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OUDET, Claude Jacques (1732-1806)
État civil
NOM : OUDET     Prénom(s) : Claude Jacques     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : HOUDET
Date(s) : 1732-11-20   / 1806-10-5 
Notes biographiques

Originaire de Dole, en Franche-Comté, où il semble s’être formé et avoir débuté, OUDET arrive à Rennes au début des années 1770 où il est engagé comme basse (violoncelle) à la cathédrale. Le qualificatif de "musicien externe" lui est généralement accolé. Il lui faudra batailler durement pour faire reconnaître des droits à pension au lendemain de la Révolution à laquelle il a pourtant adhéré comme en témoignent ses certificats de civisme. Sous le Directoire, il devient professeur de musique vocale et de basse.

• 20 novembre 1732, Dole [Jura] : Une copie de son acte de baptême est conservée dans son dossier de carrière (aux archives départementales d'Ille-et-Vilaine). Fils d’Anathoile Oudet et de Marie-Claudine Guyon son épouse, Claude-Jacques OUDET est né le 20 novembre 1732 et a été baptisé le même jour dans l’église collégiale et paroissiale de Notre-Dame de Dole en Franche-Comté. Cela correspond tout à fait à l'âge indiqué à son décès, lequel confirme également qu'il est natif de "Dôl [sic] en Franche-Comté".

• [De 1740 à 1750 ou 1752 environ], [Dole ?] : Durant ces années, Claude-Jacques OUDET pourrait avoir été enfant de chœur dans une maîtrise.
Il se trouve que, justement, l'une des pièces comptables conservées pour la collégiale Notre-Dame de Dole fait état en mars 1742 d'un "petit coriste" du nom de OUDET (dont le prénom n'est pas donné). Par ailleurs, au milieu des années 1750, le maître tailleur d'habits qui fournit la maîtrise doloise porte également le patronyme de Oudet.
Enfin, les nombreux documents rennais des années 1790-1794 concernant OUDET répètent qu'il a exercé pendant douze ans au chapitre de Dole, sans préciser les dates. Il se pourrait que ces douze années correspondent en réalité à son temps de formation à la maîtrise de la collégiale de Dole. Certes, dans l'une de ses requêtes de la période révolutionnaire, il dit que c'est "en qualité de musicien chantre" qu'il a exercé "au ci-devant chapitre de Dole"., mais peut-être s'agit-il seulement d'une stratégie pour solidifier son dossier.

• Là se placent près de deux décennies durant lesquelles on ignore où vit Claude-Jacques OUDET et quel métier il exerce.

• [Au début des années 1770] Rennes : Claude-Jacques OUDET est reçu à la cathédrale Saint-Pierre pour y jouer du violoncelle. En 1790/1791, il déclarera avoir vingt ans d’ancienneté dans le poste. A-t-il été "musicien externe" dès le début ? En tout cas, en 1791, il conteste ce statut. On notera en outre qu’étant donné la présence de Jean CHABAUD, violoncelle depuis 1745 au sein de la musique de la cathédrale, Oudet ne peut avoir été que second violoncelle.

• 1777 : OUDET, "maître de musique", occupe "une chambre" rue aux Foulons et est inscrit sur le rôle de la capitation pour 2 livres 10 sols.

• 26 avril 1779, Rennes : Le chapitre accorde au sieur OUDET musicien la somme de 18 livres "pour faire raccommoder sa basse de violle qui fut endommagée à Saint Melaine le lundi de Pâques".

• 2 juillet 1784 : L’état des "sommes payables séparément à la fin de chaque mois à Mrs du bas-chœur" indique pour le mois de juin la somme de 14 livres versée à OUDET. Une somme identique est prévue pour Jean CHABAUD, le premier violoncelle.

