Login
Menu et informations
MICHEL, Simon (1755 av.-1779 ap.)
État civil
NOM : MICHEL     Prénom(s) : Simon     Sexe : M
Date(s) : 1755 av.  / 1779 ap.
Notes biographiques

Prêtre et musicien, compositeur, Simon MICHEL est successivement maître de musique à Périgueux, Dijon, Autun, puis à Beaune. Il quitte cette dernière ville en mai 1762, pour une destination actuellement inconnue. On le retrouve en 1771, lorsqu'il signe un contrat de maître de musique à la Sainte Chapelle de Dijon.

• [Date ?], Dijon : Simon MICHEL  est possiblement né dans cette ville. Il est en tout cas dit ultérieurement "prêtre du diocèse de Dijon".

• [avant 1755], Périgueux : Selon les certificats fournis quand il arrive à Autun, MICHEL a antérieurement exercé à la cathédrale Saint-Front.

• [jusqu'en mai 1755], Dijon : Il fournit également un certificat émanant de l’église cathédrale Saint-Étienne de Dijon. On ignore les durées concernées par ces certificats.

• 25 avril 1755, Autun : Ayant décidé le licenciement du maître de musique Jean-Baptiste HAINSSE qui exerçait à Autun depuis 1751, le chapitre de la cathédrale Saint-Lazare écrit au sieur MICHEL, "prêtre et maître de musique rue St-Nicolas à Dijon", pour lui proposer le poste. Dès le 9 mai, la compagnie autunoise prend lecture d'une lettre de MICHEL qui semble tout à fait satisfaire les chanoines d'Autun, puisqu'ils répondent "qu’il peut se rendre icy au 1er juin prochain et que le chapitre luy tiendra compte de quelque chose pour son voyage". Du même coup ils écourtent drastiquement le préavis du sortant, théoriquement de trois mois, mais qu'ils sont pressés de voir partir.
• 24 mai 1755 : MICHEL est arrivé à Autun, prêt à prendre son poste, mais HAINSSE n'est toujours pas parti. Les chanoines examinent les certificats apportés par le nouveau maître, ce qui nous apprend qu'il a antérieurement exercé dans les cathédrales de Périgueux et de Dijon – sans que les dates soient précisées. Le chantre va lui donner "des paroles" sur lesquelles il devra composer un motet qu'il fera exécuter le jeudi suivant. On peine à saisir quel est au juste le statut de cette audition : ce n'est pas un concours puisqu'il est seul, ce n'est pas non plus un réel test puisqu'il est d'ores et déjà officiellement reçu.
• 26 mai 1755 : À cette date se place la réelle passation des pouvoirs entre le maître sortant et le maître entrant. Deux jours plus tard, le 28, Simon MICHEL signe son contrat et reçoit les 150 livres d'avance destinées à acheter les provisions nécessaires à la nourriture des enfants de chœur pendant trois mois. Il est bien précisé que ces trois mois ont "commencé le 26 du courant". Il reçoit aussi 18 livres pour ses frais de voyage.

  • Les clauses de son contrat semblent assez classiques. Viennent en premier les soins aux enfants de chœur, tant sur le plan matériel (nourriture, chauffage, blanchissage…) que sur le plan éducatif ("donner tous les jours la leçon de musique aux enfants de chœur dans la matinée"…). Viennent ensuite les obligations musicales qui consistent essentiellement à "faire chanter un motet tous les jours de festes et de dimanches" et le lendemain de la Saint-Lazare. Les exigences en matière de composition se résument à "renouveller la composition des psaulmes de vespres, composer de nouvelles messes au moins de deux ans en deux ans, faire chanter un motet nouveau tous les mois". Une messe tous les deux ans, cela semble peu (par comparaison, à Dijon en 1771, on lui en demandera deux par an). On remarque une clause restrictive, destinée à obliger le maître à concentrer ses efforts sur la maîtrise : il ne devra "enseigner la musique à personne en ville", sauf permission du chapitre.
  • Il recevra 600 livres par an pour la nourriture des enfants et du domestique (on note le masculin utilisé), plus trois pintes de vin par jour et 13 boisseaux de froment par mois. Ses honoraires personnels consistent en 3 livres par semaine [soit 156 livres / an] sans compter les distributions (non chiffrées), trois boisseaux de froment par mois et une pinte de vin par jour, laquelle lui sera livrée "en gros à la fin de l’année" à condition qu'il fournira les futailles.

