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PRUNELLE, René (1731-1814)
État civil
NOM : PRUNELLE     Prénom(s) : René      Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : PRUNELE
PRUNETTE
PRUNEL
PRUNNELLE
Date(s) : 1731-8-29   / 1814-3-1 
Notes biographiques

De Chartres à Auxerre, de l'enfant de chœur au chantre blanchi sous la chape : un itinéraire de musicien d'Église classique, qui présente la particularité de se voir refuser une pension après 1790 au motif qu'il avait pris sa retraite avant 1790 avec une importante indemnité de départ...

• 30 août 1731, Chartres : Né la veille, René PRUNELLE est baptisé en la paroisse Saint-Aignan. Son père est marchand de toile et mercier ; le parrain est marchand drapier ; la marraine, veuve d'un marchand de bas, est une tante maternelle. Tous ont signé.

• 21 mars 1739 - 1749, Chartres : Selon l'abbé Clerval, René PRUNELLE est enfant de chœur à la cathédrale. Il sort en 1749 "avec 150 livres de gratification et 50 livres pour habit et la bourse du collège. Il devint aussi heurier matinier". Il poursuit donc quelques temps ses études, probablement à Chartres : la fonction "d'heurier matinier" est très souvent concédée à ces jeunes gens comme complément de revenus pendant leurs études. René PRUNELLE devait avoir un certain talent car la bourse est en général décernée à de grands enfants de chœur qui ont pris la tonsure, ce qui n'est pas son cas semble-t-il, puisque cela l'a privé d'un canonicat de Saint-Nicolas. Pendant combien de temps ces études ont-elles duré ? C'est difficile à évaluer, quoiqu'il en soit, pas au delà de 1753, puisque à cette date la bourse est réattribuée à Jean Miollais.

• 14 septembre 1755, Orléans : Le chapitre de la cathédrale Sainte-Croix accorde des gratifications à deux chanteurs, l'un chantant la haute-contre (6 livres) l'autre la basse-contre (3 livres) qui sont venus à l'occasion de la fête de "l'Exaltation de la Sainte-Croix". Il en engage un troisième pour "musicien chantant la Taille", dont on peut penser qu'il était lui aussi venu chanter à l'occasion de la fête de la Sainte-Croix : il s'agit de "PRUNEL clerc tonsuré du diocèse de Chartres". Est-ce René PRUNELLE ?
Le chapitre lui accorde d'emblée "quinze jours de congé sans gages". Il ne prendra donc réellement son service qu'au 1er octobre 1755. Le musicien est-il revenu de ce congé ? On ne retrouve plus trace de lui dans les délibérations capitulaires, mais l'unique registre conservé pour cette période se termine dès la fin de l'année 1755.

• 1758 : Selon la durée de service retenue au moment de sa mise à la retraite, c'est alors seulement que René PRUNELLE serait devenu musicien d'Église. Il est probable que cela corresponde en fait à sa réception à la cathédrale d'Auxerre. Dans ses dossiers ultérieurs, le musicien indiquera avoir servi pendant 27 ans (ce qui confirme la date de 1758 pour son arrivée à la cathédrale d'Auxerre). Le premier registre capitulaire conservé aux archives départementales de l'Yonne ne commence qu'en 1759.

• 19 juillet 1762, Auxerre : Dans l'église paroissiale Saint-Eusèbe, René PRUNELLE se marie avec Anne Bonelle [parfois Bonel ou autre variante], fille de Pierre-François Bonelle huissier à cheval au Châtelet de Paris. Le mariage est célébré par Florent PRUNELLE chanoine semi-prébendé de l'église cathédrale, sans que le lien familial soit explicité dans l'acte (on apprend dans d'autres actes qu'il s'agit de son frère). L'un des témoins est Amâtre CHEVRILLON musicien, qui comme le jeune marié est domicilié sur la paroisse de St-Regnobert. Parmi les signatures, on remarque celle d'Edme CHAPOTIN le maître de musique de la cathédrale.

• 22 juin 1765, Auxerre : Un enfant Prunelle est baptisé paroisse St-Regnobert, Jean-Pierre-René. Son parrain est le grand-père maternel, Pierre-François Bonelle, huissier à cheval du Châtelet de Paris, ce qui pourrait indiquer qu'il s'agit du premier-né du couple Prunelle / Bonelle.
Un autre enfant Prunelle est baptisé sur la même paroisse le 10 septembre 1766, Claudine-Edmée-Henriette, dont la marraine est l'épouse de Claude-François Bonel, "receveur des impositions royalles à Vienne en Dauphiné". Dans les deux cas, le père est dit musicien de la Cathédrale.

