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POIDEVIN, Jean Clément (1771-1841)
État civil
NOM : POIDEVIN     Prénom(s) : Jean Clément     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : PODEVIN
PODVIN
POITEVIN
POITVIN
Date(s) : 1771-11-23  / 1841-9-25 
Notes biographiques

Jean-Clément POIDEVIN (1771-1841) gravit un à un tous les échelons d'un musicien d'Église, d’enfant de chœur à organiste maître de musique. L’ensemble de sa carrière se déroule à Angers, à l’exception de son séjour à la collégiale Saint-Léonard de Chemillé [M&L] dans les années 1790 où il est organiste. À la cathédrale Saint-Maurice, sa formation a été assurée par l'organiste Pierre Joseph COLLETTE. Puis en 1825 il succède à Étienne BOYER, maître de musique en titre qui vient de décéder. POIDEVIN a alors pour mission de "restaurer la psallette à l’image de celle d’autrefois". C’est un succès. Sa carrière va culminer en 1830 pour s’effriter dans un contexte devenu difficile : les enfants de chœur quittent la cathédrale brutalement, le jeune organiste Mangeon montre son ambition, la Fabrique le presse, etc.. POIDEVIN comprend que le temps d’autrefois est passé. Alors il se retire dans l’obéissance jusqu’à accepter de perdre son titre d’organiste, celui auquel il était le plus attaché. Sa carrière est à rapprocher de celle de son frère aîné Pierre Antoine POIDEVIN directeur et maître de chapelle à la cathédrale de Rouen. Les liens entre les trois frères ont été réguliers ainsi qu'en témoigne l'inventaire après décès de Jean Clément POIDEVIN.
Sa biographie se décompose en trois temps :

1. Le musicien d'Église, formation et premiers pas dans le diocèse d'Angers

• 23 novembre 1771, Angers : Jean Clément POIDEVIN naît et le même jour est baptisé paroisse Saint-Pierre. L'acte de baptême qualifie son père Pierre Poidevin, tailleur, "d'honnête homme", et sa mère Marie-Magdeleine Gilbert, d'"honnête femme". Ils sont respectivement originaires de "Langeais en Touraine", et de Montfort Lamaury, diocèse de Chartres. Son parrain est l'un de ses grands frères, Adrien François.

• 14 septembre 1778, Angers : Jean Clément POIDEVIN est reçu comme enfant de chœur à la cathédrale Saint-Maurice. L'acte capitulaire stipule qu'il est né le 23 novembre 1771. Son père est dit maître tailleur. Deux de ses frères l'ont précédé à la psallette : Pierre-Antoine POIDEVIN - reçu le 21 novembre 1766 - et qui cède la place à son frère cadet  ;  Calixte Rose - reçu le 9 février 1774 - est quant à lui présent lors de l'entrée de Jean Clément. Le maître de musique est alors Pierre VOILLEMONT. Les documents de 1790 mentionnent que Pierre Poidevin, le père, est simultanément  maître tailleur et bedeau de la cathédrale d'Angers. Il semble cohérent compte tenu du contexte que ses fils figurent à l'effectif de la psallette.

• 23 septembre 1787, Angers : Calixte Rose POIDEVIN, grand enfant de chœur et clerc, quitte la psallette où il a passé plus de 13 années.
• 3 décembre 1787, Angers : Les chanoines de Saint-Maurice confient à l'organiste Pierre Joseph COLLETTE l'enfant de chœur Jean Clément POIDEVIN afin de lui enseigner gratuitement l'orgue sur le clavecin de la psallette.
• 23 septembre 1788, Angers : Au lendemain de la grande fête de Saint-Maurice, Jean Clément POIDEVIN sort à son tour de la psallette. Il reçoit 160 livres de récompense pour ses dix années de service comme enfant de chœur.

• 1788-1791, Chemillé [M&L] : Le sieur POITEVIN est organiste au service de la collégiale Saint-Léonard de Chemillé. Sa nomination à Saint-Léonard est à rapprocher -selon l'érudit angevin Célestin Port- d'une probable intervention du doyen de Chemillé [qui] était depuis 1337 le maître d’école de la cathédrale d’Angers et curé de Melay [paroisse rattachée à Chemillé]. Les prédécesseurs de POIDEVIN à la tribune de Saint-Léonard sont mal connus. Seul François PORTIER a été identifié, grâce à sa sépulture en date du 21 mai 1782. Il était originaire de Saint-Vénérand de Laval [Mayenne] et âgé de 68 ans. Sa veuve Marie Guibert n'a pas permis d'en savoir plus non plus.