• 22 août 1786, Rennes : Dans l'église paroissiale Saint-Étienne, est célébré le mariage d’un musicien de la cathédrale, Félix-Joseph BOITE, avec Marie-Augustine Burgalet, de Tinténiac. Parmi les nombreux signataires de l’acte, on reconnaît OUDET et plusieurs de ses collègues musiciens de la cathédrale : les LEMAY père et fils, DÉPÉRY, LEBON, HUET, ROUSSIN...

• 23 avril 1787 : Le chapitre accorde au sieur OUDET "musicien externe" à la cathédrale "12 sols par assistance toutes les fois qu’il y aura musique au lieu de 10 sols qu’il recevoit auparavant".
• 10 juillet 1787, Rennes : Dans l'église paroissiale Saint-Germain, est célébré par le prêtre (qui est aussi musicien) Jean-Marie-Thomas DELAVALLÉE le mariage d’un autre musicien de la cathédrale, Marie-Auguste ROUSSIN, avec Jeanne-Catherine-Marguerite Deslandes. Parmi les nombreux signataires de l’acte, on reconnaît plusieurs collègues du marié : les LEMAY père et fils, LEBON et OUDET. Tout "musicien externe" qu'il soit, ce dernier semble donc bien intégré à la sociabilité amicale des musiciens de la cathédrale.

1790, Rennes : Jacques OUDET est violoncelliste à la cathédrale Saint-Pierre de Rennes. Il est âgé de 58 ans et déclare jouer dans le bas chœur depuis vingt ans, soit depuis environ 1770. Il a donc le même statut approximativement que le jeune Jean LEBON, mais une ancienneté supérieure, ce qui lui permet de percevoir des appointements de 100 livres par an.
Dans une liste des citoyens passifs de la ville de Rennes, sans date (approximativement de 1790), OUDET, "violoncelle de la cathédrale", est qualifié de "pauvre".

Durant les années qui suivent, il effectue un parcours du combattant pour tenter d'obtenir des secours de l'administration nouvelle et de survivre. Son cas suscite diverses décisions successives contradictoires.

• Avril 1791 : Claude-Jacques OUDET fait rédiger par une autre main que la sienne (écrivain public ?) une élégante requête pour protester hautement contre l'oubli de son cas par l'administration, qui l'a omis dans l'avis donné sur la requête présentée par les musiciens. Il fait sans doute allusion à la requête du 22 décembre 1790, dont les signataires sont "LEMAY M.tre de Musique", suivi de DUBUISSON, PAIRIER, GOBAILLE, PLIHON, BOITE, DÉPERY, DUCAT, ROUSSIN et BOUDRY. OUDET reconnaît du reste ne l'avoir pas signée, "par une erreur dont il ne cherchera point à pénétrer la cause".
Il argumente sur sa pleine légitimité à être considéré comme partie intégrante du corps de musique de la cathédrale : il est "depuis près de 20 années membre essentiel du Bas chœur", "il assistoit, non seulement à tous les grands offices de fêtes et dimanches ; mais à toutes les fondations exécutées en Musique". Pour démontrer qu'il ne peut être considéré comme un musicien extérieur, il avance un argument comptable : il n'était pas payé "par assistance journalière et séparée", mais comme les autres musiciens "à l’échéance des époques ordinaires pour le payement de tous les suppôts essentiels du Bas chœur" (sans préciser s'il était payé au mois ou par quartier). Il chante les mérites de son instrument : "il est impossible de concevoir aucune musique, aucune Symphonie, sans y comprendre la partie dont il étoit chargé : cette partie fondamentale et nécessaire de la basse, sans laquelle il ne peut exister d’ensemble et d’unité pour toutes les autres". Il signe "oudet musisien" d'une main tremblante.
Le 29 avril 1791 puis le 20 mai 1791, le District suivi du Département reconnaissent qu'il a été omis par erreur et décident de lui verser 25 livres, un quart de ses gages annuels antérieurs "à titre de secours jusqu’à ce que l’Assemblée Nationale ait prononcé sur le sort des musiciens, gagistes et suppôts de la cathédrale dont il s’agit".
• 2 juillet 1791, Rennes : L'évêque Le Coz rédige une lettre pour signaler qu’il a omis d’inscrire OUDET dans la liste des musiciens jugés indispensables à la cathédrale constitutionnelle, en plus du maître, Gaspard LEMAY, des trois chantres, PLIHON, ROUSSIN, BOETE, et des deux serpents, BOUDRY et DESPERY. Pourtant, dit-il, "en qualité de basse", il remplit une "partie essentielle pour la musique d’une cathédrale". On reconnaît l’argumentaire porté par le musicien lui-même dans sa requête d’avril. L'évêque profite de son courrier pour réclamer en plus deux violons.

