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QUESNEL, Jean-Baptiste (ca 1755-1793)
État civil
NOM : QUESNEL     Prénom(s) : Jean-Baptiste     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : QUÉNELLE
QUESNELLE
QUÉNEL
Date(s) : 1755 ca  / 1793-7-13 
Notes biographiques

Le destin de paisible musicien d'Église qui semblait devoir être celui de Jean-Baptiste QUESNEL (ou QUÉNEL) à partir de son admission à la maîtrise de la cathédrale de Chartres s'interrompt brutalement à la Révolution. Si, dans un premier temps, il poursuit son service de basse-taille à la cathédrale d'Orléans, devenue constitutionnelle, il se trouve ensuite emporté par les soubresauts de l'Histoire et périt tragiquement sous la lame de la guillotine à Paris pendant la Terreur.

• [1754-1755], Chartres : Selon les âges déclarés dans les documents administratifs des années 1790-1791 (37 ans en juin 1791) et dans son acte de décès (38 ans en juillet 1793), Jean-Baptiste QUESNEL serait né en 1754 ou en 1755. Il serait originaire de Chartres.

• 10 mars 1770, Chartres : Présenté comme "fils d’un nommé Lagrenade autrefois garde-chasse de M le président d’Aligre", Jean-Baptiste QUESNEL est reçu enfant de chœur à la cathédrale. Il est choisi déjà assez âgé pour pouvoir encenser, parce qu'il "parroit avoir des dispositions et […] sçait le latin", ce qui suggère des études antérieures. Trop pauvre, il est habillé aux frais du chapitre. Le maître de musique qui le forme est alors Michel DELALANDE.

• [Pâques] 1774, Chartres : Les registres capitulaires chartrains sont aujourd'hui perdus pour les années 1773-1777. Mais l'abbé Clerval, qui les a consultés aux archives municipales avant l'incendie de 1944, indique que le jeune QUESNEL sort de la psallette de la cathédrale avec 150 livres de gratification, la bourse du collège (100 livres) et 100 livres supplémentaires pour continuer ses études. Il est également nommé "heurier matinier" (nom donné aux chantres et musiciens à la cathédrale de Chartres) en qualité de basse-taille. Tout cela indique que, malgré la brièveté de son séjour à la psallette, il donne toute satisfaction au chapitre.

• Jean-Baptiste QUESNEL reste à la cathédrale de Chartres jusqu'à Pâques 1776. En 1790-1791, il déclarera six années de service à Chartres, additionnant ses années d'enfant de chœur et d'heurier matinier. À son départ, le chapitre cathédral de Chartres lui délivre une attestation de bonne vie et mœurs.

• 18 avril 1776, Orléans : Le chapitre de la cathédrale Sainte-Croix reçoit Jean-Baptiste QUESNEL, clerc tonsuré du diocèse de Chartres âgé de 21 ans, comme musicien basse taille aux gages de 12 livres par semaine, soit 624 livres par an (l'information est donnée par Jules Brosset, qui a dépouillé les registres capitulaires avant leur destruction). Le tout nouveau maître de musique de la cathédrale est alors Charles HÉRISSÉ.
• 6 novembre 1776 : Les débuts orléanais du jeune homme semblent difficiles. En effet, selon Brosset, une délibération du chapitre stipule que sa voix "ayant un timbre désagréable", QUESNEL doit trouver une autre place d'ici trois mois. On continue pourtant à le rencontrer régulièrement ensuite dans les sources capitulaires orléanaises.

• 1778, Orléans : Dans Le Calendrier historique de l'Orléanois curieux et nécessaire pour toute la province, QUESNEL, rue Saint-Martin (c'est-à-dire à une adresse très proche de la place de la cathédrale), est dit “Maître d'éducation pour la musique vocale". Il est cité dans cette catégorie des "maîtres d'éducation" en compagnie de FOUCART et CONSCIENCE. Tous trois sont dissociés des "Maîtres de musique pour la musique vocale", qui sont plus nombreux.
• 12 août 1778 : QUESNEL figure toujours dans les registres capitulaires dépouillés par Brosset. Il a droit à un congé de trois semaines, à prendre entre les fêtes de l'Assomption (15 août) et de l'Exaltation de la Croix (14 septembre).

•  1779, Orléans : Le Calendrier historique de l’Orléanois indique que "Quinel", maître de musique vocale, demeure rue du Bourdon-Blanc. Cette rue de direction sud-nord est située à l'est de la cathédrale. Ce changement d'adresse n'est que le premier d'une longue liste : l'homme semble particulièrement instable quant à son logement !

