45/ 51 J 10 ; F-Ad45/ 51 J 5 ; F-Ad50/ BMS Avranches, Sy-Gervais ; F-Ad58/ BMS Bulcy, St-Martin ; F-Ad58/ BMS Nevers, St-Jean ; F-Ad89/ G 1806 ; F-Ad89/ G 1807 ; F-Ad89/ G 1808 ; F-Adio.Tours/ registre capitulaire St-Martin n°32 ; F-An/ DXIX/073/522/17 ; J. Brosset, Un musicien Orléanais sous la terreur…, 1910 ; P. Grégoire, Etat du diocèse de Nantes en 1790, 1882

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