1790, Chemillé : Jean Clément POIDEVIN est organiste à la collégiale Saint-Léonard de Chemillé contre une rétribution de 600 livres annuelles. Les quatre psalteurs en exercice à la collégiale sont René BOMPAS, Laurent BOURMEAU, Jean BRUNETIÈRE et René LOISEAU sous l'autorité du chantre et dignitaire du chapitre Thomas Jean Béguier.

• 3 août 1791, Chemillé : Le sieur Lefebvre, curé constitutionnel de Chemillé, adresse une supplique au procureur général sindic du district de Cholet afin de plaider la cause [du sieur POIDEVIN], organiste de l'ancienne collégiale et désormais église paroissiale Saint-Léonard de Chemillé. Le sieur POITEVIN semble avoir du mal à percevoir la pension qui lui a été promise.
• Fin 1791, Chemillé : POITEVIN reçoit 150 livres pour le dernier trimestre de sa pension de l'année 1791.

2. POIDEVIN, musicien et homme avisé

La vie de Jean Clément POIDEVIN entre 1792 et 1824 semble s'organiser autour de sa famille, ses affaires, commerce et propriétés bien qu'il soit cité dans les actes comme musicien et/ou marchand. Il garde toujours des liens avec ses anciens amis musiciens, tel Pierre VOILLEMONT.

• 1797, Angers : Le chanoine Poirier rapporte que J. C. POIDEVIN demeure rue du Bon Sens (actuelle rue Saint Éloi).
• 20 Messidor an VII [8 juillet 1799], Angers : POIDEVIN épouse Jeanne Thérèse Bodin.
• 1802-1807, Angers : Ce mariage sera suivi d'au moins quatre naissances. Jean Clément, dit alternativement musicien, marchand ou musicien marchand, présente ses enfants à l'officier d'état civil accompagné de son beau-frère Nicolas Hyacinthe Bodin. La naissance de Jean, rencontré lors de l'inventaire après décès, reste à repérer. Les démarches d'état civil de la famille POIDEVIN se font à la maison communale du 2nd arrondissement.
• 27 septembre 1807, Saint-Jean-des-Mauvrets [M&L] : J.C. POIDEVIN et son épouse investissent dans une première closerie à la campagne non loin des Ponts-de-Cé, à trois lieues d'Angers. Le contrat de vente est établi par le notaire de Juigné-sur-Loire, diacre évangéliste de la cathédrale en 1790, Jean André LOIR MONGAZON.

• 4 novembre 1809, Angers : Les POIDEVIN sont acquéreurs d'une maison bourgeoise sise 10 rue de l'Aiguillerie citée à l'Inventaire après décès du musicien.
• 2 juin 1814, Angers : J.C. POIDEVIN signe l'acte de décès de son ancien maître de musique, Pierre VOILLEMONT. Son domicile est dorénavant rue de l'Éguillerie.

• 1815, Chemillé : C. Port cite POIDEVIN comme organiste de Notre-Dame de Chemillé devenue principale église de la ville après les incendies qui ont détruit la collégiale Saint-Léonard et l'église Saint-Gilles. En 1815 la fréquence des services religieux ayant diminué POIDEVIN ne joue certainement que de manière ponctuelle aux offices. Son domicile habituel est à Angers.

• [1820-1822], Angers : Lachèse précise dans son article sur le Concert d'étude à Angers, la participation de POIDEVIN. Il met en valeur l'harmoniste plus que l'instrumentiste qu'il juge "fort modeste". Lachèse attire notre attention sur la fille POIDEVIN [Jeanne Victoire] qui semble-t-il est la première élève de son père et mérite quelque attention. Le Concert d'Angers était actif de 1817 à 1839, organisant de nombreux concerts, rassemblant les musiciens angevins autour de fortes personnalités, tels René FETU, DEPEIGNE, VARET ou Étienne BOYER.

