PIGALLE, Nicolas (1709-1786)

Nicolas PIGALLE, organiste et facteur de clavecins à Dijon, ami des frères Riepp, habitait au moment de son décès rue du Tillot, à trois cents pas de l'église Saint-Philibert. Il n'en était pas pour autant forcément l'organiste. Selon les recherches de Pierre Marie Guéritey, il fut organiste à l'église Saint-Jean et quelque temps à Saint-Bénigne comme 'sous-traitant' de Claude Rameau. En 1770 il est "organiste des Bénédictins".

• 2 mars 1709, Dijon : C'est à l'issue du "Grand Hyver" – qui laissa tant de traces dans les mémoires –, que Nicolas PIGALLE vient au monde, paroisse Saint-Jean de Dijon, issu de Jacques Pigalle, "portier", et d'Alexis Claire (parfois Clerc ou Leclerc) sa femme. Son parrain est lui aussi domestique et sa marraine fille d'un fontainier.
L'enfance du petit Nicolas semble donc inscrite dans un contexte de service domestique – peut-être au service de grandes maisons où il a aperçu des clavecins et entendu de la musique savante ?

• 20 juin 1734, Dijon : Sur les fonts baptismaux de l'église Saint-Philibert, Nicolas PIGALLE, "organiste", est parrain de la fille d'un "tissier". La marraine est Claude (ou Claudine) Cochet, fille majeure à Dijon, qui appartient probablement à la famille de la future épouse du jeune homme... Il signe "nicolas Pigale", avec un seul "l".
• 17 août 1734, Dijon : Le jeune homme est à nouveau dit "organiste", sans plus de précision, lorsqu'il se marie en l'église Saint-Philibert avec Bénigne Cochet, fille d'un maitre menuisier décédé. Les deux époux ont 25 ans et demeurent paroisse Saint-Philibert, seule paroisse où les bans ont été publiés. Il signe "nicolas Pigalle", avec deux "l".

• 5 juillet 1735, Dijon : Nicolas PIGALLE signe au mariage de sa sœur, Anne-Thérèse, avec Pierre Ducret, originaire du diocèse de Langres et installé depuis dix ans à Dijon.

• De juin 1735 à mars 1750, le couple Pigalle-Cochet donne naissance à huit enfants, tous baptisés à Saint-Philibert de Dijon. Deux parrains ont été repérés comme hommes de la musique : Pierre VIENNE, organiste, en 1735 et Robert RIEPP, facteur d'orgue, en 1746, dont l'épouse, Anne-Françoise Eve, est marraine en 1750, indice de liens qui perdurent.... Les autres parrains et marraines mobilisés appartiennent à divers métiers (marchand, jardinier, tailleur d'habits, blanchisseur, menuisier, maître menuisier, "bourgeois"). Le père est presque toujours présent et signataire, systématiquement dit "organiste" ou "organiste à Dijon", sans que jamais aucun indice ne soit donné sur le ou les poste(s) qu'il occupe.

• 21 novembre 1746 : Robert RIEPP est le parrain de Robert, dernier fils Pigalle repéré baptisé à Saint-Philibert (fils qui meurt à neuf mois le 23 août 1747). Cela rend plausible, écrivait J.Gardien en 1943, la supposition que l'orgue de cette église pourrait avoir été construit par Charles et Robert Riepp et qu'ils continuaient à l'entretenir. P.M. Guéritey a montré que dès 1737 l'orgue avait été en effet régulièrement entretenu par Charles Joseph RIEPP. C'est à ce dernier qu'on peut attribuer l’ajout du positif de dos qui, en 1782 ne nécessitera pas autre chose que la remise en peaux des soupapes par Rabiny (voir ci-dessous). Saint-Philibert est aussi la paroisse où réside Charles Joseph RIEPP (et où il sera enterré, sous la sacristie de l'église, le 6 mai 1775).

• 28 février 1770, Dijon : Le baptême d'une fille d'Étienne Ducret, "garçon cordonnier en cette ville", et de son épouse Marguerite Pérelle réunit autour des fonts de l'église Notre-Dame le parrain, Antoine MILLOT, "organiste de l'église de St-Jean de Dijon", et la marraine, Anne Pigalle, fille de sieur Nicolas PIGALLE "organiste des Bénédictins de cette ville". Le jeune homme signe "Millot" et la marraine "anne pigalle". Le père de l'enfant baptisé est un neveu de Nicolas PIGALLE (voir ci-dessus au 5 juillet 1735).

• 12 mai 1778 : La mise en vente d'un clavecin "fait par le sieur Pigal" est annoncée dans les Affiches de Dijon. Il faut s’adresser au sieur MAGNY, Place Notre-Dame.

• [1780] : Peut-être est-ce cette année-là que Nicolas PIGALLE – qui a maintenant 71 ans – cesse de desservir l'orgue des Bénédictins ? Joseph PARIN, déjà organiste de Saint-Jean, devient alors en plus l'organiste de Saint-Bénigne.

• 1782-83, Dijon : Le facteur RABINY restaure et augmente l’orgue de l’église Saint-Philibert.

• 16 octobre 1785 : Nicolas PIGALLE, qualifié de "facteur de clavecin à Dijon" et Bénigne Cochet sa femme se rendent chez leu notaire pour officialiser l'installation de leur fille Reine, "ouvrière", dans une portion de maison située à Dijon rue du Four qu'ils lui sous-louent pour quatre ans au prix de 50 livres. Ils certifient que les meubles de son appartement lui appartiennent "comme provenant de ses épargnes". On peut lire dans cette démarche la volonté de préparer sereinement sa succession.

• 5 mai 1786, Dijon : Nicolas PIGALLE, "facteur de clavessin en cette ville", meurt âgé de 77 ans, toujours sur la paroisse Saint-Philibert. Il est inhumé le surlendemain "au cimetière de cette ville". Aucun musicien avéré n'est cité parmi les assistants, qui sont Jean-Baptiste Buchoire, maitre d'écriture, et Jean Sirjean, marguillier de Saint-Philibert.
"PIGAL, rue du Tillot organiste" figure encore dans le rôle de taille pour l'année 1786. Il devait payer 5 livres 2 sols, ce qui le place à un niveau intermédiaire entre le facteur Bénigne BOILLOT, rue du Chapeau Rouge, taillé à 3 livres 2 sols, et l'organiste Joseph PARIN, rue de la Prévôté, imposé de 8 livres 2 sols.

Mise à jour : 27 décembre 2018