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MOUTHON, Jean François (1754-1804)
Autre(s) forme(s) du nom : MOUTON
François
Date(s) : 1754-12-27 / 1804-10-30
Ancien enfant de chœur de la cathédrale d'Orléans – dont son père était le suisse –, le prêtre Jean-François MOUTHON fait partie du personnel chantant de Sainte-Croix en 1790, où il occupe une semi prébende. Il semble également avoir tenu l'orgue des Dominicains. Il est l'un des musiciens qui organise le plus précocement sa reconversion en annonçant des leçons de musique dans la presse dès le mois de juillet 1790.
• 27 décembre 1754, Orléans : Né le jour-même, Jean-François MOUTHON reçoit le baptême dans l'église de Saint-Pierre-Lentin. Ses parents sont François Mouton, "coutelier et Suisse de la Cathédrale", et Catherine Blanchard. Il a pour parrain "Mr" Paul Hiter, "Suisse de Mgr l'évêque d'Orléans", et pour marraine Marie-Anne Blanchard, sans doute une tante maternelle. L'enfant voit donc le jour dans une famille qui est déjà au service du chapitre, et à proximité de l'évêque.
Ses parents s'étaient mariés le 27 novembre 1752 paroisse de Saint-Marc-lès-Orléans. Leur acte de mariage indique que le marié, ici surnommé "Lapointe" (surnom de coutelier ?), fils de Jean Mouton lui aussi dit "Lapointe" et de Françoise Grobel, avait été baptisé le 9 mai 1726 paroisse de Villard, diocèse de Genève, où ses parents vivaient toujours en 1752 et d'où ils avaient envoyé leur consentement.
• [Vers mi-1761], Orléans : Jean-François MOUTHON, qui a donc alors six ans et demi, est admis comme enfant de chœur de la cathédrale Sainte-Croix. Le registre capitulaire correspondant n'existe plus, mais la date de son entrée à la maîtrise peut être approchée par le biais du certificat qui lui est délivré douze ans plus tard. Le maître de musique est alors le jeune François GIROUST.
• 1769-1770, Orléans : Jean-François MOUTHON a quinze ans. Malgré les intérims fidèlement assurés par le musicien clerc Jean-François FOUCART, sa formation musicale subit peut-être quelques contrecoups des soubresauts qui agitent la maîtrise de Sainte-Croix. La démission de François GIROUST en juin 1769 entraîne une période d'instabilité durant laquelle se succèdent plusieurs maîtres : André-Roch LAMANIÈRE, Jean-Claude JOSSE puis Nicolas SAVART, reçu en mai 1772. C'est ce dernier qui termine la formation musicale du jeune homme.
• 12 juin 1773, Orléans : Le chapitre de Sainte-Croix délivre à Jean-François MOUTHON un certificat en latin faisant état des douze années durant lesquelles il a appris la musique à la psallette et s'est acquitté de certaines fonctions au chœur. Les chanoines se disent satisfaits des résultats de son temps d'apprentissage qui le rendent apte à chanter la musique sacrée, ainsi que de ses mœurs, de son caractère docile et de son assiduité. On peut penser que ce certificat correspond à sa sortie de la maîtrise.
Il semble s'engager alors dans un cursus d'études (collège, séminaire) et dans une préparation à la prêtrise.
• 18 juillet 1780, Orléans : Diacre du diocèse d'Orléans et habile dans les arts musicaux, Jean-François MOUTHON prend possession de la semi-prébende laissée vacante par la mort de maître André HATTON, qui avait été maître de musique antérieurement (jusqu'en 1756). Il lui est enjoint de chanter, psalmodier en mesure à tous les offices de la nuit et aux autres offices au chœur. Il est installé au chœur dans les stalles hautes, devant le pupitre (ante pulpitum).
• 7 octobre 1780 : Mgr de Jarente, évêque d'Orléans, délivre à Jean-François MOUTHON ses lettres de prêtrise. Elles sont enregistrées dans les archives capitulaires.
• 22 avril 1786, Orléans : Satisfait de la conduite qu’a tenu Mr MOUTHON chanoine semi prébendé en cette Église, le chapitre de la cathédrale décide "qu’il ne sera plus inscrit sur la table des fautes du bas chœur et qu’il sera rétabli dans son premier État". Du fait de la perte du registre précédent dans lequel ces "fautes" avaient dû être mentionnées, la formule reste mystérieuse. On comprend en tout cas que le semi-prébendé est rentré en grâce auprès des chanoines, et cela se traduit dès le 26 avril par quinze jours de congé accordés "à Mr MOUTHON Évangéliste pour vacquer à ses affaires". Il se peut que le "premier état" dans lequel Mouthon a été rétabli soit précisément ce titre d'évangéliste.
• 27 juillet 1787, Orléans : Les Affiches de l'Orléanois publient une petite annonce proposant "à bon compte" un "Buffet d’orgues d’un bois superbe, propre à boiser un appartement, avec trois excellents soufflets". Il faut s’adresser "à M. MOUTHON, place de l’Étape, chez MM. les Jacobins à Orléans". Cela laisse entendre que Jean-François MOUTHON est logé chez les Dominicains et potentiellement qu'il est leur organiste.