• 17 août 1822, Saint-Jean-des-Mauvrets : Les époux POIDEVIN investissent dans une seconde Closerie, La Magaudière. Cet achat sera suivi de différentes acquisitions agrandissant le domaine.
• 7 août 1823, Angers : Clément Auguste Poidevin, fils de Jean Clément, épouse Michelle Tirot. Il est employé à la Mairie du second arrondissement.
• 1er juin 1824, Angers : Un inventaire est établi à la suite du décès de Madame Poidevin à  la requête de son époux et en présence des enfants. L'aîné Jean est absent compte tenu de sa profession : Sergent fourrier, 1ère compagnie, 2nd bataillon du 24ème régiment d'infanterie alors stationné à Bayonne. Si J.C. POIDEVIN est mandataire de son fils, il préfère se faire représenter et délègue la tâche à un ami musicien de la cathédrale Saint-Maurice du "temps d'autrefois" selon la formule d'usage. Il s'agit de René FETU professeur de musique, engagé dans la musique de la ville. L'inventaire décrit notamment l'estimation par les deux hommes d'un vieux fonds de musique et surtout d'instruments collectionnés par POIDEVIN et qui disparaîtront partiellement au cours des années suivantes. Le commerce que tenait Mme Poidevin donne par ailleurs lieu à une estimation.

3. La renaissance de la cathédrale, une consécration inespérée

La carrière de Jean-Clément POIDEVIN prend son essor après le décès d'Étienne BOYER à qui il succède à 54 ans. Il participe à la renaissance de la musique à la cathédrale qu'il contribue à organiser, s'occupe de la psallette avant d'être à son tour remplacé pour cause de grand âge. Entre-temps, le musicien se sera essayé à composer des opérettes.

• 1825-1832, Angers : Les recherches de Poirier précisent que Jean Clément POIDEVIN est "organiste à la cathédrale et professeur de chant des enfants". Il succède au maître de musique Étienne BOYER, décédé le 14 octobre 1825. BOYER avait initié avec succès la reconstitution d'une psallette. Charge à POIDEVIN de "restaurer la psallette à l'image de celle d'autrefois", c'est-à-dire celle de 1790 avec le soutien matériel de l'évêque et du conseil de fabrique qui votent des travaux d'aménagement. La psallette située rue Haute Mule est opérationnelle dès 1826.
• 1827, Angers : Le chœur de la cathédrale est reconstitué avec 8 enfants de chœur, 7 chantres et 2 serpents.

• Dès 1830, Angers : POIDEVIN voit la consécration de sa mission de maître de musique des enfants. Ce sont tout d'abord les éloges de la Gazette musicale auxquels succède une subvention gratifiante du Ministère de l'intérieur ainsi qu'une modification de son contrat de travail. La Fabrique lui rappelle néanmoins son obligation de présence aux offices du dimanche.

• 1827-1832, Angers : À partir du 1er juillet 1827 le traitement de J.C. POIDEVIN est porté à 1.200 Frs en raison de ses deux classes de musique [quotidiennes]. L'enseignement musical est réparti entre le Directeur et sous-chantre Quincé en charge du plain-chant et POIDEVIN en charge des leçons de musique.

• 1832-1841, Angers : POIDEVIN est déchargé à sa demande de son poste de maître de musique des enfants. Il est remplacé par Pierre VARET. Désormais Jean Clément qui a 61 ans se consacre à son orgue tout en donnant quelques leçons de musique en ville. Cependant, à suivre le témoignage de Julien Martin alors doyen des enfants de chœur de la psallette, l'argument invoqué concernant  le départ du maître de musique est à pondérer car consécutif à la sortie simultanée de tous les enfants de chœur expérimentés y compris leur doyen. En réalité POIDEVIN s'est trouvé seul et "dans un grand embarras".
• 1832, Angers : J. C.  POIDEVIN a laissé son empreinte musicale à la psallette. Les informations recueillies par Jean Poirier font état de quatre motets figurant à l'inventaire attribués au maître de musique. Ces pièces côtoient celles de VOILLEMONT, GOSSEC ou encore un dénommé Morizot. Pour sa part C. Port, érudit du XIXe siècle, cite des talents de compositeur de Jean Clément qui allaient au-delà de l'enceinte cathédrale puisqu'il s'était engagé dans la composition d'opérettes en collaboration avec un dénommé Blordier Langlois, lettré angevin. La notoriété de Ce Théâtre de l'éducation tel que le nommait Blordier n'a cependant guère franchi les limites de l'Anjou.

