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RABOLTE, Paul, aîné (1736-1804)
État civil
NOM : RABOLTE     Prénom(s) : Paul     Sexe : M
Complément de nom : aîné
Autre(s) forme(s) du nom : RABOTTE
RAVOLTE
Date(s) : 1736-10-11   / 1804-3-1 
Notes biographiques

Paul RABOLTE, infirme depuis son enfance, fut un joueur de serpent sédentaire qui ne quitta jamais la vallée de l'Ariège. Il naquit et grandit à Pamiers, ville épiscopale de la plaine qui regarde vers  Toulouse. À vingt kilomètres en direction de la haute montagne, il fut engagé comme joueur de serpent par le chapitre de l'abbaye Saint-Volusien de Foix. Il avait vingt ans. C'est donc au pied des hautes tours du château comtal qu'il déroula sa vie.

• 11 octobre 1736, Pamiers [Ariège] : Paul RABOLTE naît sur la paroisse du Marcadal et est donc baptisé à l'église cathédrale, là où ses parents se sont mariés trois ans plus tôt. François Rabolte, son père, est de Pamiers, comme la plupart des autres membres de sa famille. Mais il a épousé Guillemette [ou Guillelmette] Marguerite Peire qui est originaire de Toulouse. Paul est l'aîné de leurs garçons, mais il a été précédé par Catherine venue au monde en 1734, sur la paroisse voisine du Camp où le jeune père de famille travaillait alors comme boulanger. Puis c'est le retour au quartier du Mercadal, ce qui explique pourquoi Paul, ainsi que les quatre frères et sœurs qui le suivent, y sont présentés sur les fonts baptismaux : Jean en 1739, Marguerite en 1740, Marie en 1743 et enfin, en 1746, Jean Paul, le benjamin qui sera chantre et musicien. Paul, lui, devient un grand infirme. Dans son enfance, il est en effet victime d'un accident qu'il qualifiera plus tard de "funeste" et qui le prive à tout jamais "d'une jambe et d'une cuisse".

• 10 août 1756, Pamiers : Paul RABOLTE, qui va sur ses vingt ans, réside toujours dans sa ville natale où il est qualifié de maître d'école, à l'occasion d'un mariage célébré sur sa paroisse du Mercadal. En revanche, nous ignorons où il s'est formé au métier de musicien et s'il l'exerçait à cette époque. A-t-il été enfant de choeur? L'infrastructure existait bien au chapitre cathédral de Pamiers. Mais dans une requête de 1791, le vieux musicien affirmera avoir "sacrifié sa jeunesse au service du chapitre", c'est-à-dire du chapitre abbatial de Foix. 

• 10 septembre 1756, Foix : Paul RABOLTE est engagé comme joueur de serpent par le chapitre de l'abbaye Saint-Volusien, d'après un certificat qui émane de ce chapitre et qui est cité dans le dossier de demande de pension de 1790. Il a donc quitté Pamiers. Et, au baptême du fils du carillonneur dont il est parrain en 1762, il est bien qualifié de serpent au chapitre de Foix. En fait, si Paul quitte bien sa ville natale en 1756, il est ensuite rejoint à Foix par une partie de la famille.  Ainsi, sa sœur Marguerite épouse au Mercadal, en 1768, un marchand-négociant de Foix où le couple part s'installer. En 1771, ce sera dans leur maison située au pont de la rivière Ariège que mourra François Rabolte, le père. Et ainsi de suite.

• [1765], Foix : Paul RABOLTE fonde un foyer et devient le père d'une famille nombreuse issue de deux mariages successifs. Et en 1790, il déclarera avoir eu vingt enfants parmi lesquels dix vivaient encore. 

Nous ignorons l'année de son premier mariage avec Marianne Ferries. Vraisemblablement autour de 1765 puisque leur fils Jean-Paul, qui semble être l'aîné, est mort au début de l'année 1775, à l'âge de huit ans. Les intervalles entre les grossesses sont si courts que cinq baptêmes se succèdent entre février 1768 et janvier 1775. Cette dernière année commence de manière catastrophique : Le petit Jean-Paul s'éteint donc le 9 janvier, et la mère de famille disparaît à son tour le 17 du même mois, soit une semaine après avoir accouché de Dominique. Que va devenir la maisonnée de Paul RABOLTE ? Un mois après l'inhumation de sa défunte épouse, ce dernier se remarie avec Françoise Ponsole, une jeune femme de la ville. Un premier enfant naît l'année suivante, scellant sans doute le retour d'une certaine sérénité dans la famille. Guillemette Peire, la mère de Paul, est tout naturellement désignée pour présenter au baptême le premier-né de sa nouvelle belle-fille. Mais le rythme des naissances rapprochées reprend : dix entre mai 1776 et le premier août 1789. 