• De 1767 à 1778, Auxerre : Dix autres enfants Prunelle suivent, tous baptisés paroisse St-Pierre-en-Château. Seuls deux décès infantiles ont été trouvés. Il se peut que d'autres aient eu lieu en dehors de la paroisse (mise en nourrice). Sur les douze actes ainsi répertoriés (dix baptêmes et deux sépultures), René Prunelle est qualifié neuf fois de musicien, musicien de la cathédrale, ordinaire de la musique ou employé à la musique de la cathédrale, et trois fois de "maître de pension". Sur les vingt parrains et marraines dont il a eu besoin, un seul est directement lié à la musique : le maître de la cathédrale, Edme CHAPOTIN. Les autres appartiennent aux milieux de l'administration ou des services ("bourgeois", huissiers, receveur des impôts, maître écrivain, arithméticien, imprimeur, chirurgien…) plus qu'aux métiers de l'artisanat et du commerce ("marchand", épicier, pâtissier, maître boulanger). À noter en 1776 et 1778 la mention d'un oncle (de l'enfant) chanoine semi prébendé, Florent Prunelle, celui qui avait célébré le mariage de 1762. Tous sont bien alphabétisés. Le père est toujours présent et signe.

• 13 mars 1769, Auxerre : PRUNELLE, "commis musicien", figure dans la liste des membres du bas chœur dressée à l'occasion du chapitre général, en compagnie de CHAPOTIN maître de musique ; PALLAIS organiste ; CHEVRILLON, POITOUCHERTIER, GARNIERBONNOTTE les autres commis musiciens ; ainsi que des sacristains, des chapelains, des enfants de chœur, des bâtonniers, du sonneur et du suisse.
• 2 septembre 1769, Avallon : "M. PRUNELLE habitué d’Auxerre" reçoit 12 livres de la collégiale d'Avallon pour sa participation aux festivités de la St-Lazare, fête patronale majeure dans l'année liturgique de la collégiale. Chaque année le maître de musique, ROZEROT, parvient à renforcer ses effectifs en faisant appel à divers confrères : BOCQUET le maître de Vézelay, à 15 km de là, vient chaque année de 1767 à 1774 (dernier compte conservé) ; BERTHIER, serpent, vient souvent de Saulieu (38 à 40 km), de même que, sans doute DAGUET en 1767 ; René PRUNELLE a quant à lui parcouru presque 50 km.

• 2 septembre 1770, Avallon : René PRUNELLE revient d'Auxerre à Avallon participer à la Saint-Lazare et reçoit à nouveau 12 livres. Il est cette année accompagné de M. LABBÉ maître d’Auxerre (qui reçoit 15 livres).

• 30 janvier 1773, Auxerre : René PRUNELLE est présent paroisse Saint-Loup et signe au mariage de Jacques Romain CHERTIER musicien de Saint-Étienne, en compagnie de Joseph PALLAIS, Edme CHAPOTIN et Jean Jacques MÉRAL.
• 14 novembre 1773, Auxerre : Son fils Edme-Étienne a pour parrain Florent-Ferdinand Prunelle "son frère". S'il s'agit bien du frère de l'enfant baptisé, alors il serait un fils antérieur du couple Prunelle/Bonnelle, né sur une autre paroisse que celles de St-Regnobert d'Auxerre et de St-Pierre-en-Château. S'il s'agit d'un frère du père, alors il pourrait s'agir de Florent Prunelle, cet oncle chanoine semi-prébendé. Le père est dit "musicien de la cathédrale".

• 29 août 1777, Auxerre : Une délibération capitulaire laisse entendre qu'à côté de son poste de commis-musicien à la cathédrale, René PRUNELLE exerce une autre activité, sans doute liée à un petit commerce. En effet, il vient demander au chapitre un congé et une avance financière "ayant représenté que quelques affaires l’appelloient à Avalon". Il obtient huit jours de congé et une avance de 100 livres sur ses gages à venir.

• 30 juin 1780, Auxerre : René PRUNELLE, commis musicien de la cathédrale, assiste à la sépulture du haute-contre  Charles POITOU, en compagnie de trois autres "commis musiciens" : Bonnaventure BONNOTTE, Nicolas GELIN et Romain CHERTIER, ainsi que de l'organiste Joseph PALLAIS.

• 12 juin 1784, Auxerre : Le chapitre tance les deux chanteurs haute-contre, qui sont alors PRUNELLE et MÉRY et leur rappelle qu'ils sont "obligés d’assister aux petites heures comme les basse contres autrement ils seront marancés lorsqu’ils y manqueront".
• 13 décembre 1784 : À l'occasion du chapitre général est dressée la liste des membres du bas chœur. Elle comporte neuf musiciens, dans l'ordre suivant : le Maître de musique Edme CHAPOTIN, l'organiste PALLAIS, les commis musiciens  PRUNELLE, BONNOTTE, CHERTIER, JOBARD, GELIN, DUBAUX et MÉRY. Auxquels s'ajoutent des chapelains, sacristains, enfants de chœur, bâtonniers, suisse et sonneur non nommés.

