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MILLOT, Jean-Baptiste, à Dijon (1755-1825)

MILLOT, Jean-Baptiste, à Dijon (1755-1825)

État civil
NOM : MILLOT     Prénom(s) : Jean-Baptiste     Sexe : M
Complément de nom : à Dijon
Autre(s) forme(s) du nom : MILOT
MIOT
Date(s) : 1755-12-30   / 1825-10-8 
Notes biographiques

Lorsque la Révolution commence, Jean-Baptiste MILLOT est l'un des musiciens employés par la Sainte Chapelle de Dijon, où il jouait du serpent. Il fait partie de ceux qui sont sélectionnés par l'évêque et son maître de musique pour intégrer la musique de la cathédrale constitutionnelle en 1791, ce qui laisse penser que ses talents étaient appréciés. Jusqu'à sa mort ensuite, en 1825, il est très régulièrement dit musicien ou professeur de musique. On ne discerne à son propos aucune trace de pluriactivité professionnelle, pourtant si fréquente dans le milieu musical.

• 30 décembre 1755, Dijon : Jean-Baptiste MILLOT est baptisé le jour de sa naissance dans l'église paroissiale et collégiale de Saint-Jean-Baptiste. Il est le fils de Claude Millot, cordonnier qui ne sait pas signer son nom, et de Claudine Baillon. Son parrain est un frère aîné lui aussi prénommé Jean-Baptiste, qui sait signer. Sa marraine est sa sœur Marie, qui ne sait pas signer "à cause de son bas âge". Ultérieurement un de ses frères, Nicolas, deviendra imprimeur, et un autre, Jean, deviendra curé : voilà qui dessine la mutation sociale et surtout culturelle à l'œuvre dans cette famille à la génération du (futur) musicien.

• [1762] : Selon ses états de service établis en 1791 – où il déclare avoir passé "29 ans au service des autels" –  Jean-Baptiste MILLOT serait devenu enfant de chœur vers 1762. Le lieu de cette formation reste à découvrir. A-t-il été enfant de chœur à la cathédrale Saint-Étienne, à la Sainte Chapelle, ailleurs ? Qui furent ses maîtres ?

• [1772] : Si sa durée de formation dans cette maîtrise a été de dix ans (cas fréquent), alors il serait sorti vers 1772. S'il a été enfant de chœur pendant douze ans (ce qui semble être le cas à la Sainte Chapelle), alors il serait sorti en 1774. A-t-il été reçu tout de suite à la Sainte Chapelle ? Son dossier des années 1790-1791 ne fait état d'aucune interruption de service, ce qui laisse entendre qu'il aurait en effet intégré la Sainte Chapelle dès sa sortie de la maîtrise... Toutefois, une délibération du chapitre d'Autun mentionne la réception d'un sieur MILLOT  comme serpent au tout début de l'année 1775 (voir ci-après).

• 20 janvier 1775, Autun [Saône-et-Loire] : Après avoir refusé la candidature du sieur PILLARD [ou BILLARD ?] de Vézelay, le chapitre de la cathédrale Saint-Lazare reçoit pour serpent le sieur MILLOT "aux gages de 5 livres par semaine outre le bled et le vin et autres émolumens". Cette rétribution prend effet à compter du 15 janvier précédent, sans doute la date à laquelle le musicien a commencé à exercer à Autun. Ni son prénom ni sa provenance ne sont indiqués dans la délibération qui entérine sa réception.