• 1780, Orléans : QUESNEL demeure maintenant "près le cloître St Étienne". Il s'est donc encore rapproché de son lieu de travail (actuellement la petite rue St-Étienne aboutit, par l'est, au sud de l'abside de la cathédrale). Il enseigne toujours la musique vocale. Le Calendrier historique de l'Orléanois le range cette fois dans l'unique catégorie des "Maîtres de musique pour la musique vocale", en compagnie de sept autres musiciens et d'une musicienne, Mme CHAUFOURNEAU, place du Martroi. Il en va de même durant les années suivantes.
• 9 septembre 1780 : Selon Brosset, QUESNEL et un certain MOIREAU sont punis d'une amende de trois livres chacun pour avoir abusé des jours de congé à eux accordés par le chapitre, "ayant mis notamment une certaine affectation à ne pas reprendre de suite leur service".

• 12 mai 1781, Orléans : Le chapitre de Sainte-Croix l'autorise à se marier.
• 29 mai 1781 : Dans l'église paroissiale de Saint-Pierre-Empont est célébré le mariage de Jean-Baptiste QUESNEL, musicien de l’Église cathédrale d'Orléans, et de Marie-Catherine Timonier. Le marié est dit "fils majeur de feu Jean-Baptiste, garde des chasses de Mgr le marquis d'Aligre, diocèse de Chartres et de Jeanne Lebret". De nombreux musiciens sont présents : Pierre POIRIER, Pierre VALON, Pierre CROISY et Claude MARTIN, tous les quatre musiciens de l’Église cathédrale d'Orléans, le sieur Julien LEROY, maître de musique de la collégiale Saint-Aignan, ainsi que Pierre-Claude Cantin et Jean Moreau qui pourraient être eux aussi musiciens.

• 1783, Orléans : Peut-être à la suite de son mariage, QUESNEL a une nouvelle fois déménagé. Le Calendrier historique de l’Orléanois le donne désormais rue Saint-Sauveur. Cette rue est-ouest (partie de la rue de Bourgogne actuelle) est située au sud de la cathédrale.

• 7 août 1784 : Il chante toujours à Sainte-Croix, puisque Brosset a relevé dans le registre capitulaire que le chapitre lui accorde 18 jours de congé.
 
• 1er janvier 1785 : QUESNEL et cinq autres musiciens (dont Brosset ne livre pas les noms) ayant trop joyeusement fêté Noël, ils subissent une admonestation du Doyen du chapitre ainsi que du Grand Chantre. Ils s'engagent à être plus réservés à l'avenir.

• 16 août 1786, Orléans : François MÉRY, "musicien haute contre", se plaint "d’avoir été vivement insulté au chœur" par QUESNEL "musicien basse taille" et il "en demande justice au chapitre". Celui-ci convoque QUESNEL pour lui administrer "la réprimande qu’il mérite". Cet incident est intéressant en ce qu'il révèle chez Jean-Baptiste QUESNEL un tempérament querelleur voire bagarreur, qui pourrait expliquer ultérieurement son implication dans l'affaire Léonard Bourdon, en 1793.

• 1788, Orléans : QUESNEL demeure toujours "rue St Sauveur" et il enseigne toujours la musique vocale, de même que FOUCART , DAUVILLIERS, LEVÊQUE et CONSCIENCE.
• 30 janvier 1788, Orléans : Le chapitre accorde trois jours de congé à QUESNEL musicien basse taille "pour vacquer à ses affaires".

• 24 juin 1789, Orléans : Le chapitre accorde cette fois trois semaines de congé à QUESNEL musicien basse taille à nouveau "pour vacquer à ses affaires". Le dernier registre capitulaire (1786-1790), qui contrairement aux précédents, a été sauvegardé, ne précise pas de quelles "affaires" il s'agit, ce qui est l'usage habituel.
 