• 6 août 1785, Auxerre : Le chapitre décide d'engager un nouveau chanteur haute contre (on comprend un peu plus loin qu'il s'agit de BARAT) "qui offre ses services à la Compagnie". Du même coup, "ne voulant pas trop grever leur recette", les chanoines décident de mettre PRUNELLE à la retraite, car il "ne peut plus rendre aucun service dans la musique". Cela semble indiquer qu'il a perdu sa voix. Depuis le départ de François MERY en mai, plus personne n'était donc capable de chanter la haute contre, à part l'ancien enfant de chœur Louis GOUSSE qui termine ses études en chantant au chœur les dimanches et fêtes.
Le chapitre propose dans un premier temps à PRUNELLE "50 écus de pension, payables de six mois en six mois et toujours d’avance". Mais deux jours plus tard, René PRUNELLE fait dire par l'intermédiaire d'un chanoine "qu’au lieu de 50 écus de rente, il préfèreroit de toucher tout de suitte une somme de 1 200 livres". Les chanoines accèdent à sa demande, au nom de ses longs services et de son assiduité. Ils l'autorisent aussi à "assister aux offices les dimanches et fêtes dans léglise cathédrale en surplis" à condition toutefois qu’avec les 1 200 livres "il ne se procurera pas d’emploi que MM. regarderoient comme incompatible avec le privilège de porter ledit surplis". À travers cette dernière phrase, on peut lire l'écho de l'affaire encore toute récente de DUBAUX renvoyé pour avoir tenu un cabaret.
• 16 décembre 1785 : Réunis en chapitre général, les chanoines donnent leur accord au versement effectif de la somme de 1 200 livres à PRUNELLE, "MM approuvant le projet qu’il leur a fait connaître d’employer cette somme à un petit commerce et trouvant ainsi remplie l’intention qu’il avoit de faire servir cette gratification à l’avantage de sa famille".

• Début octobre 1785, BARAT est remercié. Il avait été admis à l'essai, et on ne lui a pas trouvé "toutes les qualités nécessaires pour l’attacher d’une manière irrévocable"... Les candidatures, prises de contact et échanges épistolaires s'enchaînent : fin novembre 1785 avec VALERRY haute contre à Ste-Radegonde de Poitiers, début janvier 1786 avec un musicien d'Orléans, fin avril un musicien de Nantes… PRUNELLE recommence-t-il à chanter en complément du jeune GOUSSE ?

• Novembre 1788 : À la suite du départ de M. La Rue, maître de latin des enfants de chœur, PRUNELLE "musicien vétéran de cette église" est choisi pour enseigner le latin "à ceux des enfants qui n’ont plus à étudier la musique". Pour 12 livres par mois, il devra leur donner tous les jours "deux leçons d’une heure, l’une le matin et l’autre le soir". C'est une trace intéressante de la manière dont René PRUNELLE continuait à se rendre utile au chapitre de Saint-Étienne :

• En mars 1789, un mandement de 36 livres lui est délivré "pour avoir rempli la fonction de maître de latin des enfants de chœur", à raison de 12 livres par mois. Il est qualifié de "musicien vétéran de cette église".

1790, Auxerre : "Il est resté attaché à laditte église dans laquelle il dessert encore en sa même qualité de musicien", il a "continué à se rendre utile pour le chant et instrumens de musique". Doit-on le considérer comme musicien honoraire ou actif ?
Aux yeux du directoire départemental, en tout cas, il ne lui est rien dû par la Nation, "attendu qu’il convient s’être retiré en 1785, qu’il a touché pour sa retraite 1 200 livres et que le service par lui fait depuis cette époque a été purement volontaire" (1er février 1791).
De quels revenus vit-il à partir de là ? Sans doute de son "petit commerce" évoqué fin 1785. Est-il toujours maître de pension ?

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• 1er mars 1814, Auxerre : René PRUNELLE, âgé de 83 ans, veuf de Anne Bonelle, s'éteint à son domicile, rue des Neiges.

Mise à jour : 17 juillet 2018

Sources
Clerval, La maîtrise de la cathédrale de Chartres..., 1899. ; F-Ad 89/ état civil d'Auxerre ; F-Ad28/ E 6/39, BMS St-Aignan de Chartres ; F-Ad45/ 51 J 4 ; F-Ad89/ BMS St-Eusèbe d'Auxerre ; F-Ad89/ BMS St-Loup ; F-Ad89/ BMS St-Pierre-en-Château ; F-Ad89/ BMS St-Regnobert ; F-Ad89/ G 1802 ; F-Ad89/ G 1803 ; F-Ad89/ G 1804 ; F-Ad89/ G 1805 ; F-Ad89/ G 1806 ; F-Ad89/ G 1807 ; F-Ad89/ G 1808 ; F-Ad89/ G 1809 ; F-Ad89/ G 1810 ; F-Ad89/ G 1813 ; F-Ad89/ G 2157 ; F-Ad89/ L 28 ; F-Ad89/ L 798 (50) ; F-Ad89/ S chapitre St-Étienne  ; F-An/ DXIX/090/738/09 ; F-An/ DXIX/092/790/04,05,27-29,37

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