• 31 mars 1780, Autun : Les chanoines accordent au Sr MILLOT, "leur serpent", quinze jours d'absence "pour aller vacquer à des affaires de famille". Il obtient ce congé deux semaines après que l'un de ses élèves, Philippe CHATELIN, venu de Saulieu pour travailler le serpent à Autun, ait été reçu comme second serpent à la cathédrale d'Autun : les chanoines savent qu'en son absence la fonction de serpent sera assurée.
• 30 décembre 1780 : Dans la foulée de toute une série de mesures d'économies, le chapitre d'Autun décide de réduire son effectif de musiciens. Sur les onze musiciens gagistes alors en poste, trois sont licenciés : MIELLE (haute-contre), MILLOT et CHATELIN, donc les deux serpents (ce qui est étonnant). Le chapitre leur accorde un préavis de licenciement d'environ trois mois, jusqu'aux fêtes de Pâques 1781.
Le lendemain de cette décision, les trois musiciens se comportent mal "tant à matines qu’à la grande messe". Le chapitre les excuse, car ils viennent d'apprendre la mauvaise nouvelle. Mais "le jour des Roys le sr MIELLE auroit chanté à vespres avec une indécence si affectée qu’il auroit excité des rys et du scandale notamment pendant tout le Magnificat". Ça en est trop pour le chapitre, qui licencie sur le champ les trois hommes, en versant cependant aux deux serpents – mais pas à MIELLE – les sommes qu'ils auraient dû gagner jusqu'à Pâques, soit 140 livres.
C'est donc dès la mi-janvier 1781 que Jean-Baptiste MILLOT a quitté Autun, et sans doute regagné Dijon.

• 20 juin 1784, Dijon : Le sieur Jean-Baptiste MILLOT, musicien à la sainte Chapelle du Roy à Dijon, y demeurant, et la demoiselle Marie Fleuriot, fille mineure de sieur Charles Fleuriot marchand à Dijon, contractent mariage devant notaire. Chacun des deux apporte 500 livres provenant "de son pécule particulier" pour lui, de ses "gains et épargnes" pour elle. Ils mettent en communauté 60 livres seulement chacun. À noter : le contrat prévoit explicitement que la jeune femme renonce à tout douaire (ce qui n'est pas habituel dans les autres contrats de musiciens étudiés).
• 22 juin 1784 : Le mariage est célébré en l’église cathédrale et enregistré dans le registre de St-Médard, paroisse de la mariée, desservie dans l'édifice de la cathédrale Saint-Étienne. Un seul ban a été publié, tant à St-Étienne qu'à St-Jean. On note la présence d'un maître écrivain de la paroisse St-Jean, Thomas Dumont, qui est dit ami de la mariée. En revanche, aucun musicien n'est mentionné. Les deux époux et leur entourage savent signer.
• 15 septembre 1784 : Moins de trois mois après les noces… un premier enfant vient au monde, baptisé Claude-Magdeleine le lendemain, à Saint-Jean. Le parrain est Claude Millot "son ayeul paternel", la marraine est la demoiselle Magdeleine Bourgeois, épouse du sieur François Richard, marchand confiseur.

• Deux autres enfants (au moins) naissent ensuite de ce mariage paroisse Saint-Médard : Charles, le 4 février 1786 et Jeanne, le 6 juillet 1787. Les parrains et marraines appartiennent au cercle familial le plus proche (grands-parents, oncle, tante). À chaque baptême, Jean-Baptiste MILLOT est présent et signe, toujours qualifié de "musicien à la Sainte Chapelle". L'oncle parrain, Nicolas Millot, est imprimeur à Dijon.

• 1786, Dijon : Les rôles fiscaux attestent que la famille Millot demeure alors "cour Saint-Étienne", adresse également indiquée pour François COUET, le maître de musique de la cathédrale.

• 10 mai 1787 : Les pièces comptables de la cathédrale Saint-Étienne conservent un reçu de la main de Jean-Baptiste MILLOT. "J'ai reçu de Mr Boissot chanoine de la cathédralle la somme de 9 livres pour un mois de leçon donné à Lefranc premier enfant de choeur. A Dijon ce 10 mai 1787. Millot". Rien ne dit qu'il n'avait pas donné d'autres leçons du même type en amont ou en aval, dont les reçus n'ont pas été conservés. C'est, au passage, un indice de l'estime dans laquelle est tenu le serpent de la Sainte-Chapelle et une trace des collaborations qui existent entre les deux grandes églises dijonnaises.