• 6 août 1788, Orléans : Le chapitre accorde quinze jours de congé à Mr MOUTHON chanoine semi prébendé "pour vacquer à ses affaires". Il devait donc théoriquement être revenu au chœur le 21.
Le surlendemain de cette date, 23 août 1788, la Compagnie décide de "faire citer Mr Mouthon Évangéliste pour comparaître samedi prochain en chapitre". Le 30 août 1788 MOUTHON se présente devant le chapitre assemblé, qui lui reproche "l’abus qu’il a fait du congé à lui accordé le six des présents mois et an et autres sujets de plainte". Il est "muleté" de 30 livres d'une part et d'autre part sa gratification de 500 livres est réduite à 200. En outre, il sera désormais pointé "comme les autres musiciens", c'est-à-dire que ses absences donneront lieu à retenues sur salaire.
• 31 octobre 1788 : MOUTHON ayant témoigné au chapitre "l’envie qu’il avoit de remplir ses devoirs avec plus d’exactitude que par le passé", le chapitre après avoir délibéré est "d’avis de lui remettre la gratification de 300 livres aux conditions qu’il se présentera tous les ans au chapitre général de la Toussaint pour la demander, qu’il continuera de vivre chez son père et sera pointé comme les musiciens". On repère là diverses stratégies complémentaires pour maintenir l'évangéliste dans le droit chemin. En quoi "vivre chez son père" est-il une meilleure garantie que de loger chez les Dominicains ?
• 20 avril 1790, Orléans : Jean-François MOUTHON, prêtre, est toujours titulaire de l'une des cinq semi-prébendes du chapitre Sainte-Croix. Les quatre autres sont conférées au maître de musique Charles HÉRISSÉ, au chanteur haute-taille Louis-Vincent SIONEST, à "l’abbé" FOUCART, et au prêtre Gentien-Jacques LELIÈVRE.
Lors de l'inventaire effectué chez les Dominicains d’Orléans, le prieur déclare "que la trompette de l’Orgue, un souflet, appartenoit a monsieur l’abbé MOUTON". Cela semble confirmer que Jean-François MOUTHON avait continué à tenir l'orgue du couvent.
• 27 juillet 1790 : MOUTHON se dit "ecclésiastique de cette ville" lorsqu'il publie une annonce dans le Journal général de l'Orléanais. "Se disposant à enseigner la Musique", dit-il – ce qui indique qu'il a déjà compris que son bénéfice était perdu et qu'il lui fallait trouver d'autres ressources –, il "donne avis que, pour s’attirer la confiance des personnes qui lui feront l’honneur de s’adresser à lui, il prendra un prix très médiocre, & il ose se flatter, par sa manière d’enseigner, du prompt succès de ses écoliers". Il précise : "Sa demeure est rue des Bouteilles, près l’arcade du Séminaire".
Le 4 décembre 1790, il publie une nouvelle annonce plus précise. Cette fois, il "se propose d’établir chez lui une école de musique ; il donnera ses leçons tous les jours, depuis deux heures jusqu’à quatre, & préparera pour la première communion les jeunes gens qui ne l’auront pas encore faite. Il ne prendra que quatre livres par mois". Il habite toujours rue des Bouteilles, "près le rempart".
• 6 mars 1792, Orléans : Le Journal du Loiret annonce qu'un "piano forte en bon état" est à vendre "argent comptant" au prix de 250 livres, chez M. MOUTHON prêtre, rue des Bouteilles, près le Rempart, n°5. Cela pourrait être l'indice des difficultés financières rencontrées par l'ancien semi-prébendé, malgré sa reconversion précoce
• 3 octobre 1792 : François MOUTHON, ex chanoine semi prébendé de Sainte-Croix, demeurant rue des Bouteilles, a prêté serment "d'être fidèle à la nation, de maintenir la liberté et légalité, ou de mourir en les défendant". Il signe, sobrement, "Mouthon". Ce serment est nécessaire pour toucher sa pension.
• 21 prairial an II (9 juin 1794), Orléans : Sa sœur Catherine, couturière, épouse l'ancien musicien Charles-François HILDEN, devenu "greffier de juge de paix", en présence de l'ancien musicien Jacques MAUGAS, mercier, ami du futur. Jean-François MOUTHON n'est pas mentionné dans l'acte.
• 28 nivôse VIII (18 janvier 1800), Orléans : Jean-François MOUTON, exerçant au "Temple de Ste-Croix", et Sébastien DEMAR au "Temple de St-Aignan", font partie des "ministres du culte catholique, exerçant dans les divers temples de cette commune" qui "se sont présentés ce jour pour prêter le nouveau serment relatif à l'acceptation de la Constitution de l'an VIII".
• 8 brumaire an XIII (30 octobre 1804), Saint-Germain-des-Prés [Loiret] : Dans ce village situé à une petite douzaine de km à l'est de Montargis, sur les bords de l'Ouanne, le maire dresse l'acte de décès de Jean-François MOUTHON, "décédé ce jour d'hui à six heures du matin, âgé de 50 ans, desservant de la commune de St-Germain".
Rien ne prouve formellement qu'il s'agisse ici de l'ancien semi-prébendé de la cathédrale, sauf son double prénom et son âge, ainsi que son statut de prêtre.
Mise à jour : 5 septembre 2019