• 27 juin 1755, Autun : Le nouveau maître de musique "représente" au chapitre "qu’il seroit nécessaire d’acheter un violon sel pour en apprendre à ceux des enfants qui se trouveroient avoir de la disposition pour cet instrument". Cette demande laisse supposer que Simon MICHEL jouait lui-même du violoncelle. Le chapitre charge le chanoine fabricien de l'achat. Trois semaines plus tôt, à la demande du nouvel organiste, Claude RAMEAU, le chapitre avait déjà décidé l'achat d'un clavecin, lui aussi destiné à donner des leçons à un enfant de chœur. Ce clavecin sera placé dans la chambre du maître, et c'est là que les leçons auront lieu.
• 22 août 1755 : Alors qu'arrive la fin de son premier trimestre d'exercice à Autun, Simon MICHEL "représente" au chapitre que le budget prévu pour le fonctionnement de la maîtrise ne suffit pas "eu égard à la cherté des denrées". Le chapitre est sensible à l'argument économique, et augmente sa dotation de 100 livres par an (on passe donc de 600 à 700). La délibération exprime la satisfaction des chanoines envers le nouveau maître. Les chanoines se disent "touchés" par le fait "que led. sieur Maître de musique joue des instruments et en apprend à jouer auxd. enfants".
• 2 septembre 1755 : Au lendemain de la fête de Saint-Lazare, le maître obtient 130 livres, d'une part pour payer les musiciens "étrangers" venus pour l'occasion (24 livres au sr LACOMBE violon, 18 livres "à l’hautte contre de Beaune", et 12 livres "à chacun des autres", dont le nombre n'est pas donné), et d'autre part pour les dépenses de nourriture et de boisson que cela lui a occasionné. On note qu'aucun budget ne lui avait été fixé en amont et qu'il est remboursé sur simple présentation d'un mémoire de frais. La confiance est de mise.
• 14 novembre 1755 : Comme il est d'usage, le chapitre accorde 24 livres à ses musiciens pour "célébrer leur feste de Ste Cécile leur patronne". Mais contrairement aux années précédentes, c'est au maître – considéré en somme comme le représentant des musiciens – que cette somme est confiée.

• 12 juin 1757, Beaune : Le maître de musique de la collégiale Notre-Dame, François-Nicolas HOMET, annonce au chapitre qu'il s'en va pour Metz. Le chapitre décide alors "d’écrire à Paris et à Orléans aux personnes qui ont offert depuis peu les services de certains maîtres de musique". La nouvelle parvient très vite à Autun, qui est à moins de 50 km à l'ouest de Beaune.
• 17 juin 1757 : Le chapitre de Beaune prend lecture d'une lettre du sieur MICHEL maître de musique à Autun, "par laquelle il marque qu’étant sur le point de quitter son poste pour s’engager à Clermont, il préfèreroit cependant la maîtrise de cette église, si le chapitre pensoit accepter ses services". Les chanoines lui expédient aussitôt une réponse positive.
• 18 juin, Autun : Le chapitre enregistre la démission de son maître de musique, démission qui aux termes de son contrat doit prendre effet trois mois plus tard, soit à la mi-septembre seulement.
• 22 juin : Le musicien envoie une nouvelle lettre à Beaune pour demander un délai de trois mois, délai de préavis imposé par son contrat avec la cathédrale d'Autun. Le chapitre beaunois accepte et trouve d'ailleurs l'idée du préavis très bonne : il décide que lorsque l'on fera convention avec le nouveau maître "on mettra la même clause que cy dessus qui est que s’il prend pensée de quitter, il sera tenu d’avertir trois mois auparavant". Le brutal départ d'HOMET met la maîtrise dans l'embarras.
• 1er juillet : Le futur maître est présent à Beaune. Il a apporté ses papiers (lettres de prêtrise, certificats…) et il fait exécuter un motet en musique. Les chanoines, satisfaits des uns et de l'autre, confirment son embauche et esquissent les grandes lignes de la convention qui sera faite avec lui : "il s’obligera d’assister à mâtines et autres offices, lorsqu’il ne sera occupé à composer, fera au chœur les mêmes fonctions que les autres habitués, n’aura son rang et place parmy les habitués prêtres que suivant la datte de sa réception ; nourrira, blanchira et gardera avec luy les enfants dans ladite maîtrise, leur fournira la lumière et le feu nécessaire &c. au moyen de quoy, il percevra comme le sieur GARNIER cy devant maître de musique, la somme d’onze cent livres en argent chaque année, 12 bichets de froment et percevra en assistant aux anniversaires de ville la rétribution comme les habitués". On remarque que la référence est encore le contrat de Joseph GARNIER, qui a pourtant quitté Beaune (où il n'avait fait qu'un éphémère passage) en août 1752. Entre temps se sont succédé Jean-Marie ROUSSEAU et François-Nicolas HOMET.
• 6 juillet : Le futur maître demande, et le chapitre beaunois accepte, que la clause des trois mois de préavis soit supprimée de la convention en préparation. Le chapitre lui promet 36 livres de gratification "au cas qu’il se trouvera en cette église pour faire exécuter la musique le jour de l’Assomption". C'est une pression pour que MICHEL écourte les trois mois qu'il doit théoriquement au chapitre d'Autun.
• Il semble cependant avoir effectué la totalité de son préavis à Autun puisque c'est le 1er octobre 1757 seulement que lui sont accordées 30 livres de frais de voyage (mais ce défraiement a aussi pu intervenir quelque temps après son voyage) et surtout que le chapitre ordonne "qu’il luy sera avancé ses émoluments et pension pour le présent mois attendu les provisions qu’il a à faire pour l’hyvert". Cela incite à penser qu'il vient d'arriver à Beaune depuis peu.
À Autun, il est remplacé d'abord par le sieur MAILLET, disciple de POLLIO à la Sainte Chapelle de Dijon, qui ne reste que deux mois (septembre-novembre 1757), puis par Jacques-Alexandre ROUVRAY.
• 20 novembre 1757 : Le nouveau maître de musique obtient de son chapitre cinq ou six jours de congé "pour aller à Dijon, sa patrie, d’où il est sorty depuis longtemps et où il a quelques affaires".