1790 : Jean-Baptiste MILLOT est toujours serpent à la Sainte Chapelle de Dijon. Ses appointements sont de 600 livres par an.
Sous la direction de COLIN, les musiciens de la Sainte-Chapelle sont alors Antoine BERTHOT, Nicolas BORNE, André CAILLOT, François DELAURIÈRE, Jean FAIVRE, Pierre-Alexandre FEUVRIER, Pierre JARLOT, Jean-Baptiste MILLOT, François PARISOT, ainsi que l'organiste Pierre-Philibert LAUSSEROIS. On trouve aussi mention de SIRJEAN et de REGNAUD... sur lesquels on est moins bien renseignés. Quatre chapelains étoffent le chant, MICHELIN, Pierre BOUCHÉ, Pierre-François GIGAUD et le "sous-chantre" LEBRUN. Longtemps musicien en titre à la Sainte-Chapelle, Jacques PAILLOT semble en 1790 n'y intervenir que ponctuellement en renfort, de même que le violoniste François BARY.
• 18 janvier 1790 : Mr Jean-Baptiste MILLOT, musicien de la Sainte-Chapelle de Dijon, représente son frère Jean comme parrain d'un fils de leur frère Nicolas, l'imprimeur. Jean est alors prêtre curé de Montmançon, près de Pontailler-sur-Saône, à quelque 30 km à l'est de Dijon.
 
• 1791, Dijon : Jean-Baptiste MILLOT fait une demande de secours au Département, qui la transmet au Comité ecclésiastique. Il est âgé de 36 ans et père de famille chargé d'enfants et de parents infirmes. Le district de Dijon propose de lui accorder une traitement de 400 livres.
• 8 mai 1791 : Le plan de réorganisation de sa musique présenté par Volfius, Évêque de la Côte-d'Or, sans aucun doute inspiré par François COUET, prévoit quatre basse-contre, deux venant de la ci-devant Sainte-Chapelle (BERTHOT et FAIVRE), deux étant déjà précédemment à la cathédrale (BRICARD et VERPAULT), une basse taille, BORGET, de la cathédrale, une taille, JARLOT, de la Sainte-Chapelle, et la haute contre de la Sainte-Chapelle, BORNE. À ces voix s’ajoutent trois instrumentistes, DELAURIÈRE et MILLOT de la Sainte-Chapelle et le violoncelliste MICHAUD, sans oublier bien sûr l’organiste de la cathédrale, François LECLERC.

• Mars-avril 1792 : Messieurs Nicolas BORNE, Jean FAIVREFrançois DELAURIÈRE et Jean-Baptiste MILLOT, "musiciens en la ci-devant Ste-Chapelle de Dijon" déposent une requête faisant observer "qu'indépendemment du salaire de leur service en la cathédrale pendant 1791, ils ont droit a la gratiffication comme employés de la Ste Chapelle". Pour ces quatre hommes, il s'agit de faire reconnaître qu'ils doivent toucher la fraction de la pension à laquelle ils ont droit en tant qu'ex musiciens de la Sainte-Chapelle qui dépasse leur traitement en tant que musiciens de l'actuelle cathédrale.

• 28 juillet 1793 : Le petit Charles, 7 ans et demi, meurt au domicile familial, rue Jeannin. Jean-Baptiste MILLOT est dit "musicien", sans précision de poste.

• 1794, Dijon : En compagnie de nombreux autres ci-devant musiciens d'Église tels BORNE, DELAURIÈRE, FREYHAMER, LEFRANC ou SAGOT, le citoyen MILLOT est engagé comme instituteur de musique à l'Institut de Musique nouvellement créé par la Municipalité. Il est chargé d'y enseigner chant, basson, violoncelle, serpent, quatre spécialités différentes qui déclinent ce qui peut se cacher sous l'appellation généraliste de "musicien".