1790, Orléans : Jean-Baptiste QUESNEL chante toujours la basse taille au chœur de la cathédrale Sainte-Croix où il déclare avoir quinze années de service. Il continue par ailleurs à enseigner la musique vocale : le Calendrier historique de l'Orléanois pour l'année 1790 le cite, toujours rue Saint-Sauveur, entre FOUCART et CONSCIENCE parmi les trois maîtres de musique vocale de la ville.
• Vers le 15 mai 1790, les musiciens de la cathédrale Sainte-Croix et de la collégiale Saint-Aignan d'Orléans signent tous ensemble une pétition pour plaider leur cause, et plus largement celle des maîtrises, précieuses à la société car ce sont elles qui ont fourni "les célèbres musiciens qui ont paru jusqu'à présent, soit dans la musique de nos rois, soit sur les théâtres et autres spectacles."
Pour la cathédrale Sainte-Croix signent Charles HÉRISSÉ, le maître de musique, CARRÉ, l'organiste puis les musiciens dans l'ordre suivant : CONSCIENCE, COMPÈRE, CHAILLOU, SILVESTRE, PRESTAT, LEFÈVRE, BOSSUGÉ, FOUCART, HILDEN, BEREUTHER, QUÉNEL, ADAM et SIONEST. On remarque l'absence de deux des basse-contre, ÉVIN et FAUQUET.
•  [Après le 12 juin 1790] : Le Tableau par ordre alphabétique des habitans de la municipalité d’Orléans Qui, en exécution du Décret de l’Assemblée Nationale du 12 juin 1790, se sont inscrits [...] pour le Service des Gardes-Nationales indique "Quenel, musicien de la cathédrale, rue saint martin". Ce tableau apporte deux informations précieuses : QUESNEL s'est engagé dans la Garde nationale, et il a une nouvelle fois changé d'adresse.
 
• 1791, Orléans : Selon l'Almanach du département du Loiret, QUESNEL, cité parmi les "Maîtres d’éducation pour la musique vocale", demeure "près le grand cimetière".
• Mai 1791 : Après la dissolution du chapitre fin 1790, la musique de la cathédrale constitutionnelle est réorganisée et dotée d'un règlement qui, en particulier, règle minutieusement les tarifs de "la pointe" en fonction des types de fêtes ou d'offices. Sont également prévus "les tours pour les enterrements" assurés de semaine en semaine par des binômes fixes, ce qui reprend le principe antérieur des "semainiers". "Dans une assemblée tenue chez M. l'abbé HÉRISSÉ", le règlement est amendé puis adopté et signé par 11 musiciens : QUÉNELLE [sic], PRESTAT, CHAILLOU, HILDEN, CONSCIENCEADAM, MAUGARS, BOSSUGÉ, COMPÈRE, LEFEBVRE, SILVESTRE. Cet ordre correspond-il à une hiérarchie ou est-il dû au hasard ?
• Juin 1791, Orléans :  Jean-Baptiste QUÉNEL figure dans le tableau des effectifs orléanais envoyé au Comité ecclésiastique créé par la Constituante. Il y est dit basse taille, marié et chargé de famille. Il aurait des problèmes de voix ("il est sur le point de perdre totalement sa voix déja presqu’éteinte"). On se souvient que dès 1776, le chapitre d'Orléans avait trouvé sa voix désagréable. Avait-il su la ménager à long terme ? Ses revenus étaient de 776 livres et le chapitre lui garantissait une retraite de 500 livres.
Le directoire du district d'Orléans propose de lui accorder 500 livres de pension, ce qui est accepté par le directoire du département du Loiret avec un acompte de 125 livres.

• 1792, Orléans : Selon le Calendrier historique de l’Orléanois, QUESNEL, maître pour la musique vocale, demeurerait (à nouveau) rue Saint-Martin (voir ci-dessus, en 1778).
• 3 octobre 1792 : Jean-Baptiste QUÉNEL, musicien de la paroisse épiscopale d'Orléans, demeurant rue de la levrette (actuellement rue Adolphe-Crespin, démarrant au nord de la Place du Martroi), prête serment "d'être fidèle à la nation, de maintenir la liberté et légalité, ou de mourir en les défendant". Ce titre de "musicien de la paroisse épiscopale" indique qu'il a continué à chanter la basse taille au chœur de la cathédrale constitutionnelle et amène à nuancer l'affirmation de Brosset qui le dépeignait alors comme subsistant "en donnant des leçons de musique vocale". Très certainement il donne des leçons, en effet, mais c'est pour compléter les revenus fixes qu'il continue à tirer de son service à l'église.