• 1792, Rennes : En compagnie de BOUDRY, LEMAY, BOITE et PLIHON, Jacques OUDET, âgé de 62 ans, demeurant rue aux foulons, figure dans la liste des gardes nationaux en tant que musicien.
• 22 octobre 1792 : Le directoire du District, présidé par Toullier, estime "qu'il est de notoriété publique" que le service que faisait OUDET à la cathédrale "n’étoit point habituel et se bornoit seulement aux dimanches et fêtes". Observant que, de plus, "le citoyen OUDET est employé actuellement dans l’église métropolitaine du nord ouest en qualité de musicien et que ses appointements sont payés par les deniers de la fabrique", le District estime "qu’il n’y a lieu à délibérer sur la requête du citoyen OUDET". Cet avis négatif est suivi par le Directoire du Département dans un arrêté pris le 26 février 1793.
À ce moment-là, OUDET joue toujours du violoncelle "dans l’église métropolitaine du nord ouest" et ses appointements sont payés "par les deniers de la fabrique".

• 30 avril 1793, Rennes : OUDET achète aux enchères,  pour 245 livres (au 4ème feu, aucune autre enchère n’étant enregistrée) l’orgue du couvent des Carmélites mis en vente par le Directoire du district après expertise par le facteur Pierre TESSIER. Nous ignorons dans quel but ou au nom de qui il a acheté cet instrument.
• 1er nivôse an II [21 décembre 1793] : Telle est la date retenue ultérieurement pour point de départ du calcul de sa pension car c'est l'"époque de la suppression de ses fonctions" à la cathédrale constitutionnelle.

• 14 germinal an II [3 avril 1794] : Le citoyen Claude-Jacques OUDET prête serment "en qualité de professeur de musique".
• 14 prairial an II [2 juin 1794] : Un certificat de civisme est délivré à Jacques OUDET, musicien.
• 29 prairial an II [17 juin 1794] : Le District enregistre l'arrivée d'une nouvelle supplique du musicien. Il résume à nouveau son parcours antérieur "savoir : 12 ans en qualité de musicien chantre au ci-devant chapitre de Dole, 21 ans au chapitre de Rennes jusqu’en 1791, et depuis sa suppression il a été continué dans la paroisse St-Melaine, ce qui fait en tout environ 33 ans de service". Il se décrit comme "déjà avancé en âge et infirme, ne faisant presque plus rien de son état, d’ailleurs sans fortune". Sa signature tremblée donne un indice sur la réalité de ses infirmités.
• 9 thermidor II (27 juillet 1794) : Le District, changeant radicalement d'avis par rapport à son analyse d'octobre 1792 [voir ci-dessus], reconnaît les "33 ans de service" de Claude-Jacques OUDET et constate surtout "que le citoyen OUDET est infirme et n’est plus dans le cas de vivre de son état". Aussi est-il d'avis "qu’il lui soit accordé à titre de pension à compter du 1er nivôse [21 décembre 1793] jour où ses fonctions ont cessé la somme de 400 livres".
• 25 thermidor an II [12 août 1794] : Suivant l'avis du District, le Département d'Ille-et-Vilaine prend un arrêté fixant à 400 livres la pension de Claude-Jacques OUDET, "musicien chantre". Même s'il n'avait pas encore 60 ans au 1er janvier 1791, on considère qu'il a plus de trente ans de service ("33 ans de services dans différentes cathédrales supprimées").
En marge de cet arrêté, une mention postérieure fait état d'une erreur : on semble s'être aperçu après coup que ses appointements antérieurs ne s'élevaient qu'à 100 livres par an.