• 2 octobre 1837, Angers : J.C. POIDEVIN assiste au mariage de sa fille Jeanne Victoire, Professeure de musique, avec le sieur Aubin Tirot, son beau-frère à cause de son frère Clément Auguste marié à Michelle Tirot le 7 août 1823.

• 1839-1840, Angers : POIDEVIN est mis à la retraite à partir de janvier 1840 moyennant une pension minime de 50 Frs par trimestre. Le cycle de la "génération 1790" s'achève donc. Jean Clément POIDEVIN prend acte de la décision et laisse la place à son élève MANGEON qui devient à son tour organiste et maître de musique.
• 26 février 1840, Angers : J.C. POIDEVIN accorde son consentement au mariage de son fils Jean devant notaire. Jean est autorisé à "contracter [mariage] avec telle personne que bon lui semblera". La formule est presque lapidaire, disant la distance entre père et fils. Jean épousera donc Marie Lambert, fille de journalier, en l'absence de sa famille.

• 24 janvier 1841, Paris : Sous la plume de Julien MARTIN, ex doyen des enfants de chœur de la cathédrale Saint-Maurice, La Revue et Gazette musicale se fait l'écho de ce qu'a été la maîtrise en son temps, le talent de ses maîtres de musique ROZE et VOILMONT, la qualité des voix du chœur tant hautes-contres que basses tailles soutenues par un orchestre réduit. La nostalgie affichée est atténuée par un argument qui le concerne personnellement lorsqu'il annonce : les temps ont changé, "les églises sont pauvres, le zèle est refroidi ; c’est à peine si quelques hommes songent à suivre une carrière qui ne les tente plus que par l’appât du gain, seul mobile encore tout-puissant". L'argument vaut d'autant plus que Julien Martin, à l'origine du départ de tous les enfants de chœur expérimentés, a signé le déclin de la maîtrise.

• 26 septembre 1841, Les Ponts-de-Cé [M&L] : À 70 ans Jean Clément POIDEVIN  s'éteint en bord de Loire, "près de [la] Levée Belle Poule". Il est trois heures de l'après-midi. Son inventaire après décès est ouvert dès le 29 septembre à Angers.

La biographie de Jean Clément POIDEVIN se conclut sur un inventaire après décès révélateur de la vie bourgeoise de l'organiste, veuf, père de trois enfants vivants et dont l'aîné Jean se trouve exclu du testament.
La présentation des intervenants à l’ouverture de l'Inventaire révèle d'emblée un problème familial : Jean Poidevin, fils requérant, écrivain public, est opposé à son frère Clément Auguste exécuteur testamentaire et à sa sœur Jeanne Victoire, seuls héritiers désignés par le père sans que le conflit avec le fils aîné soit explicité. La pesée débute par la visite de la maison d'Angers qui est un instantané de la vie de feu M. POIDEVIN et où son bureau livre une collection d'instruments de musique (un orgue démonté entre autres) ainsi qu'une bibliothèque dont le contenu n'est pas détaillé. Vient ensuite la lecture du testament olographe lapidaire de POIDEVIN qui en quelques lignes ne reconnaît comme héritiers que deux de ses enfants. L'accent est mis sur la construction du patrimoine mobilier et immobilier de l'organiste, également marchand et gestionnaire avisé. L'Inventaire est donc constitué pour l'essentiel d'un long descriptif des différentes transactions, créances et dettes des Poidevin.

Mise à jour : 19 avril 2021

Sources
C. Port, Dictionnaire historique..., 1874. ; E. Lachèse, le concert d'étude à Angers, 1857 ; F-Ad 49/ 5 E 9 186 ; F-Ad 49/ 5 E 9 N213 ; F-Ad 49/ état civil en ligne ; F-Ad49 / G269 ; F-Ad49/ 1 L 980 ; F-Ad49/ BMS Angers Saint Pierre ; F-Ad49/ Etat civil Angers ; F-Ad49/ G 273 ; F-Ad49/ G 273  ; F-Ad49/ NMD Angers ; F-Ad49/ NMD Louroux-Béconnais ; F-Ad49/ État civil en ligne ; J. Poirier, La Maîtrise de la cathédrale d'Angers..., 1983 ; Revue et Gazette Musicale de Paris, 24 janvier 1841.

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