• Parmi les enfants de chœur que MICHEL contribue à former à Beaune, on relève Nicolas ROZE (qui sort en juin 1760), Joseph JOLY (entré le 15 avril 1757, sorti en septembre 1765), Philibert JOROT (reçu en juillet 1760)…

• 29 novembre 1758, Beaune : Le sieur MICHEL "qui fait les fonctions de maître de musique depuis le 1er juillet 1757" (on remarque la date retenue, qui est celle de sa nomination et non celle de son entrée en fonction effective) est sur sa demande reçu "habitué de cette église". On est ici directement dans le registre de l'image et du prestige sans doute attachés à cette fonction d'habitué, puisqu'elle va être exercée "sans émoluments". Mais elle permet au sieur MICHEL de siéger dans les "hautes stalles du chœur à droite en entrant", où il est "installé" le 6 décembre.

• 3 février 1759, Langres : Le chapitre de la cathédrale de Langres examine deux candidatures au poste de maître de musique (il s'agit de remplacer Charles MATHIEU, qui a demandé à résilier son bail). Deux postulants ont offert leurs services : les maîtres de musique MICHEL, de la collégiale de Beaune, et BELOT, de la cathédrale de Verdun. Les pourparlers n'aboutissent pas. Mais cette tentative révèle que dès cette date MICHEL, malgré son titre tout neuf d'habitué, envisage de quitter Notre-Dame de Beaune.

• 20 mai 1761, Beaune : Le chapitre de Notre-Dame accorde un congé de huit jours au sieur MICHEL maître de musique, "qui a fait représenter avoir des affaires qui l’appellent à Dijon".

• 14 mai 1762, Beaune : MICHEL demande et obtient son congé du chapitre de la collégiale Notre-Dame.

• C'est peut-être alors qu'il commence à exercer à Dijon. Ce serait assez logique par rapport à ses "affaires" de l'année précédente… Il a dû réactiver ses contacts dijonnais.

• 1763, Autun : Les États de Bourgogne se tiennent à Autun sous la présidence du Prince de Condé. Pour leur ouverture, la Messe du Saint-Esprit doit être chantée à la cathédrale. Selon Denis Grivot (Histoire de la musique à Autun, 1999), le sieur MICHEL aurait proposé ses services à son ancien chapitre pour diriger la musique à cette occasion, mais les chanoines d'Autun auraient refusé, estimant que leur maître, Jacques Alexandre CHEVALLIER de ROUVRAY, en était bien capable. Grivot ajoute un détail important : MICHEL serait alors maître à Dijon – sans qu'il précise dans quelle église. Toutefois, les registres capitulaires d'Autun indiquent que cet épisode doit plutôt être mis au crédit de François MIELLE ('Michel' semble donc une mauvaise lecture du chanoine Grivot…).

De ce fait on ne peut pas réellement savoir où exerce Simon MICHEL de mi-1762 à mi-1771. Probablement est-il déjà à Dijon. Peut-être est-il reparti vers une tout autre région (un MICHEL sans prénom connu est maître de musique de la cathédrale de Mende en 1765).

• 24 juillet 1771, Dijon : Maître Simon MICHEL, prêtre du diocèse de Dijon, signe avec le représentant du "Chapitre de Messieurs les Vénérables de la Ste Chapelle du Roi à Dijon" un contrat d'engagement en tant que maître de musique. Il succède à Augustin GUIGNET, parti pour Autun. Ce contrat couvrira "le tems de neuf années commencées le 16 juillet présent mois, pour finir le 16 de juillet 1780". Le maître devra avoir soin des huit enfants de chœur de la Sainte Chapelle, et "leur apprendre le plein chant, la musique, le contrepoint ou chant sur le livre avec la composition de musique, et généralement tout ce qui concerne cet art et que l’on a coutume d’enseigner aux enfants de chœur dans les maîtrises des principales églises de France". Il devra aussi composer chaque année huit pièces de musique "dont trois desdites pièces seront plus travaillées pour les fêtes solennelles".