• Fin 1796, Rennes : Toujours installé rue aux Foulons, OUDET figure dans la liste des professeurs de musique publiée dans Le Calendrier du département d’Ille-et-Vilaine pour 1797, ainsi que dans l’Almanach de 1798-1799. Comme LEMAY et PLION, il enseigne musique vocale et basse. Voisinent également avec lui BOËTE pour la musique vocale et l'alto, ainsi que la demoiselle LELIÈVRE pour le piano.

• 20 et 22 thermidor an VI [7 et 9 août 1798], Rennes : Le citoyen Claude-Jacques OUDET, "musicien de la ci-devant cathédrale, demeurant en cette commune rue aux Foulon", effectue diverses démarches administratives (déclaration de non-rétractation de serment, serment de haine à la Royauté…). Les témoins venus attester sa résidence et son "individualité" sont intéressants à observer : Roland Boutier, "marchand près St-Sauveur", Pierre Doucé, "tenant la Comédie" (ce qui indique un lien entre le musicien et la scène), et  Jean-Noël Devarennes, "baigneur", qui n'est autre que le père de l'organiste Suzanne-Félicité DEVARENNES. Ces trois témoins le disent "né le 20 9bre 1732 en la ville de Dole, ci-devant Franche Comté" et le décrivent ainsi : "taille de 5 pieds, nez gros, yeux bleus, menton rond, cheveux châtains, bouche moïenne, front élevé, visage ovale, une cicatrice au menton du côté gauche". Toutes les signatures du musicien ("Oudet") révèlent un tremblement marqué.

On perd alors provisoirement sa trace. Probablement vit-il de sa pension, peut-être continue-t-il à dispenser des leçons de musique aux Rennais... Un état comptable du 24 prairial an VIII (13 juin 1800) montre que sa pension de 400 livres lui a bien été continuée.

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• 5 octobre 1806, Rennes : À trois heures du matin, en son domicile situé rue du Lycée, s'éteint Claude-Jacques OUDET "musicien". Les deux voisins demeurant aussi rue du Lycée, l'un marchand, l'autre menuisier, qui effectuent les démarches de déclaration le disent "âgé de 74 ans environ" et "natif de Dôl [sic] en Franche-Comté". L'acte d'état civil ne comporte aucune allusion à une épouse ou à une quelconque famille : le défunt semble apparemment être resté célibataire...

Mise à jour : 4 avril 2020

Sources
Calendrier d’Ille-et-Vilaine pour 1797 ; F-Ad35/ 1G 701 ; F-Ad35/ 1G 702  ; F-Ad35/ 1Q 827 ; F-Ad35/ 1Q 829 ; F-Ad35/ 5 Ff 33 ; F-Ad35/ G 390 Y ; F-Ad35/ L 1028 ; F-Ad35/ L 1030 ; F-Ad35/ L 1033 ; F-Ad35/ L 1034 ; F-Ad35/ L 863 ; F-Ad35/ L 999 ; F-Ad35/ [nouvelle cote à préciser] ; F-AmRennes/ 1D 1/8 ; F-AmRennes/ BMS Rennes, St-Étienne ; F-AmRennes/ BMS St-Germain ; F-AmRennes/ D 1806 ; G. Bourligueux, "La vie quotidienne à la psallette ... de Rennes", Recherches..., 1968 ; M-Cl.Mussat, Musique et Société…, 1988 ; M.-Cl. Mussat, "Les musiciens d'Église en Bretagne…", 2008

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