Il est évident que les gages du musicien ne peuvent assurer le quotidien d'une aussi grande famille. Aussi exerce-t-il une seconde activité, celle du commerce. Mais la nécessité d'augmenter ses revenus en est-elle bien la cause unique ? En effet, dès janvier 1768, il est dit marchand à Foix, à l'occasion du mariage de Jean-Paul RABOLTE, son frère. À partir du baptême de son fils Jean Casimir, en 1771, tous les actes du registre paroissial de Pamiers notant sa présence, égrènent, au choix, l'un de ces trois termes: serpent du chapitre, marchand ou négociant. Parfois même, comme au baptême de Pierre, en 1787, il est " négotiant et joueur de serpent".

• 16 juin 1786, Foix : Le chapitre délibère sur la situation de son joueur de serpent. Les chanoines arrêtent son salaire à cent dix livres, mais ajoutent quarante livres que ces messieurs prélèveront sur leurs "propres fonds". Les émoluments de musicien que percevait Paul RABOLTE ont toujours été modestes, ne dépassant pas deux cents cinquante livres. Mais il paraît s'en être contenté car on lui promettait une pension pour ses vieux jours, et cette sécurité de l'emploi le rassurait. Le résultat de cette délibération amorce peut-être la mise en place de la pension à vie.

• 20 avril 1787, Foix : Le chapitre, conscient de "la modicité de ces appointements", complète sa décision de l'année précédente. Il accorde à son musicien le droit de tenir et de louer, "pendant toute sa vie", des chaises dans l'église.

• 1790, Foix : Paul RABOLTE sait qu'il va perdre incessamment son emploi de musicien. Aussi expose-t-il sa situation dans une supplique individuelle qu'il adresse à l'Assemblée Nationale. Comme il sera "hors d'état d'alimenter et d'élever sa nombreuse famille" dans la mesure où "il va être réduit aux profits presque nuls d'une petite boutique", il sollicite une pension. Et, à la fin de l'année 1790, l'assemblée du département la lui accorde avec un montant annuel de trois cents livres. Mais il perd le droit de louer des chaises dans l'église de Foix, profit qui revient dorénavant à la fabrique de la paroisse. Cette retraite lui est accordée par égard au long service exécuté avec assiduité  et bonne conduite, et en raison de son grand âge ajouté à son handicap d'unijambiste. 

Et sa "malheureuse famille"? Bien que les aînés et aînées aient atteint l'âge de gagner leur vie, la situation s'est aggravée. Françoise Ponsole, sa seconde épouse, est malade et son mari la qualifie de "valétudinaire". Sans doute ne peut-elle assurer pleinement les soins et l'éducation des jeunes enfants. La benjamine qui était née le premier août 1789 disparaît à dix-huit mois. Les nombreuses grossesses rapprochées n'ont pu, bien entendu, qu'accentuer sur le long terme la faiblesse de la mère de famille.

• 31 octobre 1797, Foix : Paul Rabolte devient à nouveau veuf. Son épouse s'éteint à l'âge de 51 ans et est inhumée dans le cimetière du Mercadal.

• 1 mars 1804, Foix : "L'ex-serpent du ci-devant chapitre de Foix", comme il est noté dans l'acte, meurt dans sa soixante-huitième année. Les démarches officielles sont effectuées par l'armurier Bernard Ponsole, son beau-frère, et par le concierge de la mairie. Le vieil infirme a déjà perdu Jean-Paul, son plus jeune frère, celui qui était chantre et qui l'avait rejoint à la collégiale de l'abbaye. Sa sœur Marguerite s'en est allée, elle aussi, quelques mois plus tôt. Cependant, de la Gironde, lui arrivent d'excellentes nouvelles de ses deux grands fils installés à Blaye. Jean, âgé de 35 ans, est courtier de vin, et l'épouse de Joseph, son frère cadet, a mis au monde, le 18 novembre 1803, un second garçon appelé à devenir le maire de cette ville de Blaye, de 1851 à 1870.

                                                                                                 22 novembre 2019

Sources
F-Ad09, BMS Foix ; F-Ad09/ 1 L 121 ; F-Ad09/ BMS Foix ; F-Ad09/ BMS Marcadal, Pamiers ; F-Ad09/ BMS Mercadal, Pamiers ; F-Ad09/ BMS Mercadl, Pamiers ; F-Ad09/ BMS du Mercadal, Pamiers [Ariège] ; F-Ad09/ État-civil, Foix ; F-Ad33/ État-civil, Blaye ; F-An/ DXIX/030/480-2/07 ; F-An/ DXIX/092/797/06

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