  • Les diverses dispositions de son contrat reprennent les grandes lignes de ceux antérieurement établis pour Henri BREUVART ou Pierre POLLIO. En revanche, le nombre d'enfants de chœur est passé de six à huit, et le budget a dû augmenter en conséquence : le chapitre s'engage à fournir annuellement au sieur Michel "la somme de 1600 livres en argent, laquelle somme lui sera payée par le Receveur du Chapitre en quatre payements égaux et par quartier", à quoi s'ajouteront douze feuillettes de vin, 24 pintes de sel au poids de 3 livres la pinte, et "six émines de froment à la vieille mesure de Dijon"... Il est également spécifié qu'il aura droit aux distributions du chœur.
  • Une disposition de ce contrat attire le regard : "Sera loisible aud. sieur Michel de faire une fois la semaine seulement un concert de musique en lad. maîtrise ; d’y inviter telle Personne que bon lui semblera, soit pour entendre le concert soit pour l’exécuter". Un peu plus loin, à propos des distributions du chœur, il est précisé qu'il ne sera pas "pointé aux offices les jours qu’il donnera concert à la Maîtrise, ou autre solennités et cérémonies considérables qui demanderoient musique extraordinaire". On comprend donc qu'il est considéré comme normal que le maître s'absente du chœur pour préparer son concert hebdomadaire et la musique extraordinaire des grandes fêtes.

• Décembre 1772-janvier 1773, Dijon : Une polémique éclate dans la ville au sujet d'une messe à grand chœur et symphonie dont la musique a été empruntée à des ariettes de différents opéras, messe qui a été dirigée à la Sainte Chapelle le 3 décembre par un mystérieux abbé FORQUET de DAMALIX, présenté dans certains documents du dossier comme le tout nouveau maître de musique de la Sainte Chapelle. Pour sa défense, ce dernier argumente qu'il s'est senti autorisé dans ce style musical "par les exemples fréquents qu'il en avoit eu depuis son arrivée en cette ville". Et il cite "les plus belles pièces de MICHEL" dont, selon lui, il est notoire qu'elles "étoient tirées de différents opéras". Il affirme également que le maître de musique de la cathédrale – il s'agit de François COUET –  "avoit fait chanter des messes et d'autres offices dans le même goût". Ces musiques ayant été entendues par le nouveau maître "depuis son arrivée en cette ville", il est clair que le compositeur MICHEL évoqué est Simon MICHEL, et non pas Joseph MICHEL (surnommé "le Lalande dijonnais") qui y avait exercé de 1709 à sa mort en 1736 (soit trente-cinq ans plus tôt).
Cette affaire a été étudiée par Thierry Favier (dans Maîtrises & Chapelles aux XVIIe et XVIIIe siècles, 2003).

• • •

• 10 novembre 1779, Beaune : Le chapitre collégial a "reçu par le carrosse" un paquet à l’adresse du chapitre. "Ouverture faitte, s’y est trouvé une lettre du sieur MICHEL cy devant maître de musique de cette église, ensemble plusieurs pièces de musique de sa composition". Les chanoines demandent à leur maître de musique, Lazare GOOSSENS, "de faire exécuter demain en l’église St-Martin et dimanche prochain en cette église plusieurs des dittes pièces de musique pour après les avoir entendues être délibéré si on les acceptera et quelle reconnoissance on fera audit Sr MICHEL".

Rien dans cette délibération ne permet de savoir d'où le sieur MICHEL a effectué son envoi. Il est probablement en train de couler une paisible retraite, qu'il occupe en diffusant ses œuvres, comme l'a fait peu avant le sieur Joseph GARNIER à Strasbourg.
On lui connaît comme successeurs à la Sainte Chapelle de Dijon Laurent DUPUY, reçu en août 1780 (et qui signe alors un contrat pour une durée de... 29 ans !), puis, vers la Toussaint 1784, le sieur Claude LENOIR. La période est mal documentée, les registres capitulaires ayant disparu.

Le décès de Simon MICHEL reste à retrouver (il n'a pas été repéré à Dijon).

Mise à jour : 25 mai 2021

Sources
B.Populus, Bulletin SHA de Langres, 1939 ; Courriel Fl. Martin-Breton, avril 2020 ; D.Grivot, Histoire de la musique à Autun, 1999 ; F-Ad21/ 4E 2 / 2461 ; F-Ad21/ G 2550 ; F-Ad21/ G 2551 ; F-Ad21/ G 2553 ; F-Sté Éduenne Autun/ RC 1752-1755 ; H. de Fontenay, "Notes sur un portrait…", Mémoires de la Société Éduenne, 1878

<<<< retour <<<<