• 1793, Orléans : Le Calendrier historique de l’Orléanais le donne à présent "rue Ste-Adne" (sans doute rue Sainte-Anne, démarrant de l'extrémité est de la Place du Martroi).
• 16 mars 1793 : Jean-Baptiste QUESNEL fait partie des citoyens de la Garde Nationale de service ce soir-là. Avec un groupe d'une trentaine d'hommes, il participe à l'agression, au départ verbale, contre Léonard Bourdon (1754-1807), surnommé Léopard Bourdon à cause de sa rigueur extrême. Ce représentant du peuple est proche des Hébertistes et des "exagérés". Envoyé en mission dans le Jura, il est, ce jour-là, de passage à Orléans. Rencontré par hasard, dans la soirée, en compagnie d'une quinzaine de Jacobins de la ville, il est bousculé et molesté, à coups de poings et de baïonnette, ce qui lui cause une "sévère estafilade" à un bras. Il est finalement dégagé par le commandant de la garde nationale et parvient à s'en sortir. Il se remet suffisamment vite pour venir témoigner en personne lors du procès au mois de juin suivant.
• 25 mars 1793 : Avec huit autres Orléanais, QUESNEL est arrêté à son domicile dans la nuit du 25 mars et conduit dans la maison du grand séminaire, transformée en prison. Treize autres suspects ont réussi à se cacher et à échapper à l'arrestation.
• 5 mai 1793, Paris : Les neuf Orléanais sont emmenés à Paris et enfermés dans la Conciergerie du Palais.
• 16 mai 1793, Orléans : Les Affiches publient une pétition des femmes orléanaises (…"la ville entière est enchaînée ... Où est donc, pères du peuple, cette liberté que vous venez de proclamer si solemnellement ?"). Parmi les pétitionnaires, on relève le nom de "Quesnelle".
• 28 juin 1793, Paris : Le procès des neuf Orléanais commence devant le tribunal révolutionnaire.
• 12 juillet 1793 : Ils sont condamnés à mort.
• 13 juillet 1793 : Ils sont exécutés, QUESNEL étant le premier des neuf condamnés à monter à l'échafaud. Son acte de décès indique : "Jean-Baptiste Quesnel, musicien de la cathédrale d'Orléans et professeur de musique vocale dans cette ville, âgé de 38 ans".
Un biographe récent de Léonard Bourdon estime que son action équivoque dans cette fameuse affaire d’Orléans en mars 1793 est ce qui a probablement le plus terni sa réputation historiographique (Michael J. Sydenham, Leonard Bourdon. The Career of a Revolutionary. 1754‑1807, Waterloo Ontario, Wilfrid Laurier University Press, 1999).

• 17 juin 1795 , Orléans : Des chants funèbres (pour soli, chœur et orchestre avec des parties récitées) sont exécutés dans la salle du Jardin des Apothicaires (actuel Jardin des Plantes) en mémoire des neuf Orléanais guillotinés. La partie de récitant est tenue par François-Joseph Talma, le grand tragédien de l'époque, venu de Paris pour l'occasion. La musique, de "Brochiez" [peut-être Joseph BROCHIER] est perdue, mais le livret d’Étienne Aignan [Beaugency, 1773-Paris, 1824], ayant été imprimé, est conservé en plusieurs exemplaires. L'incipit en est "Ils ont péri sous les coups".
• Le 13 juillet 1795 (25 messidor an III), date anniversaire, à deux années de distance, de la mort des Orléanais sur l'échafaud, la commune d'Orléans fait célébrer publiquement et avec pompe, dans l'église Saint-Paul (rendue au culte le 5 juin 1795), un service funèbre pour les neuf victimes.

• • • Bibliographie :
         Jules Brosset, Un Musicien orléanais sous la terreur, Jean-Baptiste Quesnel (1755-1793), Blois, Migault, 1910, 16 pages.

Mise à jour : 13 janvier 2019

Sources
Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1780 ; Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1783 ; Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1785 ; Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1788. ; Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1789. ; Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1790. ; F-Ad28/ G 330 ; F-Ad45/ 2 J 1979 ; F-Ad45/ 3NUM 234/ 1671 ; F-Ad45/ 51 J 5 ; F-Ad45/ BMS St-Donatien  ; F-Am Orléans/ 2 J 16 ; F-An/ DXIX/090/755/01 ; F-An/ DXIX/090/755/15 ; F-An/ F19/1128 ; F-BM Orléans/ H 5977 et H 16236 ; F-Bm Orléans/ H5932.31 ; F-BmOrléans/ Affiches de l'Orléanois ; J. Brosset, Un musicien Orléanais sous la terreur…, 1910 ; J.Brosset, Un musicien Orléanais sous la terreur…, 1910.

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