• fin 1795 / début 1796, Dijon : Jean MILLOT,  musicien, est recensé rue Jeannin, Section de la maison commune. Il vit avec Marie Fleuriot, 33 ans, sa femme, native de Dijon, leur fille Jeanne Millot 8 ans ½, Claude Millot, 84 ans, son père, (qui vit à Dijon depuis 54 ans), ainsi qu'une servante de 20 ans.
• 11 juin 1796 : Claude Millot meurt au domicile du citoyen Jean-Baptiste MILLOT, son fils, musicien, demeurant rue Jeannin section de la Maison Commune. L'acte établi le lendemain indique que l'ancien cordonnier, qui serait âgé de 82 ans (distorsion avec l'âge indiqué lors du recensement), était natif de Sennecey-lès-Mâcon.
• 19 novembre 1796 : Marie Fleuriot, âgée de 35 ans, s'éteint à son tour, toujours au domicile familial de la rue Jeannin. Son mari est à nouveau dit "musicien" sans autre précision.

• 23 ventôse an VII [13 mars 1799], Dijon : MILLOT fait partie de la liste mise à jour des professeurs de musique proposés par Philippe Legras (1751-1824), Dijonnais installé à Paris, dans une lettre qu'il écrit au ministre de l'Intérieur François de Neufchâteau afin de relancer l'Institut de musique de la ville. MILLOT y enseignerait le chant, le serpent et le basson, spécialités représentatives de son passé de musicien d'Église. Cette ultime tentative pour proroger l'Institut de musique semble ne pas avoir eu de suite.

• 30 avril 1811, Dijon : Sa fille Jeanne, 23 ans, épouse Antoine Currat, 26 ans, maréchal coutelier. Le père de la mariée, "musicien demeurant à Dijon", est présent et consentant. L'un des quatre témoins est Dominique MORLOT, 42 ans, "musicien demeurant audit Dijon, ami desdits époux".

Des cinq enfants auxquels sa fille donne naissance entre 1812 et 1828, Jean-Baptiste vient déclarer le 1er et le 3ème à la mairie. Il est dit en 1812 "propriétaire", et en 1816 "maître de musique demeurant à Dijon".

• Dans la nuit du 7 au 8 octobre 1825, vers minuit, meurt Jean-Baptiste MILLOT, à l'âge de presque 70 ans.
Son gendre, qui s'enorgueillit maintenant du titre de "coutelier du roi" (et ajoute ce titre à sa signature) déclare le décès le 8 au matin, précisant que son beau père était professeur de musique. Il semble que le décès ait eu lieu au domicile des Currat, 23 rue Condé, à Dijon.

Mise à jour : 28 novembre 2018

Sources
F-Ad21/ 4E15/ 23 ; F-Ad21/ BMS St-Jean de Dijon en ligne ; F-Ad21/ BMS St-Médard ; F-Ad21/ BMS St-Nicolas de Dijon en ligne ; F-Ad21/ G 2066 ; F-Ad21/ G 732 ; F-Ad21/ L 1797 ; F-Ad21/ L 39 ; F-Ad21/ L 514 ; F-Ad21/ NMD Dijon ; F-Ad21/ NMD Dijon 1811 ; F-Ad21/ NMD Dijon 1825 ; F-Ad21/ NMD Dijon an II ; F-Ad21/ NMD Dijon an IV ; F-Ad21/ NMD Dijon an V ; F-Am Dijon/ 2 R1/1 ; F-AmDijon/ 2 R1/1 ; F-An/ DXIX/093/820-2/14,15,17,18 ; F-An/ DXIX/093/820-2/50 ; F-Sté Éduenne Autun/ RC 1771-1778 ; F-Sté Éduenne Autun/ RC 1778-1784 ; J.-E. Doussot, Musique et Société à Dijon..., 1999 ; J.Gardien, L'orgue et les organistes en Bourgogne…, 1943  ; PM Guéritey, courriel 27